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L'ombre d'une autre
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication sur Atramenta : 11 janvier 2017 à 11h50
- Dernière modification : 21 septembre 2018 à 11h03
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- Longueur : Environ 860 pages / 292 003 mots
- Lecteurs : 4 142 lectures + 1 496 téléchargements
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L'ombre d'une autre
Chapitre 4
Le retour au ranch se fit sans encombre, dans un silence épuisé. Ce que nous étions également. Max nous interpellait en nous invitant à nous rendre chez Martha, qui avait préparé un repas de bienvenu. Nous en profiterons pour faire connaissance avec les ranchers, tout en gardant les propos de Mark en mémoire. Ils formaient une grande famille, dont chaque repas était partagé.
Je ressentis une certaine honte à entrer dans la maison dans mon état, couverte de boue. À ma décharge, les autres n’étaient guère mieux.
Martha nous accueillit chaleureusement, nous invitant à entrer sans nous soucier de nos chaussures crottées. Tous les jours, ses garçons, comme elle les nomma avec tendresse, revenaient dans des états bien pires. L’intérieur de la maison était tel que je l’imaginais. Leurs besoins paraissaient modestes. Ils ne vivaient que pour le Ranch. Le monde de la surconsommation semblait bien loin de leur mode de vie. Les murs n’étaient que rondins de bois. Une cheminée faite de pierres grises au fond de la pièce soutenait d’énormes cornes de bœuf. Des fauteuils de cuir, disposés devant, invitaient quiconque posait le regard à s’y asseoir et laisser les soucis de la journée derrière lui. Une longue table en chêne brut était placée au centre de la pièce. Cette maison était aux antipodes de celle de mon hôte et je m’interrogeai de nouveau brièvement sur lui. Quel rôle jouait-il ? Qui était-il ? Que faisait-il ici ?
Sur un bahut était alignée une multitude de photos. Si je ne pouvais distinguer les visages, il m’était aisé d’y comprendre, par les couleurs ternies de certaines, noires et blanches pour d’autres, ou encore jaunies par le temps, la vie au ranch depuis de nombreuses années.
La douce tranquillité des lieux nous procurait un sentiment de bien-être. Je me sentis immédiatement à l’aise et apaisée, avec ce même sentiment persistant de déjà vu dont la familiarité semblait exacerbée ce soir. Ce qui me troubla le plus fut le regard que je portais sur la pièce. Celui d’une redécouverte. Comme si je me réappropriais des lieux oubliés.
— Max, tu as vu dans quel état tu nous les ramènes, le gronda Martha interrompant, ainsi mes pensées.
— Le terrain est encore glissant et ils ont malheureusement goûté notre terre au sens propre du terme, ria Max.
— Tu es incorrigible. J’espère qu’il n’a pas été trop dur avec vous, les enfants, s’inquiéta Martha. Il y a des chances que Maggie lui tire les oreilles en vous voyant de toute façon.
— Max a été un guide parfait, la rassura Patrick. C’est nous qui étions indisciplinés.
Martha était une femme menue, à peine plus grande que moi. Sa fragilité apparente donnait envie de la protéger. Peut-être à cause de ses cheveux blancs ramenés en chignon, ou ses petites lunettes ovales cerclées posées sur ses joues roses. Sa voix douce était en harmonie avec son apparence, fragile et gracieuse. Elle dégageait une aura de délicate et de bienveillante. Martha nous invita à nous désaltérer, nous indiquant les grands pichets disposés sur la table.
— Alors, vous êtes Samuelle ?
— Vous pouvez m’appeler Sam si vous le voulez. Je vous remercie pour votre invitation. Cela vous donne du travail supplémentaire. Et vous n’avez pas l’air d’en manquer. J’espère que notre présence ce soir ne vous importunera pas.
— Bien sûr que non. C’est moi qui ai insisté auprès de Mark pour que vous veniez dîner. Je voulais à tous vous souhaiter la bienvenue au ranch, ainsi que dans notre région, et vous remercier pour votre travail.
— Oh ! Eh bien, nous ferons de notre mieux. Et c’est une délicate intention de votre part, sincèrement. Monsieur Logan se joindra à nous ce soir ?
C’est la première fois que j’appelais Monsieur Je Veux Tout Contrôler par son nom. Je ressenti, là aussi, une impression étrange, presque inconfortable.
— Je ne crois pas. Il doit régler plusieurs choses, répondit-elle vaguement. Mark m’a raconté votre rencontre avec Jack et j’espère que vous ne retiendrez pas que cet épisode.
Je profitai de ce que les autres soient en pleine discussion pour poursuivre.
— Qui est ce Jack ? J’admets qu’il m’a un peu… effrayée.
— Jack est un gentil garçon. Il veut jouer au dur, mais au fond, il n’est pas bien méchant.
Si je n’avais pas rencontré ledit Jack, jamais je n’aurais mis en doute les paroles de Martha. Sauf qu’en ce cas précis, il me semblait que sa vision des choses était quelque peu altérée.
— Ce n’est pas l’impression que j’ai eue.
— Il a une allure patibulaire, mais peut-être sommes-nous tous un peu responsables.
