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L'ombre d'une autre
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication sur Atramenta : 11 janvier 2017 à 11h50
- Dernière modification : 21 septembre 2018 à 11h03
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- Longueur : Environ 860 pages / 292 003 mots
- Lecteurs : 3 250 lectures + 1 248 téléchargements
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L'ombre d'une autre
Chapitre 42
Je comprenais pourquoi Mark voyageait toujours en Business : sa longueur de jambes dans un endroit aussi exigu. Un problème qui m’était inconnu. Les hôtesses étaient aux petits soins, peut-être trop à mon goût. Surtout Sally, d’après son badge. Elle se montrait particulièrement dévouée et attentive envers Mark, alors que je restais totalement transparente. Peut-être pensait-elle que nous étions en voyage d’affaires. Mark avait revêtu un costume sombre mettant toujours autant en avant sa carrure et la couleur ambre de ses yeux. Quant à moi, j’avais opté pour une tenue causale. Un changement vestimentaire qui avait tout à envier à mes tenues de randonneur. Aujourd’hui, je me sentais joliment mise en valeur par mon chemisier cintré et ce pantalon slim. Perchée sur mes escarpins à talons, l’ensemble me ravissait. Souligné également par la remarque flatteuse de Mark lorsque je l’avais rejoint dans la cuisine. Je me réjouissais de notre séjour, même si je me sentais épuisée. Étrangement, le papillonnage de Sally m’ôta toute fatigue. Peut-être imaginait-elle que j’accompagnais mon patron, ce qui n’était pas tout à fait faux, et qu’en bonne assistante que j’étais, je ne verrais pas d’objection à rester à ma place tandis qu’elle le draguait ouvertement. J’attendis que Sally revienne vers nous pour attraper Mark par la nuque et l’embrasser. Il comprit mon geste et s’en amusa. Il répondit malgré tout à mon baiser, tout en lançant un regard faussement désolé vers Sally qui fit demi-tour de façon plutôt surprenante.
— Eh bien ! Mademoiselle Lookwood, serait-on jalouse par hasard ? chuchota-t-il.
— On aurait dit une mouche autour d’un verre de vinaigre ! marmonnai-je tandis que Mark m’adressa un sourire rayonnant.
L’avion atterrit avec quelques minutes d’avance. Nous suivîmes le flot de voyageurs et nous nous dirigeâmes vers la station de taxis. En attendant notre tour, Mark répondait à plusieurs messages reçus pendant notre vol. Je fus surprise d’entendre mon portable sonner.
— Suzy ! m’écriai-je en reconnaissant son numéro. Tu es où ?
— Dans ma petite-culotte, ma chérie ! Je suis dans un de ces foutus aéroports du pays. J’en profite pour te passer un petit coup de fil, après, je serai aux abonnés absents.
— C’est incroyable ! Je suis dans un aéroport également. À San Francisco, avec Mark.
— Veinarde. Toujours le grand amour ?
— Plus que tu l’imagines, déclarai-je sur un petit nuage.
— Je dois te laisser, mais on se voit bientôt.
— Comment veux-tu que l’on se voie, toujours entre deux avions ? répondis-je déçue.
— Promit, ma chérie, la prochaine fois que je prends l’avion, c’est pour te voir.
Nous raccrochâmes et je me sentis soudainement mélancolique. Lorsque je relevai les yeux, Mark m’observait, une expression énigmatique sur le visage.
— Suzy me manque, parvins-je à articuler.
— Pourquoi ne lui dis-tu pas ?
— Elle n’est plus joignable de la journée. Et je ne sais même pas où elle se trouve.
— C’est vrai, ça. Pourquoi t’es pas foutu de me le dire ? répliqua une voix dans mon dos que je ne connaissais que trop bien.
Je me retournai, beaucoup trop surprise pour émettre le moindre son. Suzy se tenait devant moi, les bras tendus.
— Bah alors. On ne dit plus bonjour à ses amies maintenant ?
Mon regard alternait de Mark à Suzy. Cette dernière était aux anges, et Mark m’observait avec tellement de tendresse que je ne sus dans quels bras me jeter. Je choisis dans un premier temps ceux de Suzy et l’étreignis avec chaleur. Puis, je me retournai vers Mark, et passais mes mains sous sa veste pour mieux le sentir et le prendre dans mes bras.
— Merci pour tout, murmurai-je les lèvres dans son cou.
— Si je veux te garder auprès de moi le plus longtemps possible, je dois aussi te faire quitter le ranch, jolie nymphe.
Il avait tout prévu. Depuis le début. Il avait pris la peine de contacter Suzy, et d’organiser une rencontre. Rien que pour moi. J’essuyai mes yeux avant de perdre totalement le contrôle de mes émotions. Enfin, Mark et Suzy se saluèrent, cette dernière avec un regard admiratif et nous échangeâmes quelques mots.
Mark me rejoindrait à l’hôtel dans la soirée, et nous reprendrions un vol le lendemain. En attendant, je profitai de Suzy pour la journée. J’embrassai Mark avant de nous diriger vers un taxi.
— Putain, tu ne m’avais pas dit qu’il ressemblait à un dieu grec !
