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La belle illusion
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- Catégorie : Littérature générale > Romans
- Date de publication sur Atramenta : 13 juillet 2020 à 15h30
- Dernière modification : 20 janvier 2021 à 18h24
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- Longueur : Environ 166 pages / 56 878 mots
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La belle illusion
Le retour des beaux jours.
Voilà trois mois que je n’avais pas vu Jack. Je compte pratiquement les jours. Même si je l’ai écarté de ma vie, il demeure malgré tout chaque jour qui passe dans mes pensées. Il est comme un être cher qui est parti mais qui reste gravé à jamais en soi.
Lisa m’avait bien aidé pour mettre en place un suivi avec un psychiatre alcoologue. Au début je le voyais tous les quinze jours puis tous les mois. Je vois encore ce premier entretien avec le Dr Houdelin ; un homme grand, je dirais 1m90, cheveux court, brun , battis comme un joueur de rugby ; je n’aurais pas aimé le contrarier.
Asseyez vous, Mr Girard je vous en prie. Après m’avoir posé des questions que je présume d’usage sur ma situation familiale, sociale, il s’intéressa tout d’abord plus particulièrement à moi et mon moral.
Comment allez vous depuis votre sortie de l’hôpital ? De façon très succincte je répondis ;
Je vais bien Docteur ; puis comme ma réponse devait ne pas lui satisfaire il me questionna sur mon appétit, mes activités, mon sommeil, si j’avais des cauchemars, si je consommais … et une question qui me surpris ;
Avez vous des idées suicidaires Mr Girard ?
Bien sûr que non Docteur !
Alors pourquoi utilisez vous l’alcool ? Si je le savais ? Je n’ai pas répondu cela mais si j’avais été plus spontanée je pense que je l’aurais fait. Comment résumer en si peu de temps une relation si ancienne. Alors je lui ai parlé de mes années festives et des effets recherchés et du plaisir que cela me procurait.
Et les inconvénients me rétorqua t-il ? Question qui me désarçonna autant que la première. Je crois bien que j’ai mis un certain tant à répondre et dire les risques sur ma santé et les soucis que j’occasionnais à mes proches.
L’entretien se passa finalement vite et il m’avait renouvelé l’anxiolytique pour m’aider à supporter l’absence de Jack si besoin et m’avait aussi diagnostiqué apparemment une « petite » dépression avec la poursuite du traitement anti dépresseur instauré à l’hôpital. Je n’en n’étais toujours pas convaincu mais comme je me sentais mieux, je continuais la prescription. Il m’orienta aussi vivement vers une psychologue . Suivi que j’ai rapidement interrompu après l’avoir vu à quatre ou cinq reprises. Elle était pourtant séduisante, peut-être trop d’ailleurs, avec ces longs cheveux blonds, ses yeux d’un brun profond, qui semblaient vouloir vous sonder jusqu’au plus profond de votre âme. Une bouche fine avec un léger rouge à lèvre et son tic discret, de se pincer la lèvre droite, lorsque qu’elle semblait dubitative. Je ne me sentais pas capable de revenir sur toute mon histoire. Je ne voyais pas comment cela pouvait m’aider. Revivre mes années de bonheur avec maman, papa, se tenant par la main, m’accompagnant à l’école, jouant dans le jardin avec moi, me racontant une histoire avant d’aller au lit. Puis la naissance de ma petite sœur qui m’avait rempli de bonheur. Je l’attendais avec impatience. J’étais fier de faire des dessins d’elle ; de les montrer à mes parents, à ma maîtresse, mes camarades… Un peu plus grande, je l’accompagnais à l’école comme un grand frère protecteur. La seule période de ma vie où j’ai tenu mon rôle