J'arrive bien après les autres commentateurs (ce qui explique aussi sans doute pourquoi on ne trouve plus ce livre qu'en Ebook), mais j'ajouterai deux ou trois choses sur ce qui a déjà été dit.
LA FAMILLE, c'est le sujet, vu du côté belle-fille, contrairement à "petites gens". La justesse du regard de Clotilde rappelle celui qu'elle adopte partout (dans son village ou en voyage à l'étranger) : scrupuleux, attentif. Elle cherche à comprendre les ressorts de cette famille où on lui fait comprendre dès les premiers temps qu'elle est une "intruse". C'est une dissection en règle et nous pourrons tous y trouver des éléments de comparaison avec des familles que nous connaissons, peut-être la nôtre.
LA MÈRE, la matriarche, comme elle est décrite, est le personnage central. À la fois héroïque, toxique, repère et repoussoir, c'est une femme étonnante, une sorte de "passionaria", mais qui serait tombée au mauvais moment et qui déteint fortement sur le clan. Clotilde a bien cerné son caractère, on comprend à travers elle comment se reproduisent certains schémas machistes ou sectaires.
L'AMOUR, c'est un sujet qui revient dans tous les livres de Claudine, c'est peut-être même LE sujet. Car en fin de compte, que cherchent Marlène, Reine, Félix ou Norbert, sinon la reconnaissance et l'amour souvent refusé d'une mère, d'une femme, d'un(e) enfant parfois ? Et il en est de même pour Clotilde attentive à la conduite de son mari dans sa propre famille.
L'écriture, passant d'un visage à l'évocation d'un instant particulier, où ne manquent pas les descriptions de paysages provençaux, n'est jamais ennuyeuse. Des pages lyriques sur la maternité aussi.
Pour conclure, un livre inséparable des autres chroniques familiales telles que "Petites gens", "La fenêtre rose", "une mère". Une suggestion peut-être : republier ces trois-là en un seul.

J'ai lu et relu, dégusté, savouré ce roman qui me renvoie à mes souvenirs d'enfance en Provence, grâce aux descriptions de Claudine, et aussi à ce ressenti que l'on éprouve lorsqu'on entre, pour l'amour de celui qu'on aime, dans une nouvelle famille, comme une "pièce rapportée" qui doit faire ses preuves de diplomatie ! La figure de la mère, pilier central de la famille, est remarquablement décrite dans sa position d'autorité incontestée.
Merci, Claudine, pour ce beau livre : la peinture de la couverture illustre parfaitement les imbrications familiales. J'ai aimé aussi les poèmes incrustés dans la prose.

Le titre donne le ton, et c'est émouvant de suivre l'édification de toute une fresque familiale à partir de tableautins qu'on avait découverts au compte-gouttes.
On retrouve ici dans la jeune femme l'enfant contemplative du premier tome, et cette vision cosmique de la nature grâce à quoi Clotilde célèbre tout naturellement l'éclosion de la maternité.
J'ai apprécié l'enthousiasme des intermèdes poétiques tout autant que la finesse des analyses de situation, avec ce parti pris de bienveillance sur les choses et les gens qui caractérise Clotilde.