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L'ombre d'une autre
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication sur Atramenta : 11 janvier 2017 à 11h50
- Dernière modification : 21 septembre 2018 à 11h03
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- Longueur : Environ 860 pages / 292 003 mots
- Lecteurs : 3 250 lectures + 1 248 téléchargements
Cette oeuvre est complète, mais a besoin de relecteurs.
L'ombre d'une autre
Épilogue
Je compulsai les derniers rapports transmis par Amanda, mais je peinais à me concentrer, mon attention portée sur Samuelle, qui venait de s’endormir. Allongée sur le canapé, la tête sur mes genoux, je me plus à l’observer et constater qu’elle était enfin sereine. Plus de traces de conflit sur son visage ou dans ses yeux lorsqu’elle les posait sur la tombe de Melinda. Et j’aimais plus que tout ce que je voyais.
La fatigue avait déserté ses traits, plus rebondis aujourd’hui, comme ses formes magnifiques de femme enceinte que je ne me lassais pas de regarder, toucher, caresser. Mes yeux qui dévoraient son ventre rond, mes mains qui pouvaient passer des heures à me rassurer à son contact. Comment cette femme minuscule, rencontrée sur le bord d’une route un temps d’orage quelques six mois auparavant, trempée, fière et arrogante avait pu balayer en un geste tout ce que j’avais mis des années à construire ? Je pensais être solide, mais j’avais dû admettre que je n’étais qu’un homme face à elle. Les rocs se fissurent, et les brèches qui s’ouvrent permettent de voir plus loin que les certitudes que l’on s’impose. Cet enfant, notre enfant en était la preuve. Par fierté, par orgueil, parce que je ne voulais pas changer d’optique, j’avais failli les perdre tous les deux. À croire que mon expérience avec Rachel n’avait servi à rien. J’avais reproduit le même schéma, sans une seconde, me remettre en question. Je n’avais été qu’un con. Un con qui avait compris, avec un peu de retard, qu’il était en train de passer à côté de sa vie. À côté de l’essentiel.
Même si sa mémoire refusait toujours de s’ouvrir à elle, son expérience vécue il y a vingt ans l’avait conditionnée. Dès qu’elle se sentait prise au piège, Samuelle cherchait une issue de secours. Peu importait qu’elle se mette en danger pour échapper aux murs de l’existence qui pouvaient l’emprisonner. Elle vivait avec ce besoin viscéral et ancré au plus profond de son être, de savoir qu’elle pouvait fuir. Et je le comprenais, peut-être mieux que n’importe qui d’autre. Sa liberté lui était vitale, sans elle, elle étouffait.
Je laissai mes doigts se promener sur son visage, en caresser les contours, profiter de la douceur de sa peau. Je m’arrêtai lorsque ses paupières frémirent, mais souris quand sa main recouvrit la mienne et accompagna mon geste pour que je reprenne mes caresses. Ses yeux papillonnèrent quelques secondes avant de se poser sur moi et le sourire qu’elle m’adressa me fit perdre tout repère. Bon sang ! Cette femme me rendait fou. Et je lui fis une promesse que je ne pensais jamais un jour prononcer, le prix de sa liberté :
— Je te promets de ne jamais d’épouser, jolie nymphe…
Elle me regarda de ses grands yeux bleus, un peu déconcertée, juste avant que ne s’épanouisse le plus merveilleux des sourires.
— C’est la plus belle déclaration que l’on ne m’ait jamais faite.
*
*
*
Mark avait tenu sa promesse et continuerait à le faire. Beaucoup d’événements s’étaient produits depuis mon retour au ranch. Avant de vraiment m’y établir, Mark m’avait emmenée à l’hôpital ou j’y étais resté une bonne semaine. Je ne m’étais pas rebellée et avais accepté tous les examens possibles et imaginables pour le bébé et pour moi. Mark avait besoin d’être rassuré sur notre état de santé et je pouvais lui offrir cette assurance. Elle me semblait nécessaire et importante. J’avais dormi trois jours d’affilés et avais pu enfin quitter les lieux après avoir pris mon premier kilo.