— Suzy ! Tu ne peux pas être plus discrète.
Je me retournai pour voir un sourire franc sur les lèvres de Mark. Il était encore à portée d’oreilles et l’inhibition de Suzy n’avait pas gagné un gramme de souplesse.
Nous montâmes en taxi et je jetai un dernier regard vers Mark qui nous observait toujours. Il m’adressa un signe discret avant de tourner les talons pour rejoindre l’endroit où un de ses collaborateurs viendrait le chercher. Je regardai sa haute silhouette se perdre parmi les voyageurs, sentant un petit pincement au cœur de le voir ainsi s’éloigner.
— T’es accro, ma chérie, m’apostropha Suzy, les yeux légèrement plissés.
— Je le crois bien…
Ooooh, oui. Indiscutablement.
Je n’avais pas l’impression d’être heureuse. Je l’étais. Suzy passa son bras sous le mien, et nous babillâmes sur des sujets légers, comme si l’on s’était quittées la veille. Tout était simple avec Suzy. Pas de fard, juste le naturel. Dès que j’avais tenté d’aborder le sujet Melinda, Suzy avait brandi son droit de veto. Je soupçonnai Mark d’y être pour quelque chose, et je notai de le remercier plus tard. J’avais besoin de faire un break, et Mark l’avait compris. Une longueur d’avance, comme toujours.
Je troquai mes talons - choix loin d’être judicieux pour arpenter une ville telle que San Francisco - contre des ballerines. Nous venions d’écumer un certain nombre de boutiques, riant de tout, insouciantes des regards incrédules. Peu nous importait. Je rentrai à l’hôtel, chargée de sacs, rayonnante de bonheur. Je ressentis une petite contraction à la poitrine lorsque Suzy s’engouffra dans un taxi pour rejoindre l’aéroport.
Je regagnai la chambre, et en appréciai le raffinement ainsi que son silence reposant après cette journée effervescence. La nuit était tombée, et je pouvais observer derrière les vitres, la vue panoramique sur la baie et le Bay Bridge. J’adorais cette ville tout en étant légèrement déçue de ne pas avoir vu le Golden Gate, une fois de plus, enveloppé d’un épais brouillard, comme un voile de mystère qui le rendait d’autant plus fascinant.
Mark ne tarderait pas à rentrer et je me dépêchai de passer sous la douche pour enfiler la petite robe blanche que j’avais achetée l’après-midi. Un coup de cœur. Tombant au-dessus du genou dans un tissu très aérien, elle se fermait par deux nœuds sur chaque épaule. Le pendentif de Mark prenait sa place naturellement à la naissance de ma poitrine et je ne pus m’empêcher de le toucher. Je lançais un dernier regard dans le miroir, satisfaite du résultat. Dans l’intervalle, Mark était rentré et téléphonait, face à la baie vitrée. Lorsqu’il se retourna en m’entendant sortir de la salle de bain, nous restions un moment à nous regarder. Il dégageait un magnétisme qui parvenait encore à m’intimider, une autorité dont il jouait allègrement. Et j’aimais. Plus que jamais. Sans me quitter des yeux, il s’avança vers moi et s’adressa à son interlocuteur sur un ton sans appel.
— Je dois vous laisser, une urgence.
Il raccrocha et lança son téléphone sur le lit avant de passer doucement ses mains autour de ma taille et m’attirer à lui, ses lèvres caressant les miennes.
— Vous êtes ravissante, Mademoiselle.
— Simplement ravissante ? répliquai-je faussement indignée.
Ses mains descendirent le long de ma taille, suivirent mes cuisses, puis s’aventurèrent sous ma robe. Je ris de son geste tandis que ses doigts remontaient, maintenant lentement, et atteignirent le haut de mes bas. Ils s’aventurèrent toujours plus haut et stoppèrent leur progression, visiblement surpris de ne pas découvrir ce qui aurait dû se trouver à cette place. Mark recula la tête pour planter ses yeux dans les miens, les sourcils arqués de plaisir.
— N’auriez-vous pas oublié quelque chose, Mademoiselle Lookwood ?
— Un oubli tout à fait volontaire, cher Monsieur. Il est hors de question que la jolie lingerie que j’ai achetée cet après-midi termine son existence comme celle d’hier.
Je l’attrapai par la cravate, enroulant mon poing autour pour l’attirer à moi et l’embrasser sans lui laisser le temps de répondre. Mark se plaqua un peu plus contre moi, étouffant un grognement de plaisir. Tout aussi soudainement que je l’avais attiré, je le repoussai doucement et me dirigeai vers la porte. Amusée, je lui lançai un regard de défi tout à fait éloquent.
— Une table nous attend au restaurant. On descend ? J’ai faim !
— Et moi, donc ? marmonna-t-il, les yeux assombris par le désir. Je ne pensais pas qu’une robe virginale comme celle-ci pouvait abriter un être aussi démoniaque. Tu ne perds rien pour attendre, diablesse, chuchota-t-il dans mon cou.
