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L'ombre d'une autre
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication sur Atramenta : 11 janvier 2017 à 11h50
- Dernière modification : 21 septembre 2018 à 11h03
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- Longueur : Environ 860 pages / 292 003 mots
- Lecteurs : 3 253 lectures + 1 251 téléchargements
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L'ombre d'une autre
Chapitre 40
Je ne réagissais pas lorsque Mark engagea sa voiture sur une rampe d’accès d’un parking souterrain. Nous avions traversé Bozeman et à cette heure, les rues étaient encore animées. Il y régnait une atmosphère paisible et chaleureuse, en contraste avec l’habitacle. Je n’envoyais pourtant aucun signe hostile. Au contraire, je me sentais lisse, imperméable à mon environnement. Je percevais la nervosité de Mark face à mon état d’esprit, que visiblement, il ne parvenait pas à saisir. Je ne laissais rien paraître de mes émotions. J’attendais, ou plutôt je subissais. Et ce rôle me convenait à merveille.
L’ascenseur privé s’ouvrait sur un large hall et nous déposa au dernier étage de l’immeuble. Une seule et unique porte sécurisée donnait accès à l’appartement de Mark lorsqu’il ne rentrait pas au ranch. Avait-il décidé ce soir de me dévoiler tous ses secrets, de me laisser enfin entrer dans son univers ? Peut-être… Il s’effaça pour me permettre de pénétrer. Sa garçonnière, comme je l’avais nommée une fois, n’avait rien de la garçonnière classique, mais d’un appartement moderne et accueillant malgré la dominance masculine qu’il dégageait.
— J’ai pensé que l’on pourrait se rendre à Las Vegas ce soir. Il n’est que vingt et une heures, et l’on peut avoir un avion dans moins de deux heures.
— Si tu veux, répondis-je d’une voix égale.
Il m’attrapa la main et la timbre chaud et doux avec laquelle il prononça mon prénom faillit me faire me jeter dans ses bras. Je n’en pouvais plus d’être à ses côtés et pourtant si loin de lui. Mais je m’imposais cette distance. Il m’avait blessée, n’avait pas eu suffisamment confiance en moi pour m’avouer que Lel était Rachel qui n’était autre que son ex-femme.
— Puis-je utiliser ta salle de bain ? demandai-je en me dégageant doucement de son étreinte.
Mark n’insista pas et me désigna une porte au fond d’un long couloir. Celle de sa chambre, où jouxtait une salle de bain. Je refermai la porte sans toutefois la verrouiller et entrepris de me dévêtir. D’aller à Las Vegas n’était pas dans mon planning pour la soirée, mais un changement de programme me ferait le plus grand bien.
L’eau jouait son rôle apaisant sur mon corps tendu, mon esprit en déroute, mes pensées qui revenaient inexorablement vers Mark. Vers Lel. Oui, il avait été marié. Oui, il avait eu une vie avant moi. Mais apprendre toutes ses vérités en l’espace de quelques heures dilapidait sérieusement mon propre équilibre. Contre-balancer ses révélations me demandait beaucoup d’énergie, mais aussi une grande ouverture d’esprit. J’avais toujours considéré Mark comme un célibataire adhérant à un mode de vie sans attaches. Et apprendre qu’il s’était engagé près de dix ans auparavant brisait l’image que j’avais eue jusqu’alors. Non qu’elle fût désagréable. Savoir qu’il était capable de se projeter sur le long terme me rassurait, mais ce nouveau pan de sa vie me déstabilisait. Et ce qui me dérangeait fut le fait, non qu’il ne m’avait pas parlé de son mariage, encore moins de son divorce, mais d’apprendre avec qui il avait partagé cet instant capital de sa vie. Une femme charmante avec laquelle j’avais entretenu des moments de complicité. Une femme qui était son amie. Une femme que j’aurais aimé détester, mais que j’appréciais pour sa gentillesse, sa générosité. J’aurais dû être en colère contre Mark, pourtant, je lui pardonnai son silence. Nous avons tous notre part d’ombre. Un moment de sa vie que l’on préfère garder secret, le préserver si ce n’est comme un trésor, comme un rappel à ce qui fut, qui n’est pas et ne sera jamais plus.
Mark entra dans la salle de bains après avoir frappé doucement à la porte alors que je me séchais. J’admirai sa beauté, ses traits tendus par le doute, la douceur de son regard.
— Samuelle. Parle-moi, frappe-moi si tu le souhaites, mais dis-moi quelque chose…
Sa remarque me fit sourire. Le frapper reviendrait pour moi à un poignet foulé et un séjour à l’hôpital. Je laissai glisser ma serviette à terre. Je me retrouvai entièrement nue et m’approchai de Mark jusqu’à le toucher, laissant sur sa chemise les traces de ma peau humide.
