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Cycle Beta
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- Catégorie : SF et fantastique > Science-fiction, Anticipation
- Date de publication originale : 15/12/2006
- Date de publication sur Atramenta : 1 avril 2011 à 0h00
- Dernière modification : 1 juillet 2012 à 13h04
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- Longueur : Environ 194 pages / 58 964 mots
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Alsyen s'implique
Alsyen s'est installé sur les cuisses de Reno et fait mine de jouer avec le hochet lumineux à variation de spectre en le tournant dans tous les sens et en le mordillant. En fait, il observe les doigts de Reno et l'écran. La mémoire d'Alsyen lui permettrait déjà de se connecter car sans comprendre les caractères, il les a déjà tous retenus, comme enregistré la réaction de chacun d'eux à l'écran.
Les Niumis utilisent des ordinateurs depuis une vingtaine de siècles. Néanmoins, leur planète n'est industrialisée qu'à moitié et les Niumis n'ont fait aucune découverte technique. Depuis plus de cent-mille ans, ils ont évolué de concert avec les Zymbrekes. D'abord symbiotique et animale, la relation avec les Zymbrekes a connu les rapports maître-esclave pendant cinquante-mille ans. Puis cette situation est devenue insupportable aux Niumis, qui, ayant acquis une certaine sagesse, commençaient à influencer les cerveaux des Zymbrekes pour les faire accéder à l'intelligence. Trente-mille ans plus tard, des colons xhantiens débarquèrent sur Myrna la Forestière. Ils s'installèrent près des fleuves, dans les plaines et chassèrent les Niumis à coup de désintégrateurs. Mal leur en prit. À chaque violence commise par un groupe de colons, ceux-ci se retrouvaient rapidement décimés par des Zymbrekes, ayant parvenu mystérieusement à s'introduire derrière les barrières de sécurité les plus sophistiquées.
Les Xhantiens avaient installé une station orbitale. Au télescope, ils purent observer Niumis et Zymbrekes découvrant les objets technologiques abandonnés, puis apprenant à s'en servir.
Ils comprirent alors que les massacres à coups de griffes n'étaient donc qu'une mise en scène. Dès le départ, ils auraient pu retourner les armes des envahisseurs contre eux. Il s'agissait d'espèces intelligentes : il fallait agir autrement.
La troisième expédition xhantienne fut donc précédée d'une navette diplomatique sans aucun armement. Un groupe de volontaires se porta à la rencontre des Zymbrekes. Lorsque ceux-ci voulurent lancer l'assaut, les Xhantiens présentèrent des objets en cadeau. Il n'y eut cette fois aucune victime et les trois races sympathisèrent.
Les armes saisies sur les cadavres furent restituées aux Xhantiens spontanément au bout de quelques jours. Alors, les colons xhantiens débarquèrent non armés et purent s'installer là où ils le souhaitaient.
Des couples Niumis-Zymbrekes (Deux Niumis et deux Zymbrekes) se présentèrent au devant des implantations et manifestèrent leur désir de vivre au sein de la communauté xhantienne. En réciprocité, certains Xhantiens durent aller vivre avec les colonies des Niumis.
En moins d'un siècle, il y avait deux types de quartiers dans les villes de Myrna. Celui qui était adapté au mode de vie autochtone, et celui adapté aux Xhantiens. Les Xhantiens sont des créatures humanoïdes à la peau sombre et écailleuse. Leur nez est presque plat, à quatre fentes. Leurs oreilles sont petites et cylindriques de part et d'autre de la tête. Enfin, ils mesurent plus de deux mètres cinquante. L'habitat ne peut donc être commun avec les Niumis, hauts de quarante centimètres maxi sur la pointe des pattes ayant leurs « propres appartements » à l'étage auxquels ils accèdent par un pilier-tronc, tandis que le rez-de-chaussée est réservé aux Zymbrekes, mesurant environ un mètre cinquante, se déplaçant sur des tentacules et souhaitant vivre en permanence sur un sol nu et naturel.
La « villa-immeuble » est d'ailleurs conçue pour protéger une colonie de Niumis à l'étage, avec le nombre équivalent de Zymbrekes au rez-de-chaussée.