Son visage se modifia. Un voile de tristesse venait de s’y déposer, changeant son expression. Je restai désarmée devant cette souffrance que je ne compris pas et je me sentis honteuse de l’avoir provoquée.
— Mais, je ne veux pas vous ennuyer avec de vieilles histoires ! éluda-t-elle. Mark m’a dit qu’il y avait eu un problème avec votre réservation à l’hôtel.
Je me sentis rougir jusqu’aux oreilles telle une collégienne, et ce depuis mon arrivée dans le Montana. C’était vraiment un problème embarrassant que je devais régler.
— Je vais rester quelques jours dans votre ranch, le temps qu’une chambre se libère.
— Oui, il m’en a fait part.
— Et ça lui arrive souvent d’aider des inconnus ?
Je regrettai déjà ma question. En l’espace d’une demi-fraction de seconde je redevins rouge comme une pivoine.
— Jamais. Je crois bien que c’est la première fois qu’une étrangère s’installe chez Mark. Excusez-moi, je suis maladroite, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise. Sa porte est toujours ouverte si une personne a besoin de quelque chose. Disons que Mark ne laisse pas entrer quelqu’un qu’il ne connaît pas si facilement.
— Alors je suis la première surprise. Vous savez pourquoi il a fait cette exception ?
— C’est à lui de vous répondre, Sam, pas à moi. Je présume qu’il a de bonnes raisons. Mark est un garçon extrêmement généreux et soucieux du bien-être d’autrui. Je ne suis pas étonnée qu’il vous ait accueillie, d’autant plus qu’il savait qui vous étiez et pourquoi vous êtes venue chez nous.
— Il savait qui j’étais !?
— Je crois qu’il l’a deviné lorsque vous avez sorti votre énorme mallette contenant votre appareil photo. Et puis des jeunes femmes en jupe jouant de la manivelle sur le bord d’une route par temps d’orage ne sont généralement pas issues de notre ville. Vous étiez encore moins une parenté rendant visite à son grand-oncle.
Je la regardai, ma bouche formant un rond parfait. Je ne savais pas si je devais me sentir terriblement gênée parce que Martha se moquait gentiment de moi, ou morte de honte par la vision que j’avais offerte la veille à Monsieur Je Veux Tout Contrôler. Elle en parla avec une telle douceur que je ne pus lui avouer que son chérubin n’était pas si angélique qu’elle le pensait. Qu’il avait tout simplement omis de préciser qu’il m’avait piégée et que ce n’est que ce matin que j’avais découvert qui il était : un Judas qui ne méritait que châtiments et en aucun cas miséricorde. Bon ! Peut-être pas tant. Même si je doutai fortement de son altruisme. Car il avait été loin de le démontrer.
— Ce n’est que pour quelques jours. J’espère que Maggie pourra me donner une chambre prochainement.
Martha prit mes mains dans les siennes.
— Je souhaite que votre séjour se passe le mieux possible. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, surtout, venez me voir.
Je la remerciai chaleureusement. Cette femme me touchait et, là encore, je ne parvins pas à définir exactement pourquoi.
— Ah ! J’entends mes garçons. Excusez-moi, Sam.
En effet, une horde de cowboys envahit la pièce qui sembla rétrécir à vue d’œil.
— Bonjour Martha, lancèrent-ils d’un même tenant, chacun lui plaquant une bise sur la joue.
— Doucement, et un peu de tenue, nous avons de la visite ce soir. Je voudrais vous voir vous comporter en hommes charmants et non comme des brutes affamées.
— O.K. Mam, répondirent-ils en chœur.
Décidément, ils étaient synchronisés. Je fus impressionnée de voir un petit bout de femme comme Martha contrôler tout ce monde. Elle dégageait une autorité respectable qu’aucun des cowboys présents n’osa défier. Même Max fit profil bas. Martha nous présenta chacun de ses garçons en commençant par son époux. Paul était le contremaître du ranch, tout passait par lui. Il nous serra la main, nous souhaitant la bienvenue. Ce n’était pas le genre d’homme expansif, mais plutôt solitaire au visage taillé à la serpe, brut. Il formait avec Martha un couple à part duquel se dégageait une grande complicité. Je sentis dans leur regard un lien extrêmement fort, rempli de respect et de tendresse.
Paul nous présenta Tommy, le « wrangler » du ranch, responsable de tout ce qui touchait aux chevaux ; du débourrage à l’entretien de la sellerie, puis Jerry, le second de Paul ainsi que Jeremy et Dean. Tous avaient une poignée de main franche aux paumes calleuses résultant du travail physique du cowboy. Ce fut dans la bonne humeur, doublé d’un tapage assourdissant de bottes claquant sur le sol et de bavardages que nous nous installâmes à table. Je me retrouvai coincée entre deux grands gaillards qui devaient être Jerry et Dean. Le plus âgé des deux, Jerry, se tenait à ma droite. Dean, à ma gauche, ne devait pas avoir 25 ans. Tyler se plaça face à moi. Je me sentis ridiculement petite au milieu de ces colosses. Martha avait déjà amené plusieurs plats sur la table et je décidai de me lever pour la rejoindre dans la cuisine.
— Je peux vous aider ? Honnêtement, je me sens un peu perdue et intimidée, seule de l’autre côté.
