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Timon d'Athènes
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- Catégorie : Théâtre
- Date de publication sur Atramenta : 10 mars 2011 à 13h29
- Dernière modification : 16 janvier 2017 à 11h20
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- Longueur : Environ 78 pages / 26 141 mots
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Timon d'Athènes
ACTE TROISIÈME
Scène I
Appartement dans la maison de Lucullus, à Athènes.
FLAMINIUS attend, entre UN SERVITEUR qui s’approche de lui.
LE SERVITEUR
Je vous ai annoncé à mon maître ; il descend pour vous parler.
FLAMINIUS
Je vous remercie.
LE SERVITEUR
Voilà mon seigneur.
(Lucullus entre.)
LUCULLUS, à part
Un des serviteurs du seigneur Timon ! C’est quelque présent, je gage. — Oh, j’ai deviné juste ; j’ai rêvé cette nuit de bassin et d’aiguière d’argent. — Flaminius, honnête Flaminius, vous êtes mille fois le bienvenu. — Qu’on me verse une coupe de vin. (Le serviteur sort.) — Et comment se porte cet honorable, accompli, généreux seigneur d’Athènes, ton magnifique seigneur et maître ?
FLAMINIUS
Seigneur, sa santé est fort bonne.
LUCULLUS
Je suis ravi de le savoir en bonne santé. Et que portes-tu là sous ton manteau, mon ami Flaminius ?
FLAMINIUS
Ma foi, rien autre chose qu’une cassette vide, seigneur, que je viens, au nom de mon maître, prier votre Grandeur de remplir. Il se trouve dans un besoin pressant de cinquante talents, et il m’envoie vous prier de les lui prêter ; il ne doute pas que vous ne veniez sur-le-champ à son secours.
LUCULLUS
La ! la ! la ! la ! — Il ne doute pas, dit-il ; hélas, le brave seigneur ! C’est un noble gentilhomme, s’il ne tenait pas un si grand état de maison. Cent fois j’ai dîné chez lui, et je lui en ai dit ma pensée. Je suis même retourné souper chez lui, exprès pour l’avertir de diminuer sa dépense ; mais il n’a jamais voulu suivre mes conseils, et mes visites n’ont pu le corriger. Chaque homme a son défaut, et le sien est la libéralité ; c’est ce que je lui ai répété souvent ; mais je n’ai jamais pu le tirer de là.
(Entre un esclave qui apporte du vin.)
L’ESCLAVE
Seigneur, voilà le vin.
LUCULLUS
Flaminius, je t’ai toujours remarqué pour un homme sage ; tiens, à ta santé.
FLAMINIUS
Votre Grandeur veut plaisanter.
LUCULLUS
Non, je te rends justice. J’ai toujours reconnu en toi un esprit souple et actif ; tu sais juger ce qui est raisonnable ; et quand il se présente une bonne occasion, tu sais la saisir et en tirer bon parti. Tu as d’excellentes qualités. — (À l’esclave.) Vas-t’en, maraud ; approche, honnête Flaminius. Ton maître est un seigneur plein de bonté ; mais tu as du jugement, et quoique tu sois venu me trouver, tu sais trop bien que ce n’est pas le moment de prêter de l’argent, surtout sur la simple parole de l’amitié, et sans aucune sûreté. Tiens, mon enfant, voilà trois solidaires[10] pour toi ; mon garçon, ferme les yeux sur moi, et dis que tu ne m’as pas vu ; porte-toi bien.
FLAMINIUS
Est-il possible que les hommes soient si différents d’eux-mêmes, et que nous soyons maintenant ce que nous étions tout à l’heure ! Loin de moi, maudite bassesse, retourne vers celui qui t’adore.
(Il jette l’argent qu’il a reçu.)
LUCULLUS
Ah ! je vois maintenant que tu es un sot, et bien digne de ton maître…
(Il sort.)
FLAMINIUS
Puissent ces pièces d’argent être ajoutées à celles qui te brûleront ! Que ton enfer soit du métal fondu : ô toi, peste d’un ami, et non un ami ! L’amitié a-t-elle un cœur[11] si faible et si facile à s’aigrir, qu’il tourne comme le lait en moins de deux nuits ? Dieux ! je ressens l’indignation de mon maître. Ce lâche ingrat porte encore dans son estomac les mets de mon seigneur ; pourquoi seraient-ils pour lui une nourriture salutaire, lorsque lui-même s’est changé en poison ? Puissent-ils ne produire en lui que des maladies, et quand il sera sur son lit de mort, que cette partie de son être, fournie par mon maître, serve, non pas à le guérir, mais à prolonger son agonie !
(Il sort.)
Scène II
Place publique d’Athènes.
Entrent LUCIUS, TROIS ÉTRANGERS.
