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Navigation : Lecture libre > Savoir, culture et société > Biographies et témoignages > Léon

Léon

Couverture de l'oeuvre
  • Catégorie : Savoir, culture et société > Biographies et témoignages
  • Date de publication originale : 19/01/2009
  • Date de publication sur Atramenta : 2 juin 2011 à 23h40
  • Dernière modification : 26 mars 2017 à 20h33
  • Longueur : Environ 5 pages / 1 623 mots
  • Lecteurs : 70 lectures + 43 téléchargements
Mots clés : défichats
Par Thierry Mulot
Thierry Mulot
  • 78 oeuvres en lecture libre
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Cette oeuvre est déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.

Œuvre publiée sous licence Licence Art Libre (LAL 1.3)

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Léon

Léon

    L’hiver pointait le bout de son nez. Les jours raccourcissaient à une vitesse folle et il faisait déjà nuit quand nous garâmes la voiture au pied de l’immeuble en cette fin d’après–midi. Nous l’avions ramené chez lui, car tous les trois, nous savions que Léon préférerait sûrement passer ses dernières heures ailleurs que dans le décor aseptisé d’une clinique. C’est tout naturellement que Marie et moi avions proposé à Sylvain de participer à cette veillée. Nous nous disions que nous lui devions bien ça. Léon était un personnage si particulier. Une espèce d’étoile filante qui avait traversé nos vies et surtout celle de Sylvain. Il est parfois des destins qui se croisent sans que l’on puisse y trouver un autre sens que la rencontre de deux cœurs qui saignent.

     Ces deux–là s’étaient trouvés quatre ans auparavant. Deux âmes solitaires qui pendant ces quatre années allaient connaître un amour fusionnel au–delà de l’imaginable. Léon, encore jeune, était bien mal en point quand Sylvain avait croisé sa route. Tout de suite, sans vraiment réfléchir aux conséquences, il lui avait ouvert sa porte et Léon s’était installé dans sa vie comme on prend place dans un fauteuil douillet et confortable : en s’y calant doucement, bien au fond. À l’époque, Sylvain n’avait que Marie et moi pour seuls amis, mais les relations n’étaient pas si faciles. Disons qu’il avait développé dès notre première rencontre un sentiment d’infériorité qui ne lui permettait pas d’être totalement lui–même quand nous étions ensemble. Moi le médecin, lui l’ouvrier. Moi et mes études poussées, lui et sa profonde dyslexie qui l’empêchait d’écrire une phrase sans une quantité de fautes humiliantes. Pas facile.

  Avec Léon, tout avait été différent. Il restait chez Sylvain, et ne faisait rien d’autre que de s’occuper de lui, de vivre enfin une petite vie tranquille. Mon ami palliait à tout. Pour la première fois de sa vie, il avait avec lui quelqu’un qui comptait pour lui et surtout sur lui. Quelqu’un qui était dans une totale dépendance matérielle et affective. Pour la première fois, il s’était senti indispensable. On ne dira jamais assez combien il est doux de se sentir indispensable.

    Le matin, il s’occupait de Léon, puis partait travailler. Le soir, il rentrait et s’occupait encore et toujours de Léon. Sylvain faisait tout, Léon ne faisait rien d’autre que d’aimer Sylvain, et c’était amplement suffisant à ce dernier. Moi–même, je n’avais pas été indifférent à son charme quand Sylvain nous l’avait présenté. Quant à ma femme, elle avait rapidement été conquise par cet océan de tendresse. Est–ce que Léon s’ennuyait ? Certainement un peu en attendant son ami. D’ailleurs, il arrivait parfois que Sylvain retrouve son appartement dans un bordel indescriptible. Mais, il suffisait qu’il plonge son regard dans le sien et toute colère le quittait sur–le–champ. Ces deux–là se tenaient par les yeux.

    Deux ans plus tard, le ciel avait commencé à s’assombrir. Léon était tombé malade. Une insuffisance rénale. Il avait failli mourir. À force de soin, il avait fini par remonter la pente, mais il ne tenait que par une surveillance particulière de son alimentation et par la prise régulière de certains médicaments. Au fond, je dois dire que dès cet instant, j’ai su que leur histoire se terminerait plus tôt que prévu. Je ne l’ai pas dit à mon ami. À quoi tout cela aurait–il servi ? Sylvain, comme toujours, s’était occupé de Léon du mieux qu’il avait pu. Il y croyait à leur histoire. Le matin, il prenait un peu plus de temps pour lui préparer à manger et lui donner son traitement. Le soir, idem. Et ils avaient ainsi gagné deux autres années de bonheur. Mais doucement, sans faire de bruit, les reins de Léon avaient continué à mourir et un jour, il était à nouveau tombé malade. La clinique l’avait accueilli, mais très vite, le pronostic était tombé. Dans quelques heures, Léon allait s’éteindre. Pouvait–on le laisser là ? Il fallait que ça se passe chez lui.

   Léon était inconscient quand nous l’installâmes dans la salle de séjour. Il était glacé, mais ne réagissait plus guère. Sa respiration était calme, aussi calme que l’était Sylvain.
  
