Chapitre 1: Rencontre

Chapitre 1

Rencontre

Bon, il marchait déjà depuis un moment à la recherche de sa proie. Il la savait sur cette île, là-dessus ses informations étaient claires, mais où ? L’île en elle-même n’était pas si grande que cela… Il était patient, aucun navire n’était à l’ancre, nulle part, elle ne pourrait donc pas fuir… Il la trouverait cela ne faisait aucun doute. C’était la première fois que le gouvernement lui donnait une mission pareille, retrouver un pirate pour l’éliminer froidement. Il grimaça cela ne l’enchantait pas plus que cela.

Sa cible : AnNoz Blue, surnommée la Veuve Noire, une pirate haie, un vrai cauchemar pour la marine. Cette pirate avait dévasté d’innombrables bases militaires et elle laissait dans son sillage de longues traînées de sang. Elle était très respectée chez les pirates à cause de cela, et pourtant il y avait autre chose… de plus profond, de plus sombre, le Chirurgien de la Mort le sentait, on lui avait caché des choses de cela il était certain. Les informations qu’il avait recueillies le laissaient perplexe, elles étaient tellement contradictoires. Pour certains elle était une pirate de confiance quelqu’un de droit, de compétent, et une bonne camarade tandis que pour d’autres elle n’était qu’un monstre assoiffé de sang, capable des pires bassesses, ignominies, et des pires carnages. Mais tous se rejoignaient pour dire que c’était une combattante farouche et puissante. Vraiment, il devrait se méfier, la prime pour cette pirate était conséquente. La moitié de la sienne soit 220 millions de berrys, c’était pas rien, un sacré tas de berrys. C’était même franchement énorme connaissant le machisme de la marine et leur condescendance vis-à-vis des femmes combattantes ou pirates. Et puis il y avait l’histoire du mousse, même lui l’admettait, c’était franchement glauque, oui cette pirate était dangereuse… Tssk … Il saisit son nodachi fermement.

Le capitaine Trafalgar Law remontait la plage ensoleillée, Kikoku sur l’épaule, à sa gauche la mer brillante sous les rayons du soleil, de petites crêtes blanches se formant sous l’effet d’une petite brise et à sa droite, l’orée d’un début de jungle luxuriante, d’où s’échappaient des cris d’oiseaux. Le soleil dans son dos agrandissant son ombre, ses pas s’enfonçant dans le sol laissant des traces dans le sable blond.

Non loin de là, une jeune femme réfléchissait paresseusement dans un hamac…

Cela faisait un moment qu’elle était sur cette île. Ils n’allaient plus tarder maintenant, l’information avait bien dû être divulguée. Donc oui, ils allaient arriver tous ces chacals à la solde du gouvernement et de la marine. Ils viendraient c’était sûr … La jeune femme eut une moue désapprobatrice reprenant le cour ses pensées. Ce n’était pas bien grave, elle était sur ses gardes qu’ils viennent ! En plus elle sentait l’heure approcher. Oui, le temps était venu, elle le savait, le sentait au plus profond de son être la mer l’appelait … comme avant. Juste cette sensation presque oubliée, cette envie de liberté, ce besoin de découvertes, d’aventures. Elle eut un sourire tendre. Ils avaient bien fait …

Oui, son équipage avait bien fait finalement, l’abandonner ici … Pour la faire réfléchir selon leurs dires. Il lui avait fallu presque six mois. Six longs mois, faits d’auto-flagellation, de rancœur, de défonce, et de beuverie. Six mois pour enfin digérer ce qu’elle avait fait il y avait un moment déjà, pour tout digérer. La jeune femme soupira à nouveau. Non loin quelqu’un s’approchait, elle pouvait sentir son pas calme mais déterminé. Elle ferma les paupières laissant la brise faire onduler le hamac dans lequel elle se trouvait. Ce n’était pas la peine de s’en faire des montagnes, elle verrait bien de qui il s’agissait et agirait en conséquence, comme elle avait l’habitude de le faire. Ne pas changer les bonnes habitudes …

Plusieurs petites huttes étaient fermées sous le début des frondaisons. Quand dans son angle de vision apparut un hamac multicolore ondulant doucement sous le vent, et du hamac sortait une jambe fine, blanche et féminine. Un sourire confiant apparut sur son visage. Dans le hamac il y avait sa cible, il en était certain. Son regard suivit la courbe blanche de la jambe et remonta lentement, légèrement, caresse visuelle. Seulement le hamac lui barrait la vue, et pour découvrir le reste il devrait s’approcher … Encore quelque pas.

….

Le vent lui apportait une odeur musquée, épicée… Agréable… Derrière ses paupières closes, elle essayait de visualiser l’homme qui l’observait à loisir. Grand, fin, et puissant, oh oui très puissant. Il faudra faire attention, être sur ses gardes, ce mec était dangereux ! Vraiment !

….

Dans le hamac, comme il en en avait eu l’intuition était allongée sa cible. Une masse de cheveux rouges partant en tout sens et sous ces cheveux un visage endormi. Une peau dorée par le soleil, de longs cils, un nez fin, une bouche charnue … Hum jolie pensa-t-il. Son regard coula et tomba sur une poitrine généreuse, un corps caché par une ample chemise blanche, short en jean version mini et de nouveau la peau juste dorée d’une longue paire de jambes … Vraiment, elle était une capitaine pirate cette fille-là ?

….