LUCIUS
Qui ? le seigneur Timon ? C’est mon bon ami : et un homme honorable !
PREMIER ÉTRANGER
Nous le savons, quoique nous lui soyons étrangers.
Mais, je puis vous dire une chose, seigneur, que j’entends répéter couramment ; c’est que les heures fortunées de Timon sont passées ; sa richesse lui échappe.
LUCIUS
Allons donc ! n’en croyez rien ; il ne peut manquer d’argent.
SECOND ÉTRANGER
Mais croyez bien ceci, seigneur, c’est qu’il n’y a pas bien longtemps qu’un de ses gens est venu trouver le seigneur Lucullus pour lui emprunter un certain nombre de talents ; oui, il l’a pressé instamment, en faisant sentir la nécessité où son maître est réduit ; et il a essuyé un refus.
LUCIUS
Comment ?
SECOND ÉTRANGER
Un refus, vous dis-je, seigneur.
LUCIUS
Quelle étrange chose ! Par tous les dieux, j’en suis honteux ! Refuser cet homme honorable, il faut avoir bien peu d’honneur. Quant à moi, je dois l’avouer, j’ai reçu de lui quelques petites marques de sa bonté, de l’argent, de la vaisselle, des bijoux et semblables bagatelles, rien auprès des présents qu’a reçus Lucullus ; eh ! bien, si, au lieu de s’adresser à lui, il avait envoyé chez moi, je ne lui aurais jamais refusé la somme dont il aurait eu besoin.
(Entre Servilius.)
SERVILIUS
Voyez, par bonheur, voilà le seigneur Lucius ; j’ai tant couru pour le trouver, que je suis tout en nage. — Très-honoré seigneur…
LUCIUS
Ah ! Servilius ! je suis charmé de te voir, porte-toi bien, recommande-moi à l’amitié de ton honnête et estimable maître, le plus cher de mes amis.
SERVILIUS
Seigneur, sous votre bon plaisir, mon maître vous envoie…
LUCIUS
Oh ! que m’a-t-il envoyé ? Que d’obligations je lui ai ! Sans cesse il envoie. Dis-moi, comment pourrai-je le remercier ? Et que m’envoie-il ?
SERVILIUS
Il vous envoie seulement l’occasion de lui rendre un service, mon seigneur ; il supplie votre Seigneurie de lui prêter, en ce moment, cinquante talents.
LUCIUS
Je vois bien que Timon veut faire une plaisanterie ; il n’est pas possible qu’il ait besoin de cinquante talents, ni même de cinq fois autant.
SERVILIUS
Il a besoin pour le moment d’une somme plus petite. S’il n’en avait pas besoin pour un bon usage, je ne vous conjurerais pas avec tant d’instances.
LUCIUS
Parles-tu sérieusement, Servilius ?
SERVILIUS
Sur mon âme, c’est vrai, seigneur.
LUCIUS
Quel vilaine brute je suis, de m’être dégarni dans une si belle occasion de montrer mes bons sentiments ! Je suis bien malheureux d’avoir été hier acquérir une petite terre, pour perdre aujourd’hui l’occasion de me faire grand honneur ! Servilius, je te jure, à la face des dieux, qu’il m’est impossible de pouvoir le faire… — Je n’en suis que plus sot, dis-je, j’allais moi-même envoyer demander quelque argent à Timon : ces messieurs en sont témoins ; mais, je ne voudrais pas à présent l’avoir fait pour toutes les richesses d’Athènes. Recommande-moi affectueusement à ton bon maître. Je me flatte que je ne perdrai rien de son estime, parce que je n’ai pas le pouvoir de l’obliger ; dis-lui de ma part que je mets au nombre de mes plus grands malheurs de ne pouvoir faire ce plaisir à un si estimable seigneur. Bon Servilius, me promets-tu de me faire l’amitié de répéter à Timon mes propres paroles ?
SERVILIUS
Oui, seigneur, je le ferai.
LUCIUS
Va, je saurai t’en récompenser, Servilius. (Servilius sort.)
(Aux étrangers.) En effet, vous aviez raison, Timon est ruiné, et quand une fois on a éprouvé un refus, il est rare qu’on aille bien loin.
(Il sort.)
PREMIER ÉTRANGER
Avez-vous remarqué ceci, Hostilius ?
SECOND ÉTRANGER
Oui, trop bien.
PREMIER ÉTRANGER
Eh bien ! voilà le cœur du monde : tous les flatteurs sont faits de la même étoffe. Qui peut après cela donner le nom d’ami à celui qui met la main dans le même plat ? Il est à ma connaissance que Timon a servi de père à ce seigneur ; qu’il lui a conservé son crédit de sa bourse, qu’il a soutenu sa fortune même ; c’est de l’argent de Timon qu’il a payé les gages de ses domestiques ; Lucius ne boit jamais que ses lèvres ne touchent l’argent de Timon, et cependant… — Oh ! vois quel monstre est l’homme, quand il se montre sous les traits d’un ingrat ! Au prix de ce qu’il en a reçu, ce qu’il ose lui refuser, l’homme charitable le donnerait aux mendiants.