— Ils sont tous adorables, vous savez !
— Je n’en doute pas, répliquai-je, affolée. Je suis désolée !
— Vous n’avez pas à vous excuser. Si je me retrouvais au milieu d’une dizaine d’hommes couverts de poussière et parlant à vous déchirer les tympans, je serais probablement terrifiée, moi aussi. Vous êtes plus courageuse que je ne le serais à votre place.
— Pourtant, je vous assure que je suis loin de l’être.
Elle me tendit un plat de viande.
— Portez-leur ceci. Vous verrez qu’après cela vous serez acceptée tout de suite dans la famille. Dites-vous bien qu’au repas ce ne sont pas des hommes que je dois nourrir, mais des ogres.
— Souhaitez-moi bonne chance.
C’est un énorme rugissement qui accueillit mon entrée.
— Faites de la place, lança Jerry.
— L’écoute pas, Sam, pose le plat chez nous, riposta Thommy. Jerry met trois heures à se servir, une vraie gamine.
— La ferme, répliqua tout aussi joyeusement Jerry.
Je sentis le rouge me monter aux joues. Paul vint à mon secours en prenant la parole.
— Ne les écoutez pas, Sam, ce sont des brutes. Tenez, donnez-le-moi.
Je m’attendais presque à recevoir une bonne tape sur les fesses de la part de Jerry, et l’entendre me dire « allez chérie, va nous chercher une bière ! », mais je tombai sur une bande de joyeux lurons. De vrais gosses. Leurs attitudes/comportements étaient les fruits d’une authentique camaraderie. Je préférai tout de même rebrousser chemin et retourner en cuisine. De sonores « merci Martha » et « merci Sam » nous parvinrent depuis la salle, suivis de rires. Je crus percevoir celui de Tyler. Il avait l’air de bien s’amuser, et ceci à mes dépens. Il ne perdait pas une seconde, celui-là.
— Eh bien ! on dirait qu’ils vous ont adoptée. Il faut savoir parler aux hommes et, le soir, davantage avec leurs estomacs.
— Je suis soulagée. J’avais peur d’être mal acceptée.
— Pourquoi !? Il n’y a aucune raison.
— Ce n’est pas ce que pense monsieur Logan.
— Oh ! Mark n’est pas comme ça.
— Pourtant, hier il m’avait semblé en colère. Et ce matin, il m’estimait incapable de suivre le reste du groupe.
— Il devait s’inquiéter pour vous. Vous avez vu les énergumènes que je nourris ?
— Euh, oui.
Je ne voyais pas trop où Martha voulait en venir.
— Même mes garçons, pourtant robustes, rentrent certains jours au bord de l’épuisement. Ils ne veulent pas l’admettre, mais c’est difficile pour eux. Vous êtes certainement forte, Sam, mais l’êtes vous autant que ces hommes ? N’oubliez pas que vous êtes la seule femme du groupe. Inévitablement, l’attention se porte sur vous. S’il a agi de la sorte, c’est avant tout pour vous protéger.
— Je n’avais pas vu cela sous cet angle. Je pensais qu’il voulait surtout m’évincer.
— Vous vous posez trop de questions. Laissez vos doutes derrière et les choses venir sans vous sentir piégée, puis regardez autour de vous. Y’ a-t-il des barrières ou des limites quelconques ? Non. Les seules que vous rencontrerez seront celles que vous créerez ou provoquerez. Si vous savez voir au-delà, vous n’y verrez qu’une immense liberté. Maintenant, allez manger un morceau. Vous devez être morte de faim.
— Et de fatigue également. Max a eu raison en nous disant ce matin que nous serions bien plus épuisés que nous l’aurions pensé. Mais ça en valait la peine. Merci, Martha.
— Écoutez-le. Max a un don particulier.
Ça aussi, j’avais pu m’en apercevoir.
Le repas préparé par Martha était gargantuesque, à la hauteur de l’appétit de ces messieurs. Je n’aurai jamais soupçonné qu’un homme puisse manger autant. Cela dépassait tout entendement. Le repas achevé, tous se levèrent. Après s’être donné rendez-vous au ranch le lendemain matin à 7 h 30, les ranchers allèrent bientôt regagner leur baraquement et, le reste de l’équipe, l’hôtel. Je sentais alors mon cœur se serrer. Cette fois, j’allais véritablement me retrouver seule. Je décidai de retarder l’échéance de mon départ en aidant Martha à desservir.
— Ils mangent toujours autant ?
— Vous n’avez pas idée. Il est préférable de les avoir en photo qu’à table. Mais je suis heureuse de pouvoir le faire.
— Vous en parlez comme si c’étaient vos enfants. Est-ce le cas ?
— Oh, non. Mais nous sommes une grande famille. Ils ont beau être forts et vigoureux, ils n’en restent pas moins des enfants. Je n’ai pas eu de garçons, mais j’ai deux filles.
Sa voix se brisa légèrement, mais elle reprit derechef.
— D’ailleurs, Vicky est mariée au fils de Maggie et ils ont eu des jumeaux.
— Je les ai vus à l’hôtel. Josh et Quentin, c’est ça ? Ils ont l’air adorable. Ils ont appelé monsieur Logan, oncle Mark. Vous êtes apparentés, alors ?
