coupe toujours, tu m’intéresses

Notre collègue Marc nous invite à raconter

une histoire, vraie ou inventée, mettant en scène un "Mandarin"

qui nous aurait déçus….

Marietta a 38 ans lorsque divers ennuis de santé l’amènent à consulter. C’est un fibrome, ce qui rend son ablation nécessaire.

Le rendez-vous avec le chirurgien est plaisant, c’est un monsieur de petite taille, l’air gai et optimiste. Il décrit l’intervention en la qualifiant de banale et sans danger.

La Clinique Santa-Maria (transformée depuis en centre de rééducation) du boul. Tzarewitch accueille Marietta, une chambre hélas à deux lits, la mutuelle des instituteurs n’offrant pas le grand confort. C’est le mois de mars 1978.

L’une de ses sœurs est venue depuis Milan afin de s’occuper des deux enfants restés à la maison. Hélas, le soir même les Brigades Rouges enlèvent le Président du Conseil Aldo Moro, l’Italie ferme ses frontières (après que les bœufs se sont échappés) et la sœur  s’empresse de repartir avant la fermeture de la frontière.

Marietta a emporté un panier plein de livres, qui lui feront la semaine. Oh désespoir, sa voisine de chambre Témoin de Jéhovah et horriblement bavarde, reçoit chaque jour un nombre impressionnant d’amis, le bla-bla empêchera Marietta d’en lire un seul…

Tout se passe bien, c’est le lendemain de l’intervention. Au matin le chirurgien, entouré de sa cour d’internes obséquieux, s’approche de Marietta, souriant, la complimente sur son air reposé et, au moment de tourner les talons, lui glisse qu’à propos il a été obligé d’enlever l’utérus. Ah bon.

Le lendemain matin, rebelote, et avant de repartir, il  l’informe que tiens j’avais oublié, il a fallu enlever un ovaire qui était "kystique" "mais le deuxième travaillera pour deux, ça ne change rien". Ah zut alors.

Le troisième matin, Marietta n’en mène pas large. Et ça ne tarde pas :

"Chère Madame, votre appendice étant très enflammé, j’ai été obligé de l’ôter…"

"Ah non, maintenant ça suffit, asseyez-vous et finissez de me dire exactement quels boyaux vous m’avez laissés !"

Quelques rires - vite réprimés à cause d’un coup d’œil furibond - fleurissent chez les internes. Et ce sera tout.

Deux ou trois ans après, dans une revue, j’ai lu que ce Monsieur était traîné en justice par une dame, car il avait "oublié" une compresse dans son abdomen, lors d’une opération.

J’ai vite effacé son nom dans mon répertoire téléphonique.

Donner votre avis à propos de cette oeuvre

Découvrir les 216 autres oeuvres de cet auteur

Voir toutes les oeuvres de la collection "tre"

Découvrir les 2 livres publiés par cet auteur

Découvrir les ebooks publiés officiellement par cet auteur

---

Œuvre suivante dans cette collection :

Le fabuleux voyage des 2 guerriers