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Un monde pourri... et autres raisons de se lamenter
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- Catégorie : Littérature générale > Nouvelles
- Date de publication sur Atramenta : 15 mars 2013 à 18h48
- Dernière modification : 15 mars 2013 à 18h54
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- Longueur : Environ 373 pages / 93 272 mots
- Lecteurs : 444 lectures
Cette oeuvre est complète, mais a besoin de relecteurs.
Un monde pourri... et autres raisons de se lamenter (Oeuvre réservée à un public averti)
Les routiers sont sympas
Premier conseil : L’étude d’opportunité. Se renseigner sur l’entreprise dans laquelle on veut travailler
Il entre dans le resto. L’homme qu’il suit vient de s’asseoir à un strapontin face au bar. Il a déjà commandé un jambon-beurre et un demi. Manifestement, il ne mange pas beaucoup le midi.
Il s’approche donc de lui sans en avoir l’air puis s’installe sur le strapontin voisin, l’air songeur.
Dans le « routier », le brouhaha emplit l’espace. On peut discerner des bribes de conversations, le tintement des verres, des couverts contre les assiettes. Il y a aussi une télé que personne ne regarde malgré le sérieux du journaliste qui déverse son flot d’informations se perdant dans l’indifférence générale.
Il faut dire que lorsque on s’attarde un tant soit peu sur le contenu, la lecture d’une seule page internet bien conçue suffirait à remplacer la venteuse demi-heure du journal de la demi-journée sur une chaîne nationale.
De toutes façons, la énième délocalisation permet de ne pas tarir la mer de chômeurs qui elle-même permet de sous-payer la majorité du reste de la population. Les promesses d’amélioration ne donnent que du travail pour tous, mais pas plus dans les assiettes. Il faut bien comprendre les difficultés des patrons, pour justifier leurs somptueuses indemnités de départ ou leurs exonérations multiples.
Les politiques servent la soupe au système, bien qu’ils s’en défendent.
Lui veut un bon boulot pour débuter dans la vie. La société des transports Péréfice, entreprise familiale, paye cher.
— C’est surtout que je préfère utiliser mon argent autrement.
— Vous avez bien raison. Dites, c’est bien vous que j’ai vu descendre d’un semi-remorque « Péréfice » ?
— Oui, pourquoi ?
— Il est magnifique. Ils sont tous aussi récents leurs camions ?
— Pas tous, mais le parc est de qualité. Le patron est aux petits oignons pour nous et pour l’"international", nous avons tous la climatisation, la télé embarquée pour les pauses ou les contre-temps, la CB, une super couchette. En plus, ce camion en a sous le siège.
— Je sors de formation et je cherche un boulot. Y’en a chez vous ?
— Du boulot, il y’en a. Mais pour l’embauche on est complet pour l’instant. Je suis désolé.
— Faut pas. Il paraît que c’est plein de boulot de routier.
— Oui, mais c’est un dur métier et les patrons sont pas tous comme les miens. Cadences infernales, repas mal remboursés, mauvais plannings qui nous bloquent à l’étranger pour le week-end, heures sup non payées, obligation d’aider au chargement et au déchargement, concurrence accrue avec les chauffeurs espagnols, polonais, roumains... et j’en passe.
— Je pense que je ferai l’affaire. J’aime rouler et découvrir de nouveaux horizons. Qu’est ce que vous avez fait vous ?
— Souvent l’Allemagne ou l’Italie. Mais il y a dix ans, j’allais encore jusqu’en Turquie. Je laisse ça aux jeunes désormais. Maman n’aime plus que je sois absent le week-end.
La serveuse arrive avec l’apéritif.
— Je vous offre une bière ?
— Non merci.
— Je vous en prie. Ça me fait plaisir. Vous savez, j’ai rendez-vous chez Péréfice cet après-midi.
— Ah bon ?
— Oui, une candidature spontanée. J’ai envoyé un CV et cet après-midi j’y vais.
— Pour un entretien ?
— On va dire une rencontre.
— Pourtant l’équipe est au complet.
— Oui, seulement je n’ai pas postulé pour un poste de routier, mais de gardien de nuit en signalant que j’étais routier. En attendant, comme ça j’aurai un pied dans la boîte.
— Très ingénieux. On sent que vous êtes motivé.
