Si les traces de vie sont parfois si ténues, il faut en nommer les lueurs pour qu’elles existent à nos yeux fatigués et obscurcis. Ainsi Jean-Pierre Bars sait percevoir, nommer, révéler, l’éphémère qui nous garde vivants.
Sa plume funambule crée un itinéraire entre substance et lumière. Libre, il avance sur sa ligne de crête, nous offrant à savourer ses subtils paysages intérieurs. Recueil onirique de l’éveil au sensible, « Les collines s’envolent » suscite l’élégance rare d’un au-delà intime. Sorte de métamorphose concrète du rêve, ces poèmes créent un figuratif nourri d’un abstrait limpide, épuré de toutes scories descriptives.
L’état de poésie habite ce recueil. Plutôt qu’entrer en réflexion, il nous immerge dans une grâce du réel, par l’acuité douce du regard de l’auteur pour le sensiblement vaste, déposé dans l’infiniment autre. Le dérisoire se mue alors en essentiel, d’où l’on tire de quoi survivre.
Les poèmes de Bars rafraîchissent et désaltèrent d’une expressivité immarcescible, parsemée de la claire plénitude des saveurs perdues, oubliées ou inaccessibles. Ses vers de pierre de lune suscitent des instants d’apesanteur. Résolvant les aspérités de la langue, il rejoint la beauté radieuse avec force, par un acharnement délicat. Ici, pas d’amas de textes, une cohérence de style et d’atmosphère. Fond et forme s’estompent, pour laisser place à une harmonie de rythmes et de couleurs sonores, résonnant sans raisonner.
L’en vers de ces accords est celui d’une quête de l’instant, de la présence, du souffle ténu et vital qui nous relie à la conscience et au miracle d’être. « Se tenir là où rien ne tient, c’est le pari de quelques-uns… » Assurément, l’auteur de ces mots en fait partie, avec un talent rare.
Tenir ce livre entre ses mains, est une source d’instants hors du temps, scintillants dans la légèreté profonde de la poésie vivante.