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Le barman
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- Catégorie : Littérature sentimentale
- Date de publication sur Atramenta : 15 mars 2011 à 12h17
- Dernière modification : 26 juin 2018 à 2h56
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- Longueur : Environ 215 pages / 79 404 mots
- Lecteurs : 4 932 lectures + 2 646 téléchargements
Cette oeuvre est déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.
26 – Découvertes
Ma relation secrète avec Matt me plaît beaucoup. Nous travaillons en équipe très souvent et nous passons, cette semaine-là, le même nombre de nuits ensemble. Même si son appartement est petit en comparaison avec ma maison, je préfère que nous allions chez lui. Comme j’ai une voiture, je trouve que c’est plus simple : je peux partir tard la nuit ou même à l’aube. Et comme ils ne savent pas où il habite, Frann ou Isa ne risquent pas de débarquer à l’improviste et de le trouver chez moi.
J’aime être avec lui, mais je ne suis pas très loquace pour le lui dire. Je me contente de le rejoindre dès que j’en ai l’occasion et de profiter de tout ce plaisir qu’il sait faire naître en moi.
Au studio, je tiens à ce que nous restions discrets. Je m’évertue à garder une distance avec lui. Après tout, je ne dois pas oublier que nous sommes avant tout des collègues. Ça ne me paraît pas très professionnel d’embrasser mon coéquipier devant les autres. Quelqu’un pourrait nous surprendre et les rumeurs repartiraient de plus belle à mon sujet. Et ça, je n’en ai pas envie. J’aime la simplicité de notre relation. Et peut-être aussi le fait que Matt soit mon petit secret.
Le vendredi soir, au Drive In, nous échangeons des regards et des sourires innocents, mais complices. Isa essaie de l’emmener danser à plusieurs reprises, mais il refuse. En contrepartie, il ne fait aucun geste qui peut dévoiler aux autres ce que nous partageons. Nous buvons quelques bières, assez pour nous dévorer discrètement des yeux.
On se donne rendez-vous chez lui après la soirée et on fait l’amour pendant des heures. Je me gave de ses caresses et de son corps. Avec lui, j’ai l’impression de découvrir un autre monde, celui de la chair, de la sensualité et du plaisir. Avec lui, je revis.
Au fil des semaines, mes inhibitions tombent une à une : je ne rougis plus aussi souvent qu’au début de notre relation et, alors que je n’osais pas regarder son sexe ou toucher son corps pendant l’amour, j’apprends à surmonter mes craintes, à prendre des initiatives, à expérimenter la plus petite folie qui me traverse la tête.
— Qu’est-ce que tu fais ? demande-t-il alors que je le rejoins sous la douche.
— Je veux essayer quelque chose.
Je n’attends pas son approbation, je l’enlace par-derrière et emprisonne son sexe dans ma main pour le caresser doucement.
— Éli…
— Chut.
Il ne reste pas dos à moi bien longtemps, il cherche à me faire face, à me toucher à son tour, mais je refuse :
— Ce soir, c’est mon tour…
Ses mains ne peuvent pas s’empêcher de se promener sur moi. Il m’entraîne sous le jet d’eau chaude avec lui et je souris quand son souffle s’emballe. Je cherche le savon d’une main et mes gestes deviennent plus rapides, plus glissants aussi. Il se cambre et je sens qu’il étouffe ses gémissements. Son plaisir m’excite et je me sens dotée d’un étrange pouvoir alors qu’il est complètement à ma merci. J’ai envie de le rendre fou. Je le repousse contre le carrelage et ma bouche déguste son corps avec gourmandise jusqu’à ce qu’il réalise ce qui se passe.
Il m’empêche de m’agenouiller, me gronde avant de me ramener contre lui et ses bras m’emprisonnent à mon tour pendant que ses jambes se glissent entre les miennes. Il me prend sous le jet en essayant de contenir sa force, mais il est tellement excité et nous perdons la tête très rapidement.
— Qu’est-ce que tu me fais, ces temps-ci ? me demande-t-il, alors que nous redevenons deux corps distincts.
— J’ai envie de te rendre fou, admis-je.
— Ça fonctionne !
Son baiser me le prouve et nous reprenons nos ébats alors que l’eau se rafraîchit. Je m’en fiche. Son corps me réchauffe, me fait perdre la notion d’espace et de temps qui nous entoure. Dans ses bras, je me sens forte, séduisante, excitante. Normale, quoi. Ça me plaît. Je ne me souvenais plus de cette liberté, de ce corps qui est le mien et qui, à nouveau, m’appartient.
On se retrouve en sueur, sur le lit, à rire comme des idiots alors qu’il n’arrête plus de me répéter à quel point je l’ai surpris dans la douche. Quand le calme revient, l’émotion transparaît dans sa voix :
— Élisa, je suis heureux.
— Moi aussi.
