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Guerre contre les Majors V 1.9913
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- Catégorie : Littérature générale > Romans
- Date de publication originale : 17/02/2006
- Date de publication sur Atramenta : 25 février 2013 à 21h02
- Dernière modification : 7 avril 2013 à 20h23
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- Longueur : Environ 355 pages / 115 584 mots
- Lecteurs : 557 lectures
- Coup de cœur des lecteurs (×1)
- Mots clés : pamphlet guerre majors
Cette oeuvre est complète, mais a besoin de relecteurs.
Guerre contre les Majors V 1.9913
Cœurs froids banlieues chaudes
06/06/2006, 23:20
L’odeur enivrante de l’essence et la chaleur de l’incendie galvanise l’ardeur de la bande. Elle vient de brûler le premier véhicule de la soirée.
Il fait nuit. Il fait froid, cette nuit de novembre 2006. À qui était la voiture ? Garée à deux immeubles du leur, ils s’en foutent et elle était pourrie de toute façon.
Jasmine a 16 ans. Elle est avec son frère et elle cache ses cheveux sous son bonnet. Normalement, elle ne devrait pas être là. Les filles n’ont pas le droit de sortir la nuit dans ce quartier.
Mais, il y a trois mois, un mecton l’a chauffée. Jasmine fait du karaté depuis l’âge de neuf ans. Elle ne l’a pas touché. Surtout pas. Elle aurait eu des ennuis avec la bande. Mais avec une camarade équipée d’un portable, elle a filmée une scène où on peut la voir démolir avec une rare férocité un adulte pris au hasard dans la rue. Tout le quartier a pu ensuite voir de quoi elle était capable. Et puisque elle est avec son frère, personne ne lui cherche des noises.
Depuis, elle a acquis un peu de galon, en tirant quelques oreilles à des petits qui auraient voulu qu’elle marche tout derrière, et assez intelligente pour ne pas inquiéter le meneur et ses lieutenants, dont son frère. De plus, elle souffle quelques conseils-idées-suggestions, vite récupérés par l’« autorité » qui augmente le prestige de la bande et la tire parfois de mauvais pas. Elle n’est donc qu’au deuxième rang, avec la bénédiction du premier dont les oreilles traînent près de sa bouche.
Les désordres sont dus à une descente de police, qui a mal tourné. Venus deux jours plus tôt pour saisir un serveur P2P avec des fichiers illégaux, les policiers ont aussi trouvé deux tours de gravage qui servaient à alimenter en CD gratuits tous les copains de la cité. Comme il y avait un petit bénéfice pour amortir le matériel, même vendus pour moins cher qu’un CD+taxe (les CD viennent de Belgique), les peines encourues sont énormes.
Les parents ont donc hurlé et n’ont pas voulu qu’on emmène leurs enfants. Le premier policier de faction au fourgon s’est enfui dans son véhicule à moitié « épavé » alors que le deuxième fourgon brûlait déjà. La piétaille s’était réfugiée au dernier étage et il a fallu pas moins d’une compagnie de CRS, deux hélicos et des gaz lacrymogènes pour tous pour les récupérer.
Depuis, dans le quartier, il y a une ambiance insurrectionnelle. Des feux s’allument dans quinze grandes villes pour dénoncer la dictature policière, prétendant vouloir appliquer les lois DADvSI au sein des quartiers sensibles. Et tout ça donc pour de la musique censée adoucir les mœurs. Quand on sait toutes les histoires passées de drogues douces ou dures, de vols et recel, de violence et de trafic d’armes, on ne peut que rester stupéfait face à tant de violence pour quelques « droits d’auteurs » bafoués.
La bande suit son chef vers la cache aux cocktails incendiaires. Ils ont récupéré quelques bouteilles vides en verre pour « aider » le petit fabricant. Une autre bande s’occupe de trouver l’huile et l’essence.
Il faut se servir dans les voitures car les stations alentours ne vendent plus au bidon.
