Navigation : Lecture libre > Littérature générale > Nouvelles > Un monde pourri... et autres raisons ...
Un monde pourri... et autres raisons de se lamenter
-
- Catégorie : Littérature générale > Nouvelles
- Date de publication sur Atramenta : 15 mars 2013 à 18h48
- Dernière modification : 15 mars 2013 à 18h54
-
- Longueur : Environ 373 pages / 93 272 mots
- Lecteurs : 405 lectures
Cette oeuvre est complète, mais a besoin de relecteurs.
Un monde pourri... et autres raisons de se lamenter (Oeuvre réservée à un public averti)
A.A.A.A.: Administration Automatisée Autoritarisée d’Autocrates
Tout est vrai.
J’ai juste un peu colorié pour que ce ne soit pas triste, car il vaut mieux en rire avant d’avoir à en pleurer, ce qui ne tardera pas.
Pour me prendre 45 euros, il a fallu pas moins que l’article L223 du code de la route que je sus-vise aujourd’hui d’assez près, ne me préoccupant jusqu’à maintenant que de suivre sereinement un chemin respectable et respectueux.
LETTRE OUVERTE
Monsieur,
Ce jour-là, j’ai ouvert la lettre, et j’ai ainsi appris que la semaine précédente, à 7 h 20, en plein été, en pleines vacances pour la moitié de la population, j’avais dépassé de quelques kilomètres par heure la vitesse autorisée sur une double voie sèche, déserte, en plein jour, limitée à 70 km/h.
J’ai aussi appris que c’était le radar mobile de genre machin et de numéro trucmuche contrôlé sept mois plus tôt qui avait décidé de me prendre en photo. Un gendarme, un peu plus tard, de son bureau du centre de traitement informatisé avait reconnu en moi un coupable et avait retrouvé l’endroit où je me terrais misérablement.
J’avais un numéro de "dossier" et je pouvais payer par chèque, par internet. Je pouvais même demander des renseignements pour me faire aider à expier ma faute en réglant ainsi l’indulgence à la Grande Administration.
Néanmoins, j’étais bien prévenu qu’en plus, l’option "Suppression d’un point" avait été cochée. Aurait-elle pu ne pas l’être ?
Je pouvais contester l’infraction. À ce moment-là, je payais l’amende à son prix voté par des godillots et elle restait suspendue à la décision d’un jugement futur.
Je pouvais dénoncer quelqu’un, au cas où un ami aurait abusé de ma confiance en entraînant mon véhicule dans une course aussi folle qu’irresponsable.
Je pouvais payer moins cher, c’est à dire tout de suite, enfin, j’avais quinze jours, ce qui éventuellement si j’avais été gêné aux entournures, pouvait me permettre de me rapprocher de la fin du mois.
Payer, c’était écrit plus loin, revenait à reconnaître sa faute.
Oui, parce que j’ai eu beau chercher dans l’enveloppe, je n’ai pas trouvé l’ombre de la moindre preuve de l’allégation de ce courrier.
Pas de photo où j’aurais pu ainsi lire dans mes yeux toute l’imbécillité de ma quiétude durant mon forfait.
Je devais la demander. Pourquoi ainsi me harceler ? Pour mon bien. Et oui, que ce serait-il passé dans ma vie minable si dans la voiture, j’étais mal accompagné et que ma femme, ouvrant l’enveloppe, découvre la truie immonde sur le siège passager du véhicule ? Ce n’était pas le cas mais d’autres...
Imaginons aussi que je puisse avoir un air béat tandis qu’on n’aurait vu partiellement que la présence d’une âme charitable en train de me... cajoler.
Il s’en passe parfois des choses dans les bagnoles...
Donc, pour mon image, je n’avais pas ma photo.
Bref, je devais payer sans preuve.
À qui devais-je cette sympathique attention ce matin-là, bien que la protection de ce genre de dispositif est bien relative puisque il ne peut en aucun cas permettre d’arrêter un danger public qui plusieurs kilomètres plus loin ira écraser une file d’élèves devant une école ?
Après quelques recherches, je constatai que l’enquêteur qui me condamnait sur la foi de documents pas à ma disposition était à des centaines de kilomètres du lieu de l’infraction, au chaud dans un bureau. Il avait du juger la photo recevable, puisque aucun canard volant en basse altitude ou autre volatile inconscient n’était la cause du déclenchement du collaborateur automatique. Aucune mention par contre du responsable de la mise en place du radar mobile, et de sa qualification pour. La marge d’erreur technique de 5 km/h est-elle suffisante pour affirmer que ma vitesse était excessive ? Moi, je rappelle que sans information (flash ou autre) au moment de l’infraction, je n’ai rien pu constater.