Des milliers de papillons à l’estomac et un léger frisson accompagnèrent mon sourire. Je me retins de faire demi-tour et entraîner Mark, oubliant le repas. De voir que je provoquais autant de désir chez Mark était comme un catalyseur. Je le désirais encore plus. Je désirais aussi lui donner. Toujours plus. Mark referma la porte sans savoir que moins d’une heure plus tard, celle-ci subirait le même sort, sans que nous ayons pris un dessert, le second nœud de ma robe tombant de mes épaules au moment où la porte se refermait. Nos lèvres, nos mains, notre désir précipitaient la soirée vers un monde inconnu, en nous faisant basculer dans une réalité créée uniquement pour nous deux, le reste n’existant plus.
— J’ai un nom, les enfants.
Dexter. Un coup puissant en pleine poitrine. Neuf jours venaient de s’écouler depuis notre dernier appel. Tous les jours d’attente étaient devenus des jours d’angoisse, se transformant en véritable cauchemar. Je me sentais anxieuse, nerveuse, impatiente et terrifiée. Les expéditions avec l’équipe n’étaient pas parvenues à chasser mes inquiétudes. Bien au contraire. Plus je passais de temps dans les montagnes et plus mon état de stress s’amplifiait. Seuls les moments avec Mark m’apaisaient, même si mes cauchemars avaient réapparus. Mes nuits étaient hantées par les mêmes images, une course dans les bois, terrifiante, une nuit noire, sans fin. Des nuits qui me plongeaient et me faisaient revivre les mêmes émotions, la peur, la paralysie, puis cette énergie déployée à vouloir quitter l’enfer. Mais c’est surtout ce cri qui résonnait à mes oreilles la nuit, et qui le jour m’obsédait. Cette voix que je ne connaissais pas, mais qui m’était si familière et sur laquelle je pouvais enfin mettre, non seulement, un nom, mais également un visage. Mark s’inquiétait de me voir réagir si intensément et je tentais de le rassurer. Cela me permettait de me rassurer aussi. Et maintenant, Dex, qui d’ici une poignée de secondes nous communiquerait un nom. Celui que je recherchais depuis un peu plus de deux mois, mais que Mark attendait depuis vingt ans. J’avais beau faire les cent pas dans le bureau, rien ne parvint à dominer mes angoisses.
— La personne qui avait loué la voiture est une certaine Emily Brown.
Je calmai les battements de mon cœur, et repris doucement le contrôle de ma respiration. J’aurais aimé disparaître, fuir cette réalité, mais je ne le pouvais pas. La voix de Mark m’obligeât à faire face, et je m’accrochai à elle comme à une bouée de sauvetage, car si je lâchai maintenant, je me perdrais. J’approchais dangereusement de mes limites.
— Que peux-tu nous dire de plus ?
Mark était tendu, dans les mouvements de son corps, le timbre de sa voix. Tout comme je perçus le moment d’hésitation de Dex avant de nous répondre.
— Je n’ai pas de bonnes nouvelles les enfants.
— On t’écoute, Dex.
— Emily Brown est née le 2 octobre 1962 à Charleston dans l’état de Caroline du Sud. Elle aurait eu cinquante et un ans cet automne.
— Aurait ? releva Mark.
— Elle est morte il y a une dizaine d’années. Je suis désolé…
Mes jambes se dérobèrent et Mark m’obligea à m’asseoir.
— Ça va ? chuchota-t-il inquiet.
J’acquiesçai, tout en serrant les poings.
Non, ça n’allait pas !
Mais je me tus. La seule personne qui aurait pu nous donner des réponses était morte, emportant avec elle tous nos espoirs.
— J’y croyais tellement, Mark…
S’ensuivit un silence qui en dit long sur les pensées des deux hommes. Bien sûr qu’ils raisonnaient comme moi. Mais l’exprimer reviendrait à admettre que l’on n’apprendrait jamais la vérité. Et Mark n’était pas prêt à renoncer, ce que me confirma son silence. Je m’excusai auprès des deux hommes, invitant Dex à poursuivre.
— Emily Moore est née de Katherine et Philippe Moore. Fille unique. Elle a fréquenté une école privée, et diplômée en lettres à l’âge de 22 ans. À 24 ans, elle épousera un certain David Brown. Ils auront deux filles. Emily n’a jamais travaillé, ses parents ayant fait fortune dans l’importation de textile ont fait en sorte que la famille ne manque de rien. En gros, Emily et son mari se sont vus offrir le package maison et gardien à Charleston en Virginie. Apparemment, le mari n’a jamais renoncé à sa vocation de professeur de littérature à l’université de Charleston. Ils sont toujours restés sur la côte Est.
— De quoi est-elle morte ? questionnai-je.
— C’est là que c’est un peu flou. Officiellement, « suite à une longue maladie ».
— Officiellement ? répéta Mark.
— Oui, car figure toi, que j’ai eu beau chercher dans tous les systèmes et tous les dossiers possibles et imaginables, je n’ai pas retrouvé un seul document mentionnant la maladie de la petite dame. Rien ! Juste un certificat de décès.
— Ça prouve qu’elle est morte, non ?
— Des comme ça, Sam, je peux t’en fournir en veux-tu en voilà.