TROISIÈME ÉTRANGER
La religion gémit.
PREMIER ÉTRANGER
Pour moi, je n’ai jamais goûté des bienfaits de Timon ; jamais ses dons, répandus sur moi, ne m’ont inscrit au nombre de ses amis ; cependant, en considération de son âme noble, de son illustre vertu, et de sa conduite honorable, je proteste que si, dans son besoin, il s’était adressé à moi, j’aurais tenu mon bien pour venu de lui, et la meilleure part aurait été pour lui, tant j’aime son cœur ; mais je m’aperçois que les hommes apprennent à se dispenser d’être charitables : l’intérêt est au-dessus de la conscience.
(Ils sortent.)
Scène III
Appartement de la maison de Sempronius.
Entrent SEMPRONIUS ET UN SERVITEUR de Timon.
SEMPRONIUS
Et pourquoi m’importuner, moi, hom ! par préférence à tous les autres ? Ne pouvait-il pas s’adresser au seigneur Lucius, à Lucullus ? Ce Ventidius, qu’il a racheté de la prison, est riche maintenant. Ces trois hommes lui sont redevables de tout ce qu’ils possèdent.
LE SERVITEUR
Hélas ! seigneur, tous trois ont été essayés à la pierre de touche, et nous n’avons trouvé en eux qu’un vil métal ; car ils ont tous refusé.
SEMPRONIUS
Comment, ils l’ont refusé ! Lucullus, Ventidius l’ont refusé, et il vient s’adresser à moi ?… Tous trois ? Une pareille démarche annonce de sa part peu de jugement, ou peu d’amitié ; dois-je être son dernier refuge ? Ses amis, comme autant de médecins, l’ont tous trois condamné, et il faut que ce soit moi qu’on charge de cette cure ?
Je m’en trouve très offensé, je suis en colère contre lui, il eût dû mieux connaître mon rang. Je ne vois pas de raison pour que, dans son besoin, il ne m’ait pas imploré d’abord ; car enfin je suis, je l’avoue, le premier homme qui ait reçu des présents de lui, et il me recule dans son souvenir au point de penser que je serais le dernier à lui marquer ma reconnaissance ! Non. — Il n’en faut pas davantage pour me rendre un objet de risée aux yeux de toute la ville, et me faire passer pour un fou parmi les grands seigneurs. J’aimerais mieux, pour trois fois la somme qu’il demande, qu’il se fût adressé à moi le premier, ne fût-ce que pour l’honneur de mon cœur, j’avais si grand désir de rendre un service. Retourne, et à la froide réponse de ses amis ajoute celle-ci : « Celui qui blesse mon honneur ne verra pas mon argent. »
(Il sort.)
LE SERVITEUR
À merveille ! Votre Seigneurie est un admirable coquin ! Le diable n’a pas su ce qu’il faisait en rendant l’homme si astucieux : il s’est fait tort ; et je ne puis m’empêcher de penser qu’au bout du compte la scélératesse de l’homme le blanchira lui-même. Comme ce seigneur cherche à colorer sa bassesse, et copie de vertueux modèles pour justifier sa méchanceté ! ainsi font ceux qui, sous le voile d’un patriotisme ardent, voudraient mettre des royaumes entiers en feu ! Tel est le caractère de cet ami politique. Il était le plus solide espoir de mon maître. Tous ont déserté, les dieux seuls exceptés. Tous ses amis sont morts. Ces portes qui, dans des jours de prospérité, ne connurent jamais de verrous, vont être employées à protéger la liberté de leur maître. Voilà tout le fruit qu’il recueille de ses largesses. Celui qui ne peut garder son argent doit à la fin garder sa maison.
(Il sort.)
Scène IV
Une salle dans la maison de Timon.
Entrent DEUX SERVITEURS DE VARRON ET LE SERVITEUR DE LUCIUS, qui rencontrent TITUS, HORTENSIUS, et d’autres VALETS des créanciers de Timon, qui attendent qu’il sorte.
LE SERVITEUR DE VARRON
Bonne rencontre ! Bonjour, Titus et Hortensius !
TITUS
Je vous rends la pareille, honnête Varron.
HORTENSIUS
Lucius, par quel hasard nous trouvons-nous ensemble ici ?
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Je pense que le même objet nous y amène tous ; le mien, c’est l’argent.
TITUS
C’est le leur à tous, et le mien aussi.
(Entre Philotus.)