Gendarmerie ou police ?
J’ai été voir les deux. Qui se sont mutuellement renvoyé la balle. Comme quoi, les responsabilités dans cette affaire sont bien assumées. Impossible de retrouver celui qui a décidé, en son âme de chef protégeant l’ordre, de tendre une embuscade à l’employé modèle ou en retard se rendant à son travail.
À signaler une deuxième délicate attention de la part de ces héros des bas-côtés qui nous évitent les fossés : pas de flash qui puisse troubler notre conduite ultérieure et nous gâcher la journée, ou nous permettre de pratiquer une dissuasion à grande échelle en donnant l’alerte à nos congénères. Même si l’altruisme se perd, il peut y avoir manque à gagner pour financer la sécurité routière.
Et puis la justice, c’est l’égalité des chances, et dans ce cas-là, elle doit être à zéro pour tous les contrevenants potentiels.
J’ai aussi téléphoné. Dix messages apaisants plus tard du type "Roulez bien, traînez-vous sinon vous finirez en poussières d’hécatombe national", une sacro-sainte parole de code républicano-routier me répond fort civilement que si je ne peux avoir la photo dans les quinze jours parce que je pars en vacances, c’est mon problème, et donc je paie sans photo avec réduction, ou avec photo et donc 50% plus cher. Comme au guichet du commissariat de police, il me fut répondu que 53% des votants avaient récemment plébiscité cette politique. Comme quoi, trouver à redire sur les méthodes de notre administration témoigne de la part du rebelle d’un certain manque de culture démocratique. Criminel et contestataire, d’ici à finir terroriste, il valait mieux sortir tant que je le pouvais encore.
Comme quoi, je trouve que mon droit n’y va pas non plus par quatre chemins.
Que voulez-vous que je fisse donc en pareilles circonstances, navrantes soit, mais si cornéliennes.
Je payu donc, pour raisons économiques, mais en glissant dans l’enveloppe affranchie par mes soins (même pas une enveloppe T, les rats !), et ce malgré l’avertissement imprimé dessus "Ne mettez que votre règlement", une petite bafouille, usant ainsi du droit aux 20 g de papier que me conférait le prix du timbre, de mon droit d’expression et répondant de toute façon de l’impérieuse obligation impérative de "régler les comptes" au nombre de titres près.
J’y signalai, en plus de la crainte d’une perte d’image de notre exemplaire gendarmerie (je le pense vraiment), que si je ne pouvais contester l’infraction (manque de moyens, de temps, d’envie, et de preuves, n’étant pas équipé de disque de circulation comme les camions), je ne reconnaissais pas pour autant ma faute en cédant au chantage comme voulait me l’imposer en plus un paragraphe pernicieux de l’imposante réglementation jointe avec le constat d’infraction. À souligner d’ailleurs que si vous ne pouvez pas en lire les petits caractères, pas la peine de réclamer au nom de l’égalité des chances : vous devez être inapte à la conduite et vous aggraveriez votre cas.
Alors, monsieur le sous-responsable automatisé de la circulation routière et de la sécurité réunies mandaté par le ministre politisé de l’intérieur sans majuscule, quand je reçois aujourd’hui et trois mois plus tard de vos services l’annonce du retrait d’un point sur mon permis, retrait bien spécifié en gras de "Plein droit", je crie à l’abus de droit de la part de notre administration censée être au service et à l’écoute de ses concitoyens.
De même, à nouveau, vous parlez de réalité de l’infraction par le paiement de ma part, et non pas établie par votre radar. Pourtant, si mon paiement vous est parvenu, c’est que ma lettre vous est parvenue aussi. Encore une « procédure » automatisée qui montre ses limites. Il est vrai que comme tout organisme vivant, l’administration à des organes différenciés, et on ne fera pas faire le même travail à une grande gueule qu’à un trou du cul.
D’où peut-être un mauvais emploi de ma lettre. Mais peut-être aurai-je dû l’écrire en code-barres ?
Et je découvre, car la loi ne se cache pas, décomplexée et sûre de sa légitimité, toute la sagesse et la complexité de la récupération des dits points pour conserver le droit d’utiliser la voiture qui permet de se rendre à son travail. Et d’éventuelles voies de recours « au verso » menant « place Bon Veau », un bon endroit pour faire valoir une loi d’avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations.
Car, Monsieur, je n’ai eu droit jusqu’à maintenant qu’à des relations avec des machines ou des zombies psittacosés et rigides confondant justice et répression, vitesse et dangerosité, lois et bon sens. À noter en gras la mention « Aucune demande d’indulgence ne sera prise en considération. Les recours n’ont pas d’effet suspensif ». Pensez-vous donc que je vais mettre temps et argent en l’air face à un mur d’incommunicabilité institutionnalisé ?
