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La ferme des morts (4) Une vengeance pour la Paix
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- Catégorie : Action, aventure, polars > Policier et Roman noir
- Date de publication originale : 26/08/2006
- Date de publication sur Atramenta : 15 mars 2011 à 11h10
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- Longueur : Environ 9 pages / 2 522 mots
- Lecteurs : 30 lectures
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La ferme des morts (4) Une vengeance pour la Paix
La ferme des morts : Une vengeance pour la Paix
Aéroport de Paris Roissy CDG, 7 heures 13 minutes 42 secondes…
L’inspecteur Joliveau sortit le béret de sa valise. Il ne pouvait aller à l’étranger sans coiffer ce symbole de la France. Modestement, il se refusait pourtant d’arborer la baguette de pain et le litron de rouge… Cela ferait trop mauvais genre pour rencontrer les ministres israéliens !
Au guichet de la compagnie israélienne, le personnel fut tout sourire pour le fameux policier Français, pensez-donc, il avait sauvé la vie de milliers de passagers en découvrant comment les terroristes faisaient exploser les avions en plein vol[1]. Ce faisant, il avait aussi sauvé la vie du ministre de la guerre.
C’est pour cela que le gouvernement israélien avait tenu à l’inviter officiellement à Tel-Aviv pour le remercier et le décorer avant de le laisser visiter le pays, de la Mer Rouge à la Mer morte, le long du Jourdain.
Après l’enregistrement, l’inspecteur Joliveau fut accompagné jusqu’à la salle d’attente des personnages importants : Lounge of VIP Room.
Le contrôle des papiers n’était pas un problème, mais ce qui l’attendait à la fouille était horrible. Une charmante hôtesse, baraquée comme un lutteur de foire, tendait à chaque passager un gobelet en plastique plein d’un liquide transparent, inodore… En grimaçant, l’inspecteur but l’eau à petites gorgées. Il ne pouvait en vouloir qu’à lui-même car il avait découvert que les terroristes devaient boire pour activer leur bombe. « Quand même, grommela-t-il, ils pourraient offrir un jus de fruits, naturel ou fermenté, ou ajouter une goutte d’anisette.
Ah, un bon verre de vin de Loire ! »
« La première classe, c’est vraiment la classe ! » L’inspecteur Joliveau roucoulait de plaisir en activant les boutons de son siège : haut, bas, incliné, télévision, radio, climatisation, appel de l’hôtesse… Oups !
« Pardon, Monsieur, puis-je quelque chose pour vous ? » Un anglais parfait, des jambes de rêve, une taille à damner un saint, tout ce qu’il fallait pour oublier les commandements de la religion. Religion née le long de ce Jourdain encore inconnu.
« Non, excusez-moi, je me suis trompé de boutons. »
« Pas de problème. Permettez-moi de vous présenter Madame Kaija Tarek. Elle a le siège à côté du vôtre. »
La créature de rêve disparue, laissant flotter un parfum suave, rose de Damas, musc du Népal, épices d’Orient, fleurs virginales cueillies sous la rosée…
Un bref instant de rêve… Etourdi, l’inspecteur se leva à moitié pour saluer, comme il se doit, la voisine de cabine.
Il resta stoïque ! La dame aurait sûrement besoin de deux sièges pour déposer toutes ses possessions. Elle avait des yeux splendides, d’un brun doré bordés d’un trait de khôl. Ses cheveux flamboyaient. Ses lèvres étaient pleines, gourmandes, assorties au double menton. Le cou élancé et gras culminait, telle une tour d’ivoire patinée, au dessus d’une plaine laiteuse se terminant, là-bas par deux magnifiques collines arrondies séparées par une large vallée ombreuse, prometteuse et confortable.
Elle avait une taille fine sous laquelle un astronome aurait pris plaisir à explorer des sphères en mouvement.
Elle s’asseya ou plutôt, elle se cala dans son siège prévu pour des personnes moins plantureuses, à côté du hublot.
La dame s’exprima dans un Anglais balbutiant, vite remplacé par un Français chaleureux !
