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Navigation : Lecture libre > Littérature générale > Romans > Le Dernier Jour d'un Condamné

Le Dernier Jour d'un Condamné

Couverture de l'oeuvre
  • Catégorie : Littérature générale > Romans
  • Date de publication sur Atramenta : 10 mars 2011 à 13h29
  • Dernière modification : 22 février 2017 à 7h56
  • Longueur : Environ 70 pages / 24 677 mots
  • Lecteurs : 84 751 lectures + 6 881 téléchargements
Par Victor Hugo
Victor Hugo
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Le Dernier Jour d'un Condamné

II

C’était par une belle matinée d’août. Il y avait trois jours que mon procès était entamé, trois jours que mon nom et mon crime ralliaient chaque matin une nuée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs de la salle d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre, trois jours que toute cette fantasmagorie des juges, des témoins, des avocats, des procureurs du roi, passait et repassait devant moi, tantôt grotesque, tantôt sanglante, toujours sombre et fatale. Les deux premières nuits, d’inquiétude et de terreur, je n’en avais pu dormir ; la troisième, j’en avais dormi d’ennui et de fatigue. À minuit, j’avais laissé les jurés délibérant. On m’avait ramené sur la paille de mon cachot, et j’étais tombé sur-le-champ dans un sommeil profond, dans un sommeil d’oubli.

C’étaient les premières heures de repos depuis bien des jours.

J’étais encore au plus profond de ce profond sommeil lorsqu’on vint me réveiller. Cette fois il ne suffit point du pas lourd et des souliers ferrés du guichetier, du cliquetis de son nœud de clefs, du grincement rauque des verrous ; il fallut pour me tirer de ma léthargie sa rude voix à mon oreille et sa main rude sur mon bras.

— Levez-vous donc !

— J’ouvris les yeux, je me dressai effaré sur mon séant. En ce moment, par l’étroite et haute fenêtre de ma cellule, je vis au plafond du corridor voisin, seul ciel qu’il me fût donné d’entrevoir ce reflet jaune où des yeux habitués aux ténèbres d’une prison savent si bien reconnaître le soleil. J’aime le soleil.

— Il fait beau, dis-je au guichetier.

Il resta un moment sans me répondre, comme ne sachant si cela valait la peine de dépenser une parole ; puis avec quelque effort il murmura brusquement :

— C’est possible.

Je demeurais immobile, l’esprit à demi endormi, la bouche souriante, l’œil fixé sur cette douce réverbération dorée qui diaprait le plafond.

— Voilà une belle journée, répétai-je.

— Oui, me répondit l’homme, on vous attend.

Ce peu de mots, comme le fil qui rompt le vol de l’insecte, me rejeta violemment dans la réalité. Je revis soudain, comme dans la lumière d’un éclair, la sombre salle des assises, le fer à cheval des juges chargés de haillons ensanglantés, les trois rangs de témoins aux faces stupides, les deux gendarmes aux deux bouts de mon banc, et les robes noires s’agiter et les têtes de la foule fourmiller au fond dans l’ombre, et s’arrêter sur moi le regard fixe de ces douze jurés, qui avaient veillé pendant que je dormais !

Je me levai ; mes dents claquaient, mes mains tremblaient et ne savaient où trouver mes vêtements, mes jambes étaient faibles. Au premier pas que je fis, je trébuchai comme un portefaix trop chargé. Cependant je suivis le geôlier.

Les deux gendarmes m’attendaient au seuil de la cellule. On me remit les menottes. Cela avait une petite serrure compliquée qu’ils fermèrent avec soin.

Je laissai faire : c’était une machine sur une machine.

Nous traversâmes une cour intérieure. L’air vif du matin me ranima.

Je levai la tête. Le ciel était bleu, et les rayons chauds du soleil, découpés par les longues cheminées, traçaient de grands angles de lumière au faîte des murs hauts et sombres de la prison. Il faisait beau en effet.

Nous montâmes un escalier tournant en vis ; nous passâmes un corridor, puis un autre, puis un troisième ; puis une porte basse s’ouvrit. Un air chaud, mêlé de bruit, vint me frapper au visage ; c’était le souffle de la foule dans la salle des assises. J’entrai.