— Tu veux dire que c’est un faux ?
— Non, mais ça ne tient pas la route.
J’assimilai les informations de Dex et fis confiance en son instinct. Une malade sans dossier médical, mais un acte de décès tout ce qu’il y a de plus authentique.
— Quoi d’autre, Dex.
— Eh bien, on peut dire que la famille a été décimée en un rien de temps. Deux ans avant sa mort, Emily perdait son père d’un arrêt cardiaque. Puis six mois plus tard, ses filles disparaissaient. Le 15 avril 1996.
— Oh mon Dieu !
Je portai ma main contre ma bouche, choquée, et ressentis une vague de compassion. Cependant, je regardai Mark dont le visage s’était sensiblement crispé. Le 15 avril, deux jours avant que l’on se fasse enlever. Les dates se rapprochaient trop pour être une coïncidence.
— Ouais, concéda Dex. C’est moche…
— Que s’est-il passé ? questionna Mark.
— Apparemment, les fillettes auraient péri dans un accident de voiture. La mère était avec elles, mais là encore, tout reste flou. Je n’ai rien trouvé. Pas d’articles de journaux, pas d’archives. Simplement un avis de décès très sommaire publié dans un petit journal de la ville où Emily et sa famille habitaient. Mais rien sur l’endroit exact de l’accident.
— Et le mari ?
— Il n’était pas avec elles au moment de l’accident. Il donnait ses cours à l’université de Charleston. Tiens, c’est bizarre. Il est resté dans leur maison. Je pensais qu’il déménagerait vu les circonstances.
— Pourquoi ? demandai-je.
— Parce que s’il devait arriver quoi que ce soit à ma femme et mes gosses, je ne pourrais pas vivre dans ma maison. Je deviendrai fou.
Mon cœur se serra, et je chassai immédiatement les images horribles qui m’apparurent. Je levai les yeux vers Mark, dont le regard s’était ostensiblement durci.
— Je te demande pardon, Dex, m’excusai-je maladroitement.
— Pas de soucis. À partir du moment où tu as des enfants, tu ne vis que par et pour eux.
— Et le père, enchaîna Mark. Habite-t-il toujours au même endroit ?
— Il y est resté un moment, mais il a finalement déménagé quelques années plus tard. Pas très loin à vrai dire. Toujours en Caroline du Sud. Il a repris un poste, cette fois-ci, à l’université de Columbia. Il ne s’est jamais remarié. Franchement, rien qui puisse nous intéresser.
Je ressentis, là encore, une grande tristesse pour cet homme. Il avait tout perdu. Sa femme, ses enfants, sa maison. Il ne lui restait que ses souvenirs.
— D’accord, Dex. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur les parents ?
— Grosse fortune. Très grosse, même. L’arrière-grand-père a trouvé le bon filon avec le commerce du textile de luxe, un peu à la John Jacob Astor, mais pas aussi riche. Les enfants, les petits enfants ont fait prospérer l’affaire familiale, qui aujourd’hui, pèse plusieurs millions.
— Je comprends mieux pourquoi il y a autant de secrets autour des membres de la famille, commenta Mark.
— C’est pas faux. Le mari, Philippe Moore est décédé six mois avant sa fille.
— Et c’est sa femme qui a repris les rênes de l’entreprise.
— C’est là que tu te trompes, Mark.
Je levai les yeux, surprise, attendant la suite.
— Madame n’a jamais repris les rênes.
— Comment cela ? demandai-je étonnée.
— Tout simplement parce qu’elle ne les a jamais lâchés, répliqua Mark.
— Exactement champion ! s’exclama Dex. L’arrière-grand-père qui a fait fortune n’était pas celui de monsieur, mais de madame, termina Dex triomphalement.
Et il pouvait l’être. Il avait découvert plus d’informations en une semaine que nous en deux mois.
— Quel est le nom de l’arrière-grand-père ?
J’entendis le cliquetis du clavier avant que Dex réponde.
— Herold. Gabriel Herold.
Je le remerciai tout en notant le nom avant que Mark reprenne.
— Où peut-on trouver Katherine Moore ?
— Vous n’allez pas le croire les enfants. En Louisiane. Oui, petite précision. Le gendre et les beaux-parents ont pour ainsi dire quitté la ville de Charleston au même moment, il y a deux ans. Un peu comme si plus rien ne les y retenait.
— Notre théorie sur le riche client de Louisiane et la création de son association lors de ma disparition ne tient plus la route si les parents étaient domiciliés en Virginie.
— Détrompe-toi, Sam. Le domicile fiscal des parents s’est toujours trouvé en Louisiane. Jamais en Virginie. C’était uniquement une résidence secondaire. Une belle bête tout de même de quinze pièces et plusieurs hectares. Dernier détail, ajouta Dex. J’ai pu retracer la liste des clients de la boutique vendant vos châles. Et deviner quoi ?
— J’imagine que Katherine Moore faisait partie des meilleures clientes.
— Absolument, Sam, ce qui, j’imagine à mon tour, ne vous étonne pas.
— Effectivement, concéda Mark.
— Bon, je me penche sur vos listes maintenant les enfants.