   Dans le silence et le recueillement, nous l’avions couvert et nous l’entourions de tout notre amour. Pas un seul instant il n’avait ouvert les yeux, mais je suis persuadé depuis de nombreuses années que ceux qui sont dans le coma perçoivent bien plus qu’ils n’entendent.

    La fin de journée s’étira lentement. Nous parlions peu, et tout bas, comme pour ne pas gêner son sommeil et son dernier voyage. Sylvain ne pleurait pas, moi un peu, Marie beaucoup. Elle est comme ça ma petite femme chérie : une vraie fontaine quand elle s’y met.

   De temps en temps, nous évoquions les facéties de Léon. Cela nous faisait sourire et nous rendait terriblement tristes, car nous savions ce que Sylvain était en train de perdre. La nuit s’étirait en longueur et nous décidâmes d’un commun accord de nous relayer à ses côtés. Deux d’entre nous resteraient près de lui, tandis que le troisième irait se reposer.

   Sylvain refusa d’être le premier à quitter son ami. Marie se dirigea vers la chambre. Deux nouvelles heures passèrent. Sa respiration était devenue un peu plus rapide. Malgré moi, le médecin engrangeait ces informations. Acidose métabolique. Le coma devenait de plus en plus profond. Nous buvions quelques cafés, et nous attendions que le temps fasse son œuvre, inexorablement, sans attendre le moindre miracle, uniquement préoccupés du bien–être de ses derniers instants.

    Puis ce fut à mon tour d’aller me reposer, après avoir réveillé ma femme. Je ne pense pas qu’elle avait dû dormir beaucoup. Je m’allongeai et je les laissai tous les trois. Marie est une des rares femmes à laquelle Sylvain ait pu se confier. Pas complètement, ça, il n’a jamais su le faire avec personne, mais suffisamment pour qu’une relation privilégiée s’établisse entre eux. Je savais que Marie saurait l’épauler, si cela devait arriver pendant mon sommeil.

   J’ai la faculté de pouvoir dormir n’importe ou et dans n’importe quelle circonstance. Je n’ai jamais su si c’était une qualité ou un défaut. C’est bien pratique pendant les gardes, car je m’endors en quelques secondes et profite ainsi du moindre répit. Dans des moments comme celui–ci, on pourrait croire que rien de me touche. Effectivement, rien ne m’empêche de dormir, et cette nuit là, comme toutes les autres, je parvins à plonger dans un sommeil bienvenu pour ne plus penser à ce qui devait arriver.

   Quand je me suis relevé, la nuit était bien avancée, mais l’aube était encore loin. Sylvain semblait épuisé. Marie et moi réussîmes à le convaincre d’aller s’allonger un peu en lui promettant de l’appeler s’il se passait quoi que ce soit. Il nous laissa seuls avec son ami. Fallait–il qu’il ait confiance en nous ?

   J’aime la femme que j’ai épousée il y a bientôt vingt ans. Sans elle, je serais passé à côté de moi. Elle m’a ouvert au monde, moi, le Bernard l’Hermite. Grâce à elle, je ressens des choses que je n’aurais jamais ressenties. Je pleure plus, je ris mieux, bref, je vis. Nous sommes tous les deux imprégnés d’une certaine spiritualité. Nous croyons en une vie après la mort, nous croyons qu’il vaut mieux accompagner les mourants, les entourer, les rassurer.

   Au bout d’un certain temps, j’ai senti que le moment était venu. J’ai fait ce que j’ai déjà fait. J’ai fait ce que j’ai fait plusieurs fois depuis. J’ai parlé à l’être qui était en train de franchir le pas.

  J’ai caressé son beau pelage blanc. Je sentais que toute son énergie l’avait déjà pratiquement quitté. Il n’avait pas de réaction. Je lui ai dit à peu près ceci :

   « Va, Léon. Tu peux partir, le chat. Tu t’es bien battu, tu peux y aller maintenant. On s’occupera de Sylvain, ça ira, tu peux partir. »

   À ce moment précis, il s’est produit quelque chose d’inattendu. Léon, inconscient depuis le début de la nuit a relevé la tête et ouvert les yeux. Un beau regard rendu noir par les pupilles dilatées. Ses moustaches ont frémi. Il a émis plusieurs miaulements, de plus en plus intenses, de plus en plus pressants. Je me suis levé et je suis allé chercher Sylvain qui s’est éveillé aussitôt. Il s’est précipité dans la pièce et s’est agenouillé devant son chat.

    Léon a planté ses yeux dans ceux de son ami, l’amour de sa vie, et il s’est éteint.

    Nous avons enterré Léon dans un cimetière pour animaux quelques jours après. Certains trouveront sans doute tout ceci ridicule, et à vrai dire, tous les trois, nous nous en fichons. Car, voyez–vous, huit ans après, je reste persuadé que cette fameuse nuit un chat m’a fait comprendre qu’il ne voulait pas partir sans revoir une dernière fois l’être qu’il aimait le plus en ce monde.
   Je suis certain que Léon, le chat blanc à la queue grise, a retenu sa vie jusqu’à la limite de ses forces, le temps d’un dernier regard.

  Tout ceci valait bien une tombe.


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