J’étais un peu surprise. Je croyais que Martha et Paul géraient le ranch depuis la mort de ses parents. Je n’avais pas compris qu’il y avait une quelconque parenté.
— Non, mais Mark s’occupe beaucoup des jumeaux. Il a toujours été proche et je l’ai toujours considéré comme le fils que je n’ai jamais eu.
— En effet, il avait l’air ravi de les voir. Et réciproquement.
— Vous vous posez des questions sur Mark, n’est-ce pas ?
Martha me parlait avec tendresse.
— Des milliers pour être franche.
— Je devine votre désarroi. Tout ceci est nouveau pour vous et vous ne vous attendiez pas à ce que nous soyons, disons, légèrement hors-norme. Je reconnais que de l’extérieur l’image que l’on renvoie peut paraître un peu décalée. Vous aurez l’occasion de mieux faire notre connaissance durant votre séjour et donc de nous comprendre. Maintenant, rentrez vous reposer. Il n’y a presque plus rien à ranger, je finirai seule.
Devant mon hésitation, Martha m’adressa un sourire plein de douceur.
— Allez, il ne va pas vous mordre.
— Ça se voit tant que ça… ?
Martha me colla deux bises. Cette spontanéité me réchauffa le cœur.
— Bonne nuit, ma grande. À demain.
— Merci Martha. À demain.
Je pris le chemin du ranch et, à mesure que j’avançais, les lumières extérieures s’allumèrent. Pour une arrivée discrète, c’était fichu. Bonne nouvelle, la maison était plongée dans l’obscurité et semblait vide, ce qui me rassura. Bêtement, la porte d’entrée m’intimidait. Elle me paraissait énorme et infranchissable. Cependant, je la poussai cependant, comme me l’avait suggéré Mark quelques heures plus tôt. Un calme total régnait à l’intérieur. Je dressai l’oreille. Pas un bruit. Je m’aperçus que je m’étais arrêtée de respirer et inhalai un grand coup tout en refermant la porte derrière moi. Je ne me fis pas prier pour retirer mes chaussures et me précipiter à l’étage afin d’y savourer la sécurité de ma chambre.
Je sortis de mon bain à regret, enfilai mon pyjama short et me mis au travail en sélectionnant et organisant les photos de la journée, y insérant les premiers commentaires du dossier.
Après une petite heure de travail, satisfaite du résultat, je bouclais mon ordinateur. Je descendis à la cuisine me servir quelque chose de frais à boire. Mis à part ces maudites lumières qui s’allumaient et commençaient à me taper sur les nerfs, c’était le calme olympien.
Alors que je m’apprêtais à remonter, mon verre rempli à la main, mon entrain fut coupé net pour laisser place à un cri proche du hurlement. Mon Dieu ! Debout sur leurs quatre solides pattes, je vis alors les deux énormes bestioles, tels des fauves noirs devant sûrement être des chien, me fixer de leurs grands yeux effrayants, jaunes-orangés. Ces yeux de monstres, tel ceux de cerbères. Zeus et Apollon en chair et en os comme deux espèces de dobermans à la Magnum, croisés avec je ne sais quoi qui me regardaient silencieusement. J’aurais préféré, et de loin, qu’ils grognent, ou s’agitent, ou bien voir un filet de bave dégoulinant de leurs babines. J’aurais su à quoi m’attendre. Leur silence et leur immobilité me terrifiaient encore plus. Je détestais ces bêtes. J’étais paralysée. J’avais lu qu’il ne fallait pas les regarder, car ils prennent cela comme une provocation, mais je ne pus détacher mes yeux des leurs. J’étais clouée sur place. Si je bougeais, j’étais persuadée qu’ils me sauteraient à la gorge. Il n’y avait donc personne dans cette maison !?
— Assis !
Cette voix, claquante. Merci mon Dieu ! J’avais ma propre conception de la religion, mais là, j’aurais cru en n’importe quoi pour me sortir indemne de cette situation.
— Je vois que vous avez fait connaissance.
— Qu’est-ce que c’est que ces trucs ? Vous n’êtes pas bien d’avoir ça dans une maison ! Vous auriez pu me prévenir, j’aurais mis une combinaison anti-agression. Non, je ne serais même pas entrée. Si vous voulez me voir déguerpir, vous avez gagné.
Ma voix frôlait l’hystérie.
— Thelma et Louise sont des crèmes, répondit Mark amusé, tout en s’approchant et en s’intercalant entre moi et les chiens.
Si les deux molosses étaient vraiment inoffensifs, pourquoi jouait-il au paravent, hein !? J’avais toujours les yeux posés sur les monstres et son ton moqueur me fit redresser la tête.
— Ah, oui ! Je les connais, les chiens gentils. Ma copine me disait ça aussi de son molosse. « T’inquiète pas, Sam. Il est super mimi ». Mon œil ! Il m’a arraché le bras. J’étais à la limite de l’amputation et…
Son rire franc m’arrêta.
— Vous n’exagérez pas un peu, là ?
— Vous voulez voir mon bras.
Je le lui collai sous les yeux. On voyait clairement la marque laissée par les crocs.