— Fais-moi l’amour. Je ne veux pas parler, je veux seulement que tu me touches…
Ses yeux s’éclaircirent instantanément et son visage s’illumina, balayant les ombres qui le recouvraient. Et que j’aimais cette vision…
— Je te demande pardon, Samuelle. Je ne savais pas comment t’en parler. J’aurais…
Je posai mes doigts sur ses lèvres, lui imposant le silence. Ses mains encadrèrent ma taille pour remonter jusque sous mes aisselles. Je me rapprochai encore un peu plus, incrustant mon corps au sien, et il se pencha vers moi, ses lèvres près des miennes. J’adorais sentir son souffle, sa chaleur. Il resta un moment en suspens, puis entrepris de mordiller ma lèvre inférieure. Une vague de chaleur me traversa le corps et je m’emparai de sa bouche pour l’embrasser avec passion. Un baiser qu’il me rendit avec autant de convoitise. Mes mains soulevèrent sa chemise, la déboutonnèrent pour la faire glisser derrière ses épaules. Je caressais sans retenue sa peau, ses courbes, son ventre plat.
— Tu me rends fou.
— Tais-toi… c’est moi qui vais devenir folle… aime-moi, Mark, maintenant…
Je débouclai sa ceinture et fis tomber son jean sur le sol, puis passai mes pousses sous l’élastique de ses sous-vêtements pour m’en débarrasser. Vite. Ses mains se posaient partout sur mon corps, empressées, mais pas assez nombreuses. Je voulais, je désirais, à hauteur de mon état atonique des dernières heures et combler le vide qu’avait provoqué la révélation de Rachel. Je la chassai de mon esprit, je chassai toutes les femmes qui avaient partagé ou même traversé sa vie. C’était moi aujourd’hui, et je souhaitais que ce soit moi demain, dans un an, dans dix ans. Passer du court au long terme. Maintenant.
Le sol nous accueillit, trop pressés de nous unir, trop impatients de nous retrouver, et ne faire qu’un, vivre un moment unique. Ensemble. Sensuel, érotique, puissant. Jusqu’à ce que le plaisir me comble, et celui de Mark, encore plus.
Mark referma la portière de la Mercedes derrière moi pour s’y engouffrer à son tour. Je respirai ce parfum, son parfum que j’aimais tant, ainsi que cette autre fragrance, celle d’après l’amour. Je me sentais presque honteusement bien. Faire l’amour ne résolvait pas tous les problèmes. Ce ne pouvait pas être un remède à tous les maux des couples, mais cela restait tout de même un sacré pansement. Et puis, nous n’étions pas vraiment en froid non plus. Nous n’avions pas abordé le problème avec le même degré de gravité. Et maintenant, dans la pénombre de l’habitacle, ce dernier me paraissait quasiment insignifiant. Son mariage ne concernait que Mark, c’était évident, mais ne nous concernait pas en tant que couple. Mark avait une vie avant que j’y entre, des projets, mais surtout un passé comme tout à chacun. Et je devais l’accepter, tout comme il se devait de le faire avec moi.
J’avais passé la majeure partie du voyage à dormir, bercée par le ronronnement des moteurs de l’avion, allongée sur Mark, nos doigts entrelacés. Nous n’avions que peu parlé depuis notre départ de chez Lel et Dex. Toutes les tensions de la soirée avaient disparu. Sous la douche. Sur le sol de la salle de bain. Pourtant, nous restions silencieux, appréciant cette forme peu conventionnelle de retrouvailles. Et j’aimais. J’aimais notre silence, j’aimais toutes ces choses que l’on échangeait sans pour autant prononcer le moindre mot. J’aimais cette complicité, cette union du corps et de l’esprit qui nous faisait vivre tous les deux. Et j’aimais ressentir cette réciproque chez Mark.
Je n’avais pas un seul vêtement avec moi. Mais les boutiques de Las Vegas me fourniraient l’essentiel. Ville bouillante, bruyante, chaotique, colorée, exubérante. Las Vegas, une sorte d’icône de l’Amérique où espoir, désillusion, sexe, débauche, argent et religion se côtoient. Une ville en mouvements constants. Le jour, la nuit. Et à 1 h du matin, la fatigue qui m’accablait s’évanouit totalement devant le tableau de ces rues pour le moins surréalistes. Le Strip était bondé et la chaleur du désert pour ce mois de mai acceptable. On respirait un air sec, mais pas étouffant. Je rentrais dans l’hôtel seulement après être restée en admiration devant le spectacle son et eau des fontaines qu’offrait le parvis de l’hôtel. Démesurément grandiose. Un monument à la hauteur de la mégalomanie du Strip.
Le taxi nous déposait devant l’hôtel, un ouvrage gigantesque à faire pâlir César. Je ne pus m’empêcher de m’extasier face à l’opulence qu’offrait la chambre. Un Veni Vidi Vici outrageusement luxueux. Je souris en regardant Mark. Vici. Il m’avait vaincue. Moi et mes idées sur l’amour, sur les hommes. Deux éléments contradictoires, en totale opposition avec ma façon de vivre, avec ma conception de la vie. Aimer signifiait se mettre en danger, que l’on s’exposait et que l’on pouvait en souffrir. Je croyais avoir aimé dans le passé, mais je comprenais que c’est un sentiment que je n’avais fait qu’effleurer. Jamais réellement touché. Je découvrais l’amour, ce sentiment noble aux racines puissantes et ceci au cœur même de la ville la plus superficielle des États-Unis. C’est certainement cette contradiction qui me fit ouvrir totalement les yeux… et mon cœur.
