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L'arche d'Akilège
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- Catégorie : SF et fantastique > Science-fiction, Anticipation
- Date de publication sur Atramenta : 7 avril 2011 à 1h35
- Dernière modification : 20 avril 2011 à 22h59
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- Longueur : Environ 23 pages / 6 637 mots
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L'arche d'Akilège
Bourdonnements du matin
Les bourdonnements reprirent de plus belle aux premières lueurs. C'était un instant magique, qui avait lieu toutes les huit heures : l'apparition du soleil derrière le globe terrestre. Les abeilles, qui ne souffraient d'aucune perte de température durant la période nocturne, s'endormaient cependant toutes les quatre heures et se réveillaient quelques minutes avant le retour de la lumière naturelle.
Akilège aimait aussi ce moment et se dirigeait toujours à la limite du niveau où elle travaillait face à sa direction. La voute de verre n'était parfois qu'à quelques mètres et elle pouvait voir danser les abeilles et les papillons qui allaient s'y heurter dans l'espoir de se baigner au plus près de ses rayons.
Instantanément, la couche photochromique à base d'halogenure d'argent répandue sur la partie externe de la voute atténua le rayonnement, avant qu'il ne devienne aveuglant et destructeur pour tous ses occupants. Comme pour les autres sphères de la station, le verre restait transparent pour qui était situé à l'intérieur, mais l'aspect extérieur devenait orange et opaque.
Les lampes blanches qui éclairaient faiblement les sphères dans l'obscurité s'éteignirent automatiquement, sans que personne ne les remarque.
Indispensables l'instant d'avant pour circuler à chaque niveau, (comme pour éclairer le vide et signaler la station aux pilotes des éventuels vaisseaux croisant au large aussi sûrement que les radars branchés sur leurs ordinateurs de bord), elles devenaient totalement inutiles dès l'apparition de l'astre solaire à quarante cinq degrés par rapport à l'horizontale des niveaux.Il y avait huit niveaux dans la sphère de quatre cent mètres de diamètre, et chaque niveau était composé de douze secteurs, reliés entre eux par des passerelles, en rotation autour de l'axe vertical afin qu'aucun espace ne reste plus de deux minutes à l'ombre.
Chaque secteur était occupé par des plantes à fleurs, et à fruits, pour le plus grand bonheur des abeilles et des papillons. Les arbres des vergers ne pouvaient cependant dépasser les vingts mètres de haut sans devenir dangereux pour l'équilibre des secteurs, et ils étaient taillés pour ne pas être trop fournis et laisser passer le soleil jusqu'aux sols, recouverts de milliers de fleurs.
Akilège ne se lassait pas de contempler les multiples ballets qui régissaient la sphère. Elle était chargée d'en orchestrer l'harmonie et d'en entretenir le fonctionnement. Elle n'était pas cependant une vulgaire tailleuse de haies et de gazon, bien que la tâche en la matière était immense.
Sans gravité, les tapis d'herbes et de fleurs mesuraient plus de cinquante centimètres, tandis que les arbres croissaient cinq fois plus vite que sur Terre.
Chaque secteur était constitué d'une couche de substrat minéral enserré entre les mailles fines d'un fin tissu de nylon et le maillage inextricable d'innombrables racines se nourrissant de l'eau chargée de nutriments liquides s'échappant sous pression des millions de trous des tuyaux souples inclus dans le substrat. L'épaisseur de chaque niveau était de cinq mètres et fréquemment, de grosses racines les traversaient et pendaient dans le « ciel » des niveaux inférieurs.
Des robots guidés par ordinateur tondaient chaque secteur une fois tous les trente deux jours entre les arbres et les massifs de fleurs annuelles, entretenus quant à eux par des hommes.
Créer ces stations, et surtout les immenses sphères de verre fut un travail de titan. D'immenses miroirs en apesanteur concentraient la lumière du soleil sur un mélange de silice, de chaux et de soude pour le porter à mille-sept-cent-trente degrés, puis la pâte obtenue était soufflée en quelques dizaines de minutes avec une canne de deux cent mètres de long. Les miroirs étaient ensuite réorientés vers une autre direction pour permettre au verre de refroidir en quelques minutes. Puis les ouvriers découpaient les ouvertures nécessaires à l'exploitation des sphères, soit en dome sur les bases lunaires, soit en serre spatiale ou en quartier d 'habitation pour les stations.
Néanmoins, la sphère initiale n'était jamais utilisée brute.