- Ainsi, vous êtes Français ! C’est merveilleux, je suis de Baalbek, au Liban. Savez-vous que nous autres Libanais, nous adorons les Français, votre culture, votre langue. Quel dommage que vous n’ayez pas pu nous aider davantage ! Notre beau pays est ruiné pour la deuxième fois, mais nous le reconstruirons…
L’inspecteur, les yeux perdus dans l’immense vallée ivoirine et tiède n’écoutait plus…
« Jamais il n’avait vu une femme aussi splendide, pleine de vie, attirante. Bien sûr, pensait-il, il me faudrait une montgolfière pour l’emmener au septième ciel, mais quelle classe elle a ! »
- Monsieur, Monsieur.
- Oh, pardon Madame, je pensais à autre chose. Euh, excusez-moi si je suis indiscret. Vous parliez de la guerre… Mais pourquoi volez-vous sur une compagnie israélienne ?
- Pourquoi ? Il y a de multiples raisons que j’ai déjà expliquées aux douaniers. Le prix du vol. Le manque de liaison avec Beyrouth. Le désir de découvrir la Mer Rouge. La qualité de la nourriture. Bien que chrétienne, j’aime la nourriture casher… Que puis-je encore inventer pour vous faire plaisir ?
- Rien, rien, merci, je suis très curieux de nature. De plus je suis policier, et…
- Et vous êtes déformé par votre métier comme moi par le mien ! Voyez vous j’étais restauratrice jusqu’à ce que mon établissement soit ruiné… J’ai tout perdu sauf ces kilos en trop…
- Vous avez conservé votre charme et votre vitalité. N’est-ce pas le plus important ?
- Pas plus importants que mon mari et mes deux fils ?
- Pardon ?
- Mon mari et mes deux fils sont restés, victime des bombardements. Ils ont agonisé pendant des jours… Il y a avait tellement de victimes que les secours ne parvenaient pas à tous les sauver.
- Oh, je suis désolé, compatit sincèrement l’inspecteur en voyant perler des larmes sous les longs cils.
- Personne ne me les rendra… Vous dites être policier, que faites-vous exactement ?
- Je suis spécialisé dans la criminologie, plus exactement les assassinats. J’ai une formation en médecine légale, j’essaie, en voyant un corps, de savoir quand le meurtre a eu lieu, si le cadavre a été déplacé… C’est très intéressant.
- Sûrement, répondit Madame Kaija Tarek. Excusez, mais je ne me souviens pas de votre nom ?
- Je suis l’inspecteur Joliveau.
- Votre nom me dit quelque chose… On a parlé de vous dernièrement ? Ah, j’y suis, dans le journal… Vous avez sauvé un avion. J’y suis ! C’est vous qui avez sauvé la vie d’un ministre.
- Oui, exactement.
- Vous avez sauvé la vie de celui qui a tué ma famille !
- …
- Ne prenez pas cet air désolé. Vous ne pouviez pas savoir.
- Puis-je faire quelque chose pour vous être agréable à défaut d’être pardonné ?
- Oui, vous pouvez. Aidez-moi à choisir des mets qui s’assortissent aux vins proposés. Car vous aimez bien vivre, n’est-ce pas ?
Les hôtesses arrivèrent avec l’apéritif, le champagne…
Le repas était raffiné, autant qu’il peut l’être dans un avion. Les mets étaient succulents, les vins gouleyants, Madame Kaija Tarek était charmante, érudite, pleine d’humour. Tous deux évitèrent de parler de la guerre et de ses horreurs.
Après le café, l’inspecteur et sa compagne inclinèrent légèrement leurs sièges, amateurs d’une petite sieste.
Comme d’habitude, l’inspecteur glissa rapidement dans le sommeil et il se réveilla quatorze minutes plus tard, l’esprit bien éveillé.
Il ne bougea pas, désireux de respecter le sommeil de sa compagne de voyage. Il repassait leurs discussions en revue, savourant ces instants forts agréables …
Une faible odeur, un parfum étrange, titilla ses narines… Il avait déjà reconnu le parfum de sa voisine, légèrement épicé, boisé, une pointe de muguet et de vétiver… Non, ce n’était pas cela, c’était une fragrance connue, commune, plus citadine. Il l’avait sur le bout de la langue !