J’essaie de limiter la gêne que provoquent ses paroles et je trace un parcours imaginaire sur son torse avec le bout de mon index :
— Je crois que je me débrouille de mieux en mieux avec ton corps…
— Alors, là : oui !
Son rire me plaît et je soupire avant d’avouer :
— Matt, je ne veux plus être une victime. Je ne veux pas seulement me sentir normale, je veux le devenir.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Tu es normale !
— Ouais, enfin… j’apprends ! dis-je en riant.
Il me bascule sur lui et me fait taire d’un baiser. Je n’arrête plus de rire sous sa bouche, mais je sens que son émotion s’amplifie, surtout quand son regard se fait plus insistant :
— Ça me plaisait que tu rougisses, admet-il.
— Et ce que je faisais dans la douche, ça ne te plaisait pas ? Me moquai-je.
Il rit et ses mains se crispent sur ma taille. Il chuchote :
— Élisa, je n’ai pas ressenti quelque chose d’aussi fort depuis que…
— Chut.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas entendre la suite de ses paroles. Je bloque ses mots sous un baiser, en espérant que je lui fasse perdre suffisamment la tête pour que la suite s’évapore de son esprit, mais mon geste est vain : il reprend la conversation dès que ma bouche le libère.
— Je veux le dire.
— Dire quoi ?
— Dire que je ne me suis pas senti aussi heureux depuis que me femme est morte.
— OK.
Je reprends sa bouche un peu vite parce que je voudrais qu’on arrête d’en parler. Je ne sais pas pourquoi, ses confidences me gênent. Je ne sais pas ce qu’il veut que je réponde à ses paroles. Moi, je n’ai aucun comparatif de bonheur et je n’ai pas envie de me sentir en compétition avec sa femme.
Est-ce qu’on n’est pas bien, comme ça, lui et moi ? Pourquoi est-ce que les choses doivent nécessairement se compliquer ?
Il reste là, à attendre que je dise quelque chose, mais je ne fais que regarder l’heure du coin de l’œil, nerveuse à l’idée de ne pas savoir le rôle qu’il attend que je joue. Je finis par me défaire de son étreinte et je me dépêche de sortir du lit :
— Il vaut mieux que je rentre.
— Quoi ? Mais c’est samedi, demain !
— Je sais, mais je déjeune avec Frann à dix heures.
— Quand même ! Y’a le temps !
Il regarde l’heure : deux heures quarante du matin. Il repose des yeux agacés sur moi pendant que je remets mes vêtements :
— Éli, je ne comprends pas. Ça fait quoi ? Trois semaines qu’on est ensemble ? J’ai la sensation que t’es mariée et que je suis ton amant !
Je ne réponds pas, mais dans les faits, je ne suis pas prête à affronter les rumeurs. S’il n’en tenait qu’à moi, Matt resterait toujours mon petit secret. Comme ça, le jour où tout va s’effondrer, je n’aurai pas l’air d’une idiote. Il pourra dire ce qu’il veut de moi, personne ne le croira. Agacé de me voir continuer à me vêtir, Matt me prend la main, me tire jusqu’à ce que je retombe sur le rebord du lit où il s’empresse de m’enlacer pendant que sa bouche embrasse mon cou.
— Dors avec moi. Tu partiras demain matin.
— C’est plus simple si je pars maintenant.
Je ris, parce que ça me charme qu’il veuille encore de moi alors qu’on vient de faire l’amour. Isa répète souvent qu’après le sexe, les hommes se fichent de tout et s’endorment, qu’on a tout le loisir de filer en douce, mais depuis que je lui ai fait le coup à Paris, Matt ne s’endort jamais. Il me supplie de la plus délicieuse des façons et j’ai bien envie de céder, mais je sais que j’aurai du mal à me lever, demain matin. Je me lève dès que j’en ai la chance, en riant doucement de ma victoire, mais Matt se jette en dehors du lit et me soulève dans ses bras.
— Et si je te gardais prisonnière ?
— Matt, sois raisonnable !
Je fais mine de me débattre, mais mes rires fusent quand il me repose sur le lit. Je me débats mollement alors qu’il essaie de retirer mes vêtements.
— Je mettrai le réveille-matin…
— Matt…
— Je veux dormir avec toi. Reste…
Il est magnifique quand il me supplie de cette façon et j’ai envie de céder, mais mes doigts essaient de retenir les siens :
— Demain soir, tu dormiras chez moi, OK ? proposé-je en essayant de reprendre mon corps. Là, il faut que je rentre, sinon je vais m’endormir au volant…
Il me relâche aussitôt, un peu rudement, déçu que je ne cède pas. Je me redresse en ne le quittant pas des yeux, un peu surprise de sa soudaine froideur.
— Matt, qu’est-ce qu’il y a ?
— Rien. Si tu veux partir, je ne vois pas pourquoi je te retiens.
— Je te dis que je vois Frann demain.
