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La belle illusion
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- Catégorie : Littérature générale > Romans
- Date de publication sur Atramenta : 13 juillet 2020 à 15h30
- Dernière modification : 2 janvier 2021 à 19h51
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- Longueur : Environ 165 pages / 56 480 mots
- Lecteurs : 10 lectures + 6 téléchargements
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La belle illusion
Ce qui devait arriver…
Presque six mois s’était écoulée mais j’avais l’impression d’avoir complètement perdu la notion du temps. Ce n’étais même pas une impression, c’était une réalité. Mon temps se limitait maintenant à un long monologue avec Jack dans mon petit F1 pas très loin mon ancien appartement que je n’avais pas pu garder à cause du chômage. Je sortais rarement, juste pour faire quelques courses dans la petite épicerie en bas de chez moi et faire le plein de Jack. Cela devenait difficile de l’avoir pour ami, c’était un ami de Luxe que je ne pourrais pas conserver pour toujours avec mes faibles revenus. J’avais déjà penser à le remplacer par de la vulgaire bière mais je n’y étais pas encore parvenu. La vente de ma voiture il y a quelques mois me permettais momentanément de reculer l’échéance. Depuis que je n’avais plus de véhicule, je n’avais pas revu maman. Lisa refusait de l’amener de peur qu’elle me voit dans cet état. Elle craignait que cela lui fasse trop mal et qu’elle rechute dans la dépression. Elle avait renoncé aussi à m’emmener, je n’étais jamais à jeun. La dernière fois qu’elle était passée, l’appartement était dans un état déplorable. Je n’avais plus fait le ménage depuis plus de quinze jours. Elle m’aida à le nettoyer puis pour la énième fois, m’a presque supplié pour que je me fasse soigner. Elle me suggérait d’aller dans un centre de cure ; c’est à dire me faire aider pour me passer progressivement de Jack. Je savais que je devais le faire, mais je ne trouvais pas le courage ou la motivation. Chaque fois qu’elle voulait m’emmener chez le médecin traitant, à l’hôpital, je repoussais l’inéluctable. J’arrivais même comme ce jour-là, à être agressif envers elle, ce qui ne m’était jamais arrivé ! Lisa resta calme mais fermement, elle n’hésita à me dire qu’elle me ferait hospitaliser sous contrainte si cela devenait nécessaire. Elle me demandait de penser à maman. Depuis qu’elle ne me voyais plus, elle devenait plus triste. Je m’étais demandé à ce moment-là, si ce n’était pas un stratagème pour me forcer la main. Maintenant, je sais que tout cela était exact. Comment j’ai pu douter d’elle ? Jack m’embrouillait sans cesse, il me mettait de drôle d’idée dans la tête. Ce n’est que maintenant que je m’en rends compte.
Ce mardi matin, devait être un jour comme un autre. Nous étions à quelques jours de la fin du mois et je ne mettais pas aperçu que je n’avais plus Jack à la maison. Mais le pire n’était pas là, je n’avais plus un franc pour en racheter. Assez rapidement, je suis devenu anxieux. Tout mon corps réclamait Jack mais je ne pouvais pas lui en donner. Mes mains tremblaient de plus en plus, mon corps tout entier semblait transpirer, ma vue se troublait et je voyais des choses bizarres. Il me restait quelques comprimés d’anxio que je mettais procurer dans la rue mais cela ne m’a pas calmé très longtemps. Puis je me souviens des nausées, des douleurs abdominales intenses et atroces. C’est à ce moment-là que j’ai voulu appeler Lisa mais je suis tombé sur maman. J’avais oublié qu’elle était à l’école. Maman a tout de suite pris conscience de l’état dans lequel je me trouvais et je crois que c’est elle qui a contacté les pompiers. Le lendemain matin j’étais dans un lit aux urgences avec une perfusion au bras. J’étais encore très confus, je ne savais pas trop comment j’étais arrivé là. La dernière chose dont je me souvenais, c’était l’appel téléphonique à Maman puis un grand trou noir. Mes poignets étaient attachés, il semblait que j’avais été agité pendant la nuit. C’est ce que m’avait dit une infirmière et le médecin des urgences qui rajouta que j’avais fait une crise d’épilepsie sur un sevrage alcool. En clair ; j’avais stoppé brutalement l’alcool et c’est ce qui avait apparemment déclenché ma crise. Après cela, j’ai eu droit à mon cours de moralisation comme quoi j’étais alcoolique, qu’il fallait que j’arrête si je ne voulais pas mourir. Le ton était agressif, on n’arrêtait pas de me juger ce qui me donnait envie de vite partir. Je n’en n’avais encore pas la force, je transpirais et tremblais encore trop. Mais qui étaient –ils pour me parler ainsi ! Je n’avais pas besoin de conseils juste qu’on me laisse tranquille le temps de me reposer. Ils s’imaginaient quoi, que je n’avais pas essayé de me débarrasser de Jack. Ils croient qu’on se débarrasse de lui aussi facilement. Maman était venue dans la nuit puis au matin elle était repartie en suivant le conseil du médecin.
En début d’après-midi, Lisa était venue me voir. Elle était en stage dans ce même hôpital dans le service d’orthopédie. Elle ne m’a fait aucune remarque désagréable ;
Elle me demanda ; « comment tu vas, tu te sens bien » , « tu vas voir ils vont bien s’occuper de toi » . J’étais incapable de lui répondre , j’acquiesçais uniquement de la tête à chacune de ces questions.Elle était juste rassurée de me voir ici en sécurité. Elle a bien pris le temps de m’expliquer que si je voulais me sortir de ma dépendance, il fallait que j’accepte d’aller dans un service de médecine pour poursuivre le sevrage. Elle m’expliqua que cela n’avait pas été très facile à négocier avec l’équipe médicale et que c’était la meilleure façon de m’en sortir. Je ne pouvais plus m’opposer à Lisa, ma petite sœur bienveillante. J’étais très fier d’elle, elle représentait pour moi tout le contraire de ce que j’étais devenu. Elle incarnait la réussite et moi la loose. Le médecin revint me voir et voulait avoir confirmation de mon adhésion aux soins. Il m’expliqua que les lits d’hospitalisations n’étaient pas nombreux et qu’il fallait qu’il s’assure que ce soit ma volonté. Même si je n’étais pas totalement convaincu de la nécessité de cette hospitalisation, je n’ai rien dit, j’ai accepté. Je voulais faire plaisir à Maman et Lisa. Je leur devais bien ça !
Les cinq jours qui ont suivi, j’étais comme anéantie par une fatigue indescriptible. J’avais l’impression qu’en abandonnant Jack, j’avais renoncé à une partie de moi et que mon énergie s’en était allé avec. Je me sentais mal, avec des nausées qui semblaient remonter du plus profond de mes entrailles. Elles aussi ne supportaient pas l’absence de Jack et me le faisaient savoir. Pendant la journée, j’avais la visite de Lisa et Maman, mais à certains moments, je les voyais en face de moi, mais à différentes périodes de leur vie. Maman apparaissait plus ou moins jeune, Lisa parfois comme une enfant, où comme la jeune femme qu’elle est aujourd’hui. C’était assez déconcertant de voir à quel point le temps peut se jouer de nous. Nous avons tous été de jeune enfant, insouciant du temps qui passe, et lui rapidement, il nous fait vite comprendre qu’il est le maître du jeu et qu’il finira par disposer de nous. A l’approche de la nuit, j’étais pris d’angoisses. Je devenais la proie facile de tout un tas d’insectes. La petite araignée du jour, se transformait en monstre à la taille démesurée qui voulait me dévorer. J’étais d’autant plus à sa merci, que je ne pouvais pas bouger, mes poignées étaient curieusement attachés. Je ne pouvais pas lui échapper. J’avais beau crier, personne ne venait m’aider. Parfois je voyais quelques ombres blanches s’agiter autour de moi, puis c’était le néant. Je sombrais comme dans un immense trou noir et je me revoyais dans ce cauchemar ou Mathilde et Laurence, se tenaient au-dessus de mon cercueil avant que je ne sois enterré vivant. Si j’avais de l’humour j’appellerais ça une mise en bière.
Cela faisait dix jour que j’étais à l’hôpital. Mon sevrage était enfin terminé. On avait réussi à m’exorciser, faire sortir de moi Jack. J’avais au cours de ces derniers jours un fort sentiment de honte, surtout vis à vis de Maman, qui se battait chaque jour pour ne pas perdre pied, s’accrocher au seul bonheur qui lui restait, celui de ses enfants. Je ne peux pas dire que je lui facilitais la tâche. J’avais pris la décision cette fois ci d’écouter l’avis du médecin, celui de Lisa et d’aller voir un alcoologue.
Il est toujours facile de vouloir prendre de bonnes résolutions, mais le retour à la réalité n’est pas si simple. L’hôpital m’avait offert un sanctuaire. Il m’avait protégé de tout, mais surtout de moi-même, de mes habitudes, de mon environnement, de Jack. La vie était alors rythmée par mes besoins vitaux, pris en charge par toute l’équipe soignante. Je n’avais qu’à me laisser porter par l’énergie de vie qu’ils me transmettaient. Là, chez moi, j’étais de nouveau seul confronté à cette triste réalité et mes vieux fantômes, qui ne me lâcheraient pas aussi facilement. Je n’avais même pas trente ans et déjà l’impression d’être comme un vieillard, qui avait sa vie derrière lui. Mes années bonheurs sont restées bloquer à celles que j’ai partagé avec Laurence puis Mathilde. J’ai l’impression d’être devenu ce vieux qui radote toujours la même chose et qui regrettais encore et encore son bonheur perdu. Pourquoi l’homme comprend qu’il a été heureux qu’une fois après l’avoir perdu. Il s’imagine sans doute, que c’est un bien légitime, qu’il en a le droit et qu’il en sera toujours ainsi. Belle illusion, la vie peut donner, reprendre, et ce qui est perdu est rarement retrouvé. J’ai l’impression d’être depuis quelques années, comme un cargo à la dérive, ballotté d’une vague à l’autre, en cherchant son port d’amarrage. Je ne sais pas si je le retrouverais un jour.
Table des matières
- Les années Lycées Env. 17 pages / 5775 mots
- Le début d’une relation passionnelle Env. 11 pages / 3648 mots
- Douce descente Env. 5 pages / 1428 mots
- Quand revient l’amour Env. 12 pages / 4011 mots
- A vouloir courir deux lièvres… Env. 16 pages / 5355 mots
- Inéxorable chute Env. 10 pages / 3283 mots
- Lente convalesence Env. 10 pages / 3274 mots
- Le retour à l’emploi Env. 12 pages / 4065 mots
- Le retour des vieux démons Env. 9 pages / 2859 mots
- Ce qui devait arriver… Env. 5 pages / 1661 mots
- Le retour des beaux jours. Env. 12 pages / 3937 mots
- Le jour où plus rien ne sera pareil Env. 18 pages / 6077 mots
- Au fond du trou Env. 13 pages / 4526 mots
- La belle illusion Env. 5 pages / 1486 mots
- Je crois qu’après avoir vu ça… Env. 7 pages / 2045 mots
- L’épilogue Env. 9 pages / 3050 mots
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