— Eh bien, regardez ! Ils ont fait un travail remarquable à l’hôpital. En plus, je suis assez couverte de cicatrices, pas la peine d’en rajouter…
Je n’eus pas le temps de terminer qu’il s’était placé derrière moi. Son bras droit drapait mes épaules, emprisonnant ma main dans la sienne et m’entraînant au ras du sol. Je sentais déjà sous mes doigts le poil des cerbères sans avoir compris ce qu’il se passait. L’horreur absolue ! Je tentai de reculer, mais son bras m’emprisonnait. Je sentis ma respiration saccadée et heurtée, en proie à la panique. Mark me parlait doucement, son visage sur mon épaule, très proche, beaucoup trop proche, ce qui amplifiait mon malaise. Encore deux secondes comme cela, et la syncope me guettant frapperait. Je respirai profondément.
— Ils ne vous feront rien. Laissez-vous faire.
Étonnement, sa voix me calma. Ses bras formèrent une cage protectrice autour de moi. Il guida ma main sur le cou du chien, du haut vers le bas. Je sentais que je me relâchais. Le poil était particulièrement soyeux et l’animal dégageait une chaleur plaisante. Je prenais de plus en plus confiance et commençai même à lui gratter le dos. Il devait apprécier, car il approcha son museau de mon visage. Instinctivement, je reculais et tournai la tête pour me protéger en poussant un gargouillement étranglé. Je me retrouvai le nez collé à un tissu semblable à de la laine. Et cette odeur, enivrante, citronnée et boisée… Oh, la plaie ! J’avais carrément le visage contre sa poitrine. C’était un cauchemar. J’allais me réveiller.
— Je crois que ça ira pour aujourd’hui ! Nous finirons les présentations plus tard, si vous le voulez bien.
Je me relevai maladroitement. Je préférai garder une certaine distance et trébuchai en reculant. Ma gorge sèche me rappela que j’avais terriblement soif. Mon verre était posé sur le plan de travail et pourtant je ne me souvenais pas l’avoir placé à cet endroit. Pour être honnête, je ne me souvenais plus de grand-chose, mon attention ayant été totalement focalisée sur les monstres. Thelma ou, peut-être bien Louise, se posta à mes pieds dans l’attente d’une hypothétique caresse.
— Vous voyez. Ce n’est pas si terrible que ça.
— Ça, c’est vous qui le dites.
— Je parlais de caresser Thelma, pas de m’écraser les côtes, s’amusa-t-il à répondre.
Je ne sus plus où me mettre et je m’enfonçai encore plus en essayant de répliquer.
— Je… vous, c’est de votre faute. Je vous ai dit que j’avais peur de ces bestioles. Vous m’avez forcée à le toucher, alors il ne faut vous en prendre qu’à vous-même. En plus, je ne vois pas ce qu’il y a de drôle.
— Vous avez raison, il n’y a rien de risible, mais votre façon de raconter les histoires est plus que comique. À vous entendre, vous vous êtes fait dévorer par un monstre.
— Mais, c’était un monstre ! Et puis, quelle idée d’appeler ses chiens Thelma et Louise ! Vous vous moquez de moi, c’est ça ? Vous vous croyez au cinéma ?
— Eh bien, appelez-les Dumb et Dumber. Vous verrez bien s’ils vous répondent.
Je haussai les épaules, ignorant son sarcasme.
— Thelma aimerait une caresse. Si vous ne voulez pas qu’elle se transforme en créature démoniaque, vous devriez la lui donner. En plus, vous risqueriez de la rendre malheureuse.
Je regardai le chien qui me fixait maintenant avec des petits yeux tout gentils. Enfin, ça avait l’air d’un regard gentil.
— O.K. ! Mais ne croyez pas que je fais ça pour vous faire plaisir. Je ne voudrais pas qu’il vienne se venger cette nuit pendant mon sommeil.
Je me baissai, hésitante, et approchai une main tremblante. Je me persuadai que rien ne pourrait m’arriver et fermai les yeux. Je sentis son souffle sur mes doigts, puis quelque chose de froid et humide. Sa truffe. Son museau fourragea dans mes mains pour que je lui caresse la tête. Il semblait heureux de la manœuvre et remua de l’arrière-train.
— Oh, regardez ! m’exclamai-je triomphante. Je crois qu’il m’aime bien.
Je me tournai vers Mark et ne parvins pas à déchiffrer son regard. L’amusement dont il avait fait preuve quelques minutes auparavant disparu pour laisser place à… de la tendresse ? C’était la première fois que j’engageais un quelconque échange avec un chien depuis que je m’étais faite mordre. D’ordinaire, je les évitais comme la peste et m’en portais très bien. Le second molosse rejoignit son acolyte et l’effet de meute que provoqua son approche me fit paniquer à nouveau. Je m’étalai en tentant de reculer. Les chiens prirent ça pour un jeu et commencèrent à se rapprocher d’un peu trop près. Du moins, à mon goût.
— Non !
— Stop ! intima Mark. Ce qui eut pour effet d’immobiliser les molosses.
C’était trop, et les larmes me montèrent aux yeux. Il me tendit une main pour m’aider à me relever. J’acceptai.