Bon, cela suffisait comme cela, elle s’était fait son idée, et avait laissé passer bien assez de temps pour que l’autre se pose des questions. Elle connaissait son apparence, et elle ne collait pas vraiment à la rumeur. C’était un atout qu’elle jouait souvent. Lentement, elle ouvrit les yeux. Oh, merde ! Ne pas se départir de son sourire. Devant elle se tenait Trafalgar Law, le Chirurgien de la Mort capitaine des Hearts Pirate et fraîchement promus Grand Corsaire. En bref une mauvaise nouvelle. Une très très mauvaise nouvelle.

Merde !

Il semblait un peu interloqué par ce qu’il avait sous les yeux, c’est-à-dire elle. Bien, cela lui laisserait un peu de temps. Le temps un atout important aussi. Après tout, il ne semblait pas être dans une optique de combat, du moins pour l’instant, elle ne pouvait sentir aucune tension. Il semblait si sûr de lui … Enfoiré de Grand Corsaire !

« La vue te plaît ? »

Trafalgar remonta sur le visage, deux yeux d’un bleu intense le regardaient d’un air moqueur. Un fin sourire s’esquissait sur des lèvres pulpeuses.

Hum, vraiment jolie…

Mouais, voilà voilà, il était devant sa cible, et franchement l’image ne collait pas du tout avec la rumeur d’une pirate sans merci, cruelle, pouvant faire preuve d’une violence d’une force inouïe et d’une barbarie sans nom. Le corsaire pencha la tête.

« Allez savoir… Vous êtes seule ici ? » Direct droit au but, pas vraiment dans ses habitudes.

Elle eut une moue puis haussa les épaules en se redressant.

— Ouais… sont tous partis… » La pirate regarda l’océan et elle ajouta « la bande de bâtards… 

Dire qu’il fut surpris, serait un euphémisme.

— Pardon ? »

Tiens, cela semblait surprendre le Corsaire. Tant mieux !

Elle se tourna vers lui, « humph… C’est un peu compliqué » Elle réfléchissait, un sourire attendrit apparu, remplacé immédiatement par une moue coléreuse. Le vent faisait gonfler ses cheveux, onduler sa chemise.

Quand même, son propre équipage avait osé la maronner sur cette île ! Selon eux pour son bien certes, mais ils allaient sacrement déguster quand elle retrouverait son bateau, ça c’était sûr… Et le pire c’est qu’ils le savaient ! Une colère monta en elle, et son pouvoir sembla prendre vie. Bien vite elle se calma, peu de gens le connaissait, elle n’allait pas abattre sa carte maîtresse tout de suite ce serait une erreur. La patience était sa meilleure arme. Elle le regardait avec curiosité.

« Et toi ? »

Lui ne disait toujours rien, juste ce sourire en coin. Cet air imperturbable, ce regard métallique… Hum frisson, oui frisson lui parcouru le corps de part en part … Et son esprit lui hurlât immédiatement: GRAND CORSAIRE !

C’est con, il était plutôt bien fait de sa personne, oui vraiment pas mal. Les avis de recherche ne lui rendaient définitivement pas justice. Ce visage fin mais la ligne de la mâchoire masculine se perdant dans un bouc noir et au dessus la ligne des lèvres fines avec ce p’tit sourire. Grand, son ombre la recouvrait complètement, fin, un peu nonchalant, son sabre sur l’épaule. Oui sa main serrait fermement un long sabre enfermé dans un fourreaux noir parsemé de petites croix blanches, la longueur de l’arme était impressionnante, cherchait-il à compenser quelque chose ? Une main tatouée, et sur chacune de ses phalanges des lettres formant le mot D E A T H. et toujours ce petit sourire en coin, cet air indifférent … Hum vraiment pas mal … À quoi pouvait-il penser ? L’intérêt qu’elle put lire dans les yeux gris, un gris de tempête métallique, la fit frissonner de nouveau. Elle s’étira en sortant du hamac pour le faire disparaître, l’heure n’était pas à de telles considérations … Mais, peut-être pourrait-elle jouer sur ce tableau-là, allez savoir, c’était un homme, les hommes ont de bas instincts. Boah … Non, c’était vraiment minable comme idée … Pas drôle, s’il fallait en arriver là franchement…

Elle s’étira comme une chatte repue de soleil. L’image était plaisante à ses yeux. Elle était plaisante cette capitaine pirate, et si les rumeurs s’avéraient vraies, devenait plus qu’intéressante.

« Je me promène… »

Comme cela n’était pas crédible, il devait vraiment la prendre pour une truffe, voire une demeurée, s’il pensait ça… C’était un atout de plus dans sa manche. Elle commençait à avoir une jolie main. Mais il ne fallait pas qu’elle soit trop sûre d’elle, sinon elle courait à sa perte ! Il avait été un sacré Capitaine, un de la pire génération, un vrai pirate ! Le Chirurgien de la Mort !… Et puis il était devenu un de ces enfoirés… ces putain d’enfoirés de Grand Corsaire ! À la pensée de ce mot une vague de bile lui montât dans la gorge, et une boule de colère semblait se former au creux de son ventre. Il fallait qu’elle se calme.

« Tiens donc ?! » Elle fit claquer sa langue « J’ai soif » puis se tournant vers lui « Tu m’accompagnes ? » et s’éloigna pour se diriger vers les arbres… Il la suivit. Elle attisait sa curiosité, il y avait dans ses yeux une lueur particulière et puis il avait du temps à perdre, il n’était pas pressé.