Le téléphone de Mark interrompit mes pensées. Il conversait avec Dex, et raccrocha au bout d’un bref instant.
— Il ne dort donc jamais ?
— Quatre enfants, se plut à répondre Mark tout en m’adressant un clin d’œil.
Dex venait de lui confirmer que Miller se trouvait actuellement dans un casino à la sortie sud de la ville. Mark anticipa ma question. Miller se servait à outrance de sa carte de crédit. Recueillir ce type d’information était totalement illégal, je n’en avais cure. J’espérais uniquement qu’aucun ennui n’arrive à Dex.
Malgré l’heure tardive, le casino frétillait. Le bruit dans la salle principale, pourtant de taille démesurée, était assourdissant, entre les brouhahas et les cliquetis des bandits-manchots.
— Comment on va le trouver ? demandai-je, déroutée.
— Au quatorzième étage. Il vient d’intégrer sa chambre.
Mark avait placé son oreillette Bluetooth depuis notre entrée dans le casino, en conversation permanente avec Dex qui lui résumait le moindre fait et acte de Miller. Et ce dernier venait d’activer la clé magnétique de sa chambre. Si Dex pouvait forcer les accès d’un hébergeur ou d’une compagnie aérienne, j’imaginai de quoi il était capable.
L’ascenseur nous déposa tout en douceur. Les portes s’ouvrirent sur un hall recouvert d’une épaisse moquette sur laquelle reposaient un distributeur de boissons et un autre de glace. Nous nous arrêtâmes devant la chambre de Miller. Depuis notre arrivée à Las Vegas, je me sentais galvanisée par notre quête d’information, mais je réalisai d’un coup que derrière cette porte se trouvait un homme que nous ne connaissions ni d’Ève ni d’Adam. C’était peut-être un fanatique des armes à feu ou du maniement des armes de poings. Je n’en savais rien, sauf qu’une énorme boule venait de se former au creux de mon estomac m’empêchant de respirer. Mark me montra une carte magnétique. Dexter avait dû la lui remettre après l’avoir activée je ne savais comment.
— S’il n’ouvre pas de son propre chef, j’entre ! avança-t-il en frappant deux coups à la porte. Tu m’attends là !
— Hors de question ! On a déjà eu ce genre de conversation, Mark. Tu entres. J’entre ! répondis-je catégorique, ne lui laissant pas le temps de protester.
Mark était furieux, mais je n’en avais cure. Je retenais mon souffle lorsque la porte s’ouvrit sur le dénommé Miller, un homme que j’aurais qualifié de banal. Une quarantaine d’années, dont la fatigue et l’alcool accentuaient les traits. Mark prit la parole d’emblée.
— Je double la somme que Walch vous a versée.
Miller le regardait, les yeux écarquillés. J’étais tout aussi déstabilisée que Miller par l’entrée en matière de Mark. Au bout d’une demi-seconde, il réagit, comprenant enfin.
— C’est quoi ce délire ?
— Vous avez des informations qui m’intéressent.
— Je ne connais pas de Walch. Et foutez-moi la paix !
Mark retint la porte alors que Miller s’apprêtait à la claquer. Celui-ci d’abord perplexe se montra plus agressif.
— Vous ne comprenez pas ce que je viens de dire. DÉGAGEZ !!
Mark adopta un ton très calme. Trop calme peut-être. Je redécouvrais son côté froid, intransigeant et calculateur lorsque cela devenait, non une nécessité, mais vital pour son entourage.
— Je crois que l’on ne s’est pas compris, Monsieur Miller. Il semble que vous n’ayez pas été extrêmement chanceux aux tables ce soir.
— Comment vous savez ça !? répliqua-t-il nerveusement.
— Peu importe. Ce qui l’est, c’est que si vous acceptez ma proposition, vos dettes seront effacées dans la minute. Si vous refusez…
Mark laissa volontairement sa phrase en suspens, et instinctivement, je me reculai. Pas par peur, mais je sentais que ma présence pourrait être une entrave à leur « discussion ». Miller semblait réfléchir, si j’avais pu entrer dans sa tête, je l’aurais fait sur-le-champ.
— D’accord.
Je le regardai, estomaquée. Comment cela pouvait-il être si simple ? Est-ce que tout tournait autour de l’argent ? Tout pouvait donc être acheté ? Apparemment, oui. Miller ouvrit un peu plus la porte, nous invitant silencieusement à entrer. D’autorité, Mark me précéda, dans le seul but de faire de son corps un rempart au mien. Toujours connecté avec Dex, il lança un discret « tu as entendu ? », tandis que la porte se refermait, et bien malgré moi, je sursautai.
Miller voyageait léger, une valise était posée à même le sol, et un ordinateur portable sur le bureau. Derrière les vitres teintées, on pouvait apercevoir les lumières du Strip.