— La thérapie sera un peu plus longue que je ne le pensais, m’excusai-je. Je ne suis pas à l’aise avec les chiens. Et puis Zeus et Apollon sont impressionnants.
— Zeus et Apollon ? … original.
Un sobriquet qui le fit sourire. Je m’aperçus encore trop tard de notre proximité. Je fus surprise de voir resurgir de la douceur dans son regard. Je me dégageai pour me réfugier derrière l’îlot central. Je me trouvais, pieds nus, en pyjama short devant « mon patron » et embarrassée au possible.
— Merci d’être intervenu. Maintenant, je peux me débrouiller seule.
— Vous ne me dites pas comment s’est déroulée cette journée.
— Pour quoi faire ? Vous savez très bien comment elle s’est passée. Alors, si vous pouviez vous tourner, que je puisse remonter, je vous serais reconnaissante.
Je tentai de montrer un semblant d’autorité. Je m’étais suffisamment exhibée ce soir. L’humiliation devait s’arrêter. Maintenant.
— Oui, j’ai eu une petite conversation avec Max.
— Je m’en doute.
Il avait dû lui relater notre incartade, à Adam et moi. Et cela ne loupa pas.
— Max m’a également fait part de la cohésion dans le groupe.
Son expression se modifia brusquement pour laisser place à ce qui ressemblait maintenant à de la colère.
— Oh ! La version courte ou la version longue ?
— La longue.
— Bah ! tiens. Le contraire m’aurait étonnée.
— Travailler dans une équipe signifie faire des compromis.
Sa colère soudaine exacerba ma colère naissante.
— Vous l’avez cuisiné à quelle sauce, ce pauvre Max ? Il y a des propos que je ne supporte pas. Et, si ma réaction dérange, je m’en contrefiche.
— Vous devriez mesurer vos propos et évitez de vous emporter trop vite.
— Quoi ! N’est-ce pas vous qui vouliez que je me comporte comme un homme, ce matin ? Très bien ! La prochaine fois, je lui mettrai mon poing dans la figure et ensuite, je ferai quoi ? Je le rouerai de coups de pied lorsqu’il sera au sol ?
— Je ne vous en demande pas tant. Je vous dis seulement de vous méfier et de rester prudente pour une fois !
— Vous n’avez peut-être rien demandé, mais ce matin votre discours était on ne peut plus explicite. Ce n’est pas moi qui ai douté, mais vous ! Je me méfie, croyez-moi ! Je suis sans cesse aux aguets et…
Je m’interrompis, réalisant que j’avais une fois de plus trop parlé.
— Et s’il vous plaît, je suis fatiguée. Est-ce que cette marque de faiblesse joue en ma défaveur ? demandai-je, défiante.
— Ne jouez pas à ça avec moi. Je vous garantis que vous n’êtes pas de taille à lutter.
Il planta son regard dans le mien et son ton menaçant me fit regretter mes paroles.
— Il est effectivement temps que vous alliez vous reposer. Les jours à venir vont être… épuisants pour tous. Vous avez le don d’attirer les ennuis et vous n’imaginez pas l’énergie que l’on doit dépenser pour vous sortir du pétrin. À votre place, mademoiselle Lookwood, je ferai profil bas !
Je restai interdite, alors qu’il quittait la pièce suivi de Zeus et Apollon.
Moi, j’attirais les ennuis !? Elle est bien bonne, celle-là !
J’admettais que mon arrivée avait été suivie d’une succession de catastrophes. J’attirais les problèmes mieux qu’un aimant. Mais tout ceci n’était qu’un malheureux concours de circonstances, une chose en entraînant une autre. Et pas de chance, j’étais tombée sur le seul homme de la région contre lequel il ne fallait surtout pas que je me frotte. Entre le pneu de ma voiture, le fameux Jack, la réservation de ma chambre d’hôtel, mon altercation avec Adam, et ma rencontre avec les fauves. Sans parler de cette trouille qui me retournait l’estomac dès que je posais un pied hors du ranch, seule chose qu’il ignorait pour le moment et que je comptais bien dissimuler, c’étaient ces vingt-quatre heures bien remplies.
J’aurais dû être soulagée de le voir partir, mais ce fut l’abattement qui prit le dessus. Pourquoi chacune de nos conversations tournait-elle à l’aigre ? Pourquoi se mettait-il en colère contre moi ? Étais-je si exaspérante pour qu’au bout de cinq malheureuses petites minutes il ne me supporte plus ? Vu l’épilogue de notre échange, la réponse s’imposa d’elle-même. Je remontai en traînant des pieds telle une âme en peine et appelai Maggie. Comme je m’y attendais, aucune chambre ne s’était libérée.
L’attitude de Monsieur Je Veux Tout Contrôler me perturbait. Et je détestais ça ! Je ne comprenais pas ses changements d’humeur, surtout ses colères. Pourquoi étaient-elles dirigées contre moi, uniquement contre moi ? Et j’étais certaine de ne pas être paranoïaque.
