oh my God !

Le mois de Septembre venait de remplir son contrat : l’été était bien terminé. D’aucuns détestaient ce mois, synonyme de rentrée scolaire, d’embouteillages, de révision de la chaudière. D’autres lui trouvaient du charme, la fin des canicules, l’arrivée des potirons, des figues, bientôt des marrons et des noix de Grenoble, ainsi que la Foire aux Vins.

Là haut, Dieu s’ennuyait à en périr : et comme il était Éternel, il ne pouvait se le permettre.

Autour de lui, les Anges, Archanges, Chérubins, Séraphins, Trônes et Dominations n’en menaient pas large. Les plus anciens se souvenaient d’épisodes de marasme qui s’étaient déjà produits, et dont les conséquences avaient été désastreuses pour les humains, là bas.

Dieu n’en avait cure : il bâillait, se curait le nez, soupirait, s’avachissait sur son nuage, son préféré, le plus rembourré. Que faire, mon Moi, que faire ? Je m’ennuie, Moi comme je m’ennuie…

Saint Pierre s’approcha, la mine chafouine (depuis qu’il s’était endormi au Gethsémani, il faisait semblant d’être sourd, pour se faire pardonner ; quoique, après tout ce temps, Dieu aurait pu oublier l’offense, se disait le pauvre vieux) : son grand trousseau de clés tintinnabulant à sa ceinture il interpella le Patron d’une voix respectueuse.

- Patron, il semblerait qu’en bas ils ont un gros problème…

- ET ALORS ?

- cette histoire de Covid 19, Patron, ça dure depuis un bon bout de temps, nous sommes en 2020 et ça a l’air de continuer…

- et alors, ça leur fera les pieds !

- Ce que j’en dis, Patron, c’est que nous avons de moins en moins de place, ici en haut. Et je me suis laissé dire que chez votre ancien protégé Lucifer ils commencent aussi d’être à l’étroit…

- que voulez-vous que j’y fasse, Pierre, allons, souvenez-vous d’août 1945 et Hiroshima, Nagasaki, là pour le coup il y a eu bousculade !

Pierre se retire, sans montrer sa contrariété ; s’il avait espéré changer les idées du Patron, c’était raté. Machinalement, il agita sa main pour chasser une guêpe qui s’attaquait aux tâches de confiture de figues dont le devant de sa tunique était parsemé. S’il parvint à écraser la guêpe, celle-ci avait eu le temps de le piquer avant de trépasser.

- Nom de Dieu ! - s’écria-t-il.

- Quoi encore !

- La guêpe ! il y en a plein !

Poussant devant lui un soupir qui déplaça aussitôt cent kilomètres carrés de cumulo-nimbus, Dieu se leva, s’approcha du pauvre vieux et ressuscita la pauvre guêpe, qui s’envola dans un bruissement inquiétant et annonciateur de future vendetta.

Il faut avouer qu’il y en avait beaucoup, de ces bestioles : du coup, Dieu sortit de sa torpeur et décida d’étudier l’affaire, ça m’occupera l’après midi.

Et c’est comme ça que, en ce jour de septembre, Dieu inventa le piège à guêpes dans la bière qui, comme tout le monde sait, permet de se débarrasser de ces voraces. En voici la preuve envoyée par une de mes amies alsacienne.

Prenez un moule à Kouglof, emplissez-le aux trois-quarts de bière forte, posez-le sur la table du jardin et attendez.

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