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Le con, la pute et les truands
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- Catégorie : Littérature générale > Nouvelles
- Date de publication originale : 2015
- Date de publication sur Atramenta : 2 septembre 2016 à 15h17
- Dernière modification : 2 septembre 2016 à 15h25
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- Longueur : Environ 87 pages / 29 479 mots
- Lecteurs : 114 lectures + 40 téléchargements
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Le con, la pute et les truands (Oeuvre réservée à un public averti)
CHAPITRE 7
L’ex cardinal proxénète triture avec sa superbe habituelle un objet bien trop long entre ses dents. Il griffonne des chiffres sur un bloc-note.
« Tous vos machins bio, ça va plaire à certains de mes clients.
-Ce ne sont pas des machins b…
-Ca n’a aucune importance l’interrompt le lieutenant.
-Je vous prête un seul homme pour le moment. En attendant que des intéressés se manifestent. Je vous trouverai de la « main d’œuvre », ne vous en faites pas. »
Le lieutenant parait surpris de la facilité avec laquelle ils ont obtenu gain de cause. Phillipe le regarde, impressionné par un charisme si puissant, mais incapable de saisir la logique derrière cette adoration des plantes vertes. Peu importe. Il magnifico est réglo avec lui, et il a toujours les fesses plutôt à l’abri, quand elles ne sont pas prises pour cible par des narcotrafiquants ou ses collègues musclés à collants. Il n’a pas vraiment saisi le sens de la discussion non plus. De toute façon il venait chercher un truc pour Molly et le boss l’avait fait entrer. Il s’apprête à ressortir quand il l’interpelle.
« Mon grand, c’est toi qui vas avec eux, histoire de faire connaissance ». Décontenancé, anticipant une petite ristourne pour fait d’arme, Philou se résigne à la tâche ; on est plus à ça près. Il tend avec conviction sa main aux illuminés de la SPA qui semblent pressés de l’emmener. Ils descendent l’escalier au pas de course. Phil glisse à sa complice blondinette un stylo Himalaya à un demi-smic, récolte un bisou et escorte les hommes dans le club bruyant au possible, étant à une heure avancée de la nuit. A la sortie, il tente un petit coup de fil à sa mère enfin joignable, lui ayant expliqué la semaine passée qu’il avait trouvé un petit boulot dans l’événementiel. Messagerie. Il suit les hommes.
Celui qui semble être le subordonné le regarde avec circonspection. Etonné de ne pas voir le véhicule futuriste des fans de potiron sans OGM, il les suit nonobstant. Ils marchent sans échanger un seul mot pendant un long moment, et sortent de la ville. Les quelques passants doivent être habitué aux frasques des gangs locaux, car la vue d’un type en short kaki accompagné de deux armoires à glace en treillis noir basse visibilité et fusils d’assauts ne les émeut pas vraiment. On aura tout vu.
Finalement, le plus petit des deux s’empare d’un talkie-walkie à dragonne et murmure un langage inconnu aux oreilles de Phil. Le sosie de Ben affleck se retourne à son tour, et le fixe droit dans les yeux.
« Ecoute, Jean-Phillipe.
-Moi c’est Phil.
-Oui Phil. Nous avons besoin de votre aide. Il faut que tu comprennes que ça nous concerne tous sur le long terme. On va t’emmener à la base.
Le deuxième homme grimace.
C’est la première fois dans l’histoire de notre organisation. Je compte sur ta loyauté et ton honnêteté ».
Un bruit semble se rapprocher. Son intensité s’amplifie de plus en plus. A un croisement déboule un 4x4 surélevé, sans pot d’échappement visible. Notre héros national est stupéfait par l’effet doppler qu’il ne connait pas sous ce nom du véhicule, avant que ce dernier ne se lance dans un drift cavalier, pivote à 160 degrés et s’arrête devant les trois bonhommes. Les portes arrières s’ouvrent. Tous montent.
A l’intérieur, Phil se place au milieu, entre les deux guérilleros. Des sangles brunes d’une texture familière –du chanvre indien- font office de ceintures de sécurité. Il n’y a pas d’odeur d’essence. Pourtant le véhicule, qu’il amalgame à une Prius faisant de la gonflette, se projette à une vitesse invraisemblable en un rien de temps. Ils sortent du bourg et coupent à travers champs. L’hébété repère seulement maintenant les deux hommes en place avant. Le mastodonte à énergie renouvelable se joue du dénivelé et avale les bosses du passage. Les suspensions, surbrillantes et dantesques, absorbent le plus gros des chocs. On s’agite dans l’habitacle, et le gaillard à sa gauche déboule un brassard qu’il lui noue autour de la tête, le privant de la vue. Il s’endort.
