Fêtes carillonnées

… autrefois, le 4 novembre était jour férié

j’aime beaucoup l’expression française, qui n’a pas d’équivalent en Italie. On dit, là bas "festa grande" mais ce n’est pas tellement évocateur.

Et des jours fériés, il y en avait beaucoup. Puis, lors d’un intermède gouvernemental socialo-communiste, décision fut prise d’en supprimer quelques-uns, il fallait travailler davantage.

Et c’est ainsi que le 19 mars fut désinvesti. San Giuseppe. C’était le patron des menuisiers et des Papas - en effet, si sa femme était enceinte d’un autre, au moins lui était au courant, et ça ne l’a pas empêché d’élever l’enfant ni de lui donner un métier…, bref - . La société consumériste cependant ne l’entendait pas de cette oreille, et il fut institué donc à sa place la "Festa dei Papà", avec injonction à la radio, télé, journaux, de faire un cadeau ce jour là au géniteur. Toutefois, cette fête se tiendrait le deuxième dimanche de février.

Le jeudi de l’Ascension aussi fut émondé, au grand dam des travailleurs qui pouvaient souffler un peu au mois de mai, au début des grosses chaleurs…

Ne parlons pas du Lundi de Pentecoste, retiré aussi.

Le pire fut le 2 Juin, proclamation de la République. L’Italie est, je crois, le seul Pays qui n’a pas de fête nationale…

Puis, au mois de juin, le denier jeudi était férié, Corpus-Christi : retranché aussi ; ce jour-là, on processionnait avec l’Ostensoir, en souvenir du prodige du Lac de Bolsena dans le Latium en 1284.

Restait le 4 novembre. Double fête pour les Lombards. D’abord l’Anniversaire de l’Armistice de 1918, signé une semaine avant les Français, qui le commémorent toujours le 11 novembre.

Ensuite, c’est la Saint Charles. San Carlo pour les Lombards, qui vénèrent toujours leur Archevêque Carlo Borromeo (1538-1584). Ceux d’entre vous qui connaissent le Lac Majeur (l’île en son milieu, appelée aussi L’Isola Bella, appartient toujours aux descendants de cet arstocrate) auront remarqué, dans le village d’Arona où il naquit, le "Colosso", une statue énorme haute de 32 mètres, en plaques de cuivre sur un soubassement de granit, édifiée en 1698 à sa mémoire. Les milanais l’appellent affectueusement "San Carlone" (big Charles) : l’intérieur est creux et on peut monter jusqu’à la tête d’où le panorama est époustouflant. La statue est tellement kitsch qu’elle en devient œuvre d’art.

Le prénom Carlo figure parmi les plus répandus en Milanais. Et ce matin en regardant mon calendrier où ce 4 novembre n’est plus marqué en rouge…  j’ai eu une pensée pour tous les Carlo que je connaissais (sans oublier Carletto,  dont je vous ai parlé dans "Une demande en mariage").

Et j’en profite ici pour souhaiter bonne fête à tous les Charles de France et de Navarre.

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