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La Princesse et les Goules
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- Catégorie : SF et fantastique > Fantasy
- Date de publication originale : 30/06/2006
- Date de publication sur Atramenta : 15 mars 2011 à 11h10
- Dernière modification : 4 octobre 2014 à 14h07
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- Longueur : Environ 6 pages / 1 773 mots
- Lecteurs : 31 lectures
Cette oeuvre est déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.
La Princesse et les Goules
La Princesse
Il était une fois, un plat pays de l’autre côté des colonnes d’Hercules, baigné par les flots bleus et gris d’un vaste océan toujours en mouvement, aux vagues ourlées d’écume blanche.
On dit que sur l’autre bord, très loin, là où le soleil se couche, il y a une grande dame. Elle se tient éternellement debout, regardant là où le soleil se lève… Elle tend haut une torche, espérant on ne sait quoi.
Cette grande dame tourne le dos à de vastes contrées ; peut-être guette-t-elle indéfiniment l’homme de son cœur, celui qui l’emmènera vers la liberté, la vie pleine et heureuse dont elle a toujours rêvé ?
Voit-elle, cette grande dame, le plat pays de ChatRentier en terre d’Oc ?
C’est une bande de terres riches. Il y a de grands champs de céréales, des vignes, des forêts. Depuis des siècles, les vignerons, dans le secret de leurs caves, préparent eau-forte, une eau magique, une eau maîtresse de la vie. Ils concoctent aussi un élixir aux teintes ambrées. Commercé dans des bouteilles soigneusement cachetées, cet élixir doit être bu frais pour transmettre toutes ses vertus aphrodisiaques !
Peut-être est-ce pour cela que l’élixir du royaume de ChatRentier se nomme PineHaut ? Quoi qu’il en soit, tous les hauts personnages de ce royaume en conservent des flacons poussiéreux au fond de leurs caves, bien à l’abri derrière de sombres grilles, en de sombres lieux encore plus introuvables que les oubliettes.
Dans le château de la Princesse Caroline se trouvent moult trésors encore plus précieux que ce PineHaut ! ne serait-ce que ses beaux enfants et sa légendaire monture Mamoto.
La princesse avait conquis ce territoire bien des années auparavant… À cette époque, elle était chevalier errant, sans autres biens que son haridelle pompeusement nommée Mamoto. Cette pauvre monture peinait à consommer les bords herbeux des chaussées, trop peu polluées par les hydrocarbures. Pour porter sa maîtresse et l’aider vaillamment à lutter, il lui aurait fallu trouver, chaque nuit, dans les auberges, une huile minérale bien grasse, et la satisfaire avec de riches octanes.
À cette époque, donc, la contrée était ruinée… Il n’y avait que des jachères et de vastes cimetières.
Caroline, n’avait pas encore conquis son titre et ses terres. Elle errait dans cette région désolée, dévorée par la faim. Aussi misérable qu’elle, Mamoto, son haridelle, cheminait tristement, la tête baissée, les côtes saillantes. Toutes deux avaient l’estomac dans les talons.
Une fragrance presque oubliée vint frapper les narines aristocratiques de la demoiselle. Là-bas, une mince fumée montait dans l’air frais du soir. Dans cette région désolée, il y avait au moins un être vivant qui préparait un brouet. Aussi infecte et misérable que soit cette nourriture, ce serait un peu de chaleur à se mettre dans l’estomac, et un peu de chaleur humaine pour le cœur.
Mamoto rugit pauvrement et se hâta vers l’écurie quoique ce ne fût pas une écurie de courses.
La masure était branlante, presque autant que les dents jaunâtres de la vieille qui les reçus sans bienveillance. Aux bruits, la vieille entrouvrit l’huis, juste assez pour entrevoir ce qui venait la déranger. Elle tenait à la main un lourd crucifix de bronze, et en menaçant, elle blasphéma : « Si tu es une nature du diable, cet engin a réussi à tuer Notre Seigneur, il sera largement suffisant pour te tuer… »
En apercevant la fine frimousse aux yeux bleus, au regard franc, à la peau de pêche encadrée de cheveux bruns, très courts, la vieille ouvrit grand la porte.
Apeurée, elle jetait des regards affolés vers la plaine encroûtée de cimetières. Vite, vite, elle fit entrer Caroline, la forçant à mettre aussi sa monture à l’abri, bien qu’assez loin de la cheminée.
La porte verrouillée, la vieille s’excusa en essuyant ses mains crasseuses dans les bords d’un tablier qui avait perdu sa couleur depuis longtemps sous une mosaïque de taches et de relief de repas.
Caroline surmonta ces visions d’horreur. N’était-elle point une personne de sang noble ? N’avait-elle point été formée dans la cour de son seigneur ? N’avait-elle pas séjourné dans la basse-cour, trempant ses mains dans le liquide nauséabond et minéral des montures ? N’avait-elle pas surmonté, un jour, l’infâme surprise de voir sourdre le sang de son corps, croyant être possédée par un démon ? N’avait-elle pas rêvé à l’amour de sa vie et pour cela n’avait-elle pas quitté la sécurité pour errer sur les routes où elle avait vécu d’étranges et épouvantables aventures qu’elle n’avait pas envie de narrer pour l’heure au coin de l’âtre aux oreilles poilues, emplies de cérumen, de la vieille qui l’écoutait, bouche béante et bavante, dents branlantes et mains tremblantes.
Après avoir bu l’épais brouet dont le seul mérite, à part la chaleur, était que l’on ne puisse en conter les ingrédients, Caroline paya le festin en contant à la vieille les nouvelles des alentours.
