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Tendre enfer, une histoire dont vous êtes le héros (ou l'héroïne)
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication originale : 2012
- Date de publication sur Atramenta : 1 mars 2017 à 14h19
- Dernière modification : 8 juillet 2018 à 16h19
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- Longueur : Environ 123 pages / 41 177 mots
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Tendre enfer, une histoire dont vous êtes le héros (ou l'héroïne)
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Ne plus vouloir, c’est peut-être par là que les choses commençaient. Ne plus vouloir que pour lui et par lui. Lui qui semblait continuer à grandir alors que vous vous sentiez minuscule, sans force et sans volonté. Il était parvenu à un degré de maîtrise qui vous époustouflait. Lui en riait, il riait de votre étonnement, car il n’en était qu’à ce qu’il considérait comme un commencement et loin de s’estimer satisfait, il pestait régulièrement contre son instrument, contre ses mains qui n’obéissaient pas assez vite à ses injonctions, contre le groupe qui cumulait les défauts des amateurs avec les inconvénients des semi-professionnels et lui causaient de nombreux soucis. Car malgré tout ce qu’il disait, lui et ses compagnons avaient franchi une étape. Cela n’allait pas sans de nouvelles exigences. Pressé entre son travail, les répétitions quasi-quotidiennes, les déplacements, il arrivait à vous appartenir de moins en moins.
Vous ne pouviez vous habituer à cet éloignement mais ne pouviez imaginer non plus qu’il renonce à cette musique qui faisait corps avec lui autant que vous-même auriez souhaité le faire. Elle était votre seule rivale. Cependant vous n’aviez pas ses atouts. Vous regrettiez de ne pouvoir comme elle, le hausser au-dessus de lui-même, le projeter vers le monde nimbé d’un talent qui lui viendrait aussi de vous et en porterait la marque. Vous en sentiez cruellement le manque et cela accentuait ce sentiment qui vous portait à vous dévaloriser.
Consciente de cette faiblesse, vous acceptiez donc qu’il se consacre en partie à cette maîtresse exigeante. Vous vouliez au moins être la première à la servir. Pour lui, uniquement pour lui.
Il prit ainsi l’habitude de vous avoir presque toujours à ses côtés dans ses déplacements. Vous étiez là lors des séances de répétitions, vous aidiez même à installer le matériel, vous faisiez quasiment partie du groupe.
Les habitudes ne sont pas toujours bonnes à prendre, surtout lorsqu’elles permettent de se reposer sur d’autres pour éviter les aspects ingrats de toute entreprise. Il prit l’habitude que vous assistiez aux derniers arrangements pour ajuster la sonorisation et régler les balances, pointer les défauts de coordination entre les musiciens, veiller à ce qu’il ne manque rien et pour lui suggérer quelques idées de scène qui ne lui étaient pas venues à l’esprit. Il appréciait cette présence rassurante, cet œil complice et expert capable de le seconder et de l’encourager tout à la fois, lui rappeler ce qu’il valait lorsqu’il en doutait, l’appuyer dans ses choix pour lui donner confiance. Au-delà de vos simples intentions vous le rehaussiez dans sa propre estime par votre seul empressement et vos attentions. Vous comptiez plus que le nombre lorsque, déçu de lui-même sous la pression ou les attentes du groupe, du public impatient, vous pouviez par vos paroles, par votre sollicitude, lui prodiguer les encouragements dont-il avait besoin. Vous étiez peut-être à ce moment-là à la hauteur de cette autre maîtresse qui n’était plus en mesure seule de lui apporter la force nécessaire. Elle ne lui était plus d’aucun secours au moment où il avait le plus besoin d’elle, mais vous étiez là. Il vous laissait prendre sa main, il vous laissait parler et lui dire ce que vous saviez de lui, ce qu’il valait vraiment. Vous étiez son meilleur public, son coach et sa complice. Vous saviez mieux que quiconque où il en était avec lui-même.
Vous encaissiez parfois les revers lorsque la fatigue, l’échec ou la contrariété agissaient sur lui, son humeur et les retournaient contre ceux qui avaient le tort d’être là. La litanie des reproches vous atteignait comme les autres, vous le suiviez en coulisses et malgré tout ce que vous pouviez dire il jetait son instrument au sol d’un geste rageur, claquait la porte du premier local où il s’enfermait. Rien ni personne ne pouvait plus l’atteindre. Il fallait laisser passer la tourmente.
Durant ces moments-là vous vous sentiez injustement désignée. Vous étiez blessée par une réaction ingrate contre laquelle vous ne pouviez que vous révolter. Vous imaginiez immédiatement le pire, voyiez dans son visage fermé le signe d’un détachement fatal, entendiez dans une parole de trop l’annonce d’une rupture imminente. Vous vous raccrochiez à vos sentiments légitimes. Vous répliquiez aigrement d’abord puis peu à peu vous sentiez faiblir les raisons qui vous poussaient à la dissidence et cherchiez la moindre occasion de raccommoder la situation. En parallèle, grandissait en vous comme par des vases communicants un besoin presque vital de le toucher, lui parler, vérifier qu’il vous reconnût bien et vous restât fidèle au moins autant qu’il restait fidèle à cette musique capable de le mettre en rage et le retenir malgré tout.
Pour rien au monde vous n’auriez cherché à provoquer son ire ou à lui faire faux bond, fut-ce pour tester son attachement réel. Vous étiez trop inquiète, attentive à la moindre de ses expressions que vous connaissiez par cœur et dans laquelle vous pouviez lire comme dans un livre ce qui adviendrait si vous le déceviez. Vous finissiez par lui trouver des excuses. Vous acceptiez ses défauts dussiez-vous en souffrir parfois afin qu’il vous revienne, qu’il vous prenne à nouveau dans ses bras, qu’il vous aime enfin.
L’acceptant tel qu’il était, vous compreniez vaguement qu’il eût fallu de lui la même attitude envers vous pour que votre union perdure. Il vous était cependant difficile de l’affirmer. Vous n’étiez pas dans une position neutre. Vous vous efforciez constamment de contrebalancer des feux contraires à ceux que vous croyiez voir apparaître aux quatre coins d’un navire instable auquel vous aviez remis toutes vos chances de survie. Vous vous accrochiez à son épaule comme à un roc. Vous envisagiez à présent d’emménager ensemble quelque part et ces projets vous suffisaient. Vous ne cessiez de cultiver cette image rassurante et douce d’un Accord ou d’une Concorde blottie sous les remous superficiels de la vie (allez en 14). Un désir de continuer loin qui se voulait partagé.
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