Le foin sec

Avec ma meule de foin sec

De trèfle blanc, de fenugrec

D’agrostide jouet-du-vent

Avec la terre à cultiver

Les animaux à abreuver

Les moutons bêlent trop souvent

Avec mes mains d’agriculteur

De bon à rien, de profiteur

Du bon argent européen

Avec l’embouche si herbue

Que les bêtes y sont fourbues

Il ne me manque presque rien

Avec ma meule de foin sec

De trèfle blanc, de fenugrec

Et de flouve qui sent si bon

Avec mon dos qui s’est vouté

À semer des grains azotés

Qui m’ont engraissé pour de bon

Avec ma peur de durs hivers

Quand s’entassent les frais bancaires

Et que l’eau gèle aux abreuvoirs

Avec mon toit tout vermoulu

Qui protège moins qu’un talus

Je ne cesse pourtant d’y croire

Avec ma meule de foin sec

De trèfle blanc, de fenugrec

D’agrostide jouet-du-vent

Le ciel est bleu sur les estives

Quand le foin atteint les solives

Et que le temps manque au servant

Je me conte tout en bossant

Que l’ego serait surpuissant

Si la vie n’était que loisirs

Que se lever jour après jour

Avec la boue devant sa cour

Rappelle qu’on n’est pas vizir

Que se lever jour après jour

Avec la boue devant sa cour

Rappelle qu’on n’est pas vizir