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Et le seigneur Philotus aussi, sans doute ?
PHILOTUS
Bonjour à tout le monde !
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Sois le bienvenu, camarade. Quelle heure croyez-vous qu’il soit ?
PHILOTUS
Il va sur neuf heures.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Déjà ?
PHILOTUS
Et le seigneur de céans n’est pas encore visible ?
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Pas encore.
PHILOTUS
Cela m’étonne ; il avait coutume de briller dès sept heures du matin.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Oui ; mais les jours sont devenus plus courts. Faites attention que la carrière de l’homme prodigue est radieuse comme celle du soleil ; mais elle ne se renouvelle pas de même. Je crains bien que l’hiver ne soit dans le fond de la bourse de Timon ; je veux dire qu’on peut y enfoncer la main bien avant, et n’y trouver que peu de chose.
PHILOTUS
J’ai la même crainte que vous.
TITUS
Je veux vous faire faire une remarque assez étrange ; votre maître vous envoie chercher de l’argent ?
HORTENSIUS
Rien n’est plus vrai.
TITUS
Et il porte maintenant des bijoux que lui a donnés Timon, et pour lesquels j’attends de l’argent.
HORTENSIUS
C’est contre mon cœur.
TITUS
Ne paraît-il pas étrange que Timon, en cela, paye plus qu’il ne doit ? C’est comme si votre maître envoyait demander le prix des riches bijoux qu’il porte.
HORTENSIUS
Les dieux me sont témoins combien ce message me pèse.
Je sais que mon maître a eu sa part des richesses de Timon ; cette ingratitude est plus criminelle que s’il les eût volés.
LE SERVITEUR DE VARRON
Oui. — Mon billet à moi est de trois mille couronnes ; et le vôtre ?
LE SERVITEUR DE LUCIUS
De cinq mille.
LE SERVITEUR DE VARRON
C’est une grosse somme, et qui fait voir que la confiance de votre maître surpassait celle du mien, autrement sans doute que leurs créances seraient égales.
(Entre Flaminius.)
TITUS
Voilà un des serviteurs du seigneur Timon.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Flaminius ! Holà, un mot ! Le seigneur Timon est bientôt prêt à partir ?
FLAMINIUS
Non, vraiment, pas encore.
TITUS
Nous attendons sa Seigneurie ; je vous prie de l’en prévenir !
FLAMINIUS
Je n’ai pas besoin de lui dire ; il sait bien que vous n’êtes que trop ponctuels.
(Entre Flavius, le visage caché dans son manteau.)
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Ah ! n’est-ce pas là son intendant qui est ainsi affublé ? Il s’enfuit comme enveloppé d’un nuage ; appelez-le, appelez-le.
TITUS
Entendez-vous, seigneur ?
LE SERVITEUR DE VARRON
Avec votre permission…
FLAVIUS
Mon ami, que voulez-vous de moi ?
LE SERVITEUR DE VARRON
Seigneur, j’attends ici le payement d’une certaine somme…
FLAVIUS
Si le payement était aussi certain que l’on est sûr de vous voir l’attendre, on pourrait compter dessus. Que ne présentiez-vous vos comptes et vos billets, quand vos perfides maîtres mangeaient à la table de mon seigneur ? Alors ses dettes les flattaient et les faisaient sourire ; leurs lèvres affamées en dévoraient les intérêts. Vous ne vous faites que du tort en m’agitant ainsi ; laissez-moi passer tranquillement. — Apprenez que mon maître et moi nous sommes au bout de notre carrière ; je n’ai plus rien à compter, ni lui à dépenser.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Oui, mais cette réponse ne servira pas.
FLAVIUS
Si elle ne sert pas, elle ne sera pas aussi vile que vous, car vous servez des fripons.
LE SERVITEUR DE VARRON
Que murmure donc là sa Seigneurie banqueroutière ?
TITUS
Peu importe ! Le voilà pauvre, et nous sommes assez vengés. Qui a plus droit de parler librement, que celui qui n’a pas un toit où loger sa tête ? Il peut se moquer des superbes édifices.
(Entre Servilius.)
TITUS
Oh ! oh ! voici Servilius ; nous allons avoir une réponse.
SERVILIUS
Si j’osais vous conjurer, messieurs, de revenir dans quelque autre moment, vous m’obligeriez beaucoup ; car, sur mon âme, mon maître est dans un étrange abattement ; son humeur sereine l’a abandonné ; sa santé est très-dérangée, il est obligé de garder la chambre.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Tous ceux qui gardent la chambre ne sont pas malades. D’ailleurs, si la santé de Timon est en si grand danger, c’est, ce me semble, une raison de plus pour payer promptement ses dettes, afin de s’aplanir la route vers les dieux.
SERVILIUS
Dieux bienfaisants !