C’est un Tyler tout souriant qui m’ouvrit les bras et m’embrassa. Ma mine renfrognée lui indiqua clairement que je n’étais pas de bon poil. Je n’avais pourtant rencontré personne ce matin. Pas de patron autoritaire et tyrannique. Peut-être justement était-ce la cause de ma mauvaise humeur ? Seulement une maison vide sentant divinement bon le café. J’étais heureuse de retrouver les autres. Adam me salua froidement. Patrick, très prévenant, s’assura que j’avais bien récupéré. Tim et Amed me saluèrent avec entrain. J’appréciai la présence de Max. Il détenait cette faculté de m’apaiser. J’avais l’impression qu’il absorbait toutes les choses négatives. Hier, Martha avait eu raison en me signalant qu’il avait un don.
Tout comme la veille, nous nous dirigions vers le nord. Les sous-bois me parurent plus étoffés. Je m’abîmai dans la contemplation de cette épaisse forêt. De sombres pensées m’envahirent. Combien de personnes s’étaient perdues dans ces bois ? Combien s’y trouvaient encore ? Combien en étaient revenues ? Combien avaient eu ma chance ? Comment étais-je parvenue à sortir de ses profondeurs ?
— Pourquoi suis-je revenue dans mon enfer ?
Instinctivement, je portai ma main sur mon visage. Mes doigts coururent sur toute la longueur de ma cicatrice. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais parlé à voix haute. Tyler m’avait entendu. Max également. Son imperceptible mouvement de la tête me le confirma. À mon grand soulagement, aucun des deux ne releva. Je fermai les yeux pour ne pas rencontrer ceux de Max dans le rétroviseur et un silence débonnaire recouvrit l’habitacle du 4x4. Ses seules paroles furent pour nous prévenir qu’un orage éclaterait d’ici quelques heures.
Après avoir stoppé le véhicule, nous nous mîmes en route dans le même ordre. L’ombre épaisse des feuilles à l’orée du sentier était oppressante. Il se dégageait une tout autre atmosphère. Chargée, plus touffu et sinistre. L’air, saturée d’humidité, sentait la moisissure et je ne pus refréner un frisson. Seule la présence de Tyler derrière moi me rassura. Tout de suite, nous avions affaire à un environnement plus hostile. Ce versant ouest était redoutable et nous démarrions par une longue ascension. Nous grimpions silencieusement pour nous économiser. Malgré la difficulté du terrain, nous ne pouvions être qu’admiratifs devant les superbes points de vue sur la vallée que nous offrait cette nature. Nous nous arrêtions assez fréquemment en fonction de la demande de chacun. Notre unité se scindait en deux groupes : géologues et biologistes. Je répondais et les accompagnais selon leur besoin. Ma collaboration avec Adam se passait plutôt bien vu les circonstances. Nous laissions de côté notre animosité pour nous concentrer uniquement sur l’aspect professionnel. Il en ressortait un travail constructif et efficace.
Nous reprîmes le sentier qui se rétrécissait. Max nous montra où il souhaitait nous conduire. La carte indiquait un confluent de ruisseaux se transformant en une rivière plus importante avec ses chutes et ses rapides.
Tous s’accordèrent à dire que leurs investigations devaient commencer dans ce secteur. L’eau étant primordiale à la vie, et son organisation tournant autour, chacun voulait prospecter en vue d’une hypothétique découverte.
Max nous indiqua que l’on devait suivre le même sentier, serpentant sur encore une vingtaine de minutes, avant d’atteindre la rivière. Je trouvai mon rythme ; légèrement plus rapide que celui des autres. Cela me gênait. Je devais sans cesse adapter mes pas aux leurs et me fatiguais vite. Je m’étais imprégnée de l’atmosphère oppressante de la forêt et j’évoluais avec plus de sérénité. Je souhaitais maintenant connaître les éventuelles difficultés du terrain. Si elles étaient inexistantes, je pourrais ouvrir la marche tout en progressant à mon rythme. Je questionnais Max. Il hésita longuement, toujours avec ce regard indéchiffrable. Me sondait-il, me jaugeait-il ?
— Vous serez à deux minutes derrière moi tout au plus, Max. Je ne veux rien prouver, mais seulement m’éviter des courbatures pendant deux jours. Et puis, on se trouve encore sur un sentier sécurisé.
— Très bien, mais vous ne vous en éloignez pas. Par endroits, le parcours présente des passages très pentus et irréguliers. Lorsque vous entendrez les grondements de la rivière, vous arriverez alors sur une sente descendant vers la droite jusqu’à un éboulis. Vous continuerez tout droit et atteindrez la rivière.
Il me laissa partir seulement après avoir vérifié radio et GPS. J’avançais sans me soucier des autres. Je ne pensais à rien, concentrant mon esprit sur ma respiration. Je marchais à un rythme soutenu, mécanique. Mes pas devinrent presque naturels. Inconsciemment, je désirais tester ma condition physique et mentale. Même si je n’étais pas là pour ça, je devais voir comment j’allais réagir. Le côté physique ne m’inquiétait pas. Le mental était tout autre. Je me fis violence pour ne pas me retourner. Un test que je devais accomplir seule.
