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Auteur au noir
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- Catégorie : Savoir, culture et société
- Date de publication sur Atramenta : 31 octobre 2015 à 1h08
- Dernière modification : 19 février 2017 à 17h01
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- Longueur : Environ 4 pages / 1 049 mots
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- Mots clés : lecture libre
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Auteur au noir
Auteur au noir
« Auteur au noir »
C’est ce que je suis.
J’espère que l’on me reconnaîtra comme faisant partie d’une congrégation fière de refuser le dictat…
« Auteur au noir »
Ne pas confondre avec « nègre », qui est un terme appliqué à des professionnels, des indispensables rouages de la machine à profiter de la naïveté des lecteurs qui achètent. Le « nègre » est presque noble, l’« auteur au noir » ne l’est pas du tout ! Et le « nègre » fréquente du beau monde, même s’il reste trop souvent dans l’ombre de la quintessence.
Ne pas confondre avec « écrivain ». Interrogez les gens dans la rue, ils vous diront que l’« écrivain » est celui qui apparaît en quatre par trois sous la pollution des arrière-trains de bus, celui qui vient dans les émissions de première partie de soirée, celui qui sait de quoi il parle puisqu’il écrit à ce sujet, et que son costume prouve ses dires. Inutile de préciser que l’« écrivain » est celui qu’on trouve en tête de gondole dans tout hypermarché qui se respecte. Je ne citerai pas de nom. Un « auteur au noir » ne tient pas à fréquenter les tribunaux.
Ne pas confondre avec « gens de plume ». Ceux-là sont dans la place alors que l’« auteur au noir » n’a pas accès au terrain. D’ailleurs, si vous parlez d’« auteur au noir » aux « gens de plume », la seule réaction que vous obtiendrez sera un haussement d’épaules mondain ou un regard méprisant. Le club des « gens de plume » ne connait pas l’« auteur au noir » qui n’a même pas la décence d’afficher de diplômes es lettres et compagnie.
Ne pas confondre avec « romancier ». Le « romancier » est un « écrivain » potentiel qui a ses entrées chez un éditeur mais à qui il reste quelques reconnaissances à obtenir. Soit du Renaudot ou du Goncourt, soit du public. Le « romancier » continue de ramer dans sa galère avec l’espoir d’atteindre Le Pirée, ce qui n’est pas le cas de l’« auteur au noir » qui, lui, préfère le cabotage à son rythme.
Et bien sûr, ne pas confondre avec « écrivaillon », plus proche de la nullité qu’un rouleau de papier doux, et beaucoup moins utile. On rangera sur la même étagère le « scribouillard », « écrivailleur », « gratte-papier », « barbouilleur », « chieur d’encre », « plumitif » et tous leurs cousins hauts en couleur d’encre.
Je passe sur le « poète » qui vit dans un monde à part, ayant perdu depuis longtemps toute prétention à une notoriété. Le « poète » est maudit ; l’« auteur au noir » n’a pas encore dit son dernier mot à ce coquin de sort qui cherche à dévaloriser la différence.
Je laisse aussi de côté les « journalistes », « scénaristes », « nouvellistes », « feuilletonistes », « essayistes », « polémistes », etc. Ce sont des êtres qui se font un peu d’argent de poche à condition de ne pas sortir en fin de semaine et, mettre du beurre dans les épinards est accepté par les mœurs sans réellement déranger l’ordre des choses.
Quant à l’« auteur », mot qui englobe tout et rien, n’en parlons pas ! Un « auteur » nu n’est pas présentable. On pourrait parler d’« artiste » ou de « créateur », des fonctions qui se définissent par leur flou artistique et aucune consistance, sans que cela n’apporte plus de précision. Ce ne sont que des mots employés par les langues de bois pour rassurer des oreilles de cristal.
N’en profitons pas pour confondre « auteur au noir » et « auteur occasionnel ». L’« auteur occasionnel » ne tiendra pas plus qu’une paire d’années si ce n’est que deux mois d’un été ennuyeux. Et il n’a absolument rien en commun avec l’« écrivain occasionnel » qui désigne l’auteur d’un seul livre, individu dont on n’a plus rien à craindre puisqu’il est passé et ne reviendra pas.
Non, l’« auteur au noir » est une personne bien dérangeante dans le milieu de l’écriture. L’« auteur au noir » est celui qui écrit, non pas pour lui, ce qui serait admis, mais celui qui écrit pour les autres, sans rémunération, sans déclaration au fisc, sans cotisation à l’AGESSA, sans nourrir un éditeur, ni un imprimeur, ni un libraire, ni un syndicat du livre, sans même chercher à vendre sa production, ce qui prouverait que tout travail mérite d’être commercialement reconnu. En un mot, un traître à la corporation !
L’« auteur au noir » a ce défaut inexcusable de laisser croire aux lecteurs qu’il n’y a nul besoin de payer la production intellectuelle. Sa politique va à l’encontre des barricades élevées par les « écrivains », les professionnels, ceux qui vivent du fruit de leurs idées et font de la résistance pour que soit reconnue leur capacité à participer à la culture. L’« auteur au noir » se dit libre de disposer de son temps et de son savoir-faire. Or le temps, c’est de l’argent, et le savoir-faire, une planche à billets. Que la honte auréole celui qui refuse de le voir !
L’« auteur au noir » est une épine douloureuse dans la plante des pieds de tous ceux qui vivent les uns des autres au détriment de ceux qui ne cherchent qu’à nourrir leur soif de découverte. Comme l’ouvrier au noir, il met en péril la structure bien huilée de l’échange sous forme sonnante et trébuchante. Plus communément, on appelle cette forme de subversion de la concurrence déloyale.
C’est dit. L’« auteur au noir » est un individu déloyal. Déloyal envers tous ses camarades sans lesquels il ne serait rien, déloyal envers un système qui encourage la brimade pour maintenir l’ordre et qui se dit garant de justes répartitions, déloyal contre tous ceux qui se battent pour que la répression se fasse entendre et les défende, déloyal parce que profiteur de l’espace dégagé par d’autres pour d’autres. Il n’y a pas assez de place pour tous, et surtout pas pour les gêneurs ! Chacun est libre d’écrire, mais les publications ne doivent pas porter préjudice aux intérêts de ceux qui ont acheté une concession dans le filon du livre.
Or, l’« auteur au noir » se moque de tout cela, des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle. Ce n’est qu’un individualiste qui ne se montre loyal qu’envers sa liberté.
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