Le quartier est bouclé la nuit. Même une voiture bélier ne peut pas passer à cause de poteau en béton disposés en chicane sur les routes. La SNCF répare chaque matin la barrière grillagée qui protège la voie, et il y a des patrouilles cynophiles nocturnes avant chaque passage de train. Chaque lieu potentiel de caillassage est inaccessible et surveillé.
Les médias diffusent des infos bidonnées avec les immeubles de la cité en arrière plan. En fait, les journalistes n’ont pas le droit de passer. Les habitants doivent se soumettre à des contrôles très stricts et humiliants au check point le matin pour pouvoir aller travailler (Y’en a encore qui arrivent à travailler malgré toute cette « publicité ») où aller faire les courses. Les véhicules sont fouillés et trois pères de famille ont été mis en garde à vue vingt-quatre heures pour avoir eu des CD gravés dans la voiture. À chaque fois, on parle d’un vaste réseau de trafiquants, avec des liens en Belgique pour s’approvisionner. C’est tout juste s’ils ne parlent pas de réseaux pédophiles…
Jasmine suggère de la laisser marcher en avant, innocemment, avec son frère. Ils peuvent ainsi repérer les patrouilles et les prévenir par signes de se planquer en cas d’urgence. Le chef désigne plutôt un de ses lieutenants au casier pas trop chargé. « Vous pourrez jouer les amoureux. C’est un motif valable pour circuler la nuit ». Jasmine prévient celui-ci. Geste déplacé en trop, raclée au retour. Son frère est d’accord pour lui prêter main forte. Cela en fait rire certains mais l’intéressé capte bien le message.
Ainsi, durant la soirée, ce sont trois autres voitures qui auront été incendiées par la bande, avant que Jasmine et son chevalier servant soient emmenés à un carrosse direction le château de la maréchaussée.
C’est en sortant avec son père au matin, vers dix heures qu’elle remarque un véhicule connu, garé bien devant le commissariat. Un coupé Mercedes gris, vitres fumées, toutes options et plus : la voiture de Moon Joe, le nouveau rappeur à la mode. Un gars de la cité d’en face de la voie ferrée qui « a réussi ». Alors qu’elle monte dans la guimbarde de son père, elle voit le chanteur sortir, accompagné de son agent et raccompagné par le commissaire. Manifestement, il n’était pas là pour une histoire de contravention. Jasmine a un haut le cœur quand elle le voit serrer la main du flic pour prendre congé. Serait-il possible que Moon Joe soit à l’origine de la descente de police ? Jasmine en est convaincue.
Ce soir-là, Moon Joe est garé devant chez un de ses potes musicos dans la cité de Jasmine. La bande en passant admire la bagnole, avec respect. Chacun aimerait bien en avoir une belle comme celle-là. Mais ils ne sont ni chanteurs, ni cambrioleurs, ni dealers, ni chefs de grande entreprise. Ils ne sont qu’une petite bande d’incendiaires occasionnels, avec quelques larcins à se reprocher dans des voitures. Ils sont aussi connus pour quelques bagarres et dégradations. Des incivilités en quelque sorte. Ils n’ont aucune chance d’avoir les moyens d’acheter un jour ce type de véhicule.
Celui-ci ne risque rien. Malheur à qui toucherait sans autorisation le moindre centimètre de carrosserie. Jasmine serre les dents, mais garde sa bile pour elle.
Une heure plus tard, elle prétexte une grosse fatigue et quitte la bande pour se coucher. Elle arrive à la voiture. La rue est déserte. Elle avise une revue people sur le siège arrière du coupé. Parfait. Elle en fait une boule qu’elle pose sous le tableau de bord. Elle y met le feu. Mais les flammes sont faibles. Elle sort un de ses pull-overs et son Kway. Les éléments synthétiques brûlent bien et cette fois le feu attaque le siège avant et semble trouver son bonheur à lécher de quelques flammes le tableau de bord par en dessous.
Elle s’enfuit à une centaine de mètres. Personne n’a dû la voir car personne ne donne l’alerte durant quelques minutes. Puis une femme crie. Puis dix, puis c’est Moon Joe qui sort de l’immeuble.