La première chose que j’avais faite fut de rendre visite à Martha. Elle m’avait conduite sur la tombe de Melinda, qui elle aussi, m’avait terriblement manquée. Les minutes de silence que nous avions partagées avaient résumé, pour Martha, ces dernières semaines de séparations, pour Melinda, son absence des vingt années écoulées.
Entre temps, le dossier de Peter’s était passé devant la commission, mais nous n’avions que peu de doutes quant au classement du territoire en zone protégée, notre travail avait été suffisamment étayé et solide.
Katherine était décédée quelques semaines après mon retour au ranch. Si je n’avais ressenti aucune tristesse, j’avais éprouvé une grande lassitude et un fort désappointement face à toutes ces années de peine, tous ces deuils, toutes ces souffrances. À sept mois de grossesse, j’appris par l’agent Jane qu’Emily avait rejoint sa mère. Si j’avais refusé un quelconque égard envers Katherine, j’avais ressenti le besoin de voir Emily. Mark n’avait pas approuvé mon déplacement à l’enterrement, surtout à ce stade de ma grossesse, néanmoins, c’est lui-même qui m’avait déposé à l’église refusant toutefois d’y entrer. Sans se concerter, comme naturellement, monsieur Brown m’avait invité à prendre place à ses côtés. Et un instant, furtif, mais réel, j’avais ressenti une immense peine. Les personnes alentour s’étaient probablement demandé qui était cette inconnue, enceinte, joignant sa main à celle du professeur et qui pleurait une femme que la raison et le discernement avaient quittée depuis des années. J’avais regardé cette main qui tenait la mienne avec force et plongé mon regard dans celui du professeur. Dans l’esprit de sa femme, l’espace de quatre jours, nous avions formé une famille, et je lui avais rendu son sourire, et avec lui toute mon absolution.
*
Je respire profondément tout en flattant l’encolure d’Alama. Le temps est magnifiquement beau, quoiqu’un peu frais. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant Mark et Lili-Rose en selle sur Palomino. À trois ans, elle sait déjà comment séduire les hommes et son père est le premier sur qui elle a testé son charme. Et j’aime. J’aime être le témoin de ce bonheur, j’aime être celle qui leur vole leur moment d’harmonie. Ils sont ma vie, ils me permettent d’être moi et de respirer librement. Martha nous encourage à partir et rattraper les autres et Paul. Alors que Mark repose Lili-Rose au sol qui rejoint Martha en sautillant, j’adresse un petit signe de la main à Daniel. Il aura onze mois dans quelques jours. Et si sa sœur parvient à séduire Mark, Daniel me fait fondre à chacun de ses sourires. Il a été comme une évidence pour Mark et moi. Il n’y avait pas de questions à se poser ni de doutes à avoir. Nous formons une famille. Nous avons créé la nôtre, même s’il nous est difficile de ne pas vivre dans la peur. Nous avons dû, Mark et moi, apprendre à ne pas surprotéger nos enfants et les laisser vivre leurs propres expériences, bien que cela nous en coûte. Mais c’est une condition nécessaire et indispensable pour eux si nous voulons qu’ils survivent dans ce monde.
Plus de quatre ans que j’attends pour participer au rassemblement. Mark s’amuse de mon impatience et positionne Palomino pour que l’on se retrouve face à face. D’un léger geste du menton, il me désigne les enfants, qui, accompagnés de Martha, rentrent chez elle. Mon regard suit le sien et je ne peux réprimer un sourire.
— Deux bonnes raisons d’avoir attendu, non ?
— Les deux plus belles.
Je me tourne vers Mark pour plonger mes yeux dans les siens dont la couleur ambre me fascine toujours autant et qui n’ont rien perdu de leur éclat depuis toutes ces années.
— Tu me rends heureuse, Mark…
J’adore voir son sourire s’épanouir et atteindre ses yeux.
— J’aimerais beaucoup « concevoir » une nouvelle raison.