TITUS
Nous ne pouvons pas nous contenter de cette réponse.
FLAMINIUS, dans l’intérieur de la maison
Servilius ! Au secours ! Mon maître ! mon maître !
(Entre Timon en fureur ; Flaminius le suit.)
TIMON
Quoi ! mes portes me ferment-elles le passage ? J’aurai toujours été libre, et ma maison sera devenue l’ennemie de ma liberté, ma prison ! — La salle où j’ai donné des festins me montre-t-elle maintenant, comme toute la race humaine, un cœur de fer ?
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Commence, Titus.
TITUS
Seigneur, voilà mon billet.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Voici le mien.
LE SERVITEUR D’HORTENSIUS
Et le mien, seigneur.
LES DEUX SERVITEURS DE VARRON
Et les nôtres, seigneur.
PHILOTUS
Voilà tous nos billets.
TIMON
Assommez-moi avec eux. — Fendez-moi jusqu’à la ceinture[12].
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Hélas ! seigneur.
TIMON
Coupez mon cœur en pièces de monnaie.
TITUS
Le mien est de cinquante talents.
TIMON
Paye-toi de mon sang.
LE SERVITEUR DE LUCIUS
Cinq mille écus, seigneur.
TIMON
Cinq mille gouttes de mon sang pour les payer. — Et le vôtre ? — Et le vôtre ?
LE SERVITEUR DE VARRON
Seigneur !
LES DEUX SERVITEURS DE VARRON
Seigneur !
TIMON
Tenez, prenez-moi, déchirez-moi, et que les dieux vous confondent ?
(Il sort.)
HORTENSIUS
Ma foi, je vois bien que nos maîtres n’ont qu’à jeter leurs bonnets après leur argent : on peut bien regarder les dettes comme désespérées, puisque c’est un fou qui est le débiteur.
(Ils sortent.)
(Rentre Timon avec Flavius.)
TIMON
Ils m’ont mis hors d’haleine, ces esclaves ! Des créanciers ! Des diables !
FLAVIUS
Mon cher maître,…
TIMON
Si je prenais ce parti…
FLAVIUS
Mon seigneur…
TIMON
Je veux qu’il en soit ainsi,- Mon intendant !
FLAVIUS
Me voici, seigneur.
TIMON
Fort à propos. — Allez, invitez tous mes amis ; Lucius, Lucullus, Sempronius. — Tous ; je veux encore donner une fête à ces coquins.
FLAVIUS
Ah ! seigneur, c’est l’égarement où votre raison est plongée qui vous fait parler ainsi ; il ne vous reste pas même de quoi servir un modeste repas.
TIMON
Ne t’en inquiète pas. Va, je te l’ordonne, invite-les tous, amène ici ces flots de coquins ; mon cuisinier et moi nous saurons pourvoir à tout.
(Ils sortent.)
Scène V
La salle du sénat d’Athènes.
Le sénat est assemblé ; entre ALCIBIADE avec sa suite.
PREMIER SÉNATEUR
Seigneur, comptez sur ma voix, sa faute est capitale ; il faut qu’il meure ; rien n’enhardit le crime comme la miséricorde.
SECOND SÉNATEUR
Cela est vrai ; la loi doit l’écraser de tout son poids.
ALCIBIADE
Santé, honneur, clémence dans l’auguste sénat !
PREMIER SÉNATEUR
Quel sujet, général…
ALCIBIADE
Je viens supplier humblement vos vertus ; car la pitié est la vertu des lois ; il n’y a que les tyrans qui en usent avec cruauté. Il plaît aux circonstances et à la fortune de s’appesantir sur un de mes amis, qui, dans l’effervescence du sang, a enfreint la loi, abîme sans fond pour l’imprudent qui s’y plonge sans précaution. C’est un homme qui, à part cette fatalité, est plein des qualités les plus nobles, aucune lâcheté ne souille son action, et son honneur rachète sa faute. C’est avec une noble fureur et une fierté louable que, voyant sa réputation mortellement atteinte, il s’est armé contre son ennemi, il a gouverné son ressentiment dans son excès avec tant de sagesse et une modération si inouïe qu’il semblait seulement prouver son argument.
PREMIER SÉNATEUR
Vous soutenez un paradoxe inadmissible en cherchant à faire passer pour bonne une mauvaise action. Aux efforts que vous faites, on dirait que votre discours tend à légitimer l’homicide, à classer l’esprit querelleur au même rang que la valeur, lorsque c’est, à vrai dire, une valeur bâtarde venue au monde à la suite des sectes et des factions. Le vrai brave est celui qui sait souffrir avec patience tout ce que l’homme le plus méchant fait répandre contre lui ; qui regarde une injure comme une chose aussi étrangère à sa personne, que le vêtement qu’il porte avec indifférence ; et qui ne préfère pas ses injures à sa vie, en l’exposant à cause d’elles. Si le tort qu’on nous fait est un mal qui peut nous conduire au meurtre, quelle folie n’est-ce pas de risquer ses jours pour un mal ?