Il y eut à mon apparition une rumeur d’armes et de voix. Les banquettes se déplacèrent bruyamment. Les cloisons craquèrent ; et, pendant que je traversais la longue salle entre deux masses de peuple murées de soldats, il me semblait que j’étais le centre auquel se rattachaient les fils qui faisaient mouvoir toutes ces faces béantes et penchées.

En cet instant je m’aperçus que j’étais sans fers ; mais je ne pus me rappeler où ni quand on me les avait ôtés.

Alors il se fit un grand silence. J’étais parvenu à ma place. Au moment où le tumulte cessa dans la foule, il cessa aussi dans mes idées. Je compris tout à coup clairement ce que je n’avais fait qu’entrevoir confusément jusqu’alors, que le moment décisif était venu, et que j’étais là pour entendre ma sentence.

L’explique qui pourra, de la manière dont cette idée me vint elle ne me causa pas de terreur. Les fenêtres étaient ouvertes ; l’air et le bruit de la ville arrivaient librement du dehors ; la salle était claire comme pour une noce ; les gais rayons du soleil traçaient ça et là la figure lumineuse des croisées tantôt allongée sur le plancher, tantôt développée sur les tables, tantôt brisée à l’angle des murs, et de ces losanges éclatants aux fenêtres chaque rayon découpait dans l’air un grand prisme de poussière d’or.

Les juges, au fond de la salle, avaient l’air satisfait, probablement de la joie d’avoir bientôt fini. Le visage du président, doucement éclairé par le reflet d’une vitre, avait quelque chose de calme et de bon, et un jeune assesseur causait presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose, placée par faveur derrière lui.

Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c’était apparemment de fatigue d’avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n’annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort, et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu’une grande envie de dormir.

En face de moi, une fenêtre était toute grande ouverte. J’entendais rire sur le quai des marchandes de fleurs ; et, au bord de la croisée, une jolie petite plante jaune, toute pénétrée d’un rayon de soleil, jouait avec le vent dans une fente de la pierre.

Comment une idée sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuses sensations ? Inondé d’air et de soleil, il me fut impossible de penser à autre chose qu’à la liberté ; l’espérance vint rayonner en moi comme le jour autour de moi ; et, confiant, j’attendis ma sentence comme on attend la délivrance et la vie.

Cependant mon avocat arriva. On l’attendait. Il venait de déjeuner copieusement et de bon appétit.

Parvenu à sa place, il se pencha vers moi avec un sourire.

— J’espère, me dit-il.

— N’est-ce pas ? répondis-je, léger et souriant aussi.

— Oui, reprit-il ; je ne sais rien encore de leur déclaration, mais ils auront sans doute écarté la préméditation, et alors ce ne sera que les travaux forcés à perpétuité.

— Que dites-vous là, monsieur ? répliquai-je, indigné ; plutôt cent fois la mort ! Oui, la mort !

— Et d’ailleurs, me répétait je ne sais quelle voix intérieure, qu’est-ce que je risque à dire cela ? A-t-on jamais prononcé sentence de mort autrement qu’à minuit, aux flambeaux, dans une salle sombre et noire, et par une froide nuit de pluie et d’hiver ? Mais au mois d’août, à huit heures du matin, un si beau jour, ces bons jurés, c’est impossible ! Et mes yeux revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.

Tout à coup le président, qui n’attendait que l’avocat, m’invita à me lever. La troupe porta les armes ; comme par un mouvement électrique, toute l’assemblée fut debout au même instant. Une figure insignifiante et nulle, placée à une table au-dessous du tribunal, c’était, je pense, le greffier prit la parole, et lut le verdict que les jurés avaient prononcé en mon absence. Une sueur froide sortit de tous mes membres ; je m’appuyai au mur pour ne pas tomber.

— Avocat, avez-vous quelque chose à dire sur l’application de la peine ? demanda le président.

J’aurais eu, moi, tout à dire, mais rien ne me vint.

Ma langue resta collée à mon palais.

Le défenseur se leva.

Je compris qu’il cherchait à atténuer la déclaration du jury, et à mettre dessous, au lieu de la peine qu’elle provoquait, l’autre peine, celle que j’avais été si blessé de lui voir espérer.

