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Ce n'est pas parce que c'est beau, que c'est beau !
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- Catégorie : Savoir, culture et société
- Date de publication sur Atramenta : 18 mai 2019 à 20h25
- Dernière modification : 19 mai 2019 à 9h57
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- Longueur : Environ 3 pages / 960 mots
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Ce n'est pas parce que c'est beau, que c'est beau !
La page « cent »
J’ouvre la grande enveloppe, anticipant le plaisir que j’aurais à découvrir le devoir de la semaine. Aujourd’hui, il me faudra disserter, c’est ce que je préfère dans ces cours par correspondance, car l’occasion est trop belle de lâcher la bride à mon imagination. Je sors les feuillets, ignore les corrections des devoirs remis le mois dernier et saute directement à la page contenant l’ordre du jour. « Thème : À la page cent ».
Piégé je suis, motivé je reste, il me faut débusquer l’échappatoire. Page cent… page cent… Qu’est-ce qu’on trouve à la page cent ? Qu’est-ce qu’on peut bien y trouver, d’ailleurs, qui donne matière à une histoire ? Trou noir dans la page cent, sans fumée inspiratrice, tout est déjà cramé dans mes connections. Une urgence brûle les pages de ma mémoire, de la page quatre-vingt-dix-neuf à la cent-une ; je n’ai aucune idée, pas l’ombre d’un départ de sentier, il me reste deux heures pour ne pas me noyer dans une page inexistante.
Wiki est ton ami, ô élève non scolarisé ! Je me demande si ceux qui vont à l’école utilisent les services du net avec autant de bonne volonté que moi. « A la page cent » me renvoie à un livre qui sent le soleil, mais dont le résumé ne m’inspire ni chant de cigale, ni apéritif sous les oliviers de Pagnol. Je surfe, je batifole, je saute de peu en pas grand-chose, je perds mon temps en courant d’un mot, d’une image, à l’autre. Un problème, ça se décompose. « Page » ne m’apprend rien que je ne sache déjà ; voyons « cent ».
Sur la page « cent » du wiki s’affiche la phrase suivante : « Thorshavn est une capitale lilliputienne : elle compte huit cents habitants, et on la traverse en cinq minutes […] » Jamais entendu parler. Thorshavn m’attire comme une très mauvaise bonne idée. Thorshavn…
Thorshavn. « (en féroïen : Tórshavn) est la plus grande ville et la capitale des Îles Féroé. Elle est située dans le sud de la plus grande île de l’archipel, Streymoy. » Ah, les Îles Féroé ! les maison encolorées, les falaises découpées par des géants, les moutons grimpant à l’assaut de pentes vertes et ventées, et surtout, partout, la mer sauvage ! Mais, mis à part les flux et reflux de vagues de touristes, y a-t-il une vie à Torshavn ? Les photos sont dignes d’un paysage de fantasy, on s’attendrait à rencontrer des princes arthuriens et des fées malicieuses. Une image sang claque comme un étendard au vent au milieu des maisons proprettes, rouges ou bleues, et des paysages fantastiques inviolés. Des algues rouges dans les mers septentrionales ?
J’enclenche le premier clic, celui qui lance l’engrenage. Photos chocs, articles choqués et choquants. J’en prends plein mon émotionnel, tant qu’il s’hypnotise devant l’inconcevable, paralysé d’incompréhension, cherchant des raisons pour admettre ce qui lui semblait impensable deux secondes auparavant. Merde, ce sont des humains comme ceux que je connais ! Pourquoi sont-ils si différents ? Sont-ils si différents ?
Torshavn, petite capitale de l’horreur. Je ne pourrai plus la définir autrement. L’horreur, c’est ce qui aurait dû rester caché et qui se montre au grand jour. Les massacres, ça se terre dans les abattoirs, on n’en fait pas une fête, quelle que soit la religion ou la tradition qui les encourage. On est civilisé, non ? Ce ne devrait pas être une question, mais ça en devient une et, pire, ce serait presque de l’ironie, à se regarder dans le miroir des Féroé.
À Torshavn, il est une tradition appelée grind qui veut qu’on tue les baleines et les dauphins. Ce n’est pas très difficile. Les dauphins suivent les bateaux et il suffit de repérer une famille nombreuse pour les attirer vers les côtes et les forcer à s’échouer. Ensuite, il n’y a plus qu’à procéder au carnage, à coup de couteaux, de harpons, de tout ce qui peut vider un corps de son sang et de ses tripes. Tout le monde s’y met, même les enfants sortent des écoles pour se plonger les pieds et les mains dans le bain de sang. Là-bas, la violence s’apprend au berceau. Les cris déchirants des victimes sont sans effet, dans la famille de cétacés, pas un n’en réchappe. Un génocide en règle. Les associations de défense des animaux se retrouvent au tribunal, le Danemark osant le « Oui, mais non, les baleines sont protégées, mais c’est une ancienne tradition, etc., etc. » Ça se complique quand on soulève la queue du loup : Les habitants des îles ont-ils besoin du produit de ces chasses, que font-ils des cétacés ? Ils les mangent. Ils distribuent la viande aux féroïens. En ont-ils besoin ? Non, les îles Féroé ont un niveau de vie dans les plus riches d’Europe, ils peuvent importer toute la viande qu’ils veulent. En plus, la consommation de viande de ces cétacés est déconseillée, contenant de trop fortes proportions de mercure.
C’est un beau pays, les Féroé. Une destination touristique des plus prisées. Un pays propre sur lui, mais cachant bien son jeu. Le tourisme lui apporte la richesse, mais que serait la richesse sans le droit d’user de sa supériorité envers toute raison ? Dans dix mille ans, l’homme sera-t-il civilisé ? Dix mille ans pourraient-ils suffire, ou bien n’est-ce qu’un rêve destiné à finir dans le néant ? Comment rester fier de sa race devant la détermination de ses congénères à ne pas tenir compte de l’avenir, à prendre, prendre, au-delà des besoins raisonnables ?
Ne lisez pas la page « cent ».
Et pour vous remonter le moral, quelques copies d’images illustrant le propos :
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