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La Cité du Dieu Mort
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- Catégorie : SF et fantastique > Fantasy
- Date de publication originale : 19/04/2010
- Date de publication sur Atramenta : 12 juillet 2011 à 19h26
- Dernière modification : 31 mars 2014 à 10h40
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- Longueur : Environ 420 pages / 134 444 mots
- Lecteurs : 484 lectures + 568 téléchargements
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La Cité du Dieu Mort
Chapitre XXI
Arkin était attablé seul à une table, à la terrasse d’une taverne, buvant un verre de bière. Au dessus de lui, une treille jetait une ombre bienfaisante sur les tables aux alentours, atténuant la morsure impitoyable du soleil. Un jeune garçon aveugle, les yeux masqués par un bandeau, chantait d’une voix tremblante et haut perchée, tandis qu’un autre l’accompagnait à l’aide d’une flûte grossièrement taillée, en une mélopée maladroite et hésitante. Les rares clients venus chercher ici un peu d’ombre et de fraîcheur les toisaient d’un air peu amène, et déjà le tavernier, qui guettait leurs réactions, hésitait à chasser les deux mendiants. Arkin poussa un grognement. Il plongea la main dans sa poche et en sortit une piécette qu’il lança vers les deux enfants. Il avait un fils du même âge, plus un autre qui aurait deux ans de plus s’il avait vécu.
— Toujours généreux n’est ce pas Arkin ? dit une voix.
Le milicien tressaillit, porta involontairement la main au coutelas qu’il portait à sa ceinture.
— Surekh, dit-il, embarrassé.
— Tu as l’air surpris de me voir, dit l’autre, d’une voix bizarre, plus forte qu’à l’ordinaire, comme s’il tenait à ce que tous ici puissent suivre leur conversation. Croyais-tu que je ne ressortirai jamais des cachots d’Allam ?
Etait-il venu chercher querelle ? Arkin sentit une sueur glacée dégouliner le long de son échine. Il connaissait la valeur de Surekh l’épée à la main, et ne se faisait aucune illusion sur la sienne. Surekh était-il prêt à déclencher une bagarre ?
— J’ai obéi aux ordres d’Allam ! s’exclama Arkin. Qu’est-ce que je pouvais faire ? Si tu avais été à ma place…
Surekh balaya ses paroles d’un geste impatient.
— Peu importe. J’ai un message à te confier, un message à apporter à ton maître…
— Allam ? Pourquoi ne vas-tu pas lui porter toi-même ? murmura Arkin, mais Surekh l’ignora. Arkin avait la bizarre impression qu’il ne l’avait même pas entendu.
— Dis à Allam que j’ai ce qu’il cherche. Anek est mort et l’objet est entre mes mains. Dis lui que s’il veut le récupérer il devra se plier à mes conditions : qu’il vienne me retrouver, demain, à l’aube, au pied des falaises du nord. Il devra m’apporter ce qu’il m’a promis, plus une bourse de cinquante ruelles d’argent et un navire, un voilier manoeuvrable par une seule personne et équipé en provisions et eau douce pour quatre jours de voyage. Dis-lui tout cela sans rien omettre.
Arkin secoua la tête.
— Tu es fou, Surekh. Comment oses-tu ? Allam ne négociera jamais avec toi.
Surekh lui jeta un regard noir.
— Il faudra bien. Sinon je livrerai l’objet à ses ennemis. Dis lui bien cela. Dis lui bien que je n’hésiterai pas une seule seconde à le faire s’il n’obéit pas à mes instructions à la lettre, s’il tente quoi que ce soit contre moi.
Et il s’éloigna, laissant Arkin à ces interrogations. En passant au niveau des deux enfants, il s’arrêta, parut hésiter un instant. Arkin le vit fouiller dans sa bourse, en tirer une pièce de bronze, une ruelle entière, qu’il glissa dans la main du petit aveugle.
Embusqué derrière des rochers, au sommet de la falaise, Surekh attendait. La nuit était douce et l’aube ne tarderait pas à poindre. Surekh se sentait étrangement oppressé. Il avait l’impression de ne pas pouvoir respirer librement, comme si un poids pesait sur sa poitrine. Pourquoi donc une telle angoisse ? Ses revendications étaient raisonnables, et Allam lui-même ne pourrait les juger excessive. Il offrait beaucoup et demandait peu, rien auquel Allam ne pouvait consentir. Cinquante ruelles d’argent étaient une fortune pour lui, mais pour le maître de Forghûn elle ne représentait rien. Quant à Mara, c’était Allam lui-même qui lui avait promis sa main.