Trop tard. Les flammes sont passées sous le capot. Une fumée noire d’huile, de caoutchouc et de plastiques annonce un triste destin final. Les flammes ont trouvé la durite d’essence et la peinture cloque sous la chaleur. Impossible d’ouvrir le capot et les pompiers ne se précipitent pas, car il y a bien une centaine de voitures qui brûlent dans le même temps et ils ne se déplacent que sous protection policière et s’il y a risque pour des bâtiments.
Tout le quartier se lamente avec Moon Joe, en promettant un sort terrible au coupable. Mais Jasmine n’a pas l’intention de s’en vanter. Moon Joe regarde méchamment son copain, qui prétend n’y être pour rien. Manifestement il devait déjà y avoir de l’eau dans le gaz entre eux.
C’était bien le cas, mais Jasmine ne pouvait pas le savoir. Le copain en question était l’auteur compositeur occulte de Moon Joe. De physique ingrat, et doté d’une voix déplorable, il avait toujours été refoulé des bureaux des découvreurs de talent.
Quand Moon Joe s’était montré avec la même chose, on avait commencé par faire un essai à ses dépens, puis on avait misé sur lui.
Après le premier single, l’album avait suivi et avait été un succès. Mais au départ, Moon Joe ne voyait que des pourboires, des avances en liquide et gaspillait ses revenus épisodiques. Quelques droits payés, un deuxième album, un succès indéniable et cette fois le jackpot était tombé. Mais pas grand-chose pour le copain caché de la cité. Un silence mal payé, une frustration grandissante… Il faisait le coupable idéal pour ce coup fourré. Moon Joe se fâche donc ce soir-là définitivement avec son auteur-compositeur.
Mal lui en prit. Ayant signé pour cinq albums avec sa major, le numéro trois, malgré l’intervention d’un nouvel auteur, s’avéra être une catastrophe. La major rompit alors le contrat. Moon Joe ne put donc jamais se racheter une aussi belle voiture que celle qui brûla cette nuit là. Même si sa carrière de chanteur ne perdura pas, il eut droit à un autre destin.
Son copain poursuivit par contre sa recherche musicale, le rap ayant été un « exercice de jeunesse ». Mais quand son art fut reconnu, les majors n’existaient plus, ainsi que les mégas profits. Il fit quand même salle comble toute sa longue vie avec un blues des cités, teinté de chauds accents langoureux de la Nouvelle Orléans, ou des Antilles répondant aux grincements, aux cris étouffés et aux explosions des barres et tours de la couronne parisienne traversés de part en part de leurs orbites vides par les vents du passé. Figurant parmi les grands de la musique du vingt-et-unième siècle, ses œuvres sillonnent le Net pour l’éternité.