Un jour, avec des procédés pareils, on risque être fusillé et réhabilité cinquante ans plus tard, par listing.
Même si, avant que vous ne répétiez encore que la population dans sa majorité vous soutient par son vote, je prétends que vous confondez légitimité de la fonction et droit de changer les règles ...
Car le droit des minorités est encore reconnu dans notre constitution, même si cette minorité s’appelle l’opposition à tous vos principes vertueux qui n’ont pas fini de faire grincer des dents quand on voit le cursus de certains qui s’en font les chantres. (Ouf, lapsus évité de justesse).
De plus, sachez bien que je pense aussi qu’il n’est pas possible que tous vos admirateurs aient bien compris l’ensemble de votre programme, et celui de ses conséquences.
Je ne savais pas, monsieur le responsable, en tant que bon conducteur jusque-là, (demain, irez vous nous attaquer plus profond dans le portefeuille en vous attaquant au 50% de réduc) que même sans m’écarter du droit chemin, mais en étant juste un peu zélé pour le suivre, je devais me méfier plus de ceux qui sont sur le bord que de ceux qui comme moi l’utilisent. Pour avoir subi aujourd’hui l’application de la loi, je suis bien d’accord avec votre campagne TV actuelle qui répète à nos frais et nous martèle dans ce qui devrait être la quiétude de notre foyer qu’il n’y a pas de petites infractions.
Je sais aussi que ce point me sera restitué pour "bonne conduite" si au bout d’un an, je n’ai pas récidivé. Bref, à la prochaine incartade, je risque la "double peine" : amende+ points en moins et pas de récup.
Le criminel endurci qu’il me semble que je sois devenu pour avoir eu ainsi à mériter autant de sévérité de la part de mon administration sur la foi d’une machine, dont les indications sont faussées en cas de mauvaise installation, ce qui pour un radar mobile semble être, selon le journal Auto-plus, le cas général, m’incite à souhaiter que si pour cet écart de conduite, la sanction est si dure, et bien, en cas d’écart de la part des hommes politiques, il y aura la même sévérité qui s’appliquera.
À ce titre, je rappelle la "réussite actuelle" en matière de budget, d’environnement et d’emploi. Mais c’est vrai, à vous entendre, comme à constater les mesures prises pour y remédier, c’est encore une fois la très grande faute à la population, en majorité celle qui vous soutient d’ailleurs, et non celle de l’incurie des politiciens, surtout les actuels qui viennent après les anciens. Il semblerait que 1936, 1968, 1981 et 1999 aient été de mauvaises années pour l’économie française.
Un bon retour au temps de Jules Ferry s’impose.
Mais ceci est un autre sujet, dont le débat se termine souvent dans le fatalisme puis l’amnésie collective orchestrée et soutenue par les managers/sponsors de patriotiques sportifs bleus eux-aussi de nos équipes nationales. Nous ne sommes pas prêts, en France, d’avoir une "nuit des radars", durant laquelle des marteleurs volontaires d’Objets Gendarmiquement Modifiés, iraient corriger l’angle de prise de vue vers le sol.
Nous ne sommes pas prêts non plus à des « Class Action » citoyennes pour récupérer les quarante-cinq euros que votre « plaisanterie » m’a coûté.
Et si d’aventure, point par point, je devais perdre mon permis, sachez que je ferais, contraint et forcé, des économies (voiture, carburant, assurance, autoroute, stationnement) car je n’irai pas repasser celui-ci. Un autre pan de ma consommation tombera aussi. Tout seul, cela ne vous gênera pas beaucoup, mais des études ont montré que deux millions de personnes roulent aujourd’hui sans permis. Déjà deux millions de mécontents et votre système développe de nouvelles rancœurs qui ne se satisferont pas d’une soumission au « système ».
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments attristés.