Je retins ma respiration un moment. Encore et toujours la Louisiane. Tout tournait autour de cet État. Les fils suspendus étaient plus que présents, mais je ne parvenais pas à les relier. Nous remerciâmes Dex avant de raccrocher. Je restais silencieuse, assimilant notre conversation. Je ne réussissais pas à me concentrer. Tout était flou, tout s’amalgamait en une masse compacte, indistincte. Je sentis poindre un mal de tête et me massai les tempes. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus. Une simple disparition, la mienne, s’était transformée en enlèvement impliquant une grande fortune de la côte Est qui s’évertuait par tous les moyens à dissimuler son histoire et probablement la mort d’une autre fillette. Je me levai, interdite. La pièce se mit à tourner, de plus en plus vite jusqu’à ce qu’un voile se pose devant mes yeux. Je n’avais plus aucun repère, les membres lourds et cette sensation de chaleur dans le corps, désagréable et oppressante. La seule image qui resta gravée avant le noir le plus total fut Mark se précipitant vers moi.
Lorsque je repris mes esprits, je me trouvais toujours dans le bureau, allongée sur le canapé. Je tentai de rassembler les cinq dernières minutes passées. L’appel de Dex, son rapport sur ses découvertes et puis mon évanouissement. Cette fois, je ne protestai pas. J’étais bel et bien tombé dans les pommes ! Et le visage inquiet de Mark ne me rassurait pas vraiment. Il changea cependant d’attitude lorsqu’il me vit ouvrir un œil. Le téléphone collé à l’oreille, il passa sa main sur mon front, dégageant mes cheveux. Je l’entendis parler, indistinctement. Mais que faisait-il ? Jusqu’à ce que je percute enfin lorsqu’il annonça à son interlocuteur que nous serions là dans dix minutes.
— Je vais bien, Mark, déclarai-je engourdie. Pas besoin d’aller voir un médecin…
— Ce n’est sûrement pas à toi de déterminer si tu vas bien ou pas !
Sa voix était tendue, plutôt inquiète.
— Ce n’est qu’un petit malaise de rien du tout.
— Ce n’est pas rien lorsque tu t’évanouis dans mes bras, trancha-t-il.
— D’accord…
De toute façon, je n’arriverai pas à le convaincre du contraire. Comme il venait de le souligner si justement, je m’étais évanouie. Je ressentais une fatigue extrême, un manque d’appétit plutôt flagrant et tout ceci n’était pas anodin. J’avais beau mettre tous ces symptômes sur le compte du stress, celui-ci n’expliquait pas tout.
— Sors de là, Mark ! imposa le docteur Morisson. Tu vas faire peur à tous mes patients ! On dirait un lion en cage.
Le cabinet du docteur ressemblait à tout sauf à un cabinet médical. La salle d’attente avait des allures de garderies et la salle d’examen celle d’une galerie d’art. Des tableaux ornaient les murs. Certains représentaient comme des filaments de toutes les couleurs. D’autres ressemblaient à une constellation, mais il ne pouvait s’agir de cela. C’était simplement beau. Je ne parvenais pas à déterminer ce qui était représenté lorsque le docteur surprit mon regard.
— Des agrandissements de cultures microscopiques. Sur celui-ci, vous avez le virus de la grippe. Et celui-ci, une simple algue unicellulaire microscopique de 200 microns.
Je restai ébahie devant les clichés.
— C’est magnifique. Magnifique et terrifiant à la fois.
Le docteur m’invita à m’asseoir tandis qu’il se tourna vers Mark, resté dans la salle d’attente. Je lui adressai un petit signe de la main lorsque le docteur referma la porte du cabinet pour la rouvrir aussitôt.
— Et ne reviens pas toutes les cinq minutes. Sam est une nouvelle patiente, enfin, pas tout à fait. Mais je dois remplir son dossier et parcourir ses antécédents. On en a pour une bonne heure.
Une heure ! Pour un simple évanouissement. Visiblement, la remarque rassura Mark, qui s’était enfin arrêté à faire les cent pas dans la salle d’attente qui parut minuscule par sa présence et sa large carrure. Je me retrouvai en tête à tête avec le docteur Morisson et immédiatement à l’aise. Il dégageait une aura rassurante, ce qui était un avantage pour un médecin, mais surtout, on commençait à se connaître tous les deux.
— Alors. Racontez-moi, Sam.
— Comme Mark a dû vous le dire dix fois, j’ai eu un évanouissement.
— Trente fois.
— Pardon ?
— S’il ne me l’a pas dit trente fois, il ne l’a pas dit une fois. Et si je l’écoutais, vous seriez déjà à l’hôpital pour toute une batterie d’examen.
Je le remerciai et lui adressai un sourire reconnaissant.
— Mark est très inquiet pour vous, Sam.
— Vous êtes bien placé pour savoir que Mark s’inquiète toujours pour moi, docteur. Et pas seulement moi.
— Oui, et il a de bonnes raisons. Je suis d’accord avec lui, on ne s’évanouit pas comme ça, sans motif particulier.
— J’ai subi beaucoup de stress depuis deux mois.
— Je suis au courant.