La vieille était toute ouïe, les mains en cornet autour des oreilles, les ongles démesurés tels des antennes, pour happer et comprendre les mots.
Puis, en bredouillant, postillonnant, éructant par tous les orifices, la vieille conta qu’elle était bien aise d’avoir de la visite. Depuis bien longtemps, elle n’avait vu chrétienne âme en cette contrée, plus de commerçant, plus de maquignon, encore moins de pèlerin quoiqu’en pense le Grand Saint Jacques…
La vieille se pencha, baissa encore la voix, et confia dans un souffle aux relents putrides : « C’est à cause des goules. »
Caroline tourna vivement la tête et posa sa douce main parfumée devant son visage pour éloigner les relents auprès desquels un égout empli d’ail semblerait refléter les senteurs du Paradis.
Elle ploya son cou délicat et s’enquit de ces goules qui effrayaient ainsi tout un pays.
La vieille s’affola à la question, elle jetait des regards apeurés, elle tenta même de regarder par les vitres doublées d’une couche brunâtre pour vérifier que personne ne les écoutait…
Mamota sentit que son intervention était requise. En un feulement doux, presque musical, la monture ronronna, créant un fond sonore pour masquer la conversation.
Alors, la vieille, lâcha des vents articulés et pestilentiels pour conter que les goules sont des génies femelles, dévorantes, venues des anciens empires de l’Orient. Elles dévoraient les corps morts des cimetières. Elle cita même le barde Hugo : « Goules, dont la lèvre jamais ne se sèvre du sang noir des morts ! ».
Brusquement prolixe, étrangement érudite, la vieille expliqua encore que le mot goule vient de l’Arabe, ghul, de ghal (a avec un accent long), fondre sur quelqu’un. Et que Pihan remarqua que ghul est masculin en arabe et signifie une espèce de loup-garou.
Le feu crépita encore une fois avant de plonger la masure dans l’obscurité. Mamoto cessa de feuler.
Dehors, des frôlements, des glissements, se faisaient entendre. Quelque chose rampait entre les herbes.
Caroline sentit alors ses cheveux et tous ses poils se dresser.
Pour ne pas céder à l’épouvante, elle se leva, s’assura que son arme était prête, et, à sa propre surprise, elle sortit.
L’air était frais, étrangement calme. Aucun oiseau ne se faisait entendre, le vent retenait son souffle.
Quelques herbes se balançaient encore, témoins silencieux du passage des hôtes indésirables.
Caroline s’élança vers les bois pourris, les croix, qui signalaient les fosses où les goules satisfaisaient leur faim.
La vieille aux yeux myopes encroûtés ne put qu’entendre les bruits du combat. L’arme, maniée de main sûre, fit un carnage des goules.
Au petit matin, les derniers restes immondes des goules disparurent, réduites en cendres par les rayons purificateurs du soleil.
Le seigneur de ChatRentier ne convoqua pas l’héroïne en son château, il se déplaça en personne pour venir récompenser Caroline.
Pour la remercier, il ne lui proposa pas la main de sa fille, mais il l’adouba et la nomma princesse. De plus, il lui fit cadeau de tout le territoire qu’elle avait reconquis aux goules.
Pour que personne n’oublie l’exploit, il décida qu’une ville serait construite à cet endroit et que l’on la nommerait PasGouleAime. Car vraiment l’on n’aimait pas les goules en son royaume.
Au fil des ans, les mots s’écorchèrent et se déformèrent en Angoulême.
La princesse Caroline décida de remercier la vieille pour son hospitalité. Elle proposa de transformer la chaumière, de lui adjoindre l’eau et le confort. Et même, pourquoi pas, une salle de bains !
La vieille préféra conserver sa chaumière en l’état. Elle dit que son seul désir était de suivre partout la princesse : « <Là où vous irez, j’irais. »
La princesse accepta de grand c ? ur quoique qu’à narine regret. Fine mouche, elle proposa de nommer l’arpent de terre : IREZ. Ainsi, la vieille n’aurait pas à se déplacer, n’avait-elle pas dit : « <Là où vous irez, j’irais. »
Quand la vieille décéda, la Princesse reprit le terrain et elle fit construire une belle demeure dont le nom devint YREIX.
Ainsi se termine le premier chapitre et non pas ChatPitre des aventures de la princesse Caroline et de sa monture Mamoto.
La princesse continua à se battre pour le bien de ses gens.
Elle défit en combat singulier un dragon. Ce dernier était un beau page qui avait été métamorphosé en dragon par un méchant sorcier. Redevenu homme, il vécut avec la princesse et lui fit deux beaux enfants : Marie-Hélène et Julien. Malheureusement, le page disparut en des circonstances qui méritent d’être contées.
Plus tard, la princesse, dans un de ses voyages aventureux, sauva un homme de la gelure en lui faisant un rempart de son corps, fort avenant du reste. L’homme se trouva indigne de partager le trône, mais il lui fit cadeau d’un poupon, Sophie.
Plus tard encore, la Princesse Caroline fit savoir que son c ? ur, sa main et son trône seraient à qui pourrait la conquérir.
Un pigeon chassé de France, lui fit alors accroire qu’un prince restait enfermé en une demeure du pays d’oïl, bien loin, par-delà le grand fleuve Loire.
Dame Caroline laissa alors ses enfants, ses gens et ses terres pour se porter vers ce prince. Elle en eut autant de mérites qu’en eut la Reine de Saba pour traverser les déserts d’Arabie et rencontrer le roi Salomon. Elle désirait échanger son or contre sa sagesse. Mais donner son or et son c ? ur, n’est-ce pas de la sagesse ?
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