Le Chirurgien l’avait suivi, peut-être alors qu’il n’était pas là pour ça ? Blue eut envie de rire bêtement, cette idée était tellement stupide, bien sûr qu’il était là pour elle ! Et ce pour une seule raison, la tuer ! Mais bon, peut-être qu’il voulait s’amuser … Allez savoir ? Elle eut un sourire, tant mieux… Elle savait jouer à plein de jeu… Et puis elle était une capitaine pirate c’était dans l’ordre des choses qu’un enfoiré de Grand Corsaire vienne pour lui faire la peau.

La pirate marchait légère, ondulante comme une lame de vent qui joue avec les feuilles, vous caresse le visage. Une vision très agréable. Il se redressa, ce n’était pas franchement le moment d’avoir des idées comme celle-là. Cette nana le rendait nonchalant… Un peu comme si elle était entourée d’une sorte aura vous relaxant et faisant tomber les barrières pour laisser courir l’esprit… Dangereuse… Law se reprit, regard sombre, il faudrait être prudent.

Elle fredonnait, en entrant dans la petite maison. Il y pénétra à sa suite.

L’endroit était dans un désordre assez indescriptible, des piles de cartes, des bouteilles un peu partout, c’était un soutif qu’il voyait là ? Depuis quand vivait-elle ici ? C’était vraiment chez elle ? Putain ! Elle l’avait invité, lui, dans sa propre maison ! Elle lui faisait quoi là ?

Un cliquetis de verre le tira de ses pensées, il leva le regard, la pirate était penchée à la recherche de quoi boire, son buste caché par la porte d’un frigo, une main posée dessus tenant deux verres, et seulement visible une paire de jambes divines et un postérieur rebondi. Mouais…

Elle avait vraiment besoin de boire un truc fort ! Elle releva la tête, une cigarette entre ses lèvres et lui montra une bouteille sans étiquette qui contenait un liquide à la couleur étrange, sorte de vert printemps.

« Mélange du patron… » Tss… Comme s’il allait boire quoi que ce soit venant de cette pirate.

Le visage était neutre, impassible, de marbre mais quand elle lui montra la bouteille, la grimace fugace qui apparut lui donna l’envie de sourire. L’empoisonner ne lui était même pas venue à l’esprit c’était … si… si.. bas… Franchement pour qui la prenait-il ?

La pirate le regardait indécise.

« C’est drôle quand même cette coïncidence… tu ne trouves pas ? »

Ok, et maintenant comment faire ? Finalement, le faire entrer chez elle n’avait peut-être pas été une si bonne idée. Comment allait-elle se dépêtrer de la situation présente ? Le grand corsaire était sur ses gardes, c’était un homme intelligent et elle avait peur que ses petits tours de passes passes ne fonctionnent pas sur ce gars-là.

La demoiselle avait une petite moue enfantine, et se mordit les lèvres. Elle réfléchissait tout en les martyrisant sans même s’en rendre compte. Il suivait le trajet et les ondulations de sa bouche, c’était extrêmement érotique et le fait qu’elle ne semblait pas s’en rendre compte en rajoutait.. Un frisson le traversa jusqu’au bas du dos. Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait connu la chaleur d’un corps contre le sien.

« C’est-à-dire ?… Mais nous ne nous sommes pas présenté mademoiselle. »  dit-il joueur.

Bin tiens, et son cul c’était du poulet ? Joueur, indubitablement narquois, si sûr de lui, ok la partie avait commencé. Elle ne lui laisserait pas prendre la main, elle était chez elle après tout. Et c’est sur le même ton qu’elle lui répondit :

« Oh… Je sais très bien qui tu es… Mister Grand Corsaire Trafalgar Law… »  Elle lui balança le même sourire narquois en prime.

— Ah… Alors mademoiselle comment devrais-je vous appeler ? lui demanda-t-il, tout en lui rendant son sourire, le regard qu’elle lui décocha était espiègle.

C’était pas un jeu désagréable, cela pourrait même devenir amusant. Allez en remettre une petite couche

— Voyons Corsaire… Je te pensais plus prévoyant… Un ordre d’assassinat ça se travaille non ?

Il s’était tu, cela avait fait mouche, et même si son visage restait sans expression, elle savait qu’elle avait fait mouche.

Tsss… Mais il n’en laissa rien paraître, toujours maître de lui-même il lui fit même grâce d’un sourire en coin.

— Allez savoir ?… »

Nan nan nan… Ce n’était pas la bonne réponse. Les yeux de la pirate se rétrécirent, mais pour qui se prenait-il ? Elle était une Capitaine pirate, et pas la dernière des dernières. Crainte et haie, violente et puissante, et il osait lui sortir ça ? À elle ?! La Veuve Noire ?! Et même si le sobriquet l’insupportait au plus haut point, il ne fallait pas l’oublier.

La jeune femme eut un soupir, un sourire ironique lui barrait le visage, ses yeux étaient pénétrants et acérés, et son regard lui rappela sa réputation et le fait qu’elle était dangereuse… Ah, il avait merdé quelque part…

Pauvre petit corsaire, son regard avait changé, aurait-il des doutes ? Se serait-il enfin souvenu de qui elle était ? Qui se trouvait en face de lui ? Il fallait croire que non, il courait à sa perte en détournant ainsi le regard… Elle allait remettre les pendules à l’heure. Elle disparu, pour réapparaître dans son dos, son pouvoir la faisant se grandir.

« Ah oui, tu t’en souviens… enfin ! »

Le murmure soufflé à son oreille le fit sursauter. La pirate était dans son dos, derrière lui, comment avait-elle fait ça ? Il avait juste détourné les yeux même pas une seconde.