— Parfait ! Puisque vous acceptez, pour vous prouver ma bonne foi, je vous propose de vérifier l’état de votre compte en banque, Monsieur Miller.
Si celui-ci sembla incrédule, il se dirigea néanmoins vers son ordinateur. Je devinai le logo de la Bank Of America, et après deux minutes d’un silence tendu, Miller se tourna vers Mark, l’air triomphant.
— Vous n’êtes pas très malin. Vous auriez pu attendre que je parle avant de couvrir mes dettes.
Je me raidis, comprenant que Miller était un sale type. Ce fut sans compter sur la réponse de Mark qui arborait un sourire sans arrogance, mais satisfait aux lèvres.
— Dans ce cas, Monsieur Miller, je vous conseille de vérifier à nouveau l’état de vos finances. Il semblerait que vous ayez quelques difficultés ces derniers temps…
Miller se précipita vers son écran, et à la tension qui émanait de son corps, je me doutai de ce qu’il voyait. Dexter. Qu’avait-il fait ? Enfin, je le savais. Ce que j’ignorai, c’était si je devais applaudir ses talents de fraudeur ou le réprimander. Il prenait des risques insensés, même si j’imaginai sans peine un Dex aux anges derrière son écran, sa dextérité mise en exergue par cet exercice illégal.
— C’est quoi ce délire !? Et vous êtes qui, bon Dieu !?
— Je crois que nous pouvons parler maintenant, Monsieur Miller. Je n’aurais qu’une question. Si vous répondez correctement, je double, comme promis, la somme que Walch vous a versée. Dans le cas contraire, je vous laisse imaginer…
— Vous voulez quoi ?
— C’est très simple. Dites-moi tout ce que vous savez sur Walch.
Miller se passait nerveusement la main dans les cheveux sans avoir, au préalable, jeté des coups d’œil vers un écran d’ordinateur désespérément vide. Finalement, l’appât du gain fut plus fort que sa conscience, si conscience il possédait.
— Walch est venu me voir alors que je me trouvais à une période de ma vie qui n’était pas très favorable. Pas de travail, des problèmes de santé.
— Et d’argent, compléta Mark. Vous en aviez perdu beaucoup aux jeux.
— Oui. Je ne le connais ni d’Ève ni d’Adam. Il est sorti de nulle part et m’a proposé de couvrir mes dettes, et plus, en échange d’un petit boulot. Je ne pouvais pas refuser. Et puis, le travail consistait uniquement à me rendre dans un bureau de police paumé et demander un dossier sur une gamine.
Mon cœur fit un bond. Une gamine. Je secouais la tête avant de perdre le fil de l’histoire et m’embourber dans un sentimentalisme vieux de vingt ans.
— Et ? le pressa Mark.
— Et rien ! Le flic m’a remis une copie d’un dossier que j’ai refourgué à Walch. Fin de l’histoire.
La déception me recouvrit. Ça, on le savait déjà. Cependant, Mark insista.
— Quoi d’autre ?
— Rien, je vous dis ! Rien de rien. Walch s’est présenté en personne chez moi. Apparemment, il ne souhaitait pas que l’on nous voie ensemble dans ses bureaux. Je lui ai donné le dossier. Il m’a remis l’argent. Il a juste ajouté que sa cliente serait satisfaite.
— Sa cliente ?
Je réagis en même temps que Mark. Sa cliente. Une femme !
— Êtes-vous certain de ce qu’il a avancé ?
— Certain. Il a ouvert le dossier, l’a parcouru rapidement, et c’est là qu’il a dit texto, « ma cliente sera ravie ! ». Puis il a tourné les talons et je n’ai plus entendu parler de lui. Jusqu’à aujourd’hui. C’est quoi cette histoire ?
— Elle ne vous regarde en rien ! trancha Mark d’un ton sans appel.
Miller leva les mains en signe de résignation.
— O.K. ! Maintenant, à votre tour !
— Je vous laisse vérifier, Monsieur Miller.
Ce qu’il s’empressa de faire en pianotant frénétiquement sur le clavier de son ordinateur. Son visage pris une expression variant entre l’incompréhension, la joie, et quelque chose s’apparentant à de la peur.
— Comme je vous le disais, Monsieur Miller. Je double la somme de Walch… et triple celle-ci pour votre silence.
— Nom de Dieu ! Vous êtes qui ?
— La somme figurant sur votre compte est une signature amplement suffisante. Une dernière chose. Si je peux avoir accès aussi facilement à vos comptes, je vous demande de réfléchir à ce qui se passerait pour vous si j’entrais vraiment dans votre vie.
Je quittai la chambre, Mark sur mes talons, frissonnant encore face à sa dernière remarque. Mon Dieu ! Cet homme, était-ce bien Mark ? Oui, indéniablement. Je découvrais simplement avec stupeur jusqu’où il était capable d’aller pour protéger sa famille. Et je fus certaine à ce moment-là que Miller ne parlerait pas.
