VOLTE-FACE

Je consens à l’oubli de toi de moi de l’encre

Des invisibles lieux où nous avons grandi

Aux lueurs trafiquées des étoiles qui s’ancrent

Collective mémoire où nous sommes maudits

Tout cela pour un jour être sortis d’un ventre

Je consens à la chute où s’ébauche le pouce

Et j’entends bien que toi le féminin serpent

Tu rampes sur le feu des plaintes que je pousse

Connaissant la douleur des cris que l’on suspend

A la gorge du vent qu’un soleil éclabousse

Je consens au malheur si taillé dans ta robe

Il se galbe qu’enfin j’en flatte le sacré

J’en dénude le pôle et l’épaule et le globe

C’est ainsi peu à peu qu’au méridien secret

S’imagine la ligne où se profile l’aube

Par l’ange émasculé dans son intime inceste

Je consens au hasard qui démasque l’insu

L’insolence est à peu près tout ce qui me reste

J’ai perdu les bijoux les parfums les tissus

Et bientôt s’enfuiront la parole et le geste

Précèderai-je enfin le souverain qui marche

Piteux il a offert des bagues aux dix doigts

Il médite le feu des lions sous les arches

Lequel est parmi vous celui à qui je dois

Le plaisir d’affronter l’ire du patriarche

Que la douleur en lui aiguise sa tourmente

Nous le conserverons intact puisqu’il est nu

Dans la pâle clarté d’une idée qui le hante

Se retourne la terre au ciel où il sinue

Chaque fois qu’il hésite au zénith moi je chante

Je chante pour ma peau la sauver m’intéresse

En toisant du regard les divas du Très Saint

Je dénoue à genoux l’énigme de leurs tresses

Sur de pulpeux divans dans un essaim de seins

J’exauce les désirs en savantes caresses

Et je pénètre enfin dans le cœur du dilemme

Par un embrasement de fleuves suffocants

Où se forme le chant où se forgent les thèmes

Je reprends mon envol au-dessus des volcans

Puisqu’il me faut choisir la langue du blasphème

C’est autour du bûcher vers où m’invitent celles

Aux yeux qui font parler la mort épanouie

Que j’accède aux candeurs aux hanches de nacelles

Danseuses de samba métisses inouïes

Dont j’aime la sueur et le poivre aux aisselles

C’est bientôt dans leur corps que le rythme se vautre

Vais-je les investir ces obscures beautés

Qui désarment mes larmes et jamais les vôtres

Le monde est là dans le miroir juste à côté

J’ai la clé de l’enfer et vous vous avez l’autre