Il fallut que l’indignation fût bien forte, pour se faire jour à travers les mille émotions qui se disputaient ma pensée. Je voulus répéter à haute voix ce que je lui avais déjà dit : Plutôt cent fois la mort !

Mais l’haleine me manqua, et je ne pus que l’arrêter rudement par le bras, en criant avec une force convulsive : Non !

Le procureur général combattit l’avocat, et je l’écoutai avec une satisfaction stupide. Puis les juges sortirent, puis ils rentrèrent, et le président me lut mon arrêt.

— Condamné à mort ! dit la foule ; et, tandis qu’on m’emmenait, tout ce peuple se rua sur mes pas avec le fracas d’un édifice qui se démolit. Moi, je marchais, ivre et stupéfait. Une révolution venait de se faire en moi. Jusqu’à l’arrêt de mort, je m’étais senti respirer, palpiter vivre dans le même milieu que les autres hommes ; maintenant je distinguais clairement comme une clôture entre le monde et moi.

Rien ne m’apparaissait plus sous le même aspect qu’auparavant. Ces larges fenêtres lumineuses, ce beau soleil, ce ciel pur cette jolie fleur, tout cela était blanc et pâle, de la couleur d’un linceul. Ces hommes, ces femmes, ces enfants qui se pressaient sur mon passage, je leur trouvais des airs de fantômes.

Au bas de l’escalier, une noire et sale voiture grillée m’attendait. Au moment d’y monter, je regardai au hasard dans la place.

— Un condamné à mort ! criaient les passants en courant vers la voiture.

À travers le nuage qui me semblait s’être interposé entre les choses et moi, je distinguai deux jeunes filles qui me suivaient avec des yeux avides.

— Bon, dit la plus jeune en battant des mains, ce sera dans six semaines !

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Table des matières

  1. I Env. 2 pages / 413 mots
  2. II Env. 5 pages / 1702 mots
  3. III Env. 1 page / 222 mots
  4. IV Env. 1 page / 120 mots
  5. V Env. 2 pages / 483 mots
  6. VI Env. 2 pages / 635 mots
  7. VII Env. 1 page / 168 mots
  8. VIII Env. 1 page / 253 mots
  9. IX Env. 1 page / 252 mots
  10. X Env. 2 pages / 393 mots
  11. XI Env. 2 pages / 401 mots
  12. XII Env. 2 pages / 582 mots
  13. XIII Env. 8 pages / 2411 mots
  14. XIV Env. 3 pages / 745 mots
  15. XV Env. 1 page / 314 mots
  16. XVI Env. 3 pages / 760 mots
  17. XVII Env. 1 page / 184 mots
  18. XVIII Env. 1 page / 84 mots
  19. XIX Env. 1 page / 78 mots
  20. XX Env. 1 page / 212 mots
  21. XXI Env. 2 pages / 658 mots
  22. XXII Env. 6 pages / 2067 mots
  23. XXIII Env. 5 pages / 1786 mots
  24. XXIV Env. 1 page / 123 mots
  25. XXV Env. 1 page / 116 mots
  26. XXVI Env. 2 pages / 459 mots
  27. XXVII Env. 1 page / 171 mots
  28. XXVIII Env. 1 page / 164 mots
  29. XXIX Env. 3 pages / 1081 mots
  30. XXX Env. 1 page / 239 mots
  31. XXXI Env. 2 pages / 693 mots
  32. XXXII Env. 2 pages / 697 mots
  33. XXXIII Env. 1 page / 264 mots
  34. XXXIV Env. 1 page / 67 mots
  35. XXXV Env. 1 page / 300 mots
  36. XXXVI Env. 1 page / 104 mots
  37. XXXVII Env. 1 page / 107 mots
  38. XXXVIII Env. 1 page / 230 mots
  39. XXXIX Env. 1 page / 259 mots
  40. XL Env. 2 pages / 506 mots
  41. XLI Env. 3 pages / 773 mots
  42. XLII Env. 3 pages / 767 mots
  43. XLIII Env. 1 page / 107 mots
  44. XLIV Env. 1 page / 101 mots
  45. XLV Env. 1 page / 73 mots
  46. XLVI Env. 1 page / 47 mots
  47. XLVII Env. 6 pages / 2082 mots
  48. XLVIII Env. 1 page / 224 mots
/ du chapitre 2 sur 48
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