Elle avait même réussi à le faire sursauter… Bouffée d’orgueil. Enfoncer le clou, elle senti le corps de l’homme se tendre quand elle posa doucement son bras sur son épaule… sourire vainqueur.

Law s’était raidi immédiatement en sentant le bras se poser. Une main fine tenait deux verres. Il l’avait sous-estimé, tant pis pour lui… Il était prêt pour la suite, il sentait dans sa main les ondulations de sa room prête à sortir… Mais c’est d’une voix douce qu’elle lui demanda

« Alors Corsaire, on le boit ce verre ? »

Dire qu’il fut surpris par la douceur du ton serait franchement de dessous de la vérité. Il tourna la tête, elle souriait, un sourire malicieux qui montait jusqu’à ses yeux les faisant pétiller.

Blue 1 enfoiré de Grand Corsaire 0.

Que venait-il de se passer ? Tain ! Comment avait-elle fait ça !? Elle aurait pu… Du moins essayer… Mais non… Il ne comprenait vraiment pas. Elle savait pourquoi il était là ! Ou alors elle était stupide ? Ne pas prendre cette occasion pour essayer d’en finir, pourquoi ? Elle jubilait de son petit tour. En un mouvement rapide la pirate se détourna de lui, toujours la même lueur dans le regard.

« Tu viens ? » Elle s’amusait bien semblait-il… Un jeu dangereux… Il ne comprenait pas encore les règles, mais de toute façon c’était un tricheur alors… sourire en coin.

L’ancien capitaine pirate semblait surpris… Quoi ! Elle jouait à un jeu dangereux elle le savait, mais cela n’empêchait aucunement le faite d’être civile. Après tout, elle l’avait invité chez elle. Elle se sentait donc responsable de l’accueil donné, et sortir les lames n’était pas selon elle une manière tout à fait appropriée. Blue se dirigea vers un patio, à l’extérieur face à la mer, elle aimait cet endroit, il l’apaisait, elle aurait besoin de tout son calme. Il la suivit comme un automate… sourire en coin…

La pirate s’installa sur un canapé moelleux. La bouteille fut posée sur une petite table.

Il ne devait pas la quitter une seule seconde du regard, il ne devait pas non plus se laisser distraire. Là, dans un coin, un gros fauteuil où il aurait aussi bien un œil sur elle que sur son entourage. Le grand corsaire s’assit tous les sens en éveil, son nodachi entre ses jambes.

Elle était dangereuse, il ne fallait plus qu’il la sous-estime. Il ne se ferait plus avoir, il se cala plus confortablement. Tiens, là aussi c’était le souk, encore des livres. Il vit même une guitare posée contre une pile de bouquins instables. Elle avait mis de la musique. Un truc tranquille, pas désagréable.

En revenant vers lui, la pirate avait attrapé une sorte de petit coffre rouge, quand elle l’ouvrit différentes effluves lui chatouillèrent le nez. Il connaissait ces odeurs, il plissa les yeux et eut un rictus mauvais. Mouais… Elle ne faisait pas attention à lui, cherchant dans le coffre quelque chose tout en faisant s’entrechoquer des flacons et bruisser des papiers. La demoiselle eut une moue dubitative, puis se mit à se rouler une cigarette en y ajoutant de temps en temps une herbe très verte. Ne disant rien, concentrée sur sa tache.

Bon, quoi faire ? Il ne la lâcherait plus du regard maintenant… Hum, réfléchir. Il n’avait encore rien dit. Il s’amusait avec elle ! Elle connaissait sa réputation, elle était mauvaise. Il n’était jamais bon de croiser le Chirurgien de la Mort. Que ce pirate se soit vendu au gouvernement mondial lui foutait bien les glandes. Les bâtards avaient récupéré une recrue de choix. Cet homme était dangereux. Déception, pourquoi un pirate comme lui avait pu, voulu devenir Grand Corsaire ? Elle l’avait cru droit, il n’en était rien au final. Elle eut une moue dubitative, ferma le coffre et s’alluma le pétard qu’elle venait de se rouler sans même s’en rendre compte. Elle fumait vraiment trop.

Une fois sa préparation achevée elle referma la boite, la pirate alluma sa cigarette, se pencha servi deux verres. Poussa le sien vers lui, attrapa l’autre puis se recala dans les coussins moelleux. Elle leva son verre et c’est dans un sourire qu’elle prononça :

« À notre rencontre fortuite Corsaire. » en lui faisant un clin d’œil.

Elle avala une rasade de rhum puis tira une longue bouffée avant de recracher la fumée en un long panache gris, soupirant d’aise. Ses yeux étaient clos, ses traits se détendirent, et un sourire tendre apparu sur ses lèvres. Addict fut le seul mot qui traversa l’esprit du grand corsaire. En tant que médecin il eut un rictus sévère, mais en tant que pirate qui était-il pour juger ?

À aucun moment Blue n’avait oublié à qui elle avait à faire, même derrière ses paupières closes elle sentait le poids du regard de l’homme assis en face d’elle. Tain ! Pourquoi ne disait-il rien ? Merde ! C’était lui qui était venue la chercher ! Et en plus se serait à elle d’ouvrir le bal ?! Il ne manquait pas d’air !

« Alors Corsaire… » le mot était plein de dédain «… que viens-tu faire sur cette île sans importance ? T’es perdu ? » comme si la chose pouvait être possible, un sourire en coin apparut fugace « Ou tu recherches quelque chose ? » ses yeux brillaient d’un éclat étrange, la pupille légèrement dilatée.