d’aîné. Et puis ce jour qui a tout fait basculer. Je ne devais même pas avoir dix ans, maman pleurait, criait contre son mari. Je ne peux même plus dire papa. Elle venait d’apprendre qu’il la trompait avec une de ses collègues et que cela durait depuis un certain temps. Cela était déjà difficile, mais le pire, c’est qu’il envisageait de partir avec. C’est ce qu’il a fait d’ailleurs ! Un matin qui devait ressembler à tant d’autre, il s’en est allé comme s’il allait travailler puis n’est jamais revenu. Il n’a même pas pris le temps de me parler, de me dire au revoir. Peut-être que s’il l’avait fait, j’aurais pu comprendre, lui pardonner. C’est à partir de là, je crois, que j’ai commencé par douter. Douter surtout de moi ; aurais-je pu éviter cela, était-il parti à cause de moi ? Enfant on se met des tas de chose en tête et cela s’ancre progressivement au plus profond de nous. On pense que c’est passager, que ça va forcément partir un jour. Mais non, bien sûr que non, ça peu resté longtemps, toute une vie. Cela peut donner l’illusion par moment de partir, puis réapparaître, dans les moments où vous êtres le plus vulnérable. Tel un virus, qui guette la moindre défaillance de vos défenses immunitaires pour vous attaquer, vous contaminer. Ma famille était le socle de ma vie, après leur séparation, je pense que mes fondations se sont affaiblies. Cela est parfaitement imperceptible au début, puis au fil des secousses, des petites fissures commencent par se former et au gré des années, des traumatismes, elles ne font que s ’amplifier. J’ai sûrement raté quelque chose ? Je pensais qu’il ne servait à rien de revenir raviver tout ça, que cela ne pouvait pas m’aider à tout effacer. Enfin, c’est ce que je croyais, je pense maintenant que c’était une erreur. Peut-être qu’elle m’aurait aidé à exprimer toute cette colère que j’ai enfouis ? Peut-être qu’une fois tout ça déversé, mes bagages se seraient allégés et que j’aurai pu continuer mon chemin d’un pas plus léger ? Peut-être que certains doutes se seraient dissipés, pour me redonner cette confiance qui me fait tant défaut depuis si longtemps ? Peut-être qu’elle m’aurait aidé pour trouver le courage de me reconstruire, d’avancer et non pas rester figer sur le passé, sur ce passé qu’on ne peut de toute façon pas changer !
Les Week-ends je les passais à la campagne chez Maman. Je prenais un bus le vendredi après-midi et j’arrivais vers dix-huit heures. Ce cocon familial m’était indispensable, il me protégeait de mes tentations. L’envie de retourner au café m’avait plusieurs fois traversé l’esprit. La tentation était grande lorsque je me promenais seul en ville. Malgré toutes les épreuves traversées, le café représentait toujours un lieu de vie, d’échanges, de fête. Je me demandais encore comment je réagirais, si je restais seul le week-end. Pourrais-je résister à l’attraction d’aller faire un tour au Privilège. Je me demandais bien ce qu’était devenu mes compagnons de beuverie. Ça faisait bien longtemps que je ne les avais pas vu, sûrement plus d’un an. J’avais un vague souvenir de la dernière fois. C’était au bar, mais j’étais tellement bourré, que je me rappelle même plus ce qu’on s’était dit. Pas grand-chose je suppose. Ce qui nous liaient le plus, je ne peux pas le nier, c’était notre passion commune, l’alcool. Tout gravitait autour de lui. Tout était prétexte pour s’adonner à lui. Ils n’ont jamais cherché à me revoir, pas un coup de fil, pas une visite à l’hôpital. Étaient –ils au moins informé de ce qu’il m’était arrivé ? Je ne sais pas, je n’ai jamais cherché non plus à les revoir sinon je savais très bien où cela me conduirait.