— Je suis un peu intimidé. C’est mon premier entretien. Vous savez par qui je vais être reçu ? Ah, je m’appelle Richard.
— Et bien Richard, moi c’est Jean. C’est Luc, le deuxième fils qui est chargé du recrutement. Il est inflexible sur les horaires et la sobriété. Sérieux et sécurité dans le travail. Pour toi à double titre.
— Elle est bonne celle-là.
— Mais sinon, si tu fais l’affaire, il est capable de te prendre pour ce soir. C’est un fonceur et il n’est pas là pour faire des comparatifs sans fin. Vite entré, vite dégagé s’il y a un problème dans la période d’essai. Et même après. Seulement, on est tous un peu actionnaires de la boîte. Bref nous sommes motivés pour rester.
— Alors, à la tienne Jean
— À la tienne Richard.
Les deux hommes vident leur verre. Jean finit son sandwich et sa nouvelle bière arrive.
— Je prendrai moi aussi une bière avec le croque-monsieur, fait richard à la serveuse avec un clin d’œil aguicheur.
— Oui Monsieur, une pression ?
— Oui, historique si vous avez.
— Elle arrive.
— Dis moi Jean, ça se passe comment les WE à l’étranger ?
— Le patron nous laisse carte blanche, plus une prime pour la bouffe et l’hôtel correcte. Il accorde au retour une demi-journée de récup que tu peux cumuler avec des congés.
— Et les filles ?
— Ça dépend de toi, comme ici. À part que les français, on a quand même la côte faut l’admettre. Les filles de l’est sont prêtes à accepter pas mal de défauts mais il faut se méfier de certaines, trop gourmandes...
— Intéressant pour un célibataire. Il y a des RTT ?
— Oh là, la mise en place n’a pas été évidente. Mais nous ne sommes pas du genre à faire grève. Nous sommes arrivés à faire un compromis avec les temps de chargement...
— C’est sympa ici. Tu sais comment s’appelle la serveuse ?
— Célimène ? N’y pense même pas. Un gars a essayé. Son camion a eu des roues crevées. Le père ou un jaloux ? Va savoir. En tout cas, la petite n’est serveuse que pendant les vacances scolaires. Sinon, elle est à la fac.
— Bref, tu veux me dire qu’elle est trop intelligente pour moi.
— En quelque sorte, juste signaler que ce n’est pas une fille facile.
— C’est peut-être ce qui la rend intéressante...
— Tu serais bien le seul à trouver du charme à l’intelligence féminine.
— À moins que j’aime me faire dominer.
— Et bien, dans le métier, il suffit d’une femme qui soit là quand tu rentres, qui te fait bon accueil et qui te fout la paix le week-end.
— Chacun voit midi à sa porte. Mademoiselle, vous pouvez nous remettre ça s’il vous plaît ?
— Doucement petit, je prends la route moi.
— C’est la dernière. C’est bon trois verres non ?
— C’est juste juste.
— Alors, pour trinquer à ma réussite tout à l’heure. Je ne te cache pas que je suis un peu nerveux.
— Je suis déjà à la bourre.
— Y’aura eu de la circulation. Tiens, les voilà déjà. Mademoiselle, vous êtes un ange-gardien radieux qui veille merveilleusement bien sur nous.
Petit sourire de Célimène, qui intelligente peut-être n’en est pas moins femme. Tant que les gens sont corrects, il n’y a pas de mal à accepter un petit compliment. C’est bon pour le commerce comme pour le moral.
— Allez Jean, aux routiers !
— À ta réussite Richard.
Ils boivent. Jean semble un peu perplexe un instant puis vide rapidement son verre. Il a vingt minutes de retard. Il s’excuse auprès de Richard, mais Célimène semble occupée à l’autre bout du comptoir et lorsque il a enfin pu payer, c’est une demi-heure qu’il va devoir justifier.
Richard lui n’est pas pressé. Le rendez-vous est à 16 heures. Il donne un coup de téléphone portable pour prévenir son cousin posté derrière un panneau de la départementale. Un magnifique tronçon de route bien droit, limité à cinquante en entrée d’agglomération, alors qu’il n’y a aucun obstacle, ni aucune autre raison de ralentir.