Law se pencha pour attraper son verre et tout en le portant à ses lèvres et sentant son contenu. Il ne savait pas vraiment ce qu’il allait faire. Obéir à un ordre ? Il n’aimait pas les ordres quand ce n’était pas lui qui les donnait…

« Vous mademoiselle la pirate… juste vous. » autant dire la vérité, en en disant le moins possible.

Juste elle, c’était quoi ce bordel ? Mais ok, elle avait la confirmation qu’un enfoiré de Grand Corsaire était à sa recherche, et ce n’était pas une bonne nouvelle. Car d’autres suivraient. Et si ce n’était pas des Grands Corsaires se seraient au moins des amiraux, sa vie allait prendre un tournant très chiant et très merdique. Pourtant la pirate répondit sur un ton détaché.

« Et la découverte est-elle à la hauteur de tes espérances ? Ou bien t’es déçu ?  »

Le Chirurgien de la Mort la regarda surpris. Oh quoi, la perche était facile ! À ce niveau-là, c’était même plus une perche mais une poutrelle. Elle en avait même un peu honte. Mais il lui répondit un sourire amusé aux lèvres.

— Je ne suis pas encore décidé sur ces points précis, ils demandent de plus amples recherches. »

La perche était énorme, mais non il ne la saisirait pas. La laisser mariner encore, et de doute façon il ne savait pas encore ce qu’il allait faire avec elle. Parfois la vérité est encore ce qu’il y a de plus déconcertant. Hum… Oui des recherches étaient nécessaires, inévitables elle attisait bien trop sa curiosité.

Mais c’est pas qu’il se foutrait un peu d’elle ?

« Tiens donc ! » elle rit, d’un rire clair, le vil sournois, il n’avait pas hérité du titre pour rien. Laissant sciemment planer le doute sur l’issue de la rencontre. Enfoiré de Grand Corsaire !

« Mais fais donc toutes les recherches que tu jugeras nécessaire Mister Corsaire ! »

Le regard qu’elle lui lançait semblait plein de sous-entendu. Il eut un sourire en trempant ses lèvres dans le breuvage dont l’odeur embaumait son nez, le parfum acre et doux qui s’élevait de la cigarette le chatouillait mais dans un sens agréable. Oui, tout cela finalement était très agréable. Il s’amusait bien.

— Mais je n’y manquerais pas puisque c’est offert si gentiment, mademoiselle. »

Argh ! Il était si nonchalant, elle avait l’impression elle d’être une pile électrique, son cerveau fonctionnait au quart de tour, essayant de décortiquer chaque parole regard et geste échangés, ça la fatiguait déjà… Oh .. Et puis merde !

La pirate eut un soupir.

« Tu vois, je ne sais pas si le terme gentille me convient vraiment… De ça je n’en suis pas sûre du tout même… »

Ouais ! Elle n’était pas gentille, ça c’était clair net et précis ! Personne ne la traitait de gentille… Une gentille petite femme et puis quoi encore ?

Son regard pris une teinte sombre, il y avait un éclat rageur au fond de ses yeux. Elle tira sur sa clope.

« C’est drôle, je t’imaginais pas te mettre à la solde du gouvernement… »   Juste la pointe de mépris dans la voix, juste assez, point trop n’en faut. Et l’autre là, l’impassible, le neutre, au regard pourtant si perçant, presque envoûtant.

— Cela vous déçoit ?  suivant la réponse de la demoiselle cela pourrait partir dans un sens ou dans l’autre, même si le résultat des deux possibilités restait encore vague.

— Franchement, ouais… Un peu… Mais ce ne sont pas mes affaires, n’est ce pas ?

Hum, très bonne réponse.

— En effet… et vous mademoiselle.. »

Rah ! Il allait la lâcher avec ça, elle était Capitaine Pirate, avec une majuscule à Capitaine et un grand p à Pirate, ça la gonflait menue ces histoires de demoiselle, c’était si… bas… Elle lui coupa la parole.

« Capitaine, je suis capitaine je te serais grée de ne pas l’oublier, car ça commence à me gonfler sévère !

Imperturbable le Grand Corsaire lui rétorqua sourire aux lèvres.

— Je n’ai vu ni navire ni équipage, mademoiselle. »

Il avait le sentiment d’avoir gagné cette manche, sourire mesquin. La demoiselle souffla un gros nuage bleu, énervée.

Rahhh. Blue 1 Enfoiré de Grand Corsaire 1.

Elle tira sur sa clope … L’enfoiré, tous des enfoirés !

« C’est très vrai, Corsaire ! Pour la simple et bonne raison qu’ils ne sont pas là ! » … Dans un geste rapide elle se resservit un verre et le vida cul sec.

« Les crétins, une bande de chacals décérébrés ! »

Mais la colère de ces paroles n’atteignait pas les yeux de plus en plus dilatés de la pirate.

Elle leva les yeux, Ok, le premier round s’était soldé par un match nul… En face d’elle l’ancien capitaine pirate buvait son rhum avec un sourire aux lèvres, il s’était détendu… Bon…

La demoiselle avait soupiré avec une moue bizarre. Il trempa ses lèvres dans le rhum… C’était pas mal… Sourire… En le voyant boire elle eut un sourire franc et se détendit d’une manière presque imperceptible mais qui ne passa pas inaperçu aux yeux du Chirurgien de la Mort.