Je le regardai, étonnée.
— Mark m’a expliqué toute la situation. De votre disparition à l’enlèvement de Melinda. C’est un facteur de stress suffisant pour porter préjudice à votre santé.
— Il vous a tout expliqué !? En cinq minutes ?
— Vous êtes restée sans connaissance pendant plus de vingt minutes, me répondit-il posément.
Je restai muette de stupeur
— C’est beaucoup pour un évanouissement. Beaucoup trop. Vous comprenez ?
Pas vraiment, non.
Mais j’acquiesçai puisqu’apparemment pour un médecin, vingt minutes étaient un laps de temps beaucoup trop long.
— Mark m’a également confié votre dossier médical, déclara-t-il en tapotant ledit dossier que je ne connaissais que trop bien.
Enfin, de vue seulement. Je n’avais pas eu le courage ou l’envie de le compulser depuis que je l’avais en ma possession.
— Depuis combien de temps n’êtes vous pas allée chez un médecin pour un contrôle général ?
— Alors là, aucune idée ! Et mon amnésie rétrograde n’a rien à voir là-dedans.
— Nous allons remédier à cela dans ce cas.
Tout en me posant des questions sur mes antécédents, le docteur en notait les réponses et lisait mon dossier simultanément. Je montai sur la balance et grimaçai devant les chiffres. J’avais perdu du poids. Je répondais aux questions le plus précisément et naturellement possible. Maladies dans la famille, troubles divers, malformations, date de mes dernières règles, avais-je toujours des maux de tête, souffrais-je d’allergies quelconques…
— Voilà, c’est terminé, annonça le docteur.
J’appuyai avec l’index sur le petit morceau de gaze posée à l’endroit où il avait effectué la prise de sang. Je ne ressentis aucune gêne lorsqu’il m’emmena dans la salle de consultation attenante à son cabinet où je me retrouvais nu comme un vers, uniquement couverte d’une tunique médicale. L’examen terminé, je rejoignis le docteur Morisson déjà installé derrière son bureau à noter les résultats. J’agrafai distraitement le dernier bouton de mon chemisier tout en prenant place sur ma chaise.
— Eh bien ! félicitations, Sam, vous êtes enceinte.
Tout s’arrêta. Mon corps, mon esprit restèrent en suspens, déroutés. Les mots que je venais d’entendre m’étaient étrangers, ils n’avaient jamais fait partie intégrante de ma vie. Ou, une seule et unique fois, et celle-ci fut particulièrement traumatisante. Je l’avais alors placée dans un petit coin de ma tête. Je tentai de mettre un nom sur ce que les mots du docteur signifiaient et provoquaient chez moi. Je mis un moment avant d’intégrer ses paroles. C’était étrange comme sensation. Mon cerveau oscillait entre vide et incompréhension, ne sachant qu’en penser. Une seconde entière d’un blanc absolu. Il se retrouvait désarçonné, comme je l’étais. Jusqu’à ce qu’il analyse.
— C’est impossible ! Vous devez vous tromper !
Je me sentis terrifiée, d’un coup, sans que je puisse contrôler quoi que ce soit. Une panique réelle. Elle dut se refléter sur mon visage, car celui du docteur se modifia instantanément et je le vis froncer les sourcils.
— Cela n’a pas l’air de vous réjouir effectivement.
— Ce n’est pas possible ! Vous comprenez ! Je ne peux pas être enceinte, répétai-je la voix tendue, en proie à la panique.
— Écoutez, Sam. Je veux bien avoir un doute sur le nombre de semaines d’aménorrhées. La date de vos dernières règles n’est pas cohérente. Mais je peux vous assurer que vous êtes bel et bien enceinte. Les résultats de la prise de sang nous le confirmeront. Ils nous diront avec exactitude depuis combien de temps. Ils sont un peu débordés au laboratoire et nous aurons les résultats dans une dizaine de jours, pas avant. De plus, vous êtes jeune, en pleine santé et sexuellement active. Désolé de vous dire que toutes les conditions sont réunies.
J’essayai de réfléchir, de repenser aux événements passés. De nos moments avec Mark. Je portai une main à ma bouche, me souvenant de ses paroles dix jours plus tôt, « la femme à qui je fais l’amour tous les jours ». Mon Dieu ! Mark m’avait donné la réponse. La dernière fois que j’avais eu un cycle, je venais juste d’arriver au ranch. Mon changement d’expression ne passa pas inaperçu. J’attrapai le petit calendrier sur le bureau et me mis à compter. S’il y a bien d’un jour dont je me souviendrais ma vie entière était mon arrivée au ranch.
— Mes dernières règles datent d’il y a un peu plus de deux mois, déclarai-je d’une voix neutre.
Tellement d’événements s’étaient déroulés depuis ma venue dans le Montana, que j’en avais oublié certains aspects d’une réalité pourtant bien présente.
— Ce qui nous rapproche de mes premiers calculs. Je dirais que vous êtes enceinte d’environ sept semaines. Utilisez-vous un moyen de contraception ?