Pourquoi Surekh sentait-il l’anguillon de l’angoisse percer ses entrailles ?
D’où il était placé, il verrait facilement s’approcher Allam, saurait tout de suite s’il était accompagné, s’il avait oui ou non l’intention de tenir sa promesse.
L’Arhkand était caché tout près, dans un renfoncement de rocher, dissimulé par une couche de terre et de cailloux.
Il ne restait qu’à attendre.
Déjà, les premières lueurs de l’aube embrasaient l’horizon. Déjà les premières barques s’éloignaient de la côte, profitant de la marée. On les voyait s’éloigner, petites lueurs pâles dansant dans la pénombre. Le murmure des vagues ne parvenait pas aux oreilles de Surekh, mais il sentait la présence obscure de la mer sous ses pieds.
Soudain, une lueur parut, tremblotante, dans les rochers en contrebas. Surekh se pencha en avant, impatient. Longeant la grève, un homme marchait, seul, tenant une lanterne. Il marchait, sans hâte et sans crainte, drapé dans un long manteau noir.
Il est venu, pensa Surekh dans un premier instant de triomphe, aussitôt assombri : Il est seul. Où est Mara ? Pourquoi n’est-elle pas avec lui ?
L’esprit de Surekh balaya fiévreusement toutes les possibilités : Allam refusait son arrangement, il n’avait pas l’intention de lui donner Mara… Peut-être n’avait-il pas réussi à convaincre Melkar ? Mais peut-être qu’il avait simplement laissé Mara en arrière, attendant de voir si Surekh possédait réellement le diadème ? Peut-être était-elle là, quelque part, invisible dans les ténèbres ? Surekh scruta l’obscurité en quête d’une ombre, d’une présence susceptible d’alimenter son espoir. L’angoisse pourtant le tarraudait, atteignait un paroxysme insoutenable. Il aurait voulu se dresser, crier, appeler de toutes ses forces.
Mais il resta tapi dans l’ombre, caché dans les rochers, observant Allam qui s’avançait sur une plage de galets que la mer avait dévoilée en se retirant. Il s’arrêta et regarda autour de lui, levant la lanterne vers les falaises qui le surplombaient. Etait-il impatient ? Inquiet ? A l’horizon, les premiers rayons du soleil parurent, baignant la mer d’une lumière blafarde. Allam rejeta son capuchon en arrière, dévoilant un visage décharné aussi impénétrable que s’il avait été gravé dans l’écorce d’un vieux tronc.
Surekh descendit le long des rochers, suivant une pente abrupte qui menait à une corniche étroite dominant la mer. Il jeta un regard en contrebas. Allam ne l’avait pas remarqué. Aux alentours, aussi loin que portait son regard, la plage était déserte. Pas de garde embusqué, ni dans les rochers, ni dans le quartier des pêcheurs, ces masures misérables qui s’agglutinaient le long de la rive, et jusque sur la mer elle-même, tenues à l’écart du port, repoussées par les bâtiments de pierre plus massifs. Plus loin, les flèches acérées des tours des seigneurs sorciers pointaient dans le ciel, luisant dans les premiers rayons de soleil.
Il ne voyait ni Mara, ni le navire qu’il avait demandé. Surekh sentit une vague de fureur l’envahir. Une colère froide couvait en lui. Qu’est-ce que Allam avait en tête ? Il dévala les rochers avec l’agilité d’un singe, et se laissa tomber au pied de l’intendant.
— Où est-elle Allam ? Où est Mara ?
Surekh regardait la maître de Forghûn d’un air menaçant, la main posée sur le pommeau de son épée. La colère qui brûlait en lui chassait toute peur. Il enrageait de voir ses plans contrariés, mis en péril par ce vieillard austère qui se dressait, impassible, comme s’il ne craignait rien de lui.
— Vous me l’avez promis, Allam grogna Surekh.
Allam leva les yeux vers le jeune guerrier, cherchant son regard. Surekh perçut toute la gêne qui était en lui. L’intendant leva la main gauche, révélant un petit sac rempli à demi. Il l’agita, fit sonner les pièces qu’il contenait, mais Surekh n’entendait rien - et ne lui accorda même pas un regard.
— J’ai l’argent Surekh, dit Allam. Cinquante pièces d’argent, comme vous l’avez demandé.
— Ce n’est pas ce que je vous demande, explosa Surekh.
Allam parut s’assombrir. Lorsqu’il reprit la parole, son ton était étudié, prudent.
— Il y a eut un contretemps. Un retard tout au plus. Il sera vite résolu. Vous aurez cette fille Surekh. Je vous ai donné ma parole. Vous aurez cette fille dès que vous me donnerez l’Arhkand. L’avez-vous Surekh ? L’avez-vous réellement ?