Blue se mit à observer plus attentivement Trafalgar. Il ne la quittait pas du regard, il ne se le permettait toujours pas. Il ne se le permettrait plus. Elle eut sourire en coin, il était terrible ce regard, elle se sentait mise à nu par les prunelles grises, cela faisait longtemps qu’elle n’avait eu cette sensation. C’était pas désagréable, par contre la cause de ces sensations, c’était franchement une mauvaise nouvelle. Blue eut une bouffée de chagrin qu’elle balaya d’une pensée, ce sentiment n’avait plus rien à faire dans sa vie. Elle s’était assez battue, elle avait trop coulé et maintenant qu’elle avait repris ses esprits, à sa porte se pointait un Grand Corsaire, vraiment la vie était pleine de surprises.

La nuit était tombée depuis un moment, une bouteille avait suivi l’autre et puis une autre encore, et encore, ils étaient passablement saouls.

Trafalgar ne la quittait pas des yeux un fin sourire sur son visage. Ils parlèrent de tout de rien, laissant aussi des silences s’installer. Elle riait parfois ses yeux pétillaient, ou au contraire semblait perdue dans ses pensées, loin comme si finalement rien ne pouvait plus l’atteindre. À quoi pouvait-elle penser ? Elle fumait beaucoup, toujours en mélangeant diverses plantes ou poudres à son tabac et cela lui déplaisait, les pupilles de la pirate se dilataient encore plus et devenaient brillantes. Pourtant les drogues qu’elle ingérait semblaient n’avoir aucune prise psychique sur elle, et vu la quantité cela surpris le médecin… Une étude du pourquoi serait très très intéressante. À plusieurs reprises la pirate lui proposa de partager, mais il refusait à chaque fois avec un rictus froid, et à chaque fois elle haussait les épaules.

En faisant ce geste la demoiselle avait découvert une épaule halée, cette peau, cette courbe douce l’attirait, hum.. Faire courir le bout de ses doigts sur cette peau dorée, pour remonter sur sa nuque… Ou bien pour descendre.. Sur la peau de cette jambe fine, elle devait être si douce à l’intérieur de sa cuisse, à la limite de son short. Hummmffff… Il voyait ou son esprit l’emmenait… Regard sur la pirate, une envie s’était mise à ramper dans son crâne et ailleurs… Comment serait-elle ? Où irait sa préférence, rétive et combative… Hum frisson… Serait-elle entreprenante ? Image d’une bouche charnue et humide… Putain de frissons… Ou bien encore plus lascive… Soumise… Son esprit se mit à bouillir… Idées à la con ! Foutu esprit analytique, c’était pas le moment… Quoique, vu les regards qu’elle lui lançait et les rougeurs sur ses joues, elle semblait n’attendre que ça… Il se demandait s’il allait l’attraper, pensée qui glissât aussitôt à comment l’attraper. Mouais ! Il commençait à être vraiment bourré…

Tain ! Elle était carrément pétée, c’était pas bon… Elle allait faire une connerie, elle en avait tellement envie… Ces yeux, cette voix si froide, si profonde la rendait toute chose, une sensation étrange. Blue n’avait pas ressenti ça depuis très très longtemps. Elle imaginait ces mains tatouées caresser doucement sa peau, cette bouche parcourir lentement son cou, l’image la fit frisonner… Argh ! Il était trop… Elle allait faire une connerie, et l’autre semblait n’attendre que cela.

Tilo rentra à ce moment précis, sans s’annoncer comme à son habitude, elle prit dans ses bras le propriétaire et cuisinier des bungalow où elle avait élu domicile en le remerciant chaudement. Oui, il fallait refaire les niveaux, elle avait trop bu et trop fumé… Là ça allait partir en vrille, et c’était pas bon, pas bon du tout… Grand Corsaire !… Changer la musique mettre un truc plus énergique.

Elle ondulait sans s’en rendre compte, suivant le rythme entêtant du morceau qui passait à ce moment précis. Un petit homme replet était apparu apportant sur un chariot à manger, la demoiselle s’était levée dans un mouvement sec et rapide, comme si une pensée l’avait réveillée. Elle avait assaillit l’homme de service, le serrant amicalement dans ses bras et le remerciant avec effusion. Le repas était plutôt élaboré, coloré et sentant divinement bon. La pirate regardant en riant les préparations, soulevant les couvercles en poussant des exclamations ravies et des rires. L’homme hochait la tête, son regard au sol, puis il disparu sans avoir décrocher un mot.

Dans le même mouvement elle approcha le chariot chargé de victuaille et changea la musique pour un artiste qu’il ne connaissait pas. Un truc bizarre, piano sous coke… Marécage, muses et pendus… Particulier… Acide.. Manger, ouais bonne idée, sinon ça allait partir en sucette toute cette histoire…Tain ! Il avait l’esprit sacrement mal tourné… Sourire… Tsss.. Manger et se calmer ! Il n’était pas là pour ça… Reprendre le contrôle.

Ils se remplirent l’estomac en continuant de boire encore. La musique ronronnait toujours, l’ambiance s’était calmée, c’était étrange. Il ne s’était vraiment pas attendu à ça. Ça le troublait, elle le troublait. Il n’arrivait pas à comprendre son comportement. Elle était vraiment intéressante, ce côté doux franc et drôle… Mais il y avait aussi autre chose de bien plus sombre qui semblait parfois danser dans les prunelles bleues de la pirate, de bien plus dangereux et ce n’était pas pour lui déplaire… Même si finalement il n’en savait pas plus qu’au départ. La demoiselle n’ayant rien dit sur elle, juste quelques anecdotes sans importance.