Le taxi nous déposa à l’hôtel. Je n’avais pas spécialement sommeil et en fis part à Mark. Lui, tout autant que moi, nous interrogions sur la cliente de Walch. Jusqu’à aujourd’hui, nous pensions avoir affaire à un homme. Cela pouvait changer de façon objective la tournure de nos recherches. Les femmes n’agissent pas pour les mêmes raisons, et de la même façon que les hommes. Pourquoi une femme, visiblement extrêmement fortunée, souhaitait en apprendre autant sur moi ? Que s’était-il passé dans sa vie vingt ans auparavant ? Plus précisément, que se passait-il dans sa vie aujourd’hui pour qu’elle décide de faire un bond de vingt ans en arrière ?
— Je n’en sais rien. Viens, marchons un peu, proposa Mark.
J’acquiesçai et le suivais dans les rues grouillantes de Las Vegas. Nous quittions le Strip pour nous engager dans des quartiers moins effervescents. Nous marchions silencieusement dans la douceur de la nuit jusqu’à ce que nous débouchions sur les abords bien entretenus d’un jardin cachant une adorable chapelle. Las Vegas. La ville des possibles. Je souris devant l’édifice et ses murs blanchis à la chaux, une double porte de bois de style gotique, et même un petit clocher. Sans les strass et les paillettes de la ville, on aurait dit la chapelle sortie tout droit d’une campagne médiévale. Elle était absolument charmante et semblait authentique dans ce monde surfait et superficiel qui nous entourait. Une chapelle. Un mariage. Des vœux. Des aveux. Rachel… Mark me pressa contre lui, et je crois qu’il voyait cette chapelle avec le même regard que le mien. Peut-être est-ce cela qui me poussa à lui narrer une partie de ma vie que personne ne connaissait. Pas même Suzy. Une partie obscure. Ma partie obscure. Que j’avais intentionnellement enfouie, et qui ressurgit sans que je m’y attende. Je marquai une hésitation que Mark perçut. Il se plaça derrière moi, pour m’enlacer et m’embrasser le haut de la tête, ses lèvres venant se perdre le long de ma tempe.
— Je suis tombée enceinte lorsque j’avais dix-sept ans…
Mark resserra son étreinte, m’encourageant à poursuivre. Je focalisais mon regard sur cette petite chapelle pleine d’authenticité. Authentique. Je devais l’être envers Mark. Envers moi également.
— Je croyais être amoureuse. Je fréquentais un garçon, c’était quelqu’un de bien. Du moins le pensais-je. Lorsque j’ai découvert que j’attendais un enfant, j’ai eu la peur de ma vie. Je ne savais pas comment l’annoncer à mes grands-parents, ils avaient tellement fait pour moi. J’avais le sentiment de les trahir avec ce bébé, jusqu’à ce que je comprenne qu’ils ne me jugeraient pas. Je devais avant tout l’annoncer au père du bébé. J’étais si sûre de moi, si sûr de nous, que je n’ai pas douté un seul instant. Avec beaucoup de naïveté, j’imaginais que nous l’élèverions ensemble, que nous formerions une famille. Une vraie famille… Bien sûr que nous étions jeunes, très jeunes, mais j’y croyais réellement. Et ça a tourné au cauchemar. Il m’a giflé si fort que je suis tombée. Peut-être de me voir à terre a décuplé sa rage, je n’en sais rien. Il ne s’est pas contenté de partir, il m’a roué de coups. Il m’a laissée à moitié évanouie sur le sol et dans la nuit, je perdais le bébé. Je n’en ai parlé à personne. Je suis restée une semaine alitée, prétextant une mauvaise chute.
Pas une fois Mark ne m’interrompit. Il écoutait, acceptait mes mots tout comme j’appréciai son silence. Seuls ses bras se resserrant, ses lèvres restant appuyées sur ma tête trahissaient le trouble que provoqua ma révélation. Évoquer cette partie sombre de ma vie raviva certaines souffrances. Je pouvais encore sentir les coups pleuvoir, la douleur physique, celle plus forte liée à l’incompréhension. Ce garçon que je croyais aimer ne s’inquiétait que d’une chose. Lui.
— Je n’ai pas seulement perdu un bébé ce jour-là, mais aussi une bonne partie de ma confiance en moi. Et sa perte m’a fait prendre conscience que je le désirais réellement. Je crois que mon véritable refus à avoir un enfant vient de là. Je suis morte de peur à l’idée d’en perdre un à nouveau. C’est inconcevable pour moi…
J’avais perdu un bébé, mais l’humilité m’obligeait à taire que je comprenais ce qu’était de perdre un enfant. J’en approchais la douleur, sans me l’approprier totalement. Et c’est ce qui me sauvait, je pense. Délicatement, Mark déplaça sa main vers mon ventre, l’ouvrit en étoile, comme pour protéger les fantômes du passé.