Epaisse d'une cinquantaine de centimètres, elle était ensuite doublée intérieur et extérieur d'une couche de résine transparente, maillée de fibres transparentes elles aussi, pour en renforcer la solidité, et surtout permettre à un corps dérivant d'y faire un beau petit trou de sa taille sans la fêler. A l'intérieur, entre deux couches de résine solide, deux épaisseurs de résine liquide translucide attendaient le moment de se rencontrer à des points de jonction imprévus. Une fois les couches percées par l'impact de petits corps dérivants, les deux liquides se mélangeaient et durcissaient par réaction chimique, assurant ainsi l'étanchéité quasi immédiatement pour des ouvertures accidentelles jusqu'à vingt centimètres.
En tout, trente deux stations de six sphères chacunes orbitaient sans relâche dans la banlieue terrestre, bardées de télescopes, de relais de communication et de lasers pour « le cas où ». Elles étaient aussi équipées d'un quai de transbordement et d'un laboratoire de physique spatiale.
C'était le seule solution que les hommes avaient trouvée pour produire chaque semestre dix millions de ruches destinées à polliniser les immenses serres terrestres indispensables à la survie de l'humanité.
La pollution de l'air, mais aussi des champignons pathogènes, plusieurs espèces de frelons, et pour finir les insecticides indispensables à la protection des cultures face à des nuisibles de plus en plus coriaces décimaient les ruches exportées sur terre en moins de six semaines.
De nombreux scientifiques, et pas seulement des biologistes, travaillaient en équipe pour Monsaleau, la firme tentaculaire régissant les semences mondiales, afin d'établir une solution plus rentable à la pollinisation des cultures. Akilège, entomologiste de formation, avait été recrutée quant à elle pour sélectionner des abeilles plus résistantes aux dures conditions terrestres. Elle avait bon espoir d'y parvenir bientôt.
Bien que la station comptât six sphères, l'équipe à bord n'était que d'une quinzaine de personnes, dont chacune possédait deux ou trois spécialités sur le bout des doigts. Les trois pilotes étaient aussi roboticiens et informaticiens. Le docteur en médecine du bord cuisinait et coupait les cheveux de l'équipe. Les biologistes, outre les abeilles, les papillons, les fleurs et la géologie avaient étudié la chimie minérale et la chimie organique afin de suivre l'évolution du substrat avec le temps, et devaient régénérer régulièrement les secteurs, en recyclant certains éléments, et en en transformant d'autres. Ils étaient aussi responsables de la transformation des déchets végétaux en nouveaux engrais liquides. Les deux physiciens étaient aussi experts en télécommunications.
Pour des raisons d'économie, quatre-vingt pour cent du substrat était d'origine lunaire, capturé en orbite suite à quelques explosions nucléaires contrôlées.
Quelques découvertes avaient ainsi été réalisées, dont des gisements de glace qui faisaient maintenant le bonheur des racines à moindre coût.
Akilège, dont c'était la première mission, s'émerveillait encore, au bout de quinze mois, du petit monde de la station, en particulier de l'harmonieuse organisation des sphserres comme elle aimait dire en riant à ses camarades malheureusement moins enjoués et enthousiastes qu'elle. Ils étaient d'ailleurs bien plus agés qu'elle, la cadette d'à peine vingt huit ans, alors qu'ils étaient tous quadras et blasés, se plaignant d'avoir à abandonner femme et enfants pour leur X ième mission dans l'espace. A les entendre, ils avaient assisté à la création des sphères quarante huit ans plus tôt et n'avaient pas quitté le pont de la station. Un seul, moins bête que ses congénères, avait essayé d'avoir de bons rapports avec cette brune ravissante, aux cheveux mi-long bouclés, aux dents si régulières de son sourire permanent, aux yeux si vifs. Il fallait aussi compter avec son buste si avenant auquel l'apesanteur donnait encore plus d'ampleur, et sa taille de guêpe et aux jambes si fuselées dans la combinaison moulante réglementaire impitoyable en cas de surcharge pondérale. Mais elle n'avait pas voulu de certains rapports et l'audacieux souriait moins depuis qu'elle le lui avait fermement fait comprendre, après une familiarité déplacée.
- Akilège, j'attends le relevé des sondes des niveaux quatre à sept pour terminer mes stats avant la fin de mon quart. C'est urgent.
Des statistiques journalières qui serviraient d'autres statistiques mensuelles, puis annuelles et que personne ne lirait, car seules les conclusions seraient prises en compte...Akilège s'arracha à sa réflexion et repris sa tournée des sondes, dissimulées sous le manteau fleuri d'un titan de verre et d'acier.
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