Les Niumis permirent aux Xhantiens de régler leurs problèmes ethniques sur leur planète, par leur philosophie et leur pacifisme, rapidement à la mode au sein de l'élite xhantienne. Ils devinrent très vite ambassadeurs adjoints, au service de chaque partie, afin d'arbitrer et régler les problèmes internes des Xhantiens avec pragmatisme. Leur collectivisme permit aussi de rationaliser la production, de mettre en place un partage équitable des ressources et de maintenir la motivation de tous les individus en récompensant le travail accompli par des fournitures inédites, cependant non vitales. Ils firent aussi redécouvrir aux Xhantiens les charmes d'une pharmacopée naturelle grâce à leur excellente connaissance de la flore myrnienne, encore intacte et riche en plantes médicamenteuses. Les chimistes xhantiens parvinrent d'abord à synthétiser les molécules actives, et finalement prirent le parti de la culture des plantes elle-mêmes, avec les quelques manipulations génétiques adéquates pour améliorer leur rendement et en permettre un développement contrôlé sur les sols déserts ou pollués de Xhantios. Diverses techniques d'extraction des principes actifs s'avérèrent bien plus profitables que de jouer industriellement avec des éprouvettes...
En échange, les Xhantiens devinrent partenaires pour la réalisation d'usines de produits manufacturés pour les Niumis et les Zymbrekes, dont la nudité fut déclarée « choquante ». Les Niumis découvrirent donc les heures de travail (seulement la moitié de la journée un jour sur deux) pour pouvoir se procurer ces produits. Le binôme Zymbreke (avec ses bras et tentacules) et Niumi était quand même aussi efficace que six Xhantiens. Myrna exporta très rapidement des produits pour Xhantiens fabriqués grâces aux ressources naturelles de la planète et grâce au travail niumio-zymbreke. Puis, il y eu très rapidement des techniciens, des concepteurs et des créateurs niumis car leur vive intelligence était étayée par une mémoire phénoménale.
Enfin, en dehors de leurs heures de travail, les Niumis élaborèrent des dictionnaires, des méthodes d'apprentissage, des bilans de découvertes... sur leur réseau informatique global. Ils accédèrent ainsi à une culture de l'écrit, une révolution, car jusqu'alors, toute la transmission des savoirs et des traditions était orale et télépathique. Aucunement pervertis par une histoire sanglante et des idéologies hégémoniques, tout à fait innocents face à l’œdipe, incapables de comprendre le besoin de richesses, leur motivation était la recherche de la connaissance et de la sagesse.
La possibilité de voyager loin allait perturber quelques équilibres. Pour pouvoir s'offrir des vaisseaux spatiaux, il fallait quand même gagner beaucoup de crédits. De plus, les plaisirs d'une drogue concentrée (alors que les Niumis en consommaient seulement sous forme naturelle le soir pour se détacher l'esprit), interdite de surcroît encouragèrent quelques comportements déviants comme l'escroquerie et la masturbation en public. Mais il n'y eu jamais violence ou meurtre en effet secondaire.
Alsyen faisait donc partie d'une famille aisée. Ele possédait d'ailleurs deux vaisseaux spatiaux. Celui qu'il avait « emprunté » pour sa petite virée funeste dans l'espoir d'un « détachement » plus jouissif retournerait de lui-même au bercail après une centaine d'alternances jour/nuit …
Tenir compagnie à Reno durant ses cours l'avait déjà amené à apprendre notre alphabet dans l'ordre des touches du clavier. De plus, comme souvent Reno répondait au logiciel en parlant à voix basse mais perceptible par un micro d'oreille interprétant les vibrations des os de la mâchoire, et que le logiciel de synthèse vocale affichait la réponse dans les cadres de saisie, Alsyen connaissait déjà un certain nombre de phonèmes à la fin de la journée.
Il pouvait ainsi reconnaître dans une phrase un objet nommé en sa présence assez rapidement. Il y avait tout de même une difficulté particulière à la langue humaine. Aucune des trois langues (Niumi, Zymbreke, Xhantien) connues d'Alsyen ne comportaient d'articles et il existait quatre genres : masculin, féminin, neutre et associatif (genre réservé au binôme Niumi-Zymbreke). Avec le nombre et la fonction dans la phrase, tout était une question de déclinaison à la fin du mot. Le verbe était donné accordé en début de phrase, puis suivait l'adverbe éventuel, le groupe sujet, (un groupe est composé d'adjectifs invariables car c'est le nom commun qui porte la marque du genre et nombre) toujours sans subordonnée à l'intérieur, et enfin le groupe action, suivis des groupes circonstanciels, toujours sans subordonnées. Voila pour le langage parlé. Dans le langage écrit par contre, après le dernier groupe circonstanciel, on introduisait les subordonnées par un pronom qui indiquait, soit le groupe objet, soit le groupe action, soit enfin le numéro du groupe circonstanciel. Les pronoms personnels sujets n'existaient pas puisque le verbe, accordé par un suffixe à la bonne personne du singulier ou du pluriel, indiquait déjà les renseignements. Cela donnait des phrases du genre « Boije » (je bois). « Boije eau quiobjet coule dans grande forêt qui1 recouvre verte planète ». La négation, quant à elle, se plaçait devant le verbe quand il y avait lieu.