Mais Surekh l’ignora. Son poing se crispa sur le pommeau de son arme. Il jeta tout autour des regards méfiants. Pourquoi Allam faisait-il traîner les choses ? Pourquoi tant de circonvolutions ? Qu’attendait-il ?
— Que voulez-vous dire ? Quel contretemps ? Expliquez-vous ?
Allam hésita, laissant passer quelques secondes. Surekh dardant sur lui un regard de fureur.
— Parlez ! exigea-t-il.
— La fille de Melkar… a disparu, finit par dire Allam avec une évidente répugnance.
— Elle est morte ? dit aussitôt Surekh, avec la sensation que tout basculait autour de lui.
— Non ! dit immédiatement Allam. Elle n’est pas morte ! Je vous le promets Surekh, vous l’aurez. Quel qu’en soit le prix, nous la retrouverons. Mes hommes sont déjà à sa recherche. Ils fouilleront toute la cité, bâtiment par bâtiment s’il le faut. Elle ne pourra nous échapper.
Allam parlait fort, distinctement, fixant Surekh avec intensité, comme s’il avait voulu lui imposer sa volonté par son seul regard.
— Que lui est-il arrivé ? demanda Surekh dans un souffle.
— Elle a été enlevée, dit Allam avec une évidente répugnance.
— Par qui ?
— Nous ne savons pas.
— Mensonges ! gronda Surekh qui dégaina son épée d’un geste de rage.
— Je vous le promets, Surekh, dit Allam qui n’avait pas tressailli. Nous ne savons pas encore qui ils sont, mais nous les trouverons, je vous en donne ma parole.
Il fit un pas en avant et Surekh recula aussi de quelques pas.
— Donnez moi l’Arhkand, dit Allam d’une voix sans appel. Donnez le moi Surekh. Il sera en sécurité avec moi. Vous aurez l’argent, les cinquante pièces d’argent que vous avez demandé, plus dix fois autant. Vous aurez la fille. Ce n’est qu’une question d’heures avant que nous la retrouvions. Je mettrais toute ma garde sur l’affaire. Rien dans la cité ne pourra nous échapper. Donnez moi l’Arhkand !
Mais Surekh n’écoutait plus, réfléchissait furieusement. Cet enlèvement n’était pas un hasard, il le savait. Allam ne voulait pas le reconnaître, mais Surekh l’avait aussitôt compris : ceux qui avaient capturé Mara avaient fait cela pour l’atteindre lui, pour s’assurer qu’il ne remettrait pas le diadème à Allam, pour l’échanger ensuite. Comment avaient-ils su ? Comment avaient-ils été avertis qu’il possédait l’Arhkand et comment avaient-ils eu vent de ses liens avec Mara ? Peu importait à présent.
Il n’y avait qu’une seule chose à faire.
Surekh recula encore une fois, l’esprit en feu.
— Le diadème, Surekh ! dit Allam avec une force nouvelle. Où est-il ? où l’avez-vous mis ? L’avez-vous ici avec vous ?
Surekh secoua la tête, comme un automate. Allam continuait à avancer.
— Donnez le moi Surekh, et je vous aiderais. Tout mon aide, tout mon soutien vous sera acquis.
— Arrière répondit Surekh, leva son épée d’un air menaçant.
Allam stoppa net, jeta un œil à la pointe menaçante qui dansait devant ses yeux.
— Ne faites pas l’idiot.
— Allez-vous en, ordonna Surekh.
— Ne faites pas ça, dit Allam d’une voix lourde de menace. Vous n’avez aucune chance de régler cette affaire sans mon aide.
— Allez vous en, répéta Surekh.
— Si je repars d’ici sans l’Arhkand, dit Allam, je serai votre ennemi, dès à présent, et à jamais. Vous serez traqué, partout où vous irez. Forghûn deviendra un enfer pour vous. Il n’y aura plus de havre - nulle part. Jamais vous ne pourrez retrouver la fille.
Surekh demeurait figé, les yeux fixés sur la mer. Dansant dans les mers, luttant contre la marée, une barque était apparue, remplie d’homme d’armes brandissant des épées et des lances. Allam suivit son regard, se retourna vers le navire.
— Mes gardes arrivent, dit-il avec une sombre satisfaction. C’est votre dernière chance. Donnez-nous le diadème. Maintenant.
Une fois encore, Surekh secoua la tête. D’un bond il fut sur Allam et pointa son épée sur sa gorge.
— Dites leur de partir, exigea-t-il.
