Navigation : Lecture libre > SF et fantastique > Fantasy > Kaya
Kaya
-
- Catégorie : SF et fantastique > Fantasy
- Date de publication sur Atramenta : 17 mai 2014 à 0h07
- Dernière modification : 26 juillet 2016 à 7h11
-
- Longueur : Environ 222 pages / 76 556 mots
- Lecteurs : 1 161 lectures + 1 070 téléchargements
Cette oeuvre est complète, mais a besoin de relecteurs.
25- Kaya
“Le silence est un ami qui ne trahit jamais, Confucius”
Je ne suis pas parvenue à dormir pendant les deux jours de trajet, sans arrêt, jusqu’à Mioytna, trop inquiète pour mon fils, — caché dans un panier en osier sous d’épaisses couvertures au-dessous desquelles, j’ai rangé des vivres légers pour éviter les suspicions — qui ne s’est toujours pas réveillé, même si Ghayia m’a assuré, avec conviction, que tout allait bien au cours de sa dernière consultation et effrayée pour la première fois par mon statut de mère célibataire, isolée dans une cité à laquelle je ne connais rien.
Sibha a été d’une aide précieuse jusqu’à notre départ. Sans elle, sans mon cercle social, certes restreint, mais composé d’anges que j’ai trié sur le volet et qui sont devenus ma famille, je me sens incapable d’assumer mes nouvelles responsabilités, de trouver mon équilibre et d’être heureuse. J’ai pris conscience, pour la première fois, que je n’ai jamais été seule et que j’ai toujours été entourée d’amis fidèles et loyaux. Sûrement parce que je n’ai jamais perdu, ne serait-ce qu’une infime partie de mon temps à tisser des relations superficielles. Je ne tire aucune satisfaction à être entourée de personnes avec lesquelles, je ne peux mener à bien que des activités frivoles et futiles sans jamais trouver une oreille attentive ou un intellect avec lequel aborder des sujets plus profonds, car la vie est trop difficile, trop intransigeante pour qu’on la vive, entourée de personnes sans profondeur, incapables d’avoir une opinion qu’elles peuvent défendre avec des arguments clairs et surtout personnels, non prêtés à nos conventions sociales, légendes ou traditions.
**********
Quand nous arrivons enfin, je descends rapidement du bus, pressée de me dégourdir les jambes. Je me dépêche ensuite de récupérer mes valises avant de me présenter à l’accueil de la cité afin de m’enregistrer et récupérer les clés de mon appartement.
Nous vivons dans une “réalité” bien ordonnée, où chaque chose est à sa place et dans laquelle, il y a une règle pour tout. Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que les déplacements intercités sont opérés selon un schéma bien défini. Dans le cadre de courtes visites, la logistique est laissée au soin du “aka”/citoyen qui a décidé de partir en villégiature. Pour les déménagements, la cité d’origine met à disposition de son “aka”, un logement pour une durée de six mois, mais il ne faut pas s’y tromper ; ces endroits sont de vrais taudis situés sur les arcades les plus malfamées, une façon pour l’administration, maligne, de s’assurer que ses “aka” ne prennent pas leurs aises à ses dépens et les empêcher de vivre à ses crochets. Pourtant, je ne crache pas sur l’aide offerte. C’est avec soulagement que j’ai appris que j’aurais un pied-à-terre, même si ce n’est pas un palais, où poser mes valises pendant les premiers jours. Je partirai, bien évidemment, avant la fin des six mois parce que je refuse d’imposer de telles conditions à mon fils quand j’ai largement de quoi lui offrir mieux.
**********
La longueur de la file d’attente me décourage. Le stress retombe, remplacé par une immense fatigue qui s’abat massivement sur mes minces épaules déjà chargées par mes valises. J’ai besoin d’une douche, de m’allonger sur un lit et de manger quelque chose de décent. Je suis énervée et trépigne d’impatience quand mon tour arrive enfin. L’agent consulte sa liste, relève la tête et me jette un regard noir, qui me surprend, en me tendant des formulaires à signer. Il s’avère que mon appartement se trouve sur l’une des meilleures arcades de la cité et que mon contrat n’a pas de délai d’expiration. Je peux y rester aussi longtemps que je le souhaite en m’acquittant d’un très modeste loyer à la fin des six premiers mois. Je comprends alors le changement d’attitude que j’ai noté chez mon interlocuteur qui doit penser, avec raison, que j’ai fait preuve de favoritisme, car ces appartements sont généralement réservés à une certaine élite qui ne patiente pas dans de longues files d’attente et n’est pas soumise à la stupide règle qui nous interdit strictement de voler pour rejoindre la nouvelle cité afin, soi-disant, de faciliter le contrôle des déplacements et le travail administratif associé et nous confine dans les vieux bus réservés à cet effet. Merci Rham.
Je signe le formulaire en deux exemplaires, en conserve un, récupère mes clés, demande quelques indications pour trouver rapidement mon chemin et me mets en route. La nuit commence à tomber. Je me perds sur les arcades pendant plus d’une heure et sans l’aide d’un charmant ange qui m’a aidé à porter mes valises et conduit à la bonne adresse, j’y serais encore.
L’appartement est massif. Plus grand et luxueux que le mien que j’ai laissé aux bons soins de Sibha, il se compose de trois chambres avec salles de bain attenantes, d’une grande cuisine ouverte sur le séjour et d’un balcon aménagé. Dans chaque chambre, le lit a été fait, des articles de literie soigneusement rangés dans les placards ; placards tout aussi pleins à craquer dans la cuisine, — vivres, ustensiles — et les salles de bain. La décoration est légère, les couleurs neutres, blanc, beige, bleu clair. Je m’y sens tout de suite à mon aise. “Merci, Rham,” murmuré-je, émue par cette attention inattendue compte tenu de la froideur de notre séparation.
Je choisis la chambre la plus proche de la porte d’entrée, range rapidement mes affaires et me couche avec Ezriha à mes côtés. Je l’observe et ne peux m’empêcher de penser que quelque chose cloche. Je me demande quoi faire s’il ne se réveille pas dans les prochains jours, mais m’endors d’un sommeil de plomb avant d’avoir pu formuler une solution concrète et cohérente, vaincue par la fatigue.
Quand je me réveille le lendemain, la journée est déjà bien avancée et Ezriha ne donne aucun signe de vie. À bout de patience et légèrement paniquée, je prends une douche, lui fais prendre un bain, puis, je vais frapper aux portes de mes voisins, à la recherche d’une “Bhoko” qui acceptera de me prendre en consultation.
Tora m’en a attribué une pour remplacer Ghayia, mais ses services débuteront dans une semaine seulement et je n’ai pas envie de perdre du temps à retrouver sa trace pour être renvoyée dans mes quartiers. Je veux des réponses, maintenant. Après plus d’une demi-heure d’infortune et de portes restées désespérément closes, je poursuis ma quête dans le bâtiment adjacent à mon immeuble. Au troisième étage, un jeune ange, Moira, qui deviendra l’une de mes meilleures amies à Mioytna, m’ouvre sa porte et m’invitant pour une collation, me communique l’adresse de sa “Bhoko”. Elle me propose même de m’y accompagner, car elle doit également s’y rendre pour une consultation.
Après l’avoir longuement examiné, la “Bhoko” me rassure. Ezriha va très bien. Son diagnostic est identique à celui de Ghayia. Certains anges tissent un lien si fort avec la “contrée céleste” qu’il leur faut plus de temps que la moyenne pour le briser. Selon elle, une phase d’éveil de plus de dix jours n’est pas inhabituelle. Son état ne deviendra inquiétant qu’au bout d’un mois.
Ce diagnostic m’apaise un peu et je me détends petit à petit, tandis que nous faisons un détour pour que Moira me montre les arcades les plus importantes de la cité avant de rejoindre nos appartements respectifs. J’ai été surprise de constater qu’il a très peu de différences entre Tora et Mioytna. L’architecture des deux cités est identique et à Mioytna aussi, les arcades débouchent sur une place principale et se dessinent autour d’elle comme les rayons autour du soleil. Seuls les noms de ses places, arcades et ruelles sont différents.
**********
J’ai passé un très agréable moment avec Moira. Nous avons discuté avec la facilité et l’aisance de personnes qui se connaissent depuis de nombreuses années. Je me refuse généralement à croire aux présages, même s’il est difficile d’y échapper dans notre culture, mais de façon très surprenante, je crois qu’elle et moi, sommes destinées à être des amies.
Quand Ezriha se réveille dans la soirée, je suis convaincue qu’il s’agit d’un autre signe, un autre message envoyé par les dieux pour m’assurer que j’ai pris la bonne décision.
Il a soudainement ouvert les yeux et posé son regard dans le mien. Mon coeur s’est alors soulevé d’une intense joie et d’un profond soulagement. Il est le portrait craché de Rham, à l’exception de ses beaux yeux bleus hérités de ma tribu. Même si, je m’étonne d’éprouver autant d’amour pour ce petit ange auquel je ne connais absolument rien, je suis heureuse. Enfin !
Table des matières
- À propos du roman Env. 1 page / 233 mots
- 1- Kaya Env. 6 pages / 1902 mots
- 2- Kaya Env. 2 pages / 649 mots
- 3- Kaya Env. 5 pages / 1530 mots
- 4- Kaya Env. 6 pages / 1761 mots
- 5- Rham Env. 3 pages / 1018 mots
- 6- Kaya Env. 5 pages / 1509 mots
- 7- Kaya Env. 5 pages / 1633 mots
- 8- Kaya Env. 3 pages / 773 mots
- 9- Kaya Env. 7 pages / 2382 mots
- 10- Kaya Env. 3 pages / 860 mots
- 11- Rham Env. 4 pages / 1340 mots
- 12- Kaya Env. 6 pages / 1824 mots
- 13- Kaya Env. 6 pages / 1813 mots
- 14- Kaya Env. 6 pages / 1896 mots
- 15- Rham Env. 3 pages / 976 mots
- 16- Kaya Env. 10 pages / 3124 mots
- 17- Kaya Env. 10 pages / 3315 mots
- 18- Rham Env. 3 pages / 955 mots
- 19- Kaya Env. 5 pages / 1705 mots
- 20- Kaya Env. 7 pages / 2034 mots
- 21- La légende de Toraisac Env. 1 page / 299 mots
- 22- Kaya Env. 13 pages / 4107 mots
- 23- Kaya Env. 10 pages / 3157 mots
- 24- Kaya Env. 9 pages / 2892 mots
- 25- Kaya Env. 5 pages / 1534 mots
- 26- Kaya Env. 4 pages / 1201 mots
- 27- Kaya Env. 3 pages / 863 mots
- 28- Kaya Env. 5 pages / 1438 mots
- 29- Kaya Env. 9 pages / 2964 mots
- 30- Rham Env. 4 pages / 1310 mots
- 31- Kaya Env. 8 pages / 2740 mots
- 32- Rham Env. 1 page / 151 mots
- 33- Kaya Env. 5 pages / 1712 mots
- 34- Kaya Env. 3 pages / 737 mots
- 35- Kaya Env. 6 pages / 1892 mots
- 36- Kaya Env. 7 pages / 2202 mots
- 37- Kaya Env. 6 pages / 1955 mots
- 38- Kaya Env. 8 pages / 2642 mots
- 39- Kaya Env. 6 pages / 1934 mots
- 40- Kaya Env. 3 pages / 895 mots
- 41- Rham Env. 3 pages / 1032 mots
- 42- Kaya Env. 6 pages / 1752 mots
- 43- Kaya Env. 8 pages / 2613 mots
- 44- Kaya Env. 3 pages / 881 mots
- Épilogue Env. 2 pages / 421 mots
Rejoignez nos plus de 44 000 membres amoureux de lecture et d'écriture ! Inscrivez-vous gratuitement pour reprendre la lecture de cette œuvre au bon endroit à votre prochaine visite et pouvoir la commenter.
- Que pensez vous de cette oeuvre ?
- Annonces à propos de cette oeuvre Flux RSS
- L'avis des lecteurs
- 18 aiment
- Fond : 3.5 coeurs sur 5
-
Très bon : 6 lecteurs
Intéressant : 2 lecteurs - Forme : 3.5 plumes sur 5
-
Correcte : 5 lecteurs
Fluide, agréable, sans fautes... : 3 lecteurs
- Télécharger cette oeuvre
- Partager cette oeuvre
- Raccourcis clavier :
-
- ← page précédente
- → page suivante
- L Lumière (fond noir)
- +/- taille du texte
- M Mise en forme
- P Police
- Lecture libre
-
- Littérature générale
- Fictions historiques
- Contes, légendes et fables
- Érotisme
- Action, aventure, polars
- SF et fantastique
- Littérature humoristique
- Littérature sentimentale
- Poésie
- Paroles de chansons
- Scénarios
- Théâtre
- B.D, Manga, Comics
- Jeunesse
- Jeu de rôle
- Savoir, culture et société
- Défis et jeux d'écriture
- Inclassables
- Librairie Atramenta
- Livres audios
- Atramenta Mobile
- Coup de coeur ?
-
- Poésie
1 page -
- Lire
- Telecharger l'ebook
- Oeuvre déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.
- Plus vieux
- Anges Addison
- Poésie