Pendant ces week-ends, je passais la plupart de mon temps à me reposer, écouter de la musique, me promener dans la nature. J’essayais de refaire un peu de sport en courant mais surtout en marchant. La forêt était toute proche et me permettait de me soustraire de mes angoisses qui étaient toujours présentes. Je me projetais dans la beauté de ces arbres, qui semblaient vouloir atteindre les cieux pour échapper à ce monde d’humain. Je me sentais léger, comme la feuille qui virevolte, transportée au gré du vent et délestée de tout poids futile. Le matin de bonne heure, en lisière de forêt, il n’était pas rare de voir des chevreuils. Ils vivent tout proche de nous et savent bien nous éviter. Je les apercevais souvent très furtivement. Il ne me laissait jamais m’approcher trop près. Ils ne pouvaient pas savoir que je ne représentais aucun danger. Depuis la nuit des temps, ils sont aux aguets pour fuir leurs prédateurs et l’humain en est ici, le plus grand. Ils ne peuvent pas savoir que moi-même, je suis la proie d’un prédateur bien plus fort que moi et que mes tentatives pour lui échapper, ont pour le moment été vaines. En quelques sortes, je les comprends, on est semblable.
Lisa nous avait présenté à son ami Jean. Il était tout comme elle, en Fac de médecine. Je le trouvais sympathique, il paraissait franc et j’appréciais ça, même s’il était blond. Je plaisante bien sûr. Il semblait bien s’entendre avec ma sœur et cela était bien l’essentiel. Il était aussi je l’avoue, beau garçon. Pas très grand, je dirais un mètre soixante-quinze, et assez mince. A vu d’œil peut être soixante-cinq kilos. Une forme de visage allongé, rectangulaire avec des pommettes saillantes. C’était le premier garçon que Lisa nous présentait. Il devait donc être important pour elle. J’étais ravie de la voir heureuse, son visage était illuminé d’un grand sourire qui irradiait jusqu’aux pommettes, que je n’avais pas souvent eu l’habitude de voir ces dernières années. Elle le méritait bien. Elle avait bien le droit au bonheur.
Les mois passaient doucement, tranquillement, donnant l’impression que le cours de ma vie allait enfin pouvoir reprendre. J’avais de nouveau refait des démarches pour trouver un travail dans un cabinet d’assurance. Pour le moment, je n’avais eu aucune proposition mais je ne désespérais pas. J’avais acquis une bonne expérience et si je parvenais à rester abstinent, aucun doute que je retrouverais une opportunité. Il fallait juste être un peu patient. Maman m’avait proposé si je restais trop longtemps sans travail, de revenir vivre quelque temps chez elle. Cela permettrait qu’elle ne reste pas seule et je n’aurais comme ça pas de loyer à payer. La proposition était intéressante mais elle avait l’inconvénient de m’éloigner de la ville, où j’avais le plus de chance de retrouver du travail et aussi d’entretenir un sentiment d’échec. Comme cet exilé qui serait parti de son village natal en quête de fortune et qui serait revenu sans un sou.
Au niveau de mes soins, je continuais à voir le psychiatre alcoologue mais les consultations c’étaient maintenant bien espacés. J’avais rendez-vous une fois tous les deux mois. L’entretien durait une vingtaine de minutes, il ne se perdait pas dans les détails, il voulait savoir comment allais mon moral et où j’en étais de ma relations avec Jack. Comme je me sentais assez bien et que Jack restait à l’écart de ma vie, il passait au renouvellement de l’ordonnance. Il continuait pour le moment le même traitement qu’il ne voulait encore pas arrêter. Il pensait que c’était encore trop prématuré.