— Dites leur vous-même, riposta Allam.
— Je vais vous tuer ! gronda Surekh.
— Ma mort importe peu, dit tranquillement Allam. Si je meurs, d’autres prendront ma place, où bien la cité sombrera dans le chaos. Ce qui doit advenir adviendra. Choisissez à présent.
Les gardes avaient presque atteint la plage à présent. Déjà ils se dressaient, armes brandies, se préparant à sauter à terre. Surekh hésita, parut sur le point de frapper, puis sa main retomba.
— Soyez maudit, dit-il.
— Nous vous traquerons, Surekh, dit Allam impitoyablement. Et lorsque nous vous aurons capturé nous vous ferons dire où vous avez mis le diadème.
Les gardes sautèrent hors du navire, faisant jaillir des gerbes d’écume. Surekh tourna les talons et se mit à courir.
— Revenez, Surekh ! cria encore Allam.
Mais Surekh n’écoutait plus, il fuyait, éperdu, dans les rochers. Il n’était plus temps à présent d’escalader la paroi rocheuse, il fallait trouver une cachette quelque part au pied des falaises. Les gardes se lancèrent à sa poursuite comme une meute de chiens à la curée.
— Vivant ! cria Allam. Surtout prenez le vivant !
Surekh serpenta entre d’énormes rochers couverts d’algues et de coquillages, des rochers massifs que la mer avait dévoilé durant la nuit en se retirant. Il voulut jeter un coup d’œil à ses poursuivants, mais son pied se prit dans un trou et il s’effondra violemment sur le sol, s’entaillant profondément le genou. Surekh bondit sur ses pieds avec une grimace de douleur. Il avait l’impression qu’une lame aiguë venait de lui perforer la rotule. Des cris et des exclamations retentirent, mais Surekh ne comprit pas les paroles. Ils le cherchaient. Ils étaient tout près. Il regarda autour de lui comme un animal traqué. Où se cacher ? Comment échapper à ses poursuivants ?
— Ici ! dit une voix tremblante.
Surekh sursauta : dans l’ombre d’un rocher, tapis à l’intérieur d’une faille quasi invisible, deux yeux le regardaient, deux yeux brillants dans les ténèbres comme ceux d’un esprit des eaux. Il distingua un visage d’ivoire auréolé de cheveux d’or. Sans hésiter Surekh bondit en avant et se glissa en rampant sous le rocher. L’anfractuosité était si étroite qu’il dût lutter et se contorsionner pour s’y introduire, s’écorchant les coudes et les genoux sur la roche. Enfin le passage s’élargit, se transforma en une sorte de caverne humide trempée d’eau de mer. La petite forme s’était retirée dans la pénombre et l’observait, immobile.
A l’extérieur, il y eut des cris, des bruits de course, des jurons.
Surekh retint son souffle. Allaient ils fouiller les rochers, trouver la cachette ? Il pensa au sang qu’il avait laissé sur les galets, aux traces qui pourraient dévoiler sa présence.
Soudain, il tressaillit. Une petite main chaude s’était glissée dans la sienne, le tirant en arrière vers les ténèbres. Surekh résista.
— Viens, chuchota la petite fille, d’un murmure si bas qu’il n’arriva pas aux oreilles de Surekh.
A l’extérieur, Surekh crut reconnaître la voix d’Allam… où était-ce simplement son imagination ? Il suivit l’enfant et s’enfonça à tâtons dans un réduit sinueux qui montait en serpentant dans les ténèbres les plus totales.
Surekh marchait avec peine, glissant sur la roche humide, oppressé par les ténèbres autour de lui, par le silence assourdissant des cavernes. Il n’entendait rien, ne voyait rien. Il marchait courbé, mais malgré cela son front sans cesse heurtait les pierres du plafond réveillant la douleur hallucinante de son crâne. Il tituba, rongé par la souffrance, par la peur, dévoré par une angoisse sans limite. Seul, il aurait reculé, aurait préféré affronter les gardes plutôt que cet abîme de noirceurs insondables. Mais la main de l’enfant dans sa main le tirait toujours plus avant dans les ténèbres.
Puis, ils débouchèrent dans une caverne plus vaste, éclairée par des failles infimes et d’étroits conduits naturels qui débouchaient à l’extérieur, vers la lumière du soleil. Surekh balaya la grotte du regard. Elle avait une forme étrange, comme une sorte de sphère vaguement allongée, plus haute que large. Un silence profond régnait ici.
Surekh n’entendait pas le sifflement du vent à l’extérieur, ni le ruissellement de l’eau sur la roche, ni la respiration de l’enfant à ses cotés.