Je ris face à son ton séducteur, et proteste… pour la forme.
— Laisse à mon corps le temps de se remettre.
— Il me semblait pourtant être en pleine forme cette nuit.
Je ne peux que lever les yeux au ciel, amusée par sa remarque, tandis qu’il se penche vers moi.
— Je considère ton silence comme une réponse positive. J’ai hâte que cette journée se termine, conclut-il, ses lèvres commençant à mordre doucement les miennes en un geste plus que suggestif.
Je laisse sa main glisser une mèche de cheveux derrière mon oreille, comme chaque fois qu’il se fait plus sérieux.
— Toi aussi, tu me rends heureux.
Et la douceur de ses mots suffit à elle seule à me combler totalement. Il se redresse promptement, un éclat malicieux dans le regard, et fort heureusement, je me suis habituée à ses voltes-faces, depuis.
— Allez ! En route, cow-boy !
*
* *
Table des matières
- Prologue Env. 2 pages / 389 mots
- Chapitre 1 Env. 19 pages / 6383 mots
- Chapitre 2 Env. 13 pages / 4260 mots
- Chapitre 3 Env. 22 pages / 7208 mots
- Chapitre 4 Env. 19 pages / 6181 mots
- Chapitre 5 Env. 31 pages / 10348 mots
- Chapitre 6 Env. 17 pages / 5879 mots
- Chapitre 7 Env. 20 pages / 6723 mots
- Chapitre 8 Env. 26 pages / 8616 mots
- Chapitre 9 Env. 15 pages / 5159 mots
- Chapitre 10 Env. 15 pages / 4771 mots
- Chapitre 11 Env. 13 pages / 4259 mots
- Chapitre 12 Env. 21 pages / 7061 mots
- Chapitre 13 Env. 27 pages / 9015 mots
- Chapitre 14 Env. 14 pages / 4743 mots
- Chapitre 15 Env. 21 pages / 6913 mots
- Chapitre 16 Env. 16 pages / 5072 mots
- Chapitre 17 Env. 14 pages / 4600 mots
- Chapitre 18 Env. 16 pages / 5161 mots
- Chapitre 19 Env. 16 pages / 5224 mots
- Chapitre 20 Env. 21 pages / 7118 mots
- Chapitre 21 Env. 21 pages / 7094 mots
- Chapitre 22 Env. 18 pages / 6091 mots
- Chapitre 23 Env. 15 pages / 4981 mots
- Chapitre 24 Env. 21 pages / 6845 mots
- Chapitre 25 Env. 13 pages / 4247 mots
- Chapitre 26 Env. 14 pages / 4478 mots
- Chapitre 27 Env. 16 pages / 5253 mots
- Chapitre 28 Env. 19 pages / 6055 mots
- Chapitre 29 Env. 18 pages / 5869 mots
- Chapitre 30 Env. 16 pages / 5111 mots
- Chapitre 31 Env. 24 pages / 8116 mots
- Chapitre 32 Env. 18 pages / 6148 mots
- Chapitre 33 Env. 17 pages / 5492 mots
- Chapitre 34 Env. 24 pages / 8234 mots
- Chapitre 35 Env. 22 pages / 7498 mots
- Chapitre 36 Env. 16 pages / 5169 mots
- Chapitre 37 Env. 15 pages / 4977 mots
- Chapitre 38 Env. 17 pages / 5461 mots
- Chapitre 39 Env. 19 pages / 6272 mots
- Chapitre 40 Env. 18 pages / 6031 mots
- Chapitre 41 Env. 25 pages / 8315 mots
- Chapitre 42 Env. 19 pages / 6024 mots
- Chapitre 43 Env. 18 pages / 5857 mots
- Chapitre 44 Env. 19 pages / 6296 mots
- Chapitre 45 Env. 21 pages / 6836 mots
- Chapitre 46 Env. 23 pages / 7650 mots
- Chapitre 47 Env. 15 pages / 5058 mots
- Épilogue Env. 5 pages / 1462 mots
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