— Oui… non. Je n’ai pas eu de relation depuis mon dernier conjoint il y a deux ans, alors je n’ai pas jugé utile de continuer à prendre la pilule… Et avec Mark, nous avons bien fait attention, mais…
ma voix s’éteignit. Mark… tous les moments intimes que nous avions partagés, avec passion, avec déraison, avec fougue. Des moments de plaisirs éphémères, mais si intenses. Le premier soir, nous avions pris nos précautions. La seconde fois, près de l’orme, tout était arrivé très vite… la troisième fois, avec prudence, la quatrième… ? Dans la voiture où tout n’était que passion… et les autres fois… Je baissai le regard, je ne parvenais plus à penser, à réfléchir et le docteur compléta pour moi.
— Et, pris dans la précipitation… Je comprends. J’ai été jeune et amoureux avant vous.
— Mais votre femme n’est certainement pas tombée enceinte au premier essai, enfin au second, marmonnai-je. Je m’excusai immédiatement.
Je m’en prenais à lui alors que j’étais la seule responsable. Comment avais-je pu être si légère, si insouciante, si inconsciente ?
— Certes non. Cependant, une fois suffit pour tomber enceinte. Avez-vous un gynécologue ?
Je secouai la tête par la négative.
— Dans ce cas, je vais vous communiquer l’adresse d’un confrère.
— Pourquoi ? Tant que je suis ici, vous ne pouvez pas me suivre ?
— Je préfère vous diriger vers un spécialiste.
Je le regardai sans comprendre.
— Votre perte de poids et vos vomissements m’inquiètent. Ce sont des symptômes classiques pour une grossesse, mais je crains qu’ils soient plus importants que je le pense.
Inconsciemment, je posai une main sur mon ventre, comme pour le protéger, et réalisai soudainement :
— Mon Dieu ! C’est dangereux pour le bébé ? Je devrais grossir et non maigrir !
— Cessez donc de vous inquiéter vous aussi. Je veux juste être prudent. Vous n’avez pas la carrure d’un joueur de football, alors, j’agis en conséquence. Le fœtus se nourrit des nutriments énergétiques, protides, lipides, glucides, qui passent dans votre sang. Le bébé prend uniquement ce dont il a besoin. Pour le moment, ce n’est pas lui qui m’inquiète, mais vous.
— Vous êtes sûr ?
— Certain.
Le docteur me tendit une ordonnance.
— Cela ne signifie pas que vous devez manger pour deux. Ce n’est qu’une idée reçue de nos chères grand-mères. Passez dès que possible à la pharmacie. Charlène doit en avoir en stock, je pense.
— Je ne peux pas.
— Pardon !?
— Si je passe à la pharmacie avec cette ordonnance, la ville sera au courant de ma grossesse dans le quart d’heure qui suit.
Le docteur esquissa un sourire, puis se leva et revint quelques instants plus tard, une boîte de comprimés entre les doigts et ma la tendit
— J’ai toujours un peu de réserve pour les urgences, me rassura-t-il. Cela stoppera vos vomissements et vous redonnera un peu d’appétit. Il vous faut absolument du repos. J’en parlerai à Mark.
— N’en parlez pas à Mark, s’il vous plaît !
Ma voix frôla la panique. Le docteur arqua les sourcils, surprit par ma réaction.
— D’accord. C’est votre choix.
Je mesurai mon timbre de voix et repris.
— Mark a divorcé pour cette raison, annonçai-je sans préambule.
Le docteur redressa la tête, attentif. Je poursuivis.
— Rachel désirait avoir des enfants. Mark, non. Ils ont divorcé.
— J’admets que leur séparation a été un mystère pour bon nombre d’entre nous. Sans vous manquer de respect, Sam, mais ces deux-là s’entendaient à merveille.
— Et c’est toujours le cas. Qu’est-ce que je dois faire, docteur ? demandai-je totalement désorientée.
— Je n’ai pas à vous dire ce que vous devez ou ne devez pas faire. Mais parlez à Mark, il a le droit de savoir. Ne tardez pas, plus vous hésiterez, plus il sera difficile d’avouer la vérité. Il me désigna mon dossier médical du menton. Et vous êtes bien placée pour savoir que rien ne se fonde sur des mensonges et des non-dits, Sam.
Je hochai la tête et acquiesçai, mais en l’état, je n’avais aucune solution. Rien qui pourrait nous sortir de cette situation impossible. J’attendais un enfant, et paradoxalement, il représentait le seul lien assez fort entre Mark et moi ayant le pouvoir de nous séparer. J’avais des choix à faire, mais à cet instant précis je n’avais aucune idée de ce dont étaient composés ces choix. Lorsque le docteur ouvrit la porte du cabinet, je pus voir Mark, appuyé contre le mur, les mains dans les poches, les yeux rivés sur le sol. Son visage reflétait une réelle inquiétude et mon cœur se serra, et je détestais voir cette expression. Qui étais-je pour lui imposer un enfant, lui imposer une vie qu’il ne souhaitait pas ? Je sentis les larmes monter. Mark surprit mon désarroi et l’interpréta de façon erronée. En deux enjambées, il se retrouva devant moi et me prit dans ses bras.
— Que se passe-t-il, Samuelle ?