Mes journées n’étaient pas surchargées mais j’essayais de m’imposer un rythme de vie pour ne pas me laisser envahir par le vide et le risque qu’il fasse revenir mes vieux démons. Tous les matins vers huit heures, je préparais mon café avec mes deux tartines de beurre puis tranquillement, après le petit déjeuner, je partais souvent marcher le long du quai au bord du Doubs. J’ai toujours aimé cet endroit. On n’y venait souvent avec Mathilde ; la pétillante Mathilde. Elle était curieuse de tout et aimait la vie comme si chaque jour était le dernier. C’est elle qui m’a appris à écouter le chant du moineau, à faire la différence entre un pigeon et une tourterelle, à apprécier la beauté des rives prises dans les glaces en hiver où la nature qui commence à se mettre en éveil, avec les premiers bourgeons du printemps. Je la revoie encore me plonger ses mains gelés dans le cou, pour se les réchauffer mais surtout pour me taquiner pour que je lui cours après, que je l’attrape, qu’elle se laisse enlacer et qu’on s’embrasse. Rien qu’en n’y pensant mon cœur s’accélère, tel un fantôme qui n’a pas pu quitter ce monde, je revoie ces scènes comme si elles se déroulaient encore devant moi. Curieusement, cela ne m’attristais plus, je dirais même, que de revivre ces moments de bonheur me donnait de la vitalité. Après ma promenade, j’allais chercher ma demie baquette dans ma petite boulangerie favorite, à cinq minutes de chez moi. La boulangère ; une petite brune d’une quarantaine d’années, aux cheveux aussi noir que ces yeux, prenait le temps d’échanger quelques banalités sur le temps qu’il faisait, sur les dernières actualités. Ces quelques mots échangés étaient souvent les seuls de la journée et ils entretenaient l’espoir que j’existais encore. Ensuite je passais au bureau de tabac m’acheter mon journal et en rentrant, je le feuilletais en regardant les annonces d’emplois. Il n’y avait rien qui m’intéressait. Il n’y avait que des propositions d’emplois d’ouvriers non qualifiés avec des contrats à durées bien déterminés. C’est bien précisé ; sait–on jamais, des fois que l’ouvrier s’imagine qu’il puisse bénéficier d’un emploi stable et sécurisé. Non, il ne faut surtout pas qu’il puisse penser avoir un avenir. La récession des années 90, rendait mon avenir et celui des jeunes de ma génération bien incertain. Fini l’insouciance du début des années 80, où tout semblait alors possible, ou le monde semblait nous appartenir. Les espoirs du début de la présidence socialiste ont vite laissé place à la crise et au chômage de masse avec toute la précarité que cela comporte. J’étais plus très sûr de pouvoir et vouloir retrouver un poste d’agent d’assurance. S’il fallait que je fasse une reconversion professionnelle, j’étais bien incapable de savoir où m’orienter ? Je ne savais encore pas que ce qui me semblait à ce moment-là important, me paraîtrais d’ici peu bien dérisoire. Selon les jours, entre 11h15 et 11h45, je m’efforçais de me faire à manger, oh rien d’extraordinaire, mais maman m’avait appris les rudiments d’une cuisine de base. J’étais capable de me faire cuire un steak, une bonne omelette baveuse voir un bœuf bourguignon. Pas aussi bon que celui de maman mais il n’était mauvais non plus. En faisant à manger, j’aimais bien écouter de la musique qui alimentait l’illusion que je n’étais pas seul, en plus de me faire plaisir en passant mes tubes préférés. U2 était mon groupe fétiche et l’album The Joshua Tree tournait en boucle. J’avais aussi pour cet album un attachement sentimental ; c’était Mathilde que me l’avait offert. On l’écoutait souvent ensemble, elle était fane aussi. Je me revois avec elle sur le canapé avec un bon verre de Jack pour moi et elle un petit Martini. On se taquinait et pour finir on faisait l’amour sur cet album ; que de beaux souvenirs. L’amour s’en est allé mais la musique est là, comme une belle mélodie qui restera gravé au fond de votre mémoire pour le reste de votre vie.
La sieste était devenu un rituel auquel je ne pouvais pas échapper. Couché sur le canapé devant le journal télévisé de 13 heures, je n’arrivais jamais à le finir. Les après-midis semblaient longs, interminables. Je m’efforçais vers 17 heures de ressortir un peu en ville et depuis peu, j’essayais de faire un peu de jogging le long du quai. Enfin, j’en n’étais qu’au début et c’était pas très facile. Je n’ai jamais été un grand fana des efforts solitaires mais le principal, est que j’essayais de détourner mon esprit comme je le pouvais.