En rentrant à l’hôtel, nous faisions l’amour avec tendresse et douceur, en une complicité établie, unissant nos douleurs, rendant l’instant authentique. Sans mots, sans bagages, sans histoires, sans passé, profitant du présent tout en se protégeant du futur. Uniquement l’instant présent. Si les silences pouvaient parler, ils seraient magnifiquement beaux à entendre…
L’équipe devait revenir le lendemain et j’étais épuisée. Nous n’avions quasiment pas fermé les yeux depuis vingt-quatre heures et nous passions cette dernière journée avant la reprise du travail, au ranch, cloîtrés dans la chambre. Seuls quelques allers-retours entre cette dernière et la cuisine pour nous ravitailler en fruits et en boissons entrecoupaient nos moments. C’était bien la première fois que Mark s’autorisait ce genre d’écart. Pas de téléphone, pas de société, pas de problèmes à régler, pas de chevaux à sceller, ni de bêtes à récupérer. Non, rien de tout cela. Uniquement Mark et moi. Et j’appréciais particulièrement l’attention qu’il me portait. Depuis mon aveu de la veille au soir, j’avais le sentiment qu’il se faisait plus doux, même s’il l’était en permanence, mais plus délicat, plus attentionné. Surtout lorsqu’il couvrait mon bas ventre de baisers légers, plein de respect, laissant courir ses doigts sur ma peau, soignant à sa façon les cicatrices du passé. Une de plus. Oubliée. Solitaire. Silencieuse. Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle était si douloureuse. Sa tendresse me bouleversa plus que je ne m’y attendais.
D’un accord tacite, nous n’avions évoqué ni Miller ni Melinda…
Les journées défilaient sur un rythme frôlant l’indécence. Même si la découverte de leur loup rouge plaçait la région en zone protégée, le dossier s’épaississait un peu plus chaque jour, éloignant ainsi Peter’s et son projet. Mark souhaitait tout verrouiller, ne laisser aucune chance aux futurs Peter’s. Nous avions oublié l’aspect technique de nos journées, pour le remplacer par l’aspect humain. J’avais dû affronter Tyler qui dans un premier temps, avait considéré ma relation avec Mark comme une trahison. Je désirais le lui annoncer, mais les rumeurs de la ville avaient été plus rapides. Il m’avait pardonné, oubliant sa vexation dans les bras de Claire qui travaillait à l’hôtel. Tous les deux s’étaient trouvés alors qu’ils ne s’y attendaient pas. Finalement, il m’avait tendrement prise dans ses bras en me souhaitant un bel avenir. Même si je ne parvenais toujours pas à me projeter. Malgré les attentions de Mark, ses marques évidentes d’attachement à mon égard, je doutais terriblement. Pas de mes sentiments envers Mark. Ceux-là se solidifiaient de façon exponentielle. Je ne doutais pas non plus de ceux de Mark que je savais sincères. Je craignais que cette sincérité ne soit que ponctuelle. Je n’avais jamais provoqué de sentiments suffisamment forts chez mes partenaires pour qu’ils s’engagent totalement. Et je redoutais le moment où Mark s’en rendrait compte. Car cela arriverait. J’en étais profondément convaincue.
Max avait eu la délicatesse de me déposer directement devant les portes du ranch. La pluie battait fort, mais l’orage n’avait pas atteint son paroxysme. Et selon les dires de Max, ce qui allait nous tomber dessus serait diluvien. Résultat, notre journée de travail venait d’être raccourcie. Il n’était pas 14 h et il faisait aussi sombre que si nous étions proches de 18 h. Mark en avait encore pour un moment au bureau, et moi je tournais en rond comme un lion en cage, incapable de me concentrer sur mon travail de la journée. Je me sentais à la fois nerveuse et fébrile sans parvenir à trouver l’origine de mon malaise. Jusqu’à ce que je me place devant la baie vitrée et regarde au loin les éclairs déchirer le ciel. Un spectacle à la fois inquiétant et terriblement attirant. Je restais subjuguée, incapable de décrocher mon regard des montagnes. J’attrapai soudainement ma veste pour me précipiter vers les baraquements et grimper dans un des 4 x 4. Je démarrai en trombe et m’enfuis comme une voleuse avant que quelqu’un tente de me retenir. Un coup d’œil dans le rétroviseur confirma ce que je redoutais. Jerry était sorti de la grange, probablement alerté par mon démarrage cavalier et me faisait de grands gestes tout en s’élançant derrière moi. Je m’en voulus, mais je devais avant tout accomplir ce que je souhaitais faire.
La même peur s’empara de moi. Le docteur James m’avait suggéré de retrouver la cause de mon traumatisme, et ce soir, tous les éléments semblaient réunis. Un ciel inexistant, noir, prêt à tout engloutir. Une pluie battante. Un froid mordant. Et le pont. Ce pont suspendu qui m’avait fait sombrer dans la terreur des semaines auparavant. Un pont devant lequel je me trouvais, les mains accrochées aux câbles métalliques et glacés. Un pont qui me terrifiait et me contractait la poitrine, m’empêchant de respirer. Un pont dont je ne pouvais détacher mon regard, mes mains, mes pieds. Un pont qui me figeait dans le temps. Dans un passé inconnu qui me défiait depuis plusieurs secondes, minutes ou heures. Combien de temps ? Une heure ? Deux heures ? Combien de temps restais-je ainsi, battue par le vent et la pluie ? Je ne savais pas. Je ne savais plus… La pluie, le froid avaient depuis longtemps transpercé mes vêtements, ma peau, mon cœur, mes certitudes, réveillant par sa force, mes plus grands doutes…
Je sentais les mains de Mark que lorsqu’il força mes doigts à se détacher du filin. Il me porta pour m’éloigner du bord, et je n’offris aucune résistance, l’esprit totalement en déroute, loin de tout. Surtout de moi…
— Je n’ai pas pu, Mark… Je n’ai pas réussi à le traverser. Je suis désolée.