L’aveugle ressent l’arrêt du véhicule qui se communique quasiment par G négatif. On le descend. Il entend des bruits sourds, peut-être du métal. Le véhicule semble repartir, et on le tient par l’épaule. Il franchit un seuil, et l’humidité de l’endroit est la première chose qu’il remarque. On lui retire le bandage. Il est submergé par l’immensité de la grotte, ponctuée d’éléments Steampunk. Il traverse un réseau de couloirs carrelés et de portes qui ne cessent de s’ouvrir et de se fermer alternativement. L’attendent deux hommes dans une pièce qui semble commune, décoré de tableaux, étroite, l’un accoudé contre un frigidaire, l’autre assis et les mains sur les genoux. Celui qui est debout se présente à lui :
«- Bienvenu, camarade. C’est la première fois qu’on reçoit quelqu’un qui n’est pas encore de la cause ici. Tu es un grand privilégié.
-Oh, ben, Merci.
-Je suis Vitalik. Et ça, c’est le prof Bytrav. Le barbu, qui soutient sa tête du poing, la hoche.
-Une collaboration est également inédite pour nous. Je suppose que tu es un expert dans la médiation ? Mais en tout cas nous sommes novices.
-Euh, aucun problème.
-Nous avons besoin d’hommes, qui feront un bout de chemin avec nous. Des compagnons pour le long terme.
Ce que nous proposons, c’est que tu apportes un de nos nouveaux prototypes à l’homme qui chapeaute ton affaire. En espérant que ça intéresse quelqu’un. Ses relations nous seraient plus qu’utiles.
-Je vais te montrer, lui déclare calmement le prof, se levant en trois séquences. Il pose sa main sur le bas du dos de Phil et le presse vers l’entrée de la pièce, tourne à droite, et une énième porte coulissante s’actionne. Sous ses yeux, il peut voir à droite une rangée d’environ 50 mètres de plantes colorées, tricolores pour la plupart, confinée sous des espèces de vivariums. Il y a des appareils de mesures et des éprouvettes qui trainent un peu partout. Phil qui est devenu récemment un expert de logistique en labo asiatique de contrebande se permet de remarquer intérieurement que c’est un peu le foutoir.
Sur sa gauche, de grandes vitres rectangulaires donnent sur un écosystème autonome qui semble creusé à la TNT à même la roche. Il réalise enfin qu’il est dans une montagne. Il semble pourtant y avoir un soleil qui inonde de photons les animaux qu’on aperçoit par intermittence entre quelques arbres. Il n’arrive pas à les identifier. On dirait des cerfs, et peut-être des chiens. Ca plairait à Mickey.
-Ça c’est Ecotopia. Souffle, comme si c’était évident, le barbu aux sourcils broussailleux.
Au bout de l’allée, le passage donne sur un sentier recouvert de copeaux. L’odeur plait à Philipe, qui la collationne à celle de son Truffaut local. Le prof le tire par le bras et s’arrête devant une tente.
-J’aime travailler au milieu du bois.
Il soulève une première bâche qui fait office de porte, puis une seconde, et enfin une troisième qui est transparente. Philipe remarque des combinaisons qui trainent sur des chaises de camping, des caisses d’instruments aux finalités absconses. Le prof triture le fouillis sur une grande table en plastique. Des câbles, des boites de pétris… Il semble avoir trouvé quelque chose. Il brandit l’objet sous le visage du niais.
-Ça c’est un vieux modèle. Je te le donne, il ne nous sert à rien.
-C’est quoi ?
-QU’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? Il hurle de rire. Tu ne comprendrais pas. Demande-moi à quoi ça sert.
-A quoi ça sert ?
-C’est aussi trop compliqué pour toi. Demande-moi ce que ça fait ?
-QU’est-ce que ç…
-Ca réplique la matière organique d’origine végétale ou vivante. Dans une certaine quantité q et pour un volume v limité, dont la capacité d’utilisation suit une loi dépendante du nombre d’utilisation. Lorsque l’on atteint la vingtaine d’itération, l’objet ne produit presque plus rien. On a fait beaucoup mieux ici récemment. Rentre à la maison maintenant.
Il l’accompagne au sortir de la tente, ayant dans la main le bidule dont il ne connait absolument pas le mode d’emploi. Il retourne vers le complexe. Il observe des hommes bras en écharpe, pantalon de treillis et débardeur, se promenant insouciamment. On entend même des bruits d’oiseaux. Des types s’affairent à bidouiller sur des microscopes dans le couloir à plantes. Il s’en retourne à la petite pièce.