ALCIBIADE
Seigneur…
PREMIER SÉNATEUR
Vous ne pouvez justifier des fautes aussi énormes. Le courage ne consiste pas à se venger, mais à supporter.
ALCIBIADE
Permettez-moi de parler, seigneurs, et pardonnez si je parle en guerrier. — Pourquoi les hommes s’exposent-ils follement dans les combats ? Que n’endurent-ils toutes les menaces ? que ne dorment-ils en paix sur l’affront ? et que ne se laissent-ils égorger tranquillement et sans résistance par l’ennemi ? S’il y a tant de courage à se résigner, qu’allons-nous faire dans les camps ? Certes, les femmes qui restent à la maison seront plus braves que nous ; si la résignation l’emporte, l’âne sera plus guerrier que le lion ; et le coupable chargé de fers sera plus sage que son juge, si la sagesse est dans la patience. Seigneurs, ayez autant de clémence que vous avez de puissance. — Qui ne condamne pas la violence commise de sang-froid ! Tuer, je l’avoue, est le dernier excès du crime ; mais tuer pour se défendre, par pitié, c’est bien juste. S’abandonner à la colère est une impiété ; mais quel est l’homme qui ne se mette en colère ? Pesez le crime avec toutes ces considérations ?
SECOND SÉNATEUR
Vous plaidez en vain.
ALCIBIADE
Quoi ! en vain ? Ses services à Lacédémone et à Byzance suffiraient pour racheter sa vie.
PREMIER SÉNATEUR
Que voulez-vous dire ?
ALCIBIADE
Je dis qu’il a rendu des services signalés ; qu’il a, dans les combats, tué un grand nombre de vos ennemis. Quelle valeur n’a-t-il pas montrée dans la dernière action ? Que de blessures il a faites !
SECOND SÉNATEUR
Il s’en est trop payé sur le butin. C’est un débauché déterminé ; il est sujet à un vice qui noie sa raison et enchaîne sa valeur. S’il n’avait point d’ennemis, celui-là seul suffirait pour l’accabler. On l’a vu, dans cette fureur brutale, commettre mille outrages, et susciter les querelles : on nous a informés que ses jours sont souillés d’excès honteux, et que son ivresse est dangereuse.
PREMIER SÉNATEUR
Il mourra.
ALCIBIADE
Sort cruel ! Il aurait pu mourir à la guerre ! — Seigneur, si ce n’est à cause de ses qualités personnelles, quoi qu’il dût se racheter par son bras droit sans rien devoir à personne, prenez, pour vous fléchir, mes services et joignez-les aux siens. Comme je sais qu’il est de la prudence de votre âge de prendre des sûretés, je vous engage mes victoires et mes honneurs, pour répondre de sa reconnaissance. Si, pour son crime, il doit sa vie à la loi, qu’il la donne à la guerre dans un vaillant combat ; car la loi est sévère, et la guerre ne l’est pas davantage.
PREMIER SÉNATEUR
Nous tenons pour la loi ; il mourra : n’insiste plus, sous peine de notre déplaisir ; ami ou frère, qui répand le sang d’autrui doit le sien à la loi.
ALCIBIADE
Qu’il en soit ainsi ? Cela ne sera pas, seigneurs, je vous en conjure, connaissez-moi.
SECOND SÉNATEUR
Comment ?
ALCIBIADE
Rappelez-vous qui je suis.
TROISIÈME SÉNATEUR
Comment ?
ALCIBIADE
Je dois croire que votre vieillesse m’a oublié : autrement on ne me verrait pas ainsi abaissé demandant une grâce aussi simple qu’on me refuse. Mes blessures se rouvrent d’indignation.
PREMIER SÉNATEUR
Oses-tu provoquer notre colère ? Écoute, ce n’est qu’un mot, mais son effet est étendu : nous te bannissons pour jamais.
ALCIBIADE
Me bannir ? Moi !… Bannissez plutôt votre radotage, bannissez l’usure qui déshonore le sénat.
PREMIER SÉNATEUR
Si, après deux soleils, Athènes te voit encore, attends de nous le jugement le plus rigoureux, et pour ne pas nous échauffer davantage, il sera exécuté sur l’heure.
(Ils sortent.)