« Du Gas-oil ! Oui, c’est sûrement du fuel. Ce n’est pas la même odeur que le kérosène de l’avion… »
L’inspecteur s’appuya sur les accoudoirs, il tourna lentement la tête, observant le couloir, les autres passagers.
Il humait l’air, cherchant d’où pouvait provenir cette odeur. La climatisation ronronnait doucement, l’air brassé semblait venir de n’importe où ?
« Si, là j’en suis certain ! » L’inspecteur se pencha un peu sur le côté, aspirant délicatement l’air au-dessus de la plantureuse Madame Kaija Tarek.
« Je reconnais son parfum un peu fort, mais, c’est sûr, cette odeur de gas-oil provient d’elle. De ses vêtements ou… »
D’un coup, les leçons apprises à la Ferme des Morts ressurgirent en son esprit.
Il s’immobilisa, sa respiration se fit plus courte, les yeux fixes, il projetait son esprit sur sa belle voisine.
« D’abord, les cheveux, la racine est à peine plus foncé que les mèches, normal. Ses oreilles sont normales aussi, les boucles d’oreilles ont de la valeur, sans plus…. La peau du visage est fine, légèrement maquillée. Les dents sont à peine visibles entre des lèvres naturelles, pas de silicone. Les dents ont fait leur office au cours du repas… Le cou est un peu élancé et fort, sa peau est en bon état, une belle femme dans la quarantaine… Les seins sont volumineux, un peu trop. Je ne vois pas de cicatrice… Ah, si, là ! Malgré la poudre de riz, il y a une ombre très légère… Etrange… »
L’inspecteur se leva en douceur et il alla déranger l’hôtesse en lui murmurant quelque chose à l’oreille.
Ensuite, il revint s'asseoir, tenant en main une torche électrique prêtée par l’équipage. Quand on est un flic célèbre invité par le gouvernement, on peut tout demander à une hôtesse. D’ailleurs, celle-ci avait l’air déçue…
Longuement, l’inspecteur éclaira le décolleté généreux de sa voisine, observant le grain de peau, la naissance des seins, les attaches vers l’épaule, la pression du soutien-gorge.
Une fois de plus, il se leva, rapporta la lampe torche à l’hôtesse. Il se pencha vers elle, plongeant ses yeux dans les siens et il lui murmura quelque chose. L’hôtesse changea de couleur, pâlit, rougit. Ses genoux gainés de soie fléchirent un peu, elle s’appuya sur l’épaule de l’inspecteur. Ses lèvres effleurèrent l’oreille de l’inspecteur.
L’inspecteur la saisit par les bras, il lui parla fermement mais d’un ton de voix presque inaudible, puis il retourna à son siège alors que l’hôtesse se dirigea vers l’avant de l’appareil.
Deux minutes plus tard, elle revint vers l’inspecteur Joliveau.
- S’il vous plaît, Monsieur. Notre commandant serait heureux de vous faire visiter la cabine de pilotage. Si vous voulez bien me suivre.
Les présentations furent brèves entre les deux hommes, il fallait faire vite.
- L’attentat aura sûrement lieu au-dessus de Tel-Aviv pour avoir le plus de retentissements possible, affirma l’inspecteur. Mais il peut avoir lieu n’importe quand, il faut faire vite.
- Que pouvons-nous faire ?
- Sincèrement, je n’en sais rien. Nous sommes encore au-dessus de la Méditerranée... Elle dort paisiblement... Prévenez les autorités, les secours. Moi, je retourne m'asseoir à côté d’elle et j’essaierai de l’empêcher de commettre l’irréparable. Ah si, je sais quoi faire ! Ecoutez…
*
* *
Quand Madame Kaija Tarek s’éveilla, l’avion quittait les flots bleus pour les dunes ocres du désert. Elle s’étira, passa son petit bout de langue sur ses lèvres. Elle se retourna vers son voisin, souriante, enjôleuse.
