Le rêve éveillé

— Vous me crachez votre histoire ? demanda Chris avec beaucoup d’impatience, voyant que les deux types tournaient gentiment autour du pot. C’est quoi Milton Corporation ?

— Monsieur Luccianni, ce récit va être difficile pour vous. Alors je vais essayer d’être le plus clair possible et arrêtez-moi si vous avez des questions. Vous n’allez sûrement pas nous croire.

— Milton Corp. C’est quoi ?

— Une boîte privée, sous contrôle de l’état. Un laboratoire où travaillent en secret de nombreux savants internationaux. Une corporation qui va changer la face de l’humanité.

— Hein ? Je comprends déjà plus…

— Vous avez été choisi.

— Choisi ? Comment ça ?

— Sélectionné par nos soins pour la validation de l’expérience.

— Quelle expérience ? M’enfin, de quoi vous parlez ?

— On doit retrouver votre voisine et ses sœurs.

— Mais je ne sais pas où elles sont je vous l’ai déjà dit !

— Elles sont sans contrôle et ça n’était pas prévu ainsi.

— Pourquoi vous parlez de contrôle ? Mais qui êtes-vous ? Qui sont-elles ? Pourquoi seraient-elles sous contrôle d’abord ?

— Monsieur Luccianni. Vous n’avez pas croisé votre voisine par hasard. Nous avons provoqué cette rencontre. Vous avez bien connu cette jeune stripteaseuse il y a quelques années et tout ça c’est le début de l’histoire. Pour que vous entamiez cette aventure avec passion, nous l’avons choisie, elle.

— Je ne capte rien à vos salades.

— Nous avons pris contrôle de votre messagerie, de leurs vies, de la vôtre. Depuis cette rencontre. Vous n’avez rien remarqué ?

— Remarqué quoi ?

— Ces filles valent 35 millions de dollars chacune… Sans compter le reste du programme de recherche.

— Vous allez arrêter votre délire ? C’est quoi ce cirque ?

— La stripteaseuse est morte il y a cinq ans.

— Enfin j’ai couché avec elle et je peux vous dire que pour une morte décomposée, elle est une sacrée bombe au lit. Tout comme ses sœurs !!! Vous voulez un dessin, des détails ? Une morte ne jouit pas !

Chris se mit à rire. Il commença à perdre patience, allait virer les deux types quand James Dresser lui donna envie de se calmer.

— Miltonia, c’est le nom de cette opération. Vous connaissez les orchidées ?

— Oui, j’ai remarqué le tatouage aussi…

— Les trois filles sont mortes. Je sais que vous avez du mal à nous croire, mais je vais développer.

— Mortes ? Mais comment ça mortes ?

— Un accident. Il y a cinq ans.

— Mais vous vous foutez de ma gueule ? Elles sont aussi vivantes les unes que les autres. Trois brins de femmes avec un cœur qui bat.

— Votre voisine n’est pas celle que vous croyez, ses sœurs non plus.

— Hein ? Je regrette, la stripteaseuse du Secret Garden, elle a été gravée dans mon cerveau et les preuves sur son corps sont bien là. Pendant que vous y êtes, dites que vous avez cloné cette gonzesse ? On est en plein délire là ! Vous allez foutre le camp d’ici et me laisser en paix. Je lui dirai que vous êtes passés quand elle rentrera ce soir.

— Je doute que vous revoyiez ces blondes ce soir…

Chris se leva pour leur montrer Le chemin de  porte et Dresser reprit la parole.

— Les trois barrettes que j’ai localisées sur le coin de votre meuble TV étaient il y a peu dans le corps de ces trois filles. Un tracker ? Une interface. Notre assurance, minute après minute.

— Vous regardez trop les films de science-fiction mon cher !

— Non, ce ne sont pas des clones.

— Vous voyez, vous revenez sur terre. J’ai baisé des mortes vivantes alors ?

— Vous nous obligez à être un peu plus directs alors…

Douglas Kurk enchaîna, et Dresser se mit un peu en retrait.

— Miltonia. Un joli nom de fleur pour ce programme. Ça vous parle ?

— J’aime cette orchidée et alors ?

— On sait tout ça. Le nom de notre boîte ne vous interpelle pas Chris ?

— Mis à part qu’il est proche, non !

— La fin de Miltonia, ça ne vous dit rien ?

— Quoi la fin ?

— ia ?

— Kedal. Rien.

— IA ! Intelligence Artificielle. MiltonIA.

Chris explosa de rire. Ça devenait de plus en plus grotesque.

— Comme je vous disais, les trois filles sont mortes. Vous faites partie de l’expérience et vous avez rempli votre part de travail. Vous n’avez rien vu, réagi comme si elles étaient de vraies femmes.

— Vous vous foutez de ma gueule. Ces trois filles sont vivantes et n’ont rien de commun avec un robot. C’est bien ce que vous êtes en train de me baragouiner ?

— C’est bien cela. Elles sont créées de toutes pièces.

— Alors là je vous arrête dans vos délires de pseudo-savants fous. Ces filles, elles pensent, elles sourient, elles jouissent, elles ont des sentiments, des réactions humaines et pour ne rien vous cacher, leurs peaux ont un parfum bien personnel, leurs tétons s’érigent sous les caresses, leurs chattes sentent la chatte et leurs poils blonds je peux vous dire que c’est pas de la moquette synthétique !

— Nous sommes bien d’accord. Vous êtes prêts pour la suite ?

— Continuez à délirer, vous m’amusez.