— À dix heures ! Quelle différence ça fait que tu dormes ici ou chez toi ?
— Bien… s’il téléphone et que je ne suis pas là ?
— Il pourrait savoir qu’on couche ensemble, c’est vrai ! Quel drame ce serait !
Il ne me regarde pas, mais sa voix ne masque pas sa déception. Il récupère son peignoir et se poste devant sa porte de chambre, comme s’il s’apprêtait à me raccompagner à la sortie. Son ton n’a rien de joyeux et ça me trouble. Depuis le début de notre relation, jamais il n’avait été aussi rustre avec moi. Je reste là, debout, à côté du lit, figée par son attitude.
— Il est tard, dit-il, comme pour que je me décide à partir.
Je ne me fais pas prier. Je récupère mon sac et je file vers la sortie. Il répond froidement au baiser que je pose sur sa bouche et ce malaise qui s’installe entre nous me dérange :
— Matt, qu’est-ce que tu veux ?
— Je suis fatigué. J’ai envie de dormir.
— Tu veux que je le dise à Frann, c’est ça ?
— Tu fais comme tu veux.
Il reste poli, mais ferme. J’insiste avec une petite voix :
— Tout ça parce que tu veux que je reste ?
— J’ai changé d’avis. Il vaut mieux que tu rentres.
Je ne comprends pas sa réaction, mais il ne m’explique rien. Il reste impassible pendant que j’espère qu’il dise autre chose. Je comprends qu’il attend que je m’en aille et soudain, j’ai même la sensation de le déranger.
Son attitude me blesse, alors je pars, non sans être un peu amère de cette première dispute.
Table des matières
- 01 – La chasse Env. 4 pages / 1129 mots
- 02 – Le karaoké Env. 5 pages / 1567 mots
- 03 – Charmant Env. 3 pages / 804 mots
- 04 – Promenade Env. 3 pages / 1002 mots
- 05 – La douche Env. 5 pages / 1501 mots
- 06 – La nuit Env. 5 pages / 1748 mots
- 07 – Réalité Env. 7 pages / 2343 mots
- 08 – L’annonce Env. 3 pages / 980 mots
- 09 – Les rumeurs Env. 4 pages / 1310 mots
- 10 – Papa Env. 6 pages / 1908 mots
- 11 – Les alliés Env. 3 pages / 757 mots
- 12 – Bryant Env. 6 pages / 1784 mots
- 13 – Le piano à queue Env. 4 pages / 1306 mots
- 14 – C’est lui Env. 4 pages / 1102 mots
- 15 – L’équipe Env. 6 pages / 1939 mots
- 16 – Le Drive in Env. 5 pages / 1840 mots
- 17 – Premières Chansons Env. 5 pages / 1506 mots
- 18 – Le veto Env. 5 pages / 1671 mots
- 19 – Arrangements Env. 5 pages / 1753 mots
- 20 – Résultats Env. 2 pages / 681 mots
- 21 – L’intérêt Env. 5 pages / 1853 mots
- 22 – La raison Env. 6 pages / 2216 mots
- 23 – Explications Env. 6 pages / 1910 mots
- 24 – Reprise Env. 6 pages / 2001 mots
- 25 – Le Matin Env. 5 pages / 1788 mots
- 26 – Découvertes Env. 6 pages / 1922 mots
- 27 – Rompre l’incertitude Env. 4 pages / 1154 mots
- 28 – Et alors ? Env. 5 pages / 1773 mots
- 29 – Dire Env. 6 pages / 2188 mots
- 30 – Deux Env. 7 pages / 2340 mots
- 31- Confidences Env. 6 pages / 1950 mots
- 32 – Le poids du chagrin Env. 6 pages / 1986 mots
- 33 – L’idole Env. 6 pages / 2102 mots
- 34 – Le voyage Env. 4 pages / 1237 mots
- 35 – Statut particulier Env. 4 pages / 1256 mots
- 36 – Retour Env. 5 pages / 1615 mots
- 37 – L’invité Env. 4 pages / 1327 mots
- 38 – Suppliques amoureuses Env. 3 pages / 899 mots
- 39 – Les nerfs à vif Env. 5 pages / 1768 mots
- 40 – Éclats de rumeur Env. 6 pages / 2322 mots
- 41 – Les Conséquences Env. 5 pages / 1562 mots
- 42 – Le silence Env. 3 pages / 934 mots
- 43 – La peur au ventre Env. 4 pages / 1212 mots
- 44 – Rien ne va plus Env. 4 pages / 1238 mots
- 45 – Faire ce qu’il faut Env. 5 pages / 1627 mots
- 46 – Perdue Env. 5 pages / 1615 mots
- 47 – malentendus Env. 5 pages / 1640 mots
- 48 – Chez Frann Env. 4 pages / 1397 mots
- 49 – Contretemps Env. 6 pages / 1924 mots
- 50 – L’amour Env. 6 pages / 2017 mots
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