Je lançai un regard implorant au docteur. Si j’ouvrais la bouche, je m’écroulais.
— Ce n’est rien, Mark, répondit ce dernier. Sam a subi beaucoup de stress.
— Mais est-ce qu’elle souffre de quelque chose ?
— Juste un petit microbe. Tenace, mais absolument inoffensif.
Je réprimai un timide sourire. Un petit microbe, mon petit microbe. Je remerciai silencieusement le docteur.
— Mais il lui faut impérativement du repos. Le stress des dernières semaines commence à se faire ressentir se traduisant par des nausées qui entraînent une perte d’appétit et par conséquent, de poids, ce qui l’a fort fragilisée physiquement. Je vous le répète tous les deux. Du repos ! Hors de question de repartir dans les montagnes dans votre état, Sam !
— Tu peux me faire confiance là-dessus. Je ne la laisserai pas quitter le ranch.
— Mark ! protestai-je. Je suis seulement… fatiguée. Rien qu’un petit microbe. Je ne vais pas rester cloîtrée au ranch.
— Si !
— Mark, intervint le docteur, Sam a raison. Elle a simplement atteint un niveau de fatigue élevé. Cela ne signifie pas que tu doives l’enfermer la journée. D’ailleurs, je le déconseille vivement. Elle doit sortir, mais pas escalader des montagnes. Sam doit reprendre du poids et la première chose pour l’y aider est le repos associé à une alimentation saine et équilibrée.
— D’accord, concéda ce dernier visiblement à contrecœur. Merci David.
Les deux hommes se serrèrent la main et j’imitai Mark. Le docteur accentua la pression de sa main et accrocha mon regard.
— Vous revenez me voir dans dix jours. Et rappelez-vous, pour éliminer vos angoisses, il faut les laisser parler.
Je soupirai de soulagement. Ses propos pouvaient concerner l’affaire de Melinda. C’est certainement ce qu’imaginait Mark, car il ne posa aucune question sur notre échange. Il passa son bras autour de mes épaules et nous dirigea vers la sortie.
Table des matières
- Prologue Env. 2 pages / 389 mots
- Chapitre 1 Env. 19 pages / 6383 mots
- Chapitre 2 Env. 13 pages / 4260 mots
- Chapitre 3 Env. 22 pages / 7208 mots
- Chapitre 4 Env. 19 pages / 6181 mots
- Chapitre 5 Env. 31 pages / 10348 mots
- Chapitre 6 Env. 17 pages / 5879 mots
- Chapitre 7 Env. 20 pages / 6723 mots
- Chapitre 8 Env. 26 pages / 8616 mots
- Chapitre 9 Env. 15 pages / 5159 mots
- Chapitre 10 Env. 15 pages / 4771 mots
- Chapitre 11 Env. 13 pages / 4259 mots
- Chapitre 12 Env. 21 pages / 7061 mots
- Chapitre 13 Env. 27 pages / 9015 mots
- Chapitre 14 Env. 14 pages / 4743 mots
- Chapitre 15 Env. 21 pages / 6913 mots
- Chapitre 16 Env. 16 pages / 5072 mots
- Chapitre 17 Env. 14 pages / 4600 mots
- Chapitre 18 Env. 16 pages / 5161 mots
- Chapitre 19 Env. 16 pages / 5224 mots
- Chapitre 20 Env. 21 pages / 7118 mots
- Chapitre 21 Env. 21 pages / 7094 mots
- Chapitre 22 Env. 18 pages / 6091 mots
- Chapitre 23 Env. 15 pages / 4981 mots
- Chapitre 24 Env. 21 pages / 6845 mots
- Chapitre 25 Env. 13 pages / 4247 mots
- Chapitre 26 Env. 14 pages / 4478 mots
- Chapitre 27 Env. 16 pages / 5253 mots
- Chapitre 28 Env. 19 pages / 6055 mots
- Chapitre 29 Env. 18 pages / 5869 mots
- Chapitre 30 Env. 16 pages / 5111 mots
- Chapitre 31 Env. 24 pages / 8116 mots
- Chapitre 32 Env. 18 pages / 6148 mots
- Chapitre 33 Env. 17 pages / 5492 mots
- Chapitre 34 Env. 24 pages / 8234 mots
- Chapitre 35 Env. 22 pages / 7498 mots
- Chapitre 36 Env. 16 pages / 5169 mots
- Chapitre 37 Env. 15 pages / 4977 mots
- Chapitre 38 Env. 17 pages / 5461 mots
- Chapitre 39 Env. 19 pages / 6272 mots
- Chapitre 40 Env. 18 pages / 6031 mots
- Chapitre 41 Env. 25 pages / 8315 mots
- Chapitre 42 Env. 19 pages / 6024 mots
- Chapitre 43 Env. 18 pages / 5857 mots
- Chapitre 44 Env. 19 pages / 6296 mots
- Chapitre 45 Env. 21 pages / 6836 mots
- Chapitre 46 Env. 23 pages / 7650 mots
- Chapitre 47 Env. 15 pages / 5058 mots
- Épilogue Env. 5 pages / 1462 mots
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