ALCIBIADE
Puissent les dieux vous faire vieillir assez pour que vous deveniez des squelettes dont tous les yeux se détournent ! Ma rage est au comble. — Je faisais fuir leurs ennemis, tandis qu’ils comptaient leur argent et le prêtaient à gros intérêts. — Et moi, je ne suis riche qu’en larges blessures. — Tout cela pour en venir à ceci ! Est-ce là le baume que ce sénat d’usuriers verse dans les plaies des guerriers ? Ah ! l’exil ! — Je n’en suis pas fâché : je ne hais pas d’être exilé ; c’est un affront fait pour allumer ma fureur et mon indignation, afin que je puisse frapper Athènes. Je vais ranimer le courage de mes troupes, mécontentes et gagner leurs cœurs. Il y a de la gloire à combattre de nombreux ennemis. Les guerriers ne doivent, pas plus que les dieux, souffrir qu’on les offense.
(Il sort.)
Scène VI
Appartement magnifique dans la maison de Timon.
Musique, tables préparées, serviteurs.
PLUSIEURS SEIGNEURS entrent par diverses portes.
PREMIER SEIGNEUR
Bonjour, seigneur.
SECOND SEIGNEUR
Je vous le souhaite aussi. Je pense que l’honorable Timon n’a fait que nous éprouver l’autre jour.
PREMIER SEIGNEUR
C’était la réflexion qui occupait mon oisiveté, lorsque nous nous sommes rencontrés. Je me flatte qu’il n’est pas si bas qu’il le semblait par l’épreuve qu’il a faite de ses divers amis.
SECOND SEIGNEUR
Ce qui le prouve assez, c’est le nouveau festin qu’il donne encore.
PREMIER SEIGNEUR
Je le croirais. Il m’a envoyé une invitation très-pressante ; beaucoup d’affaires urgentes m’engageaient à refuser ; mais il a tant prié, qu’il a fallu me rendre.
SECOND SEIGNEUR
Je me devais aussi moi-même à des affaires indispensables, mais il n’a pas voulu recevoir mes excuses. Je suis fâché de m’être trouvé dénué de fonds lorsqu’il envoya m’emprunter de l’argent.
PREMIER SEIGNEUR
Je suis atteint du même regret, maintenant que je vois le cours que prennent les choses.
SECOND SEIGNEUR
Chacun ici en dit autant. — Combien voulait-il emprunter de vous ?
PREMIER SEIGNEUR
Mille pièces d’or.
SECOND SEIGNEUR
Mille pièces !
PREMIER SEIGNEUR
Et vous ?
TROISIÈME SEIGNEUR
Il m’avait envoyé demander… — Le voilà qui vient.
(Entre Timon avec suite.)
TIMON
Je suis à vous de tout mon cœur, dignes seigneurs. Comment vous portez-vous ?
PREMIER SEIGNEUR
Le mieux du monde, puisque votre Seigneurie va bien.
SECOND SEIGNEUR
L’hirondelle ne suit pas l’été avec plus de plaisir, que nous votre Seigneurie.
TIMON, à part
Et ne fuit pas plus promptement l’hiver ; les hommes ressemblent à ces oiseaux de passage. — Seigneurs, notre dîner ne vous dédommagera pas de cette longue attente. Égayez-vous un peu à entendre cette musique, si vous pouvez supporter une musique aussi peu harmonieuse que le son de la trompette ; nous allons nous mettre à table.
PREMIER SEIGNEUR
J’espère que votre Seigneurie ne conserve aucun ressentiment de ce que j’ai renvoyé votre messager les mains vides.
TIMON
Ah ! seigneur, que cela ne vous inquiète pas.
SECOND SEIGNEUR
Noble seigneur…
TIMON
Ah ! mon digne ami, comment vous va ?
(On apporte le banquet.)
SECOND SEIGNEUR
Honorable seigneur, je suis malade de honte de m’être malheureusement trouvé si pauvre, lorsque votre Seigneurie envoya l’autre jour chez moi.
TIMON
N’y pensez plus, seigneur.
SECOND SEIGNEUR
Si vous eussiez envoyé seulement deux heures plus tôt…
TIMON
Que ce souvenir n’éloigne pas de vous des idées plus agréables. — Allons, qu’on apporte tout à la fois.
SECOND SEIGNEUR
Tous les plats couverts !
PREMIER SEIGNEUR
Festin royal ! J’en réponds.
TROISIÈME SEIGNEUR
N’en doutez pas ; si l’argent et la saison permettent de se le procurer.
PREMIER SEIGNEUR
Comment vous portez-vous ? Quelles nouvelles ?
TROISIÈME SEIGNEUR
Alcibiade est exilé, le savez vous ?
PREMIER ET SECOND SEIGNEURS
Alcibiade exilé !
TROISIÈME SEIGNEUR
Oui, soyez-en sûrs.
PREMIER SEIGNEUR
Comment ? Comment ?
SECOND SEIGNEUR
Et pourquoi, je vous prie ?
TIMON
Mes dignes amis, voulez-vous vous approcher ?
