Je suis en peine pour rédiger un avis sur un recueil de poésie. Car nous n’avons pas une histoire mais une multitude de textes, certes avec un fil conducteur, donc je ne donnerai qu’un ressenti personnel sur le fond.
La forme pour ces poèmes est libre. Amateurs d’alexandrins, de rondeau, de sonnet, et si vous n’acceptez que ceux-ci, le recueil n’est pas pour vous, mais néanmoins je vous conseille vivement de lire au moins un des textes proposés en lecture libre, et je suis prête à prendre les paris que vous serez conquis.
Le titre donne un aperçu du contenu.
La lecture de certaines poésies, par-ci, par là me donnent une impression de sérénité, des images se lèvent d’enfants qui jouent, d’amoureux heureux, bref presque un sentiment de béatitude un soupçon niaise, mais aucun de ce recueil de Vincent Jost ne m’a rendue ainsi.
Vincent nous a-t-il ouvert son cœur ? San doute, mais pas seulement, j’ai vu ses entrailles, ses tripes, ses scarifications, ses doutes, ses désillusions sur l’homme en général, ses faiblesses, son impuissance, sa grandeur, une quête comme l’inaccessible étoile et surtout tout son amour.

La touche de classique :
… «  Lorsque le papier blanc fera fi de ma mine
Que feras-tu de moi, ô ma muse vermine ? »
… « à l’aube le jour nuit
Aux rêves d’autres voies
Nos regrets à venir
Sont nos vœux d’impossibles. »
Le premier vers de cet extrait est typique de la forme utilisée parfois et que le titre annonce, pour la forme.
Le poète Philippe Jaccottet dans « À la lumière d’hiver » a écrit :
« Écris vite ce livre, achève vite aujourd’hui ce poème avant que le doute de toi ne te rattrape, la nuée de questions qui t’égare et te fait broncher ou pire que cela…Cours au bout de la ligne, comble ta page avant que ne fasse trembler tes mains la peur… ».
Je vois une ressemblance avec cet écrivain que j’admire, qui m’inspire, une même qualité et j’ose dire que certains de vos poèmes Vincent étaient au-delà, au-delà des mots.
Vous l’avez écrit ce livre, pour vous certainement essentiel, car poser les mots sur la page permet parfois sinon d’avoir des réponses, au moins un peu de baume sur les blessures et pour nous, tant d’images levées, de questions, de réflexions sur nous-même et sur le monde. Pas de rose bonbon, presque parfois une douleur à la lecture. Mais une joie profonde de partage. Les douleurs doivent se partager.
Ce recueil est majeur, et devrait être dans tous les rayons, dans le coin poésie, de toutes les librairies.

Je ne sais pas commenter les oeuvres que j'ai vraiment aimées : ce recueil est à découvrir, à vivre. Vincent Jost danse avec les mots, nous entraîne dans son univers ou nous renvoie à nos propres peurs ou aspirations, à notre humanité, à la lumière et à nos parts d'ombres et de doutes aussi. Un cri poétique, primal, primordial, essentiel : un écho à ce monde où se perdent le Beau et le Bon. À lire. Vincent Jost écrit avec talent certes, mais surtout avec son âme. Merci à l'auteur. Je reviendrai lire ses poèmes qui, comme certains tableaux, se [re-]découvrent à l'infini…