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Vampirisée par l'appât du gain
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- Catégorie : Littérature générale > Nouvelles
- Date de publication sur Atramenta : 5 août 2017 à 17h36
- Dernière modification : 29 décembre 2018 à 23h52
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- Longueur : Environ 12 pages / 4 072 mots
- Lecteurs : 11 lectures + 6 téléchargements
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Vampirisée par l'appât du gain (Oeuvre réservée à un public averti)
First day
« Mes dernières volontés seraient de retrouver celui que j’ai toujours aimé » : ainsi devrai-je conclure ma dernière biographie. Après une brillante carrière de clerc de notaire, puis de journaliste, me voilà écrivaine publique. Bien plus que l’épanouissement professionnel, c’est le fric qui m’a toujours intéressée.
J’étais sur mon site internet, en train de faire les dernières touches de la remise en beauté annuelle, quand j’ai reçu une demande d’informations bizarre. Un nouvel utilisateur, du genre vioque tout fripé, aussi noir de vêtements que blanc de peau, m’a interpellé pour un devis pour ses mémoires qui, selon lui, allait me faire noircir trois mille pages. Il m’invita même un an dans sa demeure en Bulgarie, pour écrire les premières notes, la structure concise du bouquin.
Il m’a dit être prêt à y mettre le prix, de m’héberger et de me nourrir, gratuitement, pendant mon séjour. Vous me connaissez, j’ai sauté sur l’occasion !
Un an en Bulgarie, tout frais payés, pour écrire un brouillon pour lequel j’allais toucher des thunes, imaginez mon enthousiasme !
Mais je ne savais pas dans quelle galère j’allais ramer. Dans quelle merde j’allais foutre les pieds.
Je lui répondis aussitôt que j’étais d’accord, que nous parlerions « tarif » un peu plus tard, mais que je ne pouvais pas avancer le prix du voyage chez lui.
Quelques jours plus tard, après un bref échange de courriels, j’avais mon billet d’avion dans la poche, mes valises dans les mains, à l’aéroport.
Encore quelques heures, et j’arrivai en Bulgarie, en début de soirée.
Un très grand monsieur, maigrelet et au teint presque vert pourri, m’attendait à l’aéroport. Je ne le connaissais pas, mais sa pancarte « Annabelle Bellâtre » me disait que c’était à lui que je devais m’adresser.
– Bonjour, je suis mademoiselle Bellâtre, lui dis-je.
– Bon… jour… Je… vous… at… ten…dais… expira presque d’une mi-voix moribonde, en coupant toutes les syllabes.
– Oui, j’avais bien compris ! On peut se dépêcher ?
– Bien… sûr… Nous… y… allons… tout…
– Tout de suite, j’ai compris aussi ! Allez, on se grouille.
Soudainement, il changea. D’un drôle de mec à l’agonie, très lent, il a pris vivement mes valises de trois tonnes à bout de bras, et marcha plus vite que je ne le pourrais jusqu’à la « voiture ». Je mets des guillemets, parce que je me demandai si l’on pouvait encore considérer la chose comme une bagnole. Elle devait dater des années 1940, mais pas restaurée. Pas du tout.
Châssis prêt à s’écrouler, pare-choc avant de travers, un rétroviseur cassé, et ce n’était que de mon point de vue, de l’extérieur. À l’intérieur, c’était pire. Le pif collé à la vitre, j’observai. Des sièges dégueulasses, à moitié bouffés par les mites, quand ils n’étaient pas déchirés, éventrés.
– Ins… ta… llez… vous… à.. l’ar…
– À l’arrière, j’ai capté, mec. Va pas nous crever dans les pattes.
Il m’ouvrit la porte, qui glissa dans ses gonds comme dans ceux d’une voiture neuve. Je m’installai au milieu. Bien qu’esthétiquement reprochable, c’était vraiment très confortable.
Quand nous sommes partis, j’ai été surprise. La tire a démarré au quart de tour, sans un bruit, et le grand lent branlant conduisit à fond la caisse, esquivant les autres conducteurs de justesse mais avec une vivacité rare, même chez les pilotes professionnels. En un quart d’heure, on avait dû parcourir une quarantaine de kilomètres. Puis tout devint sombre, en plein brouillard. D’un coup.