Lisa passait maintenant beaucoup de temps à Besançon chez Jean. Il avait un appartement en périphérie de la ville, ce qui me permettait de les voir une à deux fois par semaine, quand ils ne travaillaient pas trop tard. Lisa m’avait convaincu de rejouer au tennis avec Jean. Il était inscrit en club et avait un bon niveau. Les débuts furent difficiles mais au fil des entraînements, cela s’améliorait. Jean était classé 15/2 et me faisait surtout jouer. Il était tout le contraire de Thierry, vous vous souvenez, mon ami d’enfance qui voulait toujours gagner. Philippe, lui s’évertuait le plus possible à me donner des conseils et me faire jouer au rythme qui me convenait. Du moins, pour le moment. Possible que si je m’améliore, il soit moins coopératif mais je n’en n’étais pas là. Doucement je retrouvais l’énergie de bouger, l’envie de l’effort avec cet effet de bien-être. Il y a bien longtemps que j’avais oublié cette agréable sensation que l’on ressent après un effort violent et le plaisir de prendre ensuite une bonne douche. Cela peut paraître ridicule, mais toutes ces petites choses qui peuvent sembler anodines, je les avais perdus. Jack ne permettait rien de cela. En dehors de la semaine, on se voyait aussi le week-end chez maman. C’était devenu notre rituel familial privilégié. Cela me rassurait, me motivait pour poursuivre mon combat. La semaine ils nous arrivaient d’aller manger en ville ensemble après une bonne partie de tennis. On aimait bien aller de temps en temps au Mac Donald. Comme disait Maman, la mal bouffe Américaine. On avait voulu l’emmener une fois mais on s’est vite résignés et on a changé nos plans. Pour Maman il n’y avait que la cuisine française qui trouvait grâce à ses yeux. Il ne pouvait rien avoir de mieux qu’un bon bourguignon avec une bonne purée maison ou un bon riz de veau aux champignons des bois ; recettes que lui avait transmise sa belle-mère ; la grand-mère Lulu. Elle aussi est partie bien vite ; quelques années avant la séparation de maman ; emportée par un vilain cancer du sein. Le grand père Georges, quant à lui, était mort il y a bien longtemps. Je ne l’ai jamais connu. Il devait avoir une quarantaine d’années quand une mauvaise chute d’un toit l’a quasi tué sur le coup. A cette époque-là, les conditions de travail n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui ainsi que les moyens de sécurités. On parlait de tragique accident de travail, on mettait ça sur le compte de la malchance, de la fatalité.
Lors d’une soirée chez Lisa, j’ai rencontré Corinne, une de ses amies de Fac. Lisa m’avait invité et m’avait présenté. C’était la seule de la soirée qui était célibataire, ça tombait bien. Je peux pas dire que c’était le coup de foudre, mais il a bien longtemps qu’une fille ne s’était pas intéressé à moi. Enfin une fille sobre j’entends. Elle m’a parlé longuement de ses études de médecine. Je restais discret sur moi, je ne voyais pas ce qui aurait pu l’intéresser. Je préférais l’écouter et détourner si besoin la conversation sur la fille formidable qu’était ma sœur. Le plus difficile dans ce genre de soirée et qu’il y a toujours plus d’alcool que de boissons non alcoolisées ou de personnes qui boivent, que le contraire. Lisa veillait bien au grain et venait me proposer comme pour elle, des cocktails sans alcool. Corinne buvait très peu, elle ne supportait pas. Je suspectais Lisa d’avoir bien étudié la question. A mon premier regard, je l’ai trouvé assez ordinaire au niveau physique. Je dirais de corpulence moyenne avec un visage un peu rond et de beaux yeux vert, qui ne m’ont pas laissé indifférent. Elle était très bavarde et cela m’arrangeait bien. Je ne sais même pas si elle s’est aperçu que je ne buvais pas ? En tout cas, elle a eu la délicatesse de ne faire