J’éclatai en sanglots, sans retenue, déchirée de ne pouvoir lui donner des réponses.
— Pleure, jolie nymphe. Pleure autant que tu le veux.
— Je suis tellement désolée… Je voulais tant trouver des réponses.
Mark m’embrassa le visage, les yeux. La pluie n’avait cessé de tomber depuis des heures, je la laissais laver ma déception, mon désarroi, pendant que les baisers de soulagements de Mark tentaient de me réchauffer, moi et ce vide qui aurait dû disparaître avec des réponses qui ne sont pas venues.
Le trajet du retour, je le vivais à travers une sorte de brouillard. La voix de Max nous guidait dans le noir des montagnes, sur ces sentiers qui lui étaient si familiers. Mark me soutenait, ou plutôt me portait tandis que l’on rejoignait le chemin forestier où nous attendaient les 4 x 4. Le stress, l’effort fourni, les deux peut-être avaient eu ce pouvoir salvateur de m’assommer dès que la voiture démarra. Je m’endormis, rassurée par la présence de Mark, ses bras toujours autour de moi et m’éveillai, hagarde, une fois les portes du ranch atteintes. Mark m’aida à sortir de la voiture tandis que les voix des deux hommes me parvenaient comme au travers d’un voile. Puis Max me fit face et posa ses mains sur mes épaules. Malgré la pression qu’il exerçait, il me sembla qu’un poids énorme s’envolait de mon être entier. Il plongea ses yeux noirs, hypnotiques, presque ensorcelants, dans les miens et d’une voix posée, dotée d’une sagesse qui lui était propre il s’adressa à moi.
— Vous êtes allée à la rencontre de vos réponses, vous les avez provoquées. Maintenant, laissez-leur le temps de venir jusqu’à vous.
— Je suis désolée, Max… bredouillai-je.
— Cessez d’être si dur avec vous-même. Le chemin jusqu’à la vérité est long et semé d’embûches. Certaines se franchissent facilement, d’autres non. Reposez-vous, et souvenez-vous de notre discussion passée. Vous êtes la seule qui puisse apaiser le conflit qui fait rage en vous entre le loup blanc et le loup noir. Tant que vous ne le ferez pas, vos réponses ne pourront pas se frayer un chemin jusqu’à votre mémoire.
— Merci, Max…
Je m’éveillai en sursaut. La pluie battait, et d’énormes gouttes s’écrasaient contre les vitres. Je me détendis en découvrant l’univers rassurant de la chambre de Mark, mais mon cœur fit un bond en constatant qu’il était 11 h passé. J’avais dormi plus de 13 h !
Je m’apprêtais à sortir du lit précipitamment lorsque la main de Mark m’obligea à m’allonger. Il avait rapproché le fauteuil près du lit, attendant visiblement que je m’éveille.
— Tu vas où comme ça, belle au bois dormant ?
— Quoi ? demandai-je hébétée.
Mark embrassa mes yeux ensommeillés, avant de glisser vers mes lèvres. Son parfum se confondit avec celui encore présent sur le sweater. Son sweater. Celui que je ne quittais plus et dont on me couvrait systématiquement lorsque je tentais de dépasser mes propres limites. Je m’éveillai totalement et sentis que je rougissais anormalement en me souvenant de ma piètre prestation de la veille.
— Tu voulais prouver quoi, jolie nymphe ?
Je baissai les yeux, embarrassée.
— Je pensais vraiment trouver des réponses. Comprendre l’origine de mon traumatisme. L’orage, la nuit. Les conditions météo étaient similaires lorsque j’ai disparu. Les paroles du docteur James me sont revenues hier, et j’ai cru que…
Je ne terminai pas ma phrase, me sentant d’un coup ridicule. Mark me prit dans ses bras, dans lesquels je me blottis, et me parla avec tendresse.
— Évite de me faire des frayeurs de ce style à l’avenir, d’accord ?
J’opinai du chef.
— Ce que j’ai fait était stupide. Je m’en veux terriblement.
— Stupide, mais courageux. Écoute Max et ne sois pas trop dur avec toi. Laisse-toi du temps. Comment te sens-tu ?
— Bien. Un peu déboussolée, mais ça va, je crois.
J’appréciais ce moment de répit jusqu’à ce que la réalité me rattrape.
— Mon Dieu ! Les autres ! Je devrais être avec l’équipe.