Sur les murs de la grotte, il y avait des dessins tracés à l’aide d’une peinture écarlate. Surekh eut un mouvement de recul en les voyant : la marque de Morgûl, le signe ténébreux des adeptes du Dieu Mort, avait été tracé sur la roche, avec des signes étranges et des runes que Surekh ne reconnut point. Il frissonna de terreur, prit soudain conscience du froid humide qui régnait ici.
Il détourna les yeux, envahi par un trouble qui raviva sa colère et reporta son attention sur l’enfant à ses cotés.
— Qui a peint cela ? demanda-t-il.
— Je ne sais pas… dit Liven. Cela a toujours été là… C’était là… avant…
— Avant quoi ? dit Surekh qui s’était penché pour entendre la voix de la petite fille.
Elle leva vers lui des yeux qui s’embuèrent de larmes.
— Avant qu’Anek et moi on trouve cet endroit.
Embarrassé, Surekh détourna le regard. Il ne savait que dire, et d’autres soucis réclamaient son attention.
— Il y a une autre sortie ?
La fillette secoua la tête.
— On peut rentrer que par la mer. Et à marée haute il faut plonger et nager dans le noir…
Surekh frissonna rien qu’à cette idée. Il poussa un soupir et s’assis sur le sol, le plus loin possible de la Marque.
— Attendons que les gardes s’en aillent, dit-il.
La fillette acquiesça gravement. Elle s’approcha et s’assit à coté de lui.
— Moi et Anek on venait souvent ici dit-elle. On restait des heures parfois, à parler dans le noir…
Et elle posa sa tête contre son flanc se lovant tout contre lui.
Surekh hésita, embarrassé, puis caressa doucement les boucles d’or. Elles étaient incroyablement douces et soyeuses, mais Surekh éprouvait pourtant une certaine répugnance à les toucher. Elles avaient un aspect étrange, inconvenant, presque obscène. La blondeur de son chef donnait à l’enfant une apparence inhumaine, monstrueuse. Surekh avait souvent été en contact avec des manduriens, les avait côtoyés, avait parfois partagé le pain et la bière avec eux. Pourtant, il n’avait jamais pu entièrement s’habituer à eux, et il avait l’impression que cette petite fille portait en elle quelque chose de malsain, de contre nature. L’enfant fit un mouvement, et ses mollets apparurent, nus et blancs, sous les haillons : ils étaient striés de marques sanguinolentes qui s’étalaient par endroit en croûtes malsaines. Surekh détourna le regard. Devant eux s’ouvrant le conduit étroit et obscur par lequel ils étaient arrivés. Surekh eut un sourire féroce. Si les gardes découvraient ce passage, il pourrait leur tenir tête longtemps, l’épée à la main, avant de succomber.
Sur le mur, la Marque de l’Empereur brûlait comme une flamme.
Table des matières
- Chapitre I Env. 11 pages / 3485 mots
- Chapitre II Env. 4 pages / 1028 mots
- Chapitre III Env. 10 pages / 3266 mots
- Chapitre IV Env. 7 pages / 2150 mots
- Chapitre V Env. 15 pages / 4967 mots
- Chapitre VI Env. 13 pages / 4103 mots
- Chapitre VII Env. 16 pages / 5097 mots
- Chapitre VIII Env. 9 pages / 2980 mots
- Chapitre IX Env. 7 pages / 2090 mots
- Chapitre X Env. 25 pages / 8064 mots
- Chapitre XI Env. 12 pages / 3479 mots
- Chapitre XII Env. 14 pages / 4021 mots
- Chapitre XIII Env. 13 pages / 3916 mots
- Chapitre XIV Env. 22 pages / 6991 mots
- Chapitre XV Env. 17 pages / 4953 mots
- Chapitre XVI Env. 17 pages / 5305 mots
- Chapitre XVII Env. 13 pages / 3851 mots
- Chapitre XVIII Env. 7 pages / 2080 mots
- Chapitre XIX Env. 12 pages / 3578 mots
- Chapitre XX Env. 21 pages / 6295 mots
- Chapitre XXI Env. 11 pages / 3251 mots
- Chapitre XXII Env. 19 pages / 5730 mots
- Chapitre XXIII Env. 29 pages / 8865 mots
- Chapitre XXIV Env. 17 pages / 5220 mots
- Chapitre XXV Env. 12 pages / 3951 mots
- Chapitre XXVI Env. 24 pages / 7120 mots
- Chapitre XXVII Env. 49 pages / 16218 mots
- Chapitre XXVIII Env. 5 pages / 1492 mots
- Chapitre XXIX Env. 3 pages / 898 mots
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