Table des matières
- Préface de Jack Minier Env. 4 pages / 1100 mots
- Présentation par l’auteur (mars 2013) Env. 3 pages / 889 mots
- D. Day Two Env. 4 pages / 1136 mots
- Veille d’élection Env. 3 pages / 790 mots
- Un enlisement perceptible Env. 3 pages / 732 mots
- Fuite à Varennes Env. 6 pages / 1824 mots
- L’Appel du petit Kaporal Env. 3 pages / 645 mots
- La Net Révolution Env. 4 pages / 951 mots
- La cache aux serveurs Env. 5 pages / 1284 mots
- La Campagne de France Env. 4 pages / 1034 mots
- Franck Env. 5 pages / 1399 mots
- Manifestation tragique Env. 4 pages / 1239 mots
- Une défaite sans combat Env. 3 pages / 857 mots
- Contre-Attaque Env. 3 pages / 790 mots
- Brian Env. 3 pages / 958 mots
- Chantage en chanson ou ratage en rançon ? Env. 3 pages / 651 mots
- Véra S. Env. 4 pages / 1164 mots
- Nuit d’amour Env. 2 pages / 373 mots
- L’homme de l’ombre Env. 3 pages / 719 mots
- Le Site Assassiné (Elsa et Christian) Env. 3 pages / 892 mots
- Fusions chaudes Env. 3 pages / 826 mots
- 14 juillet en berne Env. 4 pages / 1329 mots
- Expulsion Env. 3 pages / 976 mots
- Fils de héros Env. 2 pages / 647 mots
- Prise du Net pouvoir Env. 4 pages / 1113 mots
- Épuration idéologique Env. 3 pages / 757 mots
- Supra Net Env. 3 pages / 867 mots
- Enrôlé Env. 4 pages / 1336 mots
- Derrière les barreaux Env. 5 pages / 1482 mots
- Alain Env. 3 pages / 807 mots
- Puces motos à Niort Env. 5 pages / 1312 mots
- Bienvenue Major DAD Env. 4 pages / 1053 mots
- Camps de redressement Env. 5 pages / 1412 mots
- Les DRM passent dans les mœurs Env. 2 pages / 397 mots
- Honneur et décadence Env. 4 pages / 1134 mots
- Manifestations Env. 4 pages / 1093 mots
- Dure journée Env. 4 pages / 1284 mots
- Triste conjoncture Env. 3 pages / 938 mots
- Captivante captivactivité Env. 4 pages / 1182 mots
- Die Hard 2 Env. 3 pages / 787 mots
- Un scénario pour l’été 2007 Env. 5 pages / 1491 mots
- Avis de tempête Env. 6 pages / 1772 mots
- La voiture qu’il nous faut Env. 9 pages / 2882 mots
- Installation Env. 6 pages / 1723 mots
- Le mariage d’Elsa et Christian Env. 6 pages / 1867 mots
- Jasmine Env. 7 pages / 2153 mots
- Souriez, vous êtes filmés Env. 5 pages / 1308 mots
- Die Hard 3 Env. 4 pages / 1308 mots
- Night hard too Env. 6 pages / 1982 mots
- Rafle au réveil Env. 4 pages / 1218 mots
- Du rififi dans le Médoc : Préambule Env. 6 pages / 1649 mots
- Escapade Env. 5 pages / 1654 mots
- Du rififi dans le Médoc : D’est en Ouest Env. 6 pages / 1804 mots
- Incarcérations Env. 5 pages / 1358 mots
- Palpitations Env. 1 page / 265 mots
- Du rififi dans le Médoc : Bombannes Env. 10 pages / 3335 mots
- Le Pouilleux Env. 6 pages / 1898 mots
- Interrogatoires Env. 5 pages / 1475 mots
- Du rififi dans le Médoc : Promenade au bord du lac Env. 9 pages / 2842 mots
- Contre espionnage Env. 5 pages / 1537 mots
- Du rififi dans le Médoc : Tourisme Env. 9 pages / 3066 mots
- La plus belle des prisons ? Env. 5 pages / 1596 mots
- Du rififi dans le Médoc : Commando malgré lui Env. 6 pages / 1870 mots
- Cœurs froids banlieues chaudes Env. 6 pages / 1730 mots
- Du rififi dans le Médoc : retour précipité Env. 5 pages / 1428 mots
- Les horreurs de la guerre Env. 13 pages / 4154 mots
- Du rififi dans le Médoc : Dernier jour de plage Env. 9 pages / 2952 mots
- Au bout du monde Env. 5 pages / 1279 mots
- Du rififi dans le Médoc : Odyssée Épilogue Env. 8 pages / 2477 mots
- Un nouveau départ Env. 5 pages / 1671 mots
- La Boite de Nuit : Acte 1 Env. 5 pages / 1564 mots
- Sombres prémices Env. 8 pages / 2516 mots
- La Boite de Nuit : acte 2 Env. 8 pages / 2645 mots
- Pour toujours Env. 9 pages / 2902 mots
- Musique de guerre Env. 12 pages / 3780 mots
- Postface Env. 2 pages / 454 mots
- Les Bonus Env. 13 pages / 3820 mots
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