Quelques autres règles avec des conjonctions de coordination régentaient les règles de position, d'appartenance, d'antériorité etc. etc.
Alsyen allait avoir au début un peu de mal à s'y retrouver, malgré son intelligence et sa mémoire. Les langages de la terre avaient fusionné en un franglais extrêmement compliqué à cause de l'exception culturelle d'un petit pays de trente millions d'habitants. Celui-ci, héritier d'une « Grande Histoire de Lui-Même », avait voulu, et obtenu par influence une académie planétaire composée « d'immortels » pour régenter le bon emploi des mots et leur certification, comptant ainsi éviter des termes « locaux » même dans les futures terres conquises.
Le pire vint ensuite des huit cents « immortels », menant de grandes luttes d'influence et d'ego tout en prétendant sauvegarder l'étymologie des mots alors qu'ils devaient être homogénéisés. Quant aux phrases, les grammairiens menaient d'épiques batailles pour défendre telle ou telle exception dans les règles universelles. Sans les correcteurs orthographiques ou les logiciels de synthèse vocale, nul n'écrirait de terrien académiquement correct.
D'où un retour à un langage parlé universel assez fruste qui correspondait très bien à l'action en ces périodes d'émancipation. Mêmes certaines onomatopées pouvaient être lourdes de sens chez quelques taciturnes, significations très accessibles à la télépathie d'Alsyen se basant sur les émotions et les motivations liées au déclenchement de l'usage de la parole. Mieux, Alsyen pouvait sentir le mensonge ou la méchanceté derrière chaque message apparemment sibyllin chez la plupart des créatures intelligentes.
*
* *
À la mi-journée, alors que toute la section finissait son repas, Reno amena Alsyen en chambre dans les locaux de la section. Il croisa le sergent Coll, ou plutôt l'ombre du sergent Coll. Celui-ci revenait de la visite médicale et les résultats d'analyse étaient mauvais. Le docteur avait décidé de temporiser la décision du commandement en prévoyant une contre-visite trente cycles/jour plus tard pour jauger d'une éventuelle amélioration après suppression par le sujet de l'usage de sa Neurovid. Néanmoins, il pensait certains dommages irréversibles.
À sa vue, et sans connaître la cause de sa tristesse, Reno proposa de bon cœur au sergent Coll une C'fet et celui-ci accepta. La conversation resta anodine et tourna autour d'Alsyen tandis que celui-ci mangeait. Alsyen perçut la détresse du sergent et les dégâts occasionnés par le Neurovid sur ses zones temporales.
Entraîné par la sympathie de Reno, il décida donc de stimuler certaines synapses qui allaient relancer la production d'hormones et de neurotransmetteurs qui eux-mêmes déclencheraient les réparations de manière naturelle. Le Neurovid « désamorçait » et déréglait trop de mécanismes pour que la réparation se relance d'elle-même. Il faudrait juste que pendant deux semaines, Alsyen puisse croiser Coll quotidiennement pour re-stimuler l'ensemble et ensuite, les choses se soigneraient d'elles-mêmes progressivement, totalement en quelques mois, mais déjà aux trois-quarts dans les deux premières semaines.
Coll prit congé de Reno avec un « Merci, c'était sympa de ta part, Reno. Mais fait gaffe, Caubard t'a dans le nez et il veut ta peau »
Table des matières
- Préface Env. 1 page / 247 mots
- Avertissement de l'auteur Env. 3 pages / 780 mots
- Débarquement sur B-112 Env. 8 pages / 2187 mots
- Évasion Env. 5 pages / 1349 mots
- Unis Env. 12 pages / 3550 mots
- Nouvelle vie Env. 6 pages / 1628 mots
- Alsyen s'implique Env. 7 pages / 1816 mots
- Cérémonie de baptême Env. 5 pages / 1210 mots
- Leçon de dressage Env. 3 pages / 809 mots
- Progrès et découvertes Env. 11 pages / 2999 mots
- Drill intensif Env. 7 pages / 1767 mots
- Visite des entrepôts Env. 7 pages / 1948 mots
- Simulation globale Env. 19 pages / 5694 mots
- Revue de chambrée Env. 3 pages / 768 mots
- Le vétéran Env. 11 pages / 3088 mots
- B-006 : Accident dans la jungle Env. 17 pages / 5178 mots
- B-006 : Planète tout risque Env. 14 pages / 3967 mots
- B-006 : Expériences douloureuses Env. 10 pages / 2823 mots
- B-006 : Recueillement Env. 7 pages / 1995 mots
- B-006 : Sortie nocturne Env. 14 pages / 4200 mots
- Déparasitage Env. 7 pages / 2082 mots
- B-069 : Bordée dans l'espace Env. 24 pages / 7228 mots
- Déchirements Env. 6 pages / 1651 mots
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