Mouahaha ! Elle lui avait volé son chapeau ! Eh eh.. Elle avait osé voler le chapeau du Chirurgien de la Mort, il semblait si doux, si chaud ! Elle voulait le sentir sur sa tête, c’était plus fort qu’elle. Le geste avait bien sûr une signification, mais rien à foutre ! Il le lui fallait ! Sa réaction la laissa interdite. Il ne se mit pas en colère, et il n’essaya même pas de récupérer son bien, seulement un regard brûlant et un sourire appréciateur. Blue déglutit, pourtant le Chirurgien ne tenta rien, et si parfois un éclat de désir passait dans son regard, il était étouffé dans l’œuf. Elle se mit à rire. Ok môsieur parfait, je ne m’énerve jamais, je total contrôle !

La pirate s’était allongée sur l’énorme sofa, ses bras enserrant un gros coussin, la tête reposant sur celui-ci. La demoiselle le regardait mais pour la première fois son regard était flou. Un fin sourire ornait son visage.

Elle avait un putain de coup de bambou… Pourquoi se sentait-elle si détendue alors qu’en face d’elle il y avait un foutu Grand Corsaire ? Pourtant, elle n’avait pas peur… Elle avait peut-être tort… Mais, elle n’avait pas envie d’avoir peur de ce gars-là… Ça aurait été trop moche. Elle n’avait pas envie que ce gars-là soit un ennemi… Corsaire… Blue chassa la pensée en serrant le gros coussin qu’elle tenait entre ses bras.

Il lui voulait quoi à la fin ? L’impassible là-bas, le neutre assis dans son fauteuil, si imperturbable. Pourtant par moments des sourires francs apparaissaient sur son visage, ça le rendait beau. Son regard aussi, il essayait tellement d’être froid, stoïque, mais parfois pour un instant, il était changeant, intense. Blue dans ces moments voyait les émotions du Chirurgien onduler au fond de ses pupilles pour être aussitôt contrôlées et enfermées… Elle avait vraiment trop fumé. Ses paupières étaient lourdes, et son esprit l’emmenait sur des chemins glissants.

Spontanément sans réfléchir, Law se déplaça et s’enfonça dans le confortable sofa, en poussant un soupir d’aise.

Tain ! Il était bien là… Son regard se porta sur la pirate à ses côtés. Ses paupières s’étaient fermées, sa respiration calme, son visage doux et paisible.

Blue ne bougea pas, n’ouvrit même pas les yeux quand elle le sentit s’asseoir près d’elle. Non vraiment, il était trop… Si… Elle ne comprenait pas du tout le comportement de ce mec. Mais bizarrement, c’était agréable. Cette sensation pourtant si incongrue l’enveloppait comme un brouillard. Elle s’endormait doucement, malgré son esprit qui lui hurlait de faire attention, elle s’endormait et elle n’y pouvait rien.

Osait-elle s’endormir près de lui ? N’avait-elle donc pas peur, lui le Grand Corsaire, le Chirurgien de la Mort ? Il fronça les sourcils et son visage se crispa avec un rictus mauvais. Elle se jouait de lui cela ne pouvait être autrement. Il était là pour elle, en mission, envoyé par le gouvernement mondial pour la tuer… Law eut une moue, il n’aimait pas comment cela sonnait mais il ne pouvait le nier c’était la vérité, et elle le savait. Cette pirate ne pouvait donc pas s’endormir là, si près de lui… Impossible !

Il la regardait toujours, cette question brûlante au fond de ses yeux gris. Elle n’avait pas bougé, sa respiration encore plus tranquille, longue et profonde, sereine… Tsss… Elle dormait à poing fermé. Il en fut béa de surprise, les yeux écarquillés ne comprenant pas du tout. Il pouvait la tuer dans la seconde s’il le désirait. Sa main inconsciemment avait commencé à modeler la forme de sa room, mais le mot ne sortait pas.

Le Chirurgien de la Mort soupira, en posant la tête sur le dossier, et se mit à scruter le plafond en calmant sa respiration. Il reporta son regard sur la pirate endormie à ses côtés, elle n’avait pas bougé d’un iota. La situation était un peu dingue. Trafalgar se passa une main dans les cheveux et fut surpris de ne pas sentir son chapeau. Elle l’avait toujours sur la tête. C’est vrai la pirate le lui avait volé un peu plus tôt et étrangement il n’avait pas cherché à lui reprendre, peut-être parce qu’il trouvait que son chapeau sur sa tête était une évidence… Qu’il aimait l’image. Il sourit… Ouais une situation de dingue.

Vu la signification du geste, le fait qu’elle l’ait osé le surprenait. Il ne put s’empêcher de se mettre à jouer avec les boucles rouges qui s’échappaient de son propre chapeau, la vision était plaisante. Sa bouche charnue, tentatrice. Law ferma les yeux, juste pour une seconde, sa main se perdant dans les cheveux, et s’endormit. Un fin sourire aux lèvres.

Quand Blue se réveilla, la première chose qu’elle sentit fut un poids sur sa tête. Doucement la pirate ouvrit les yeux. Là, à côté, le Chirurgien de la Mort dormait une main perdue dans ses cheveux… Heu… Elle l’observa à loisir. Son visage calme et détendu, paisible. La ligne de son profil… Parfaite. Elle avait envie de passer le bout de ses doigts… Allait-elle oser faire ça ? Juste caresser, juste effleurer le bouc noir… Blue devinait le corps sculpté tout en finesse. Hum oui, cet homme était séduisant. La pirate soupira.

Cet homme aussi séduisant qu’il soit était un enfoiré de Grand Corsaire. Délicatement, pour ne pas le réveiller… Pas de confrontation de si bon matin… Elle se leva sans bruit. D’abord faire couler le café pour après la douche. Ne pas réfléchir, ne pas penser, ne surtout pas penser à l’homme endormi dans son canapé, ne pas le regarder. Enclencher le mode auto pilote, d’abord se réveiller…

Quand il ouvrit les yeux le soleil était déjà levé, son regard coula sur le côté du canapé, il était vide. Une odeur de café, lui chatouilla les narines, il leva les yeux sans bouger d’un centimètre, la pirate était derrière un petit bar, elle s’étirait comme un chat en soupirant, ses cheveux étaient mouillés et brillaient d’un drôle d’éclat. Elle se servit une tasse de café, et s’affala en face de lui en soupirant et en se frottant le crâne. La tête reposant dans le creux d’un de ses bras croisés sur le bar. Leurs regards se croisèrent, il y eut comme un courant électrique qui le traversa. Une sorte de réalisation qui lui broyât les entrailles. Un truc indescriptible qui le prit par surprise et lui donna un vertige presque désagréable, le laissant pantois, ébranlé intérieurement. Ce n’était pas bon … Il eut un rictus désapprobateur. Il n’aimait pas cette sensation qui semblait le broyer de l’intérieur.

Tiens ? Elle n’avait plus son chapeau, il sentit le poids de son couvre-chef. Ok, on prend les mêmes et on recommence. Law eut un sourire en coin, et s’étira en se levant lentement. Attrapant tranquillement son nodachi, il se dirigea vers la sortie. Elle le suivait des yeux sans rien dire, sans bouger, juste du regard. Puis le Chirurgien de la Mort tourna la tête, au fond de ses yeux une interrogation muette, si je reviens seras-tu là ?

La jeune femme posa sa tête dans la paume de sa main et soufflant sur son café, lui murmura « Va savoir… » accompagné d’un petit sourire en coin. La main du pirate se referma plus fortement sur son sabre, un sourire las sur le visage… Mouais…

Remettant bien son chapeau pour cacher son regard, le Chirurgien disparu dans un battement de cils.

Blue porta à ses lèvres son café et bu avec lenteur, essayant de réfléchir à la soirée qui venait de se dérouler avec un Grand Corsaire pas moins. Reviendrait-il ? Oui sûrement, et elle ? Serait-elle là ? Même elle ne savait pas encore si elle serait là. Ah quoi bon faire des plans, elle verrait bien ce qu’il se passerait. Elle était trop fatiguée de toute façon, elle avait peut-être un peu abusé mais pas tant que ça… Et puis y avait un truc pas normal… Non, vraiment pas normal. Pas normal du tout même !

De son coté, Trafalgar Law était retourné à son bord, il avait croisé les regards goguenards de plusieurs de ses compagnons… Tss… Sachi osa même un « La nuit a été bonne Capitaine ? » Avec un sourire et un regard entendu… Mouais … Un regard polaire devrait calmer cette bande de pirates narquois, mais il ne put s’empêcher de sourire, un sourire un peu malsain et son équipage ne put réprimer un frisson. Oui, leur capitaine avait passé une nuit très intéressante, et si c’était la proie du capitaine, cela ne présageait rien de vraiment reposant. Le capitaine des Hearts se dirigea vers ses quartiers, son second l’attendait devant la porte.

« Vous sentez drôle capitaine… »   l’ours humait l’air. « Vous sentez bon… » son second le regardait interrogateur.

— Bepo ça suffit!

— Désolé … » fit Bépo en baissant les oreilles, l’air sincèrement désolé.

Trafalgar rentra dans la cabine, posa nodachi et chapeau sur son bureau et se mit à se masser les tempes tout en soupirant. Oui, la nuit avait été étrange. Et la pirate qu’il recherchait particulièrement captivante. Tain ! C’était pas le moment de penser à des trucs comme ça…

Certes le moment était mal choisi avec ce qu’il préparait. Mais peut-être pourrait-elle devenir un atout dans sa manche ?… Le capitaine réfléchissait, un peu avachi sur son siège. Il se remémorait la nuit passée, les paroles échangées. Law s’étira en soupirant et en regardant le plafond, il réfléchissait intensément, il imaginait tous les possibles, les peut-être et les si.

Il se leva et se dirigea vers son cabinet de toilette, envisageant aussi bien les scénarios avantageux, que les catastrophiques… L’eau coulait le long de son dos, il avait tourné le visage en direction du jet brûlant, tssk… En fait niveau catastrophique, il n’y en avait qu’un, mais qui lui donnait des sueurs froides, et auquel il ne voulait surtout pas penser ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Trafalgar ferma les yeux sous l’eau chaude, derrière ses paupières, dansaient des souvenirs de la veille…Tss… Les courbes de ses jambes, de ce petit cul, sa poitrine, et sa bouche tentante. Son corps réagit à ces images avec un frisson. Ok, il ne pouvait le nier elle était charmante, piquante, et tout à fait désirable. Mais le capitaine était tout à fait capable de passer outre cette réaction somme toute normale, puisque physique.

L’esprit avait toujours primé chez le capitaine Trafalgar.

A suivre…

nodachi : long sabre japonais qu’on manipule à deux mains

Kikoku : nom du nodachi de Trafalgar Law.

Maronner : abandonner un membre d’équipage, voir son capitaine sur une île et se barrer avec son bateau…