TROISIÈME SEIGNEUR
Je vous en dirai davantage tantôt : voilà un splendide repas préparé !
SECOND SEIGNEUR
C’est toujours le même homme.
TROISIÈME SEIGNEUR
Cela durera-t-il ? Cela durera-t-il ?
SECOND SEIGNEUR
À présent, bon ; mais un temps viendra, où…
TROISIÈME SEIGNEUR
Je vous entends.
TIMON
Que chacun prenne sa place avec l’ardeur qu’il mettrait à s’approcher des lèvres de sa maîtresse : vous serez également bien servis en quelque lieu que vous vous placiez. Ne faites point de cérémonie et ne laissez point refroidir le dîner, pendant que nous décidons des premières places. Asseyez-vous, asseyez-vous. — Rendons d’abord grâces aux dieux. « Ô vous, grands bienfaiteurs, inspirez à notre société la reconnaissance. Faites-vous rendre grâces de vos dons, mais réservez toujours quelques bienfaits, si vous ne voulez pas voir vos divinités méprisées. Prêtez à chaque homme assez pour qu’aucun n’ait besoin de prêter à un autre. Si vos divinités étaient réduites à emprunter des hommes, les hommes abandonneraient les dieux. Faites que le festin soit plus aimé que l’hôte qui le donne ; qu’il ne se forme jamais une assemblée de vingt convives, sans qu’il y ait une vingtaine de fripons. S’il se trouve douze femmes à table, qu’elles soient… ce qu’elles sont déjà. Pour le reste de vos dons ! ô dieux !… que les sénateurs d’Athènes, avec toute la lie du peuple athénien, que leurs vices, ô dieux, soient les instruments de leur destruction. — Quant à tous ces amis qui m’environnent, comme ils ne sont rien pour moi, ne les bénissez en rien, et qu’ils ne soient les bienvenus à rien. » — Découvrez les plats, chiens, et lapez.
UN DES SEIGNEURS
Que veut dire sa Seigneurie ?
UN AUTRE
Je n’en sais rien.
TIMON
Puissiez-vous ne voir jamais un meilleur festin ! (On découvre les plats qui sont pleins d’eau chaude.) Réunion d’amis de bouche, la fumée et l’eau tiède sont votre parfaite image. Voilà le dernier don de Timon, qui, tout couvert de vos louanges et de vos flatteries dorées, s’en lave aujourd’hui, et vous jette au visage votre lâcheté encore fumante. (Il leur jette l’eau à la figure.) Vivez méprisés, vivez longtemps, souriants, doucereux, détestables parasites, ennemis polis, loups affables, ours caressants, bouffons de la fortune, amis du festin, mouches de la saison, esclaves des saluts et des courbettes, vapeurs, Jacques d’horloge[13], que les fléaux qui désolent l’homme et la brute, réunis sur vous, vous couvrent entièrement d’une croûte. — Eh bien ! où allez-vous ? Attendez. — Toi, prends d’abord ta médecine,- et toi aussi,- et toi encore. — (Il leur jette les plats à la tête et les chasse.) Arrête ! je veux te prêter de l’argent et non t’en emprunter. Quoi, tous en mouvement ? — Qu’il ne se fasse plus désormais de fête où les fripons ne soient les bien reçus ! maison, que le feu te consume ! Péris, Athènes ; et que désormais l’homme et l’humanité soient haïs de Timon !
(Il sort.)
(Les seigneurs rentrent avec d’autres seigneurs et sénateurs.)
PREMIER SEIGNEUR
Eh bien ! seigneur ?
SECOND SEIGNEUR
Pouvez-vous expliquer quelle est cette fureur du seigneur Timon ?
TROISIÈME SEIGNEUR
Bah ! Avez-vous vu mon chapeau ?
QUATRIÈME SEIGNEUR
J’ai perdu ma robe.
TROISIÈME SEIGNEUR
Ce n’est qu’un fou ; il ne se laisse gouverner que par le caprice ; l’autre jour il m’a donné un diamant, et aujourd’hui il me le fait sauter de mon chapeau… L’avez-vous vu, mon diamant ?
QUATRIÈME SEIGNEUR
Avez-vous vu mon chapeau ?
SECOND SEIGNEUR
Le voilà.
QUATRIÈME SEIGNEUR
Voici ma robe.
PREMIER SEIGNEUR
Hâtons-nous de sortir d’ici.
SECOND SEIGNEUR
Le seigneur Timon est fou.
TROISIÈME SEIGNEUR
Je le sens bien vraiment à mes épaules.
QUATRIÈME SEIGNEUR
Il nous donne des diamants un jour, et le lendemain des pierres.
(Ils sortent.)
FIN DU TROISIÈME ACTE.
Table des matières
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