-Te revoilà. Fais attention avec ça, lui dit Vitalyk. Ne le plante pas sur toi, d’accord ?
Il acquiesce. »
Mon lieutenant de terrain m’a expliqué qu’ils t’ont trouvé sur le site d’un laboratoire clandestin. Ces gens-là n’ont pas d’honneur. Ils torturaient leurs semblables.
Phil hésite à parler de la souris qu’il a récupérée et laissée à la maison close. Il ne sait pas vraiment ce que ces mecs pourraient en faire. Ils ont l’air d’hippies intellos, mais on n’est jamais trop sûr.
« -Je vais rentrer au bureau, se décide Phil.
-Très bien. »
De retour au bordel, après un voyage moins chaotique que le premier, il fonce à l’étage. Il croise le maitre des lieux dans l’escalier même, qui l’invite à s’entretenir avec lui dans une des suites du bas. Ils s’y dirigent.
Phil cherche dans ses poches, puis montre l’outil et lui explique son utilisation. Les yeux du magnifico s’embrasent lorsque son interlocuteur bute sur le groupe nominal « végétal ou vivant ». Le cardinal réalise le potentiel commercial inouï de ce qu’il tient entre ses mains. Il se rue dans ses appartements.
Il récupère ses gribouillis de l’entrevue, deux portables, et rejoint oceyn ? (le mec qui prépare les armes). Il s’exclame, élève la voix, puis la baisse à nouveau. Il demande la radio qui prend la poussière dans la remise. Il demande à son gorille de rentrer cette fréquence « cryptée ». Il appelle sur son téléphone.
« McDouglas ? J’ai à m’entretenir avec vous ».
Gérard se sent vachement mieux avec les poings libres. Et ce Donut surtout. Il savait bien qu’il était toujours de confiance ce monsieur Erstein.
Le problème ce qu’il allait être en retard à la maison, à devoir refaire le plein de cette grosse voiture pas franchement maniable. Gérard a toujours préféré les compactes japonaises aux grosses allemandes.
Et puis, après tout, c’était une journée très instructive. C’était la première fois qu’il avait assisté à une fusillade de connards.
C’était une extrême coïncidence que lorsque Mr. Erstein ait tapé du poing sur la table, le placard du fond se soit ouvert. Et que des hurluberlus mitraillent la Faucheuse et un type en costard. Et puis cet autre type, assez empathique, il avait pris ses jambes à son coup. Mais bon. Disons que c’était un coup de chance, et puis sinon comment aurait-il pu savoir que Maestro arrivait ? Surement la loi de Littlewood. Qu’importe, en plus, alors qu’il trainait l’infirme au sol avec ses camarades vers la cave, Mr Erstein lu avait conseillé de se servir dans le frigidaire du club et d’emprunter l’Audi.
Dans le sous-sol, à côté d’ordinateurs et d’émetteurs allumés que Gégé n’avait jamais vu, il avait aussi préparé une farandole d’outils. Gérard avait bien reconnu une clé de 9, et une petite fraiseuse (dremel) –c’était un esprit universel qui savait aussi bien jouer aux cartes Magics que réparer les canalisations de l’évier ou le minibar-. Pour quoi faire ? Surement pour remettre en étage le carrelage de l’établissement, qui en tenait plus vraiment en place.
Le plein est terminé. Super. Des carbonaras s’impatientent dans son domaine.
Philipe est de sortie. Ce soir, il ne tient plus en place. Il a bien réfléchi. Même si cet Etat transitoire était pas mal niveau épargne…Ca frôlait franchement le roman de gare. Passer d’un loser sans histoire à un complice involontaire de braquage ? Pour ensuite échouer au milieu du crime organisé ? Il se demande souvent si il n’est pas en train de rêver, tout simplement. C’est allé si vite, entre les tchétchènes volumineux et l’excentricité du boss, on avait du mal à garder les pieds sur terre.
Quoiqu’il en soit Il fallait s’assurer que les braqueurs de Ronald McDonald se repointeraient pas …Un dernier taf pour le maquereau avant de tirer sa révérence.
Dieu merci, il avait rencontré Molly. Il a eu du mal à lui annoncer –c’est une pute, quand même-, mais il avait réussi. L’amour est plus fort que tout n’est-ce pas ? Il lui a proposé de partir au Canada ! Elle a adoré. C’est bien parti.
Il se promenait avec elle au bras, plus habillé que d’habitude, ce qui ne requiert pas plus de 30 cm d’étoffe, mais qui était plutôt distingué et respectueux pour l’occasion. Il lui avait acheté, en gastronome, des tapas au fromage fondus et ils longeaient le bord du canal, dans le centre-ville, ou se succèdent bars, brasseries, petites discothèques désuètes. Un peu gêné par le regard de deux trois hommes qui semblent reconnaitre Molly, Philipe prend sur lui, ferme les yeux, et respire profondément.
