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Commentaires à propos de "Train de nuit pour Berlin"
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- Oeuvre déclarée complète, relue et corrigée par son auteur.
- Train de nuit pour Berlin
Cela fait quelque temps que je voulais vous lire.
Quel beau texte, surprenant, profondément perturbant.
Il y a tout cette construction entre l'humiliation et le plaisir, cette dépossession du corps. Cet orgasme qui humilie.
Il y a aussi un côté voyeur à cette lecture. Cela met mal à l'aise et pourtant "on" (je) continue.
Par contre, les descriptions techniques (qui tient qui/quoi et comment) sont peut-être un peu longues, je ne sais pas, là j'avoue que j'étais un peu perdue.
J'ai lu un autre com qui dit que ce qui est terrible, c'est quand l'on comprend à la fin du texte que cela ne fait que commencer. C'est vrai.
Et plus largement encore, c'est un texte qui n'est pas fini quand on a finit de le lire.
Bonjour Iris,
merci pour votre commentaire. Je suis assez d'accord pour ce que vous dites à propos du caractère technique, le problème restant, que le lecteur cherche toujours à comprendre, ou plutôt à se représenter les actions, qui au fond ne sont "vraies" que dans l'esprit de l'auteur.
On s'imagine souvent à tort que l'on est lu de la même façon que l'on se lit, encore que, comme vous le remarquez, le lecteur soit mis dans la position du voyeur, ce qui laisserait supposer qu'en écrivant le texte j'ai assumé la position du lecteur, ce qui n'est pas tout à fait exact, même si en effet le texte contient l'anticipation de sa lecture - autrement dit le lecteur en faisait déjà partie d'une certaine façon, mais indirecte, non programmée.
Donc du fait que le lecteur est en position de voyeur, justement, il s'attend à voir, et c'est là que ça coince, car, même en assumant plus ou moins la position du lecteur, l'auteur peut difficilement décrire techniquement ce que le lecteur voudrait pourtant lire et voir. D'où une certaine difficulté à y avoir clair, pour le lecteur, dans les actes techniques, alors que le problème inverse pour l'auteur serait de simplifier cet aspect pour le rendre parfaitement lisible : le lecteur passerait alors de l'illisibilité à l'ennui, car, quoi de plus ennuyeux, dans ce genre de cas, qu'une description claire des actes techniques ?
Mais il est vrai que dans ce texte l'équilibre n'est pas atteint, car le côté confus de certaines scènes techniques ne rachète pas l'ennui, et en cela votre remarque est très pertinente, car, de mon côté "auteure",ce que j'ai écrit m'est expliqué, du seul fait que je l'ai écrit, ce qui n'est pas le cas du lecteur. Il faudrait pour le bien du lecteur que les scènes techniques gardent un certain flou tout en restant lisibles, alors qu'à force de précisions on n'obtient qu'une confusion dans la lecture de la scène.
Côté auteur, on a tendance à déployer la structure fantasmatique qui s'explique faussement elle-même (elle contient des élément techniques comme faisant partie de sa définition, puisque la structure du fantasme est surtout technique), et l'on oublie souvent que le lecteur va nécessairement chercher à comprendre, car pour lui le texte reste linéaire, si l'on peut dire, un mot après l'autre, une phrase après l'autre, alors que de son côté l'auteur lit, disons, une pelote.
D'un côté je crois qu'il y a un avantage à décrire ou revivre ou inventer un événement en le laissant prendre dans le piège de la structure fantasmatique, qui met les phrases à l'épreuve d'un bagage technique (au sens des outils d'un garage par ex), de sorte que le récit se trouve syncopé et remis en question dans sa structure même. On évite ainsi le déploiement linéaire d'une description d'un événement qui aurait la prétention ou qui se revendiquerait d'avoir eu lieu, ce qui fait in fine que le lecteur voit les scènes de dehors et ne se sent pas concerné; bref il n'est que moyennement atteint.
En revanche, comme vous le remarquez, la mise en texte de type "fantasme" (ce qui ne veut pas dire nécessairement l'opposé de la réalité ou du "réel" vécu), fait courir le risque d'un manque de précision dans la description technique, justement parce que au départ l'option descriptive a été chassée du principe d'écriture.
Il est clair qu'aujourd'hui je n'écrirais pas le texte ainsi, non pas à la suite d'une simple rectification, mais sans doute parce que je ne tiens plus la même position vis à vis du "fantasme", je veux dire par là que les fonction narratives, descriptives et intellectuelles se soutiennent mieux ou se trouvent plus harmonieusement fondues ou liées. Ce qui ne veut nullement dire, hélas, que les textes écrits seraient nécessairement meilleurs, surtout s'il s'agit d'une nouvelle du même type.
Commentaire modifié le 14/11/2015 à 16h47
Bonjour Sonia,
Et cette réponse vous l'avez écrite en tant qu'auteure ou en visant la lectrice qui "cherche à comprendre"...?
Non, je vous taquine.
Merci donc pour cette réponse qui loin de répondre aux interrogations qu'a fait naître votre texte ne fait qu'en susciter de nouvelles. Tant mieux!
Sans doute qu'un auteur écrit toujours pour un lecteur ne fut-ce qu'imaginaire, mais pour moi, le fait même qu'il s'agisse d'un texte "érotique" aussi cru, aussi dense change beaucoup. J'ai l'impression que le lecteur y est directement visé, interpellé.
Et aussi, oui, c'est vrai, moi dans cette position de lectrice/voyeuse, ça m'a arrangé de ne pