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Iris et les jouisseurs dépravés (9) (Oeuvre réservée à un public adulte)
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- Catégorie : Érotisme
- Date de publication sur Atramenta : 16 novembre 2015 à 22h05
- Dernière modification : 31 octobre 2020 à 20h31
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- Longueur : Environ 7 pages / 2 143 mots
- Lecteurs : 210 lectures
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Iris et les jouisseurs dépravés (9) (Oeuvre réservée à un public adulte)
Iris et les jouisseurs dépravés
Je m’appelle Iris et je chante au fond du gouffre. Je fredonne les tréfonds intimes de la honte. Concupiscente, mon âme est malodorante et surtout complaisante. Je n’ai plus grand-chose à vous cacher. Bientôt tout sera terminé. Cela s’appelle dégringoler.
Mes nouveaux amis sont des gastronomes, avec l’option zizi. Je ne vais pas tout vous raconter. Si seulement le dire nettoyait le vivre.
À propos, Salvatore Dali aimait les femmes poilues. J’ai oublié qui m’a appris cela. Sachez quand même que ce soir-là, je m’étais épilée, totalement. L’innocence obscène, une ellipse. Le nouveau mot, c’est acomoclitisme.
Samedi passé. Jérôme est parti avec les garçons en Angleterre. Le hockey, toujours le hockey. C’est chic, le hockey. Beaucoup plus chic que le foot, et malgré tout un sport d’équipe. Vous savez ce que je pense du sport. Ma drogue. Mais le sport pour vaincre, la compétition… je manque de soupirs. Les parents qui encouragent, consolent, menacent leurs petits champions cons-cons. Alors j’ai dit non au hockey. Et ils m’ont dit OK. Rires. Ma récente dépression m’a libérée, je peux rester. Et je compte en profiter ! Un week-end sans eux.
J’ai le choix. Pourquoi ne pas le passer auprès du naturaliste sympa, il rêve de me montrer son permapotager, de me permaculbuter. Nous pourrions même cueillir de frais pissenlits et boire de l’alcool de sureau au coin de son feu ouvert. Ouverts et au vert, nous nous oserions, nous nous tâterions de petits verres en jolis vers. Mes orgasmes seraient des poèmes où, j’en suis sûre, il oserait même un « je t’aime ». Amours tactiles et graciles. Ses joyeux yeux bleus me chanteraient de tendres bisous, partout. Cet affectueux et si beau naturaliste, c’est lui, la seule, la vraie piste. L’unique issue heureuse pour mon âme pleureuse.
J’ai le choix. Je pourrais retourner à la piscine. J’ai croisé la belle nageuse au cinéma. J’avais mon mari sous le bras. Elle est venue nous saluer, m’a claqué deux bises mordantes et tentantes, m’a proposé de se retrouver pour… boire une tasse de thé. Jérôme m’a même demandé qui était cette déesse. Il était content que je me sois fait une nouvelle amie. En plus pour une fois une jolie, m’a-t-il dit, le gentil. Je prendrais des cours de natation. « Le papillon est un style de nage ventral, où les bras et les jambes agissent symétriquement. »
J’ai le choix.
Je choisis Leglas. C’est moi. C’est mon choix. Le pire est toujours possible. Alors autant s’y précipiter sans tergiverser.
Soyons clairs, il y a un mini-mystère. Est-ce que le petit chantage de Maître Leglas m’indiffère ? Est-ce que le ridicule chantage de Maître Leglas me désespère ? C’est à voir. Ce petit film obscène tourné par sa secrétaire a capturé mon image. Il peut la diffuser, me démolir. Bien sûr il me téléphone souvent, menace insidieusement de s’en servir. Le cher meilleur ami de mon frère. Pourtant je sais qu’il ne le fera jamais. Je sais précisément que c’est seulement le jeu de pouvoir qui excite ce con libidineux.
— Iris chérie, quelques amis et moi-même organisons une petite soirée. Viens ! J’y tiens !
— Non, merci Jean.
— Iris, ne me fais pas dire ce que tu ne veux pas entendre. Viens.
— Voyons Jean, je peux tout entendre.
Silence respirant. Menaçant.
— Fais-moi plaisir. Viens. Iris chérie, ne fais pas l’enfant gâtée.
Le ton est engageant et insistant, provocant et caressant. Ne croyez pas que j’ai peur. C’est pire que cela. Je suis égarée, désemparée. Et pourtant ce serait tellement facile de lui répondre :
— Jean chéri, va te faire foutre. Quant au téléphone portable de ta grosse truie de secrétaire siliconée, enfonce-le-toi dans ton cul pourri. Ça fera peut-être un beau film.
Ou, plus élégamment, ce serait sans aucun doute très efficace de lui dire :
— Franchement, Jean, j’ai mal aux dents. Mon dentiste m’attend. Et ce malheureux petit film, eh bien, mon cher, fais-en ce que tu veux. Je te fais confiance, Jean chéri, tu as mon destin entre tes mains.
Alors que se passe-t-il ? Dites-le-moi, vous ! Pourquoi est-ce que je m’entends lui répondre :
— D’accord, Jean. Volontiers.
Franchement qu’y a-t-il de si intéressant à l’humiliation ? Quelle faute ai-je besoin de payer ? Suis-je condamnée à jouir de mes péchés comme ces connes qui prennent plaisir à recevoir des fessées ?
En vérité, Jean Leglas me fascine, cette arrogance concupiscente me tente. Comment vous le dire ? C’est du cinéma. Mon autodestruction mise en scène. Je me tourne un sale film. Il m’offre la débauche sur un plateau. Il y a carrément quelque chose de joyeux dans ce projet destructeur. J’accepte son effrayante invitation comme une ultime provocation. On ne dégringole pas sans un jour toucher le fond.
Le chateau de Ralien, à trente kilomètres de Léandres, est une tour fortifiée aux épais murs de pierres qui datent du Moyen-Âge. Jusqu’à peu, c’était une demi-ruine. Il a été rénové récemment. Sur la façade sud, une vaste et basse annexe moderne en verre et bois de cèdre relie la vieille tour à un gigantesque plan d’eau rectangulaire. C’est un lieu délirant. Le contraste entre les deux architectures est à ravir ou à vomir. Difficile de se décider. Jean Leglas me propose un covoiturage. J’accepte alors que je sais parfaitement que je dois refuser. Sans voiture là-bas, je serai vraiment coincée. Durant le trajet, Jean me parle de musique classique. Il me gave grave ! Je ne l’écoute pas, pas du tout. Il a mis le « Stabat mater » de Pergoles à fond.
Je pense. Je pense à l’inquiétude et à la curiosité qu’enfant j’éprouvais pour les « choses » du sexe. Je pense à toutes ces expressions mystérieuses, vulgaires, médicales ou poétiques, pour dire « copuler ». La première qui m’ait choquée avait été utilisée par un associé de mon père qui parlait de « tailler son crayon » et la seconde assez bizarrement par une très chic amie de ma mère qui, elle, disait « tremper son pinceau ». J’étais horrifiée par ces deux images bien plus que par les habituels « troncher » et « tirer » entendus à l’école. Je pense à mes premiers baisers d’adolescente, j’ignorais qu’une femme mouillait, personne ne me l’avait dit. Sentant mon sexe trempé, je m’étais précipitée aux toilettes, pensant avoir mes règles plus tôt que prévu. Je pense à ma première nuit avec Jérôme. Ça, c’est mieux que je ne vous le raconte pas. Je pense aussi à mes fils. L’aîné est-il encore puceau ? Le second se masturbe-t-il déjà ? Je pense pendant que Jean parle. Je pense trop. Et je pense mal.
Nous arrivons. Il fait encore clair. L’endroit est angoissant, envoûtant. Le gigantesque bassin est entouré de roseaux qui comme des pailles aspirent le ciel et le vent pour mieux les refléter dans l’eau sombre. Nous passons sur un large ponton en bois pour rejoindre l’annexe moderne.
Un homme qui ressemble à l’autoportrait de Courbet nous accueille. Déjà il me salue en m’embrassant, en prenant clairement possession de mon corps.
— Bienvenue chez moi et enchanté, Iris. Tu es encore plus belle que sur le film que j’ai vu.
Désormais les choses sont claires, la honte sera bue, léchée et avalée. Je suis là. Je prends un sourire d’impératrice condescendante. Ma voix est souvent rauque.
— Dommage, je crois que j’aurais aimé vous décevoir.
Il éclate d’un rire d’empereur bienveillant. Supérieur. Après tout, c’est lui, l’homme ! C’est bizarre qu’après toutes mes récentes aventures, je n’ai pas encore pensé à associer l’érotisme au machisme, pas avant ce soir. Il semblerait bien que ce soir soit un soir où je pense. Où enfin je pense, avant d’entrer dans la danse.
Cinq ou six hommes parlotent et papotent autour d’un buffet. Quelques femmes aussi. Vite du champagne. Maître Jean Leglas ne me lâche pas, il me serre contre lui, je suis la petite chose amusante qu’il présente classieusement à ses amis – l’on pourrait croire avec beaucoup de distinction, mais l’on doit savoir que son hypocrisie souriante ne sert qu’à affirmer son vice.
— Voici la belle Iris, une amie très chère.
Il se croit subtilement ambigu. Désormais je m’indiffère. Pire je me nargue. Mon sourire est méchant, sans nul doute excitant. Il m’offre encore du champagne alors je bois. Et re-bois, et en-bois. Que la fête commence !
Des huîtres plates de Zélande, oh que j’aime ça ! Le champagne de la veuve très cher, le caviar, pourquoi pas ? Et du homard en voilà ! Chez ces gens-là, on ne s’emmerde pas. C’est la table de la mer. L’amer viendra après. Plus loin, s’affalent un Amarone de dix ans d’âge avec du culatello et un bloc de Parmesan. Simple et efficace. Il en faut pour tous les goûts. La jouissance des corps, le plaisir des sens. Pas de quoi s’affoler. Pourtant un vent de panique s’est infiltré juste sous ma peau dorée. En attendant, je frime. Chez ces gens-là, on a le temps – puisque le temps, c’est de l’argent. Buvons un coup !
Il y a de la vodka. Il y a de la cocaïne. Il y a des trips. Logique, les avocats connaissent les meilleurs dealers. Je suis ivre et au-delà. J’entends rire et chanter. Les gens dansent et s’enlacent, crient comme des bécasses.
Le temps se distend. Soudain ils sont tous nus, ils sont contents, ils sont bleus, verts ou jaunes. Oh les vilains poilus ! Je vois double et je baise triple. Vais-je oser le mot déréliction ?
Aujourd’hui, j’ai tout oublié ! Des flashs, j’en ai beaucoup. Mais c’est au niveau du montage que ça déconne. Inconsistance chronologique. Buvons un coup. Tirons un coup. Sniffons un coup. En résumé.
Et je suis tellement heureuse. Je dis oui à tout. Une bonne accepteuse, une vraie joyeuse. Je deviens même emmerdeuse. Mes joues sont gonflées du fameux sourire banane des gamines ecstasiées. Je parle, j’emparle et surtout je me déballe. « Quiiii veut coucher avec moi ? » J’adore l’immonde Jean Leglas. Nue, je lui cours après en criant « Je t’aime, Jean. Reviens. » Il plonge dans le plan d’eau aux roseaux, c’est dire l’effet que je lui fais. Le temps se distend. Un homme m’arrose de vodka et me lèche. Je hurle au gaspillage, réclame un meilleur partage. Le temps se détend. Une fois encore, mes doigts dans une femme, je lui murmure des mots doux à l’oreille, je la supplie de jouir, je la demande en mariage. Le temps m’attend. Ma bouche près d’un pénis, lequel ? Là j’ai un fou-rire. La garce ! Je ris tant-trop et reçois une gifle. Je pleure fort, on me console très fort, de près, de plus près. Le temps dure longtemps. Je cavale nue sur un très gros notable et lui dis : « Dis, est-ce que je te fais un peu penser à ta mère ? Allez, chéri, je t’en prie, appelle-moi maman ! »
Ne l’oubliez jamais, je suis une garce amusante.
De la coke encore, du champagne encore. Pour ma perdition, j’ai choisi les hauts-fonds plutôt que les bas-fonds. Je m’appelle Iris et Jean Leglas me mange le cou à coups de langue râpeuse. Il me murmure à l’oreille : « Tu vois, Iris, tu as bien fait de venir. » Je le repousse. Courbet rit aux éclats en regardant Leglas dépité.
— Tu ne m’avais pas dit qu’elle était comique !
Puis Courbet m’embrasse en me disant :
— J’aime faire jouir les femmes rigolotes.
— Ah bon, c’est possible ?
— Chiche !
Courbet s’isole avec moi. Il sent bon Courbet et me dit des compliments.
— Iris, je vais t’enculer.
— D’accord, Courbet. Mais je t’avertis, je vais crier.
— D’accord, Iris.
Le temps se repent.
Je m’éveille nue, dans un immense lit, avec une autre femme, avec deux hommes. Et tous les trois ronflent fort, les cochons ! Mon dos est griffé, zébré. Mes bras sont bleuis par des traces de doigts. J’ai une joue et une pommette gonflées. J’ai mal à l’anus. Mon cœur bat à toute allure, le corps encore rempli de cocaïne. Mes yeux bleus ont explosé en rouge sang. Mes mains tremblent.
Mon portable indique 15 h15. J’ai reçu plus de quinze appels en absence. Mon mari… Les gamins ont gagné. Je leur envoie un message : « Bravo les champions ! Ici super stage nature, désolée, pas de réseau. À ce soir, tard. Bisou. »
Je m’appelle Iris et je vais me recoucher.
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