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Les yeux sur la guêpière
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- Catégorie : Poésie
- Date de publication originale : 2016
- Date de publication sur Atramenta : 30 août 2019 à 13h30
- Dernière modification : 23 novembre 2019 à 10h49
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- Longueur : Environ 2 pages / 680 mots
- Lecteurs : 94 lectures
Cette oeuvre est déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.
Les yeux sur la guêpière
Les yeux sur la guêpière
— Septembre 2006, Californie —
Le blanc a envahi mes cheveux, ici ou là, le mont de l’âge. Ma peau douce s’est ridée : crevasses de ma beauté. Il y a si longtemps. Oui, Il y a si longtemps que je l’aime. Le glacier de notre amour n’a jamais fondu. Le brasier sur nos corps ne s’est jamais éteint…
Se souvient-il ?
Évidemment…
L’onde du jour sur mon ventre se posait. Un rendez-vous, un bouquet de frissons. Nue, je l’attendais. Il aimait tant me voir vêtir l’habit de l’amour. Alors je m’asseyais sur le bord du lit et j’attrapais les fourreaux noirs du désir. Poussées par mes doigts agiles et lents, les vagues de satin avançaient sur ma jambe comme des lames iodées sur la jetée les soirs de houle. Ses yeux azur se noyaient dans l’écume ébène qui sublimait le haut de ma cuisse comme un délice. Puis l’autre jambe jouait de lui et le sourire naissait sur son visage. Je couvrais ma toison noire, j’enfilais ma guêpière aux allures de Vénus, puis j’attachais avec soin le haut de mes bas, en riant de lui, englué dans l’essaim du désir. Je lui offrais l’honneur d’emprisonner délicatement mes tiges douces dans leurs vases d’amour sur aiguilles-perce-cœur. Il les cueillait, les respirait, les bisait. À genoux, il me regardait puis ses mains effleuraient mes jambes ensoiées.
Sur mes hauts talons je le dominais du regard, il se laissait couler au pays des envies. Puis ses yeux brillaient dans la rue de l’amour, m’éclaboussaient de rais des encore.
Je luisais comme un bijou de valeur, à ses yeux, j’étais le bonheur. Alors il m’aidait à agrafer ma camisole d’amour, les rideaux laissaient passer les flèches du jour. Je finissais ce strip-tease à l’envers, par un baiser, une étreinte sans retour. Je le dénudais, envahi d’émoi, ma danse commençait, pour notre plaisir complice. Puis heureux, nous faisions l’amour, la tempête naissait à l’horizon, toutes voiles dehors nous voguions sur la passion.
Se souvient-il du premier jour où je lui ai dit ? :
« Les cours sont finis depuis un moment, rentre chez tes parents, mon enfant ! »
Se souvient-il de ces images intenses où mon corps endiablé lui donnait des frissons ?
Se souvient-il de nos jeux ? Comme celui, où cheminant vers l’amour, il lisait dans mes pas, ligne de l’abandon, que des flots-mousseline cachaient à l’horizon : une bande de soie noire, à l’orée du désir, sur le haut de mes jambes, rehaussées d’aiguilles mauves, qui perçaient ses yeux, un soupçon amoureux. J’avançais heureuse, sur le pont des soupirs, jouais sur la jetée, de la musique-amour. Il écoutait en silence le refrain incessant de mes tiges de fleur que caressait la bise.
Et les mouettes criaient…
Je m’étais arrêtée ici, me penchant de la promenade venteuse vers les galets, alors il m’a imitée, piégé par mon regard. Puis j’ai fait demi-tour, guidée par la foudre : éclair de désir qui me réchauffait l’âme. Et le souffle d’Éole s’est engouffré coquin, sous ma robe violine qui a voilé un instant mes beaux yeux vairons.
Dans le haut de mes bas, son futur se noya…
Se souvient-il des moments d’abandon, où mon corps s’effeuillait dans des ballets lascifs. Assis sur une chaise, il m’observait là, dans les ombres et les miroirs où mes formes brillaient. Dénudée, je lui offrais des larmes, mon parfum de fleur, il les suivait vers la toison de son bonheur. Dans ma guêpière noire, une Orchidée dansait et la soie de mes jambes caressait sa peau.
Se souvient-il ?
Évidemment…
J’ai rassemblé tout mon passé, en images et en mots. Et sur la toile de l’araignée, j’ai créé un espace où il pourra marcher sur le fil de l’épeire du désir. Quand je lui manquerai, il se laissera prendre, et se souviendra de ces moments intenses…
https://www.atramenta.net/books/les-effluves-dune-vie/807
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