— Doucement, jolie nymphe, me calma-t-il. Il n’a cessé de pleuvoir depuis hier. Le terrain est impraticable. Vous êtes tous en repos forcé aujourd’hui. Et si c’est cela qui t’inquiète, rassure-toi, personne ne sait pour cette nuit.
Je me relâchai de soulagement.
— Habille-toi et viens avec moi, Martha nous attend. Elle t’a préparé un repas qui devrait te redonner quelques forces.
— Mais tu m’as dit que personne n’était au courant !
— Personne en dehors du ranch. Lorsque Jerry t’a vue partir, il a compris où tu allais et a prévenu Martha, qui à son tour, m’a appelé.
Bien sûr qu’elle a prévenu Mark.
Et maintenant, je paniquais à l’idée de me trouver face à face avec Martha et Paul, que j’avais, à ma plus grande honte, évités depuis notre retour de Las Vegas. Jusqu’à aujourd’hui, j’étais toujours entrée chez eux en étant Sam, la photographe. Et là, j’y entrais en tant que compagne de Mark. Et j’étais terrifiée de ce qu’ils pensaient de la situation, ainsi que par ma prestation catastrophique de la veille. Mark balaya mes craintes d’un sourire rassurant et m’affirma que depuis mon arrivée au ranch, ils m’avaient toujours considérée comme un membre à part entière du ranch et de leur famille. Et que rien ne changerait, au contraire.
Et il avait raison. Martha m’accueillit avec sa chaleur coutumière, Paul avec soulagement. Mark avait radicalement modifié ses habitudes en leur présence. Il se comportait comme lorsque nous étions seuls. Plein d’égards, de baisers tendres volés au passage, des mains qui s’effleuraient, se touchaient, se nouaient, et ce, sous le regard approbateur de mes hôtes. Je ne me battais plus contre moi-même, à dissimuler mes sentiments pour Mark. Aujourd’hui, j’étais libre de les vivre pleinement. Les loups de Max venaient de pacifier en m’apportant, si ce n’est la paix, une victoire que je pensais inaccessible.
Table des matières
- Prologue Env. 2 pages / 389 mots
- Chapitre 1 Env. 19 pages / 6383 mots
- Chapitre 2 Env. 13 pages / 4260 mots
- Chapitre 3 Env. 22 pages / 7208 mots
- Chapitre 4 Env. 19 pages / 6181 mots
- Chapitre 5 Env. 31 pages / 10348 mots
- Chapitre 6 Env. 17 pages / 5879 mots
- Chapitre 7 Env. 20 pages / 6723 mots
- Chapitre 8 Env. 26 pages / 8616 mots
- Chapitre 9 Env. 15 pages / 5159 mots
- Chapitre 10 Env. 15 pages / 4771 mots
- Chapitre 11 Env. 13 pages / 4259 mots
- Chapitre 12 Env. 21 pages / 7061 mots
- Chapitre 13 Env. 27 pages / 9015 mots
- Chapitre 14 Env. 14 pages / 4743 mots
- Chapitre 15 Env. 21 pages / 6913 mots
- Chapitre 16 Env. 16 pages / 5072 mots
- Chapitre 17 Env. 14 pages / 4600 mots
- Chapitre 18 Env. 16 pages / 5161 mots
- Chapitre 19 Env. 16 pages / 5224 mots
- Chapitre 20 Env. 21 pages / 7118 mots
- Chapitre 21 Env. 21 pages / 7094 mots
- Chapitre 22 Env. 18 pages / 6091 mots
- Chapitre 23 Env. 15 pages / 4981 mots
- Chapitre 24 Env. 21 pages / 6845 mots
- Chapitre 25 Env. 13 pages / 4247 mots
- Chapitre 26 Env. 14 pages / 4478 mots
- Chapitre 27 Env. 16 pages / 5253 mots
- Chapitre 28 Env. 19 pages / 6055 mots
- Chapitre 29 Env. 18 pages / 5869 mots
- Chapitre 30 Env. 16 pages / 5111 mots
- Chapitre 31 Env. 24 pages / 8116 mots
- Chapitre 32 Env. 18 pages / 6148 mots
- Chapitre 33 Env. 17 pages / 5492 mots
- Chapitre 34 Env. 24 pages / 8234 mots
- Chapitre 35 Env. 22 pages / 7498 mots
- Chapitre 36 Env. 16 pages / 5169 mots
- Chapitre 37 Env. 15 pages / 4977 mots
- Chapitre 38 Env. 17 pages / 5461 mots
- Chapitre 39 Env. 19 pages / 6272 mots
- Chapitre 40 Env. 18 pages / 6031 mots
- Chapitre 41 Env. 25 pages / 8315 mots
- Chapitre 42 Env. 19 pages / 6024 mots
- Chapitre 43 Env. 18 pages / 5857 mots
- Chapitre 44 Env. 19 pages / 6296 mots
- Chapitre 45 Env. 21 pages / 6836 mots
- Chapitre 46 Env. 23 pages / 7650 mots
- Chapitre 47 Env. 15 pages / 5058 mots
- Épilogue Env. 5 pages / 1462 mots
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