Il se voit au bord de son petit lac, près de la berge, avec sa fausse blonde aux grains de beauté. Il lui caresse les hanches. Ils se regardent. Il y a présomption d’amourette.
Il est sorti de sa torpeur par une canette de cubanisto qui bute sur ses adidas.
Les lumières des petites villes sont intenses et variées. Elles s’irisent et se reflètent dans le cours d’eau. Les vitrines renvoient des sourires, les murs et terrasses des rires.
« -Eh Molly ?
-Oui ?
-T’en as pas marre de ce…boulot ?
Elle le regarde dans les yeux, regarde ses lèvres charnues et pleines de fils de fromage. Elle sourit.
-Si.
-On se tire tous les deux ?
-Je peux pas…
-Allez ! Il nous a filé assez de fric pour une décennie !
-Je sais bien…
-Alors quoi ?
-Je dois veiller sur les autres !
Un silence. Phil n’insiste pas trop, il a déjà essayé.
Moi je suis pas vraiment pas fait pour ce milieu. Je suis juste un branleur qui aime le ski. Demain c’est mon dernier jour ! ».
Ce soir-là, Phil a prévu de dormir à l’hôtel. Il ne supporte plus le tintamarre des chambres « insonorisées » de la boite. Il a proposé à Molly de le rejoindre, mais elle a refusé, deux fois. Il la raccompagne « chez une amie », ou i l’était également convié, mais pas tellement intéressé. Il l’embrasse, et repart vers son « Jupiter » 2 étoiles.
Il tripote les poches de sa veste, réfléchit intensément –ce qu’il ne devrait pas faire sans échauffement-. Comment est-ce qu’il va faire ça ? Son grand départ ? Normalement le patron ne devrait pas s’y opposer… Mais depuis qu’il est intermédiaire avec les Nicolas Hulots autonomistes, on sait jamais. M’enfin bon. Il verrait bien le lendemain, quand il aurait confronté son choix à la direction. Au pire, un peu de poudre d’escampette le tirerait d’affaires. Mais Molly ?
Il se frotte les mains entre elles. Il les remarque dures et sèches. C’est bien la première fois. Il les met dans ses poches surchargées. Il trouve un papier dans sa poche intérieure droite de pantalon mais plus étrange, un petit flacon de ventoline. Il y a aussi le miroir de poche de Molly. Il se rappelle l’avoir ramassé tout à l’heure en faisant la queue pour acheter à manger.
Il trottine vers la maison, à un quart d’heure de là. Il trébuche sur quelques pavés, mais malgré sa maladresse au vin chaud arrive à bon port. Il entre sans toquer, c’est pas son genre. La porte est ouverte de toute façon. Alors qu’une fête semble battre son plein, au rez-de-chaussée, on lui donne un collier de fleurs hawaïens et un verre à pieds rempli de liquide bleu. Il cherche sa nana. Seulement des visages inconnus, qui l’arrosent de risettes ou de langues tirées. Les baffles crachent une petite électro franchouillarde sympathique, sauce taki 183.
Il essaie infructueusement de questionner les gais lurons,, coincés dans l’euphorie générale. Il remarque étagère cassée où trône un exemplaire de Die Traumdeutung. Il monte les escaliers juste à la gauche de l’entrée, à l’opposé du salon en folie. Des gens jouent au beer pong sur la rambarde.
Sur la moquette, on a déposé des nappes Bulltex absorbantes, ce qui n’est pas une idée qui aurait pu traverser l’esprit de notre gars. Un grand couloir, parallèle à la deuxième portion de l’escalier, s’étend vers la gauche devant lui. Il ouvre une porte, la première à droite. Des chiottes ou s’enhardit une petite brune qui n’aurait pas dû mélanger crevettes, avocat et daiquiri. Autant pour lui.
Une autre porte, à gauche de celle-ci, semble abriter une conversation discrète. Il entre avec fracas.
Il aperçoit des sachets plastiques sur le lit. Il reconnait les hommes croisés auparavant.
Surpris par son irruption dans la pièce. Il les dévisage avec hargne et sauvagerie, piqué au vif par les vapeurs d’alcool et d’herbe. Il s’apprête à bondir, quand ils se tournent tous de trois quarts et révèlent des gilets en kevlar ainsi que des Sig Sauer armés.
Des flics.