FLB
Table des matières
- Préface Env. 3 pages / 708 mots
- ... Env. / 0 mots
- Un Monde Pourri Env. / 0 mots
- Les routiers sont sympas Env. 5 pages / 1437 mots
- Le cœur d’Hélène Env. 9 pages / 2917 mots
- Impitoyable sélection Env. 11 pages / 3259 mots
- Pause café Env. 5 pages / 1630 mots
- Concurrence déloyale Env. 12 pages / 2501 mots
- Mensonges : Entrée en matière Env. 11 pages / 2733 mots
- Mensonges : Le tableau de sévices Env. 14 pages / 3537 mots
- Mensonges : Point de rupture Env. 15 pages / 3637 mots
- Actualités du repas de dimanche Env. 23 pages / 4988 mots
- Bleu comme un horizon bouché Env. 9 pages / 1806 mots
- Clochemerle en campagne Env. 8 pages / 1782 mots
- Un homme en colère Env. 7 pages / 1631 mots
- Les autres raisons de se lamenter Env. / 0 mots
- Représentation publique Env. 6 pages / 1322 mots
- Fuck Env. 8 pages / 1653 mots
- Jusqu’aux limites Env. 7 pages / 1570 mots
- Explosion Env. 5 pages / 1201 mots
- Contrôle permanent Env. 32 pages / 7336 mots
- Les vautours Env. 12 pages / 2687 mots
- Les trains de l’aube Env. 5 pages / 1034 mots
- La Lumière Env. 7 pages / 1597 mots
- Révisons nos classiques Env. 1 page / 11 mots
- L’auberge montagnarde entre la station de skis et Lyon Env. 3 pages / 523 mots
- Vivre ou laisser mourir Env. 3 pages / 673 mots
- Le multiplexe à Lyon Env. 4 pages / 778 mots
- Mauvais sang à se faire Env. 3 pages / 655 mots
- L’invention de la mort qui tue Env. 4 pages / 901 mots
- Encore un accroc Env. 3 pages / 770 mots
- De pire en vamp pire Env. 4 pages / 751 mots
- Adieu pyro-vamp Env. 3 pages / 808 mots
- À feu et à sang Env. 3 pages / 569 mots
- Sangtiments Env. 3 pages / 555 mots
- Un père attendrissang Env. 4 pages / 853 mots
- Bleu noir rouge Env. 3 pages / 783 mots
- Sang arrêt en gare Env. 5 pages / 1067 mots
- Un jour sang Env. 2 pages / 514 mots
- Sang pitié Env. 4 pages / 878 mots
- Décryptage et exorcisme. Env. 5 pages / 1075 mots
- Les cahiers du Pitbull Env. / 0 mots
- Prologue Env. 2 pages / 286 mots
- Mélodie en sous-sol Env. 14 pages / 3618 mots
- Emma et moi émois Env. 14 pages / 3416 mots
- Nuit d ’Aurore Env. 9 pages / 2162 mots
- Prudence sur la route Env. 18 pages / 4602 mots
- Dans le mille d’Émilie Env. 14 pages / 3216 mots
- Le mariage de Marie-Ange Env. 22 pages / 5243 mots
- Les bonus Env. 1 page / 0 mots
- L’ordre en Dorémi Env. 3 pages / 432 mots
- Le pendu Env. 1 page / 171 mots
- A.A.A.A.: Administration Automatisée Autoritarisée d’Autocrates Env. 10 pages / 2181 mots
- Portefeuilles froids, campagnes chaudes Env. 7 pages / 1518 mots
- Libres et Insoumis Env. 15 pages / 3297 mots
Rejoignez nos plus de 44 000 membres amoureux de lecture et d'écriture ! Inscrivez-vous gratuitement pour reprendre la lecture de cette œuvre au bon endroit à votre prochaine visite et pouvoir la commenter.
- Que pensez vous de cette oeuvre ?
- Annonces à propos de cette oeuvre Flux RSS
-
- Aucune annonce à propos de cette oeuvre
- L'avis des lecteurs
- 2 aiment
- 1 n'aime pas
- Fond : 4 coeurs sur 5
- Très bon : 1 lecteur
- Forme : 4 plumes sur 5
- Fluide, agréable, sans fautes... : 1 lecteur
- Télécharger cette oeuvre
- Partager cette oeuvre
- Raccourcis clavier :
-
- ← page précédente
- → page suivante
- L Lumière (fond noir)
- +/- taille du texte
- M Mise en forme
- P Police
- Lecture libre
-
- Littérature générale
- Fictions historiques
- Contes, légendes et fables
- Érotisme
- Action, aventure, polars
- SF et fantastique
- Littérature humoristique
- Littérature sentimentale
- Poésie
- Paroles de chansons
- Scénarios
- Théâtre
- B.D, Manga, Comics
- Jeunesse
- Jeu de rôle
- Savoir, culture et société
- Défis et jeux d'écriture
- Inclassables
- Librairie Atramenta
- Livres audios
- Atramenta Mobile
- Coup de coeur ?
-
- Nouvelles
23 pages -
- Lire
- Telecharger l'ebook
- Oeuvre complète, des fautes peuvent subsister.
- Rendez-vous rue Mozart
- Guy Bellinger
- Nouvelles