- J’ai bien dormi, et vous ? J’ai fait de beaux rêves, enchaîna-t-elle sans lui laisser le temps de répondre. J’ai rêvé qu’il avait plu, que le désert se changeait en jardins et que tous les enfants étaient heureux…
- Moi j’ai fait un cauchemar horrible. J’ai rêvé qu’un terroriste s’était introduit dans l’avion avec deux bidons, l’un de gas-oil, l’autre d’ammonitrate, vous savez, du nitrate d’ammonium. Il mélangeait les deux, l’engrais et le combustible, et tout était détruit dans une gigantesque explosion, exactement comme pour AZF à Toulouse…
- Vous savez que c’est impossible, la fouille a été sévère. Peut-être est-ce une réminiscence de vos dernières affaires ?
- Sûrement. Ce peut aussi être mon subconscient qui a capté bien des indices et qui veut m’avertir d’un danger ?
- Quel danger ? L’avion est neuf, la sécurité est pointilleuse… Comment voulez-vous que l’on puisse faire entrer des explosifs dans cet avion ?
- Vous avez sûrement raison charmante voisine. Il nous reste encore une bonne heure de vol. Désirez-vous jouer à quelque chose avec moi ?
- Pourquoi pas, répondit la Libanaise d’un ton enjoué sans remarquer que l’inspecteur faisait un signe discret, une main dans le couloir.
- C’est un jeu de main inventé par les voyous. Regardez, je me penche légèrement sur vous, comme si je voulais vous embrasser.
- Comme si, s’amusa-t-elle en le voyant penché sur elle.
- Je vous prends la main opposée.
- Et puis, gloussa-t-elle sans remarquer un homme venant vers eux.
- Et puis !
Clic, clic ! L’inspecteur se fit un plus lourd sur sa voisine, les menottes cliquetèrent sur le poignet droit et l’accoudoir côté hublot.
Clic, clic ! Une autre paire de menottes enserraient le poignet gauche et l’autre accoudoir. L’homme, un membre des services de sécurité avait agit rapidement, froidement.
- Mais, mais, que faites vous ? Je me plaindrai à mon consulat, c’est vous les terroristes ! Et vous, le Français, vous n’avez pas honte de prendre le parti de ces gens là !
- Madame, répondit poliment l’inspecteur, debout dans le couloir. Madame, je prends le parti de ma vie. Si je ne me trompe pas, vous avez de faux seins emplis de billes d’ammonitrate et de gas-oil. Un détonateur aurait été détecté par la sécurité, donc vous aviez imaginé un autre système de mise à feux. J’ai pensé au plus simple : en allant aux toilettes, vous vous laissez tomber en avant, de tout votre poids. Les billes éclatent, les liquides se mélangent.
C’est l’explosion !
- Mais, comment avez-vous deviné ?
- En mettant votre magnifique poitrine en évidence, le regard des mâles plongent au plus profond, les femmes évitent de regarder par jalousie. Une cachette idéale.
- Mais alors ?
- Alors, votre parfum capiteux n’a pas masqué l’odeur de gas-oil. Une odeur insolite. En vous observant bien pendant votre sommeil, j’ai discerné le raccord impeccable de la fausse poitrine sur la vraie. Un travail d’artiste.
- Que vont-ils faire de moi ? Déjà, ils ont assassiné toute ma famille, ils vont me tuer ! Je veux encore vivre…
- Encore vivre ? Vous vouliez vous sacrifier pour les venger en tuant des innocents. Vous ne valez pas mieux qu’eux !
*
* *
C’est avec tristesse que l’inspecteur accepta l’accolade du ministre et la médaille…
Son cœur était avec Madame Kaija Tarek, une jolie femme qui avait trop souffert et qui allait terminer ses jours dans une prison lugubre…
Qu’importe, dehors, il y avait un véhicule et un chauffeur, quelques jours de vacances au soleil…
- Monsieur Jolivet ! Please, Why do you not answer ? What are you doing now ? (SVP, pourquoi ne répondez vous pas ? Qu’allez vous faire maintenant ?)
- Faut que j’y aille, répondit distraitement l’inspecteur, pressé de quitter ces mondanités.
- What, Funk G.I.s ! Why do you want to do ? Please, translate.
- Monsieur le ministre vous demande pourquoi vous voulez sodomiser les soldats américains, ricana l’interprète. Il a confondu : « il faut que j’y aille » avec « funk GIs » !
=========== Note =============
[1] La ferme des morts - Un vol vers l'Enfer
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