Philou n’était pas au top dans quoi que ce que ce soit, encore moins dans la détection de personnel de la marais chaussée. Mais là c’était foutrement flagrant. Ses timides axones franchissent le pas et connectent ses neurones : Molly est une indic.
Mais comment est-ce possible ? Pourquoi serait-elle venue ce jour-là, elle, sur le chantier ? Est-ce qu’elle savait pour le braquage depuis le début ? Un des deux hommes dégaine son flingue, mais Molly hurle quelque chose et se jette sur lui.
Notre poto reste là, figé comme l’objet homophone. Malgré la prestance de son jogging et de sa scoliose, il n’en mène pas large. Son petit univers succombe au principe d’entropie. Il se tourne, le regard vitreux, vers l’orifice qui semblait tenir une porte.
Molly est peut-être en train de lui retenir la veste. Les types sont peut-être en train de s’engueuler. Il marche, tout simplement. Il est dans une sorte de no man’s land mental. La musique semble être hachée de rythmes en 8-bits, sa vue se trouble. La rumeur de la fête lui revient comme une lame de fond. Il est probable que les hommes tentent de parler avec Molly, qui se tient toujours à lui. Eventuellement, il se pourrait que Phil descende l’escalier en vidant une panoplie de verres plastiques sur la rambarde.
Il est en état de choc.
Les fêtards ne semblent pas franchement surpris par son altération émotionnelle plutôt motivés même à le faire taffer cigarettes inhabituelles, lui tendre des flacons amusants. Il décide dans sa perdition, de rester là. Le beat se répercute sur sa cochlée. La lumière des plafonniers s’est éteinte. Des stroboscopes redessinent des visages distordus. Après tout, c’est sa dernière nuit ici.
Michael a eu chaud. Heureusement que son visage n’était pas connu des tireurs. Il a eu le temps de se planquer à la réception. Par contre, il a failli y passer pour de bon quand il a cherché les clés de la berline, qui n’étaient pas dans l’habitacle. Il avait juste ramassé le téléphone du « maitre » qui était surement en train se faire démettre. Dieu sait ce qui était arrivé au retardé.
Il avait eu l’air con à courir dans ce bas de costume de dinosaure, mais le fait d’avoir eu à sprinter dans les ruelles en slip de la prison pour aller plus vite n’était pas idéal non plus.
Par la providence un type d’Emmaüs lui avait passé un pantalon plus ou moins correct et une chemise émiettée.
En errant dans les ruelles, zyeutant, paranoïaque, il était tombé sur le code pin du smartphone. Le matricule de prisonnier, à l’envers de maestro. Harcelé de messages, il avait même répondu à l’un d’entre eux.
« Maestro est surement mort, je suis un collaborateur ».
Alors on l’avait appelé. Et il avait répondu. On l’avait grassement remercié de ses informations sur le contenu du téléphone : on lui avait même promis de lui renvoyer la pareille.
« Je veux bien vous donner le téléphone lui-même et tous les fichiers verrouillés dessus, mais il faut que vous m’aidiez. J’ai 3 amis en prison… »
Pas de problème, l’avait-on rassuré. Qu’il leur donne leurs noms et ils les reverraient dans la semaine. Mais qu’il ne devait pas bouger de la position de l’appel actuel pour la demi-heure qui arrivait.
Un court sur patte à veste en cuir et casque intégral l’avait intercepté en une bonne dizaine de minute. Il lui dit de ne pas s’inquiéter pour ses amis, et de rappeler, depuis une cabine, le 118 218 et de demander LaPhus Plobmerie. Il s’était saisi du téléphone et avait même proposé à l’ermite malgré lui de le déposer quelque part. Le soir avait déjà recouvert de son voile la petite bourgade. « Il faut que je me rince la gorge ».
Le biker l’avait lâché dans une rue piétonne, collée à une petite rivière dont on entendait le coulis agréable.
Il aperçoit une grosse barrette d’appartements illuminés, portes et fenêtres ouvertes. Une fête, se dit-il. Il demande à entrer sans grand espoir mais on l’étreint chaleureusement. Il se sent bien. Il croit surprendre des visages familiers.
Table des matières
- CHAPITRE 1 Env. 8 pages / 2486 mots
- CHAPITRE 2 Env. 16 pages / 5415 mots
- CHAPITRE 3 Env. 6 pages / 1888 mots
- CHAPITRE 4 Env. 11 pages / 3693 mots
- CHAPITRE 5 Env. 8 pages / 2498 mots
- CHAPITRE 6 Env. 16 pages / 5226 mots
- CHAPITRE 7 Env. 11 pages / 3706 mots
- CHAPITRE 8 Env. 7 pages / 2350 mots
- EPILOGUE Env. 7 pages / 2217 mots
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