aucune remarque. Elle était agréable à écouter, une voix douce, rassurante, pleine de vie. L’enthousiasme de la jeunesse rempli de certitude et passionnée par ce qu’elle faisait. Elle voulait devenir pédiatre ; neuf ans de médecine plus deux années de spécialisation. Elle savait que cela allait être dur et long mais cela ne semblait pas l’effrayer. J’étais admiratif de la motivation de tous ces jeunes médecins. J’aurais été bien incapable de me projeter dans des études aussi longues avec autant de courage et motivation. J’en n’était pour ma part encore à me demander ce que j’aimerais faire ? En fin de soirée, je l’ai raccompagnée. J’avais envie de coucher avec elle et me posait déjà mille questions ? Comment j’allais faire pour qu’elle m’invite chez elle par exemple. Parfois les choses de façon beaucoup plus simple, c’est elle qui m’a proposé de venir et le reste c’est fait sans avoir à beaucoup parler. J’avais presque oublié ce qu’était le plaisir de serrer une femme contre soi, l’embrasser, lui caresser les seins et doucement, délicatement, être en elle jusqu’à ce que nos corps ne soient plus qu’un et qu’arrive ce moment fatidique, où l’on sent tout notre être exploser dans un immense élan de vie. Même ça, Jack me l’avait enlevé. Sous son emprise, mon corps, mon esprit, était tellement anesthésié, que j’avais oublié ce qu’était le plaisir de jouir. Nous savions très bien que notre relation ne pouvait être qu’éphémère, je parle de ma relation avec Corinne bien sûr, mais cela était agréable de se sentir désiré au moins pour ce soir. La vie est belle, quand elle nous donne cela, ces moments de bonheur qui nous rappelle que nous sommes bien vivant. Le lendemain nous nous étions rien promis. Nous avions passé un bon moment et nous nous sommes échangés nos numéros sans la moindre certitude de nous revoir. On s’est revu à deux ou trois reprises mais nous n’avions pas grand-chose en commun. Que pouvais-je lui offrir ? Notre histoire c’est fini sans jamais avoir réellement commencée. On s’est quitté en bon terme en se promettant de se revoir à l’occasion. Rien le mot occasion en avait dit long sur la suite ! Elle ne m’a jamais rappelé, pas plus que moi d’ailleurs. Non pas que je n’en n’ai pas eu envie à certains moments, mais je ne voulais pas m’imposer. Si elle ne me téléphonait pas, cela signifiait pour moi qu’elle n’en n’avait pas envie. Une femme sait se manifester quand elle veut vraiment quelque chose. J’ai toujours pensé cela à tort ou à raison ? Je l’ai revu une fois à une autre soirée chez Lisa mais elle était accompagnée. Après s’être fait rapidement la bise, on s’est échangé quelques formalités de politesse puis chacun est reparti de son côté. La vie est faite de rencontres aussi brèves soient-elles, je ne sais pas pourquoi je me souviens aussi bien de Corinne. Peut-être parce que le lendemain de ce soir-là, tout allait changer.
Table des matières
- Les années Lycées Env. 17 pages / 5775 mots
- Le début d’une relation passionnelle Env. 11 pages / 3648 mots
- Douce descente Env. 5 pages / 1428 mots
- Quand revient l’amour Env. 12 pages / 4011 mots
- A vouloir courir deux lièvres… Env. 16 pages / 5355 mots
- Inéxorable chute Env. 10 pages / 3283 mots
- Lente convalesence Env. 10 pages / 3274 mots
- Le retour à l’emploi Env. 12 pages / 4065 mots
- Le retour des vieux démons Env. 9 pages / 2859 mots
- Ce qui devait arriver… Env. 5 pages / 1661 mots
- Le retour des beaux jours. Env. 12 pages / 3937 mots
- Le jour où plus rien ne sera pareil Env. 18 pages / 6077 mots
- Au fond du trou Env. 13 pages / 4526 mots
- La belle illusion Env. 5 pages / 1486 mots
- Je crois qu’après avoir vu ça… Env. 7 pages / 2229 mots
- L’épilogue Env. 9 pages / 3264 mots
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