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Au fil de l'eau
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- Catégorie : Inclassables
- Date de publication sur Atramenta : 26 avril 2011 à 23h07
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- Longueur : Environ 3 pages / 691 mots
- Lecteurs : 27 lectures + 25 téléchargements
- Mots clés : inspecteur
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Au fil de l'eau
Au fil de l'eau
Le type faisait son premier tour du proprio dans la cellule de garde à vue quand mon collègue vint me voir et tout en le désignant du menton, me dit :
– Cet idiot était en train de pousser son véhicule en maillot de bain quand on l'a interpellé.
Je sais, vous allez me dire : depuis quand on arrête les gens qui poussent leur véhicule en maillot de bain ?
Je vais vous répondre : depuis que le véhicule est un bateau et qu'il le pousse en marchant sur l'eau.
C'est plus clair, là ?
Oui ? Eh bien, vous avez de la chance, parce que pour moi, c'est pas encore ça.
Le brigadier qui a nagé jusqu'à l'individu en question a dit que l'autre l’avait regardé de haut. Pas méchant, notez bien, mais il ne s'était même pas accroupi. De quoi se demander ce qu'on leur apprend à l'école ?
Bon, finalement, le gars est arrivé sur la terre ferme, et là, on est tous égaux.
– Je ne fais de rien de mal, qu'il a dit.
– De mal, non, mais on ne marche pas sur l'eau.
– Depuis quand c'est interdit ?
– C'est pas interdit, on ne le fait pas, c'est tout.
– Mais pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis en panne. Ma femme est au gouvernail et je poussais un peu dans la pente pour que le bateau démarre.
– Dans la pente ! Quelle pente ? C'est de l'eau ! Y a pas de pente, c'est plat !
L'autre haussa les épaules :
– C'est plat ? On voit bien que vous n'avez jamais poussé un bateau, vous ! Et un diesel, en plus… sinon, vous sauriez que l'eau, c'est pas aussi plat qu'il n'y paraît.
– Je m'en fous ! avait insisté le brigadier, les bras en croix pour mieux sécher au soleil. On ne marche pas sur l'eau, point. Vous faites ce que vous voulez mais nom d'une pipe, si je vous revois debout à côté de votre bateau, au milieu du canal, je vous tire dessus, c'est clair ?
– Je veux voir le texte de loi, s’obstina le zouave.
– Y en a pas de texte de loi. Je vous dis qu'on ne marche pas sur l'eau parce que c'est tout simplement impossible, vous comprenez ?
– Impossible ? dit l'autre en retournant sur le canal. Et je fais quoi, là, d'après vous ?
Tout en disant ça, il sautait à cloche pied, il faisait le tour du bateau, il exécutait un moon-walk, il dansait sur un rythme inaudible. Enfin, bref, il faisait l'abruti complet.
– Si vous ne revenez pas tout de suite, je vous bute, dit le brigadier, en dégainant son arme.
– Ne fais pas l'idiot, dit la femme du danseur, retourne sur le quai.
Et il fut conduit au commissariat. Je devais trancher. On en fait quoi, de ça ? Guinness, DST, cirque, hôpital psy ?
Quand il fut dans mon bureau, je lui demandai ce qu'il voulait boire. Il mangea un verre d'eau, le mastiquant laborieusement. Je bus mon café, cul sec.
– Bon, fis-je, vous n'êtes pas là parce que vous avez troublé l'ordre public, ni même enfreint la loi, mais il serait bon que vous ne marchiez plus sur l'eau, désormais. Pas en public, en tout cas.
– Pourquoi ?
– Parce que si tout le monde commence à faire n'importe quoi, ça va vite devenir un vrai bordel, dehors. C'est tout. Est-ce que je me cache derrière un clou, moi ? Est-ce que je voyage sur une balle de pistolet ? Non. Bon, alors vous, vous ne marchez pas sur l'eau. C'est impossible. J'en suis le premier désolé, croyez-moi. Et ne demandez pas pourquoi : quand vous êtes sur l'eau, vous nagez, vous coulez, vous flottez, vous faites comme vous voulez, mais vous imitez les autres. La prochaine fois qu'on vous voit debout sur le canal, je vous coffre pour une semaine. Ne vous inquiétez pas, je trouverai un motif. O.K ?
Pas content, le gars.
Il fit oui, signa le rapport et partit. Entre temps, j'avais fait réparer son bateau : je lui devais bien ça.
Je vous raconte ça, c'était la semaine dernière.
Ce matin, le gars est mort : mauvaise chute en rollers.
Sur le canal.
Dans mon rapport, j'ai mis qu'il s'est noyé, merde, j'ai pas que ça à faire.
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