Il ne doit pas tarder à voir arriver Jean, sous pression, dont la troisième un peu arrangée par Célimène. En retard, il va immanquablement être en excès de vitesse, et un peu au dessus de zéro gramme cinquante. Le cousin policier va faire un peu de zèle et lui confisquer le permis. Il sera certainement suspendu un moment.
Assez pour que la société Péréfice à 16 heures sache qu’elle peut avoir besoin d’un chauffeur, pour trois mois au moins.
Jean n’est plus aussi dynamique qu’avant, son embonpoint est un handicap quand il quitte son camion, alors s’il commence à fauter...
C’était une idée de Célimène. Jean a raison. C’est une maligne, ambitieuse et exigeante. Pour elle, pas question que son petit ami ait un boulot minable.
Table des matières
- Préface Env. 3 pages / 708 mots
- ... Env. / 0 mots
- Un Monde Pourri Env. / 0 mots
- Les routiers sont sympas Env. 5 pages / 1437 mots
- Le cœur d’Hélène Env. 9 pages / 2917 mots
- Impitoyable sélection Env. 11 pages / 3259 mots
- Pause café Env. 5 pages / 1630 mots
- Concurrence déloyale Env. 12 pages / 2501 mots
- Mensonges : Entrée en matière Env. 11 pages / 2733 mots
- Mensonges : Le tableau de sévices Env. 14 pages / 3537 mots
- Mensonges : Point de rupture Env. 15 pages / 3637 mots
- Actualités du repas de dimanche Env. 23 pages / 4988 mots
- Bleu comme un horizon bouché Env. 9 pages / 1806 mots
- Clochemerle en campagne Env. 8 pages / 1782 mots
- Un homme en colère Env. 7 pages / 1631 mots
- Les autres raisons de se lamenter Env. / 0 mots
- Représentation publique Env. 6 pages / 1322 mots
- Fuck Env. 8 pages / 1653 mots
- Jusqu’aux limites Env. 7 pages / 1570 mots
- Explosion Env. 5 pages / 1201 mots
- Contrôle permanent Env. 32 pages / 7336 mots
- Les vautours Env. 12 pages / 2687 mots
- Les trains de l’aube Env. 5 pages / 1034 mots
- La Lumière Env. 7 pages / 1597 mots
- Révisons nos classiques Env. 1 page / 11 mots
- L’auberge montagnarde entre la station de skis et Lyon Env. 3 pages / 523 mots
- Vivre ou laisser mourir Env. 3 pages / 673 mots
- Le multiplexe à Lyon Env. 4 pages / 778 mots
- Mauvais sang à se faire Env. 3 pages / 655 mots
- L’invention de la mort qui tue Env. 4 pages / 901 mots
- Encore un accroc Env. 3 pages / 770 mots
- De pire en vamp pire Env. 4 pages / 751 mots
- Adieu pyro-vamp Env. 3 pages / 808 mots
- À feu et à sang Env. 3 pages / 569 mots
- Sangtiments Env. 3 pages / 555 mots
- Un père attendrissang Env. 4 pages / 853 mots
- Bleu noir rouge Env. 3 pages / 783 mots
- Sang arrêt en gare Env. 5 pages / 1067 mots
- Un jour sang Env. 2 pages / 514 mots
- Sang pitié Env. 4 pages / 878 mots
- Décryptage et exorcisme. Env. 5 pages / 1075 mots
- Les cahiers du Pitbull Env. / 0 mots
- Prologue Env. 2 pages / 286 mots
- Mélodie en sous-sol Env. 14 pages / 3618 mots
- Emma et moi émois Env. 14 pages / 3416 mots
- Nuit d ’Aurore Env. 9 pages / 2162 mots
- Prudence sur la route Env. 18 pages / 4602 mots
- Dans le mille d’Émilie Env. 14 pages / 3216 mots
- Le mariage de Marie-Ange Env. 22 pages / 5243 mots
- Les bonus Env. 1 page / 0 mots
- L’ordre en Dorémi Env. 3 pages / 432 mots
- Le pendu Env. 1 page / 171 mots
- A.A.A.A.: Administration Automatisée Autoritarisée d’Autocrates Env. 10 pages / 2181 mots
- Portefeuilles froids, campagnes chaudes Env. 7 pages / 1518 mots
- Libres et Insoumis Env. 15 pages / 3297 mots
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