Le versant ouest était beaucoup plus sauvage et surtout très pentu. J’atteignis la portion décrite par Max et redoublai d’efforts pour garder le même rythme, le sang battant dans mes tempes. Bien que j’eus du mal à maintenir un souffle régulier, j’avançai. Je luttais contre mes émotions jusqu’à ce que j’entende la rivière. Mes poumons étaient en feu, mes jambes me brûlaient. Mais je m’interdisais de m’arrêter. Je suivis les instructions de Max. La sente, les éboulis, la descente… Elle fut là, devant moi.
J’étais exténuée, mais je remportais une bataille. Ma première en vingt ans. J’inspirais l’air pur et frais, encore et encore, comme si j’en avais été privée trop longtemps. Je m’allongeais, tant la tête me tournait. Je me sentis ivre, d’une ivresse qui effaça toutes mes peurs. Mon corps assimilait mes excès, je recouvrai mes esprits, tout devint plus clair, et mon cerveau commença à fonctionner normalement. L’hilarité me gagna. Sans que je puisse me contrôler, je partis à rire sans pouvoir m’arrêter. J’avais puisé au plus profond de moi des ressources que je croyais inaccessibles.
— Ça va, Sam ? s’inquiéta Max.
— Vous n’avez pas idée. J’y suis arrivée, toute seule.
J’ouvris les yeux. Accroupi, il me regardait, soucieux.
— Désolée. Je vais me reprendre. Je me suis rarement sentie aussi bien.
Il m’aida à me redresser, mon euphorie s’estompa doucement et je repris mon souffle. L’humilité dans sa voix stoppa net mon rire.
— J’en suis heureux, mais n’allez pas trop vite.
— Hein ?
Je ne devais pas avoir une tête qui incitait à la conversation, mais une expression d’ahuri. Il rejoignit les autres à peine arrivés.
Le ciel commençait à se noircir et le vent se lever, selon les prédictions de Max. L’équipe effectua quelques repérages. Je les accompagnai, pris des notes sur les clichés qu’ils me demandèrent. Je devais commenter ces derniers alors il était impératif que je comprenne de quoi il en retourne.
Nous prîmes le chemin du retour. Pendant tout le trajet, les mots de Max vinrent frapper ma conscience, sans que je parvienne à les déchiffrer. Les premières gouttes éclatèrent sur le pare-brise dès notre arrivée au ranch.
Table des matières
- Prologue Env. 2 pages / 389 mots
- Chapitre 1 Env. 19 pages / 6383 mots
- Chapitre 2 Env. 13 pages / 4260 mots
- Chapitre 3 Env. 22 pages / 7208 mots
- Chapitre 4 Env. 19 pages / 6181 mots
- Chapitre 5 Env. 31 pages / 10348 mots
- Chapitre 6 Env. 17 pages / 5879 mots
- Chapitre 7 Env. 20 pages / 6723 mots
- Chapitre 8 Env. 26 pages / 8616 mots
- Chapitre 9 Env. 15 pages / 5159 mots
- Chapitre 10 Env. 15 pages / 4771 mots
- Chapitre 11 Env. 13 pages / 4259 mots
- Chapitre 12 Env. 21 pages / 7061 mots
- Chapitre 13 Env. 27 pages / 9015 mots
- Chapitre 14 Env. 14 pages / 4743 mots
- Chapitre 15 Env. 21 pages / 6913 mots
- Chapitre 16 Env. 16 pages / 5072 mots
- Chapitre 17 Env. 14 pages / 4600 mots
- Chapitre 18 Env. 16 pages / 5161 mots
- Chapitre 19 Env. 16 pages / 5224 mots
- Chapitre 20 Env. 21 pages / 7118 mots
- Chapitre 21 Env. 21 pages / 7094 mots
- Chapitre 22 Env. 18 pages / 6091 mots
- Chapitre 23 Env. 15 pages / 4981 mots
- Chapitre 24 Env. 21 pages / 6845 mots
- Chapitre 25 Env. 13 pages / 4247 mots
- Chapitre 26 Env. 14 pages / 4478 mots
- Chapitre 27 Env. 16 pages / 5253 mots
- Chapitre 28 Env. 19 pages / 6055 mots
- Chapitre 29 Env. 18 pages / 5869 mots
- Chapitre 30 Env. 16 pages / 5111 mots
- Chapitre 31 Env. 24 pages / 8116 mots
- Chapitre 32 Env. 18 pages / 6148 mots
- Chapitre 33 Env. 17 pages / 5492 mots
- Chapitre 34 Env. 24 pages / 8234 mots
- Chapitre 35 Env. 22 pages / 7498 mots
- Chapitre 36 Env. 16 pages / 5169 mots
- Chapitre 37 Env. 15 pages / 4977 mots
- Chapitre 38 Env. 17 pages / 5461 mots
- Chapitre 39 Env. 19 pages / 6272 mots
- Chapitre 40 Env. 18 pages / 6031 mots
- Chapitre 41 Env. 25 pages / 8315 mots
- Chapitre 42 Env. 19 pages / 6024 mots
- Chapitre 43 Env. 18 pages / 5857 mots
- Chapitre 44 Env. 19 pages / 6296 mots
- Chapitre 45 Env. 21 pages / 6836 mots
- Chapitre 46 Env. 23 pages / 7650 mots
- Chapitre 47 Env. 15 pages / 5058 mots
- Épilogue Env. 5 pages / 1462 mots
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