On était passé du crépuscule naissant à l’obscurité angoissante d’une nuit dans une purée de pois épaisse. Le conducteur n’allégeait pas le poids de son panard sur l’accélérateur, cependant.
– Mec, tu vas nous tuer ! lui hurlai-je.
– Non… Ne… m’ap…pe… lez… pas… Mec.
– Comment alors ?
– Hec… tor.
– Bien, mon cher Hector, pourriez-vous légèrement ralentir la cadence, avant qu’on ne prenne un arbre, un mur dans la gueule, ou qu’on finisse dans le ravin ?
– On… est…
– Mort ? Dans la merde ?
– A…
– Arrivés ?
– Oui, ma… de…
– Anna. Non, Anne. Une syllabe.
– Anne.
On était donc arrivés. Une grande baraque grise, genre vieux château gothique éclairé à la torche, avec des gargouilles partout, tout en hauteur. Effrayant, mais magnifique. Ça devait coûter une blinde en impôt, en factures de chauffage, d’électricité, en entretien. Parce qu’il était en sacré bon état, le bougre. Et je ne vous parle pas encore de l’intérieur !
Des tapis rouges et sans fin, des escaliers en marbre gris, des tapisseries médiévales de plusieurs mètres sur les murs, pour résumer. Juste en entrant.
– Mon… sieur… Vlad… vous… at…tends…
– Tu sais quoi, Hector, quand tu veux me dire quelque chose, tu hoches la tête pour dire « oui », de droite à gauche pour dire non, et tu pointes du doigt vers la direction où je dois aller. Okey ?
Il a compris. Il me dirigea vers une grande porte marron, sur la gauche. C’était la salle-à-manger. Enfin, la « salle de réception pour mec tout seul ». Quarante mètres de long, vingt de large, avec une table, des chaises, des couverts pour accueillir cinquante personnes. Tout mon studio aurait pu tenir dans un coin, derrière une tapisserie.
Vlad était là, décrépi et voûté, tout au bout, sirotant un verre de vin, à l’aise.
– Bonsoir, mademoiselle Bellâtre… fit-il en résonnant d’une voix mi-sinitre, mi-accueillante, et mi-sinistre derrière.
– Salut, lançai-je timidement.
C’était tout ce qui me venait. Impressionné par la baraque, gêné par le vioque, je ne savais pas quoi dire.
– Dînez donc avec moi.
– C’est pas de refus. J’ai les crocs.
– Que c’est drôle… Moi aussi… rit-il. Hector, servez un bon repas à notre invitée.
En bref, j’ai bouffé comme une truie. De la belle salade composée en entrée, avec du canard en gelée, une immense côte de bœuf saignante avec une plâtrée de haricots verts, pour finir sur deux parts de brioche bulgare, pas très belle, mais super bonne !
Pendant ma ripaille, Vlady le vioque ne becquetait rien. Il sifflait, machinalement, ses verres de vin, les uns après les autres.
– Vous mangez pas ? lui demandai-je à la fin.
– Je n’ai, hélas, plus guère d’appétit depuis fort longtemps.
– Mais avec ce que vous picolez, un bout de pain pour éponger, ce serait pas plus mal…
– N’ayez crainte. Une éternelle question d’habitude…
– Bon, c’est vous qui voyez. Il y en a qu’ont essayé, ils ont eu des problèmes.
– Maintenant que vous avez fini, que diriez-vous d’une petite balade digestive, avant d’aller prendre un peu de repos ? Le voyage a dû vous fatiguer… Le repas vous peser sur l’estomac…
– En pleine nuit, toute seule ? Je suis pas dingue.
– Non, avec moi, à la lueur des flambeaux de cette demeure.
– Si vous voulez.
Donc, on a fait le tour des lieux. Il nous a fallu deux heures, et on n’avait pas tout à fait fini. Chaque pièce, chaque objet, chaque tableau, donnait à Vlad une histoire à raconter, des anecdotes vieilles de plusieurs siècles, aussi précises que s’il les avait vécues lui-même. Mais le plus chelou, ce sont les torches qui s’allumaient dès lors qu’il s’en approchait. C’était flippant. Belle entrée en matière.
Peu après, je suis partie dormir. Hector ouvrait les rideaux de toutes les fenêtres, la mienne y compris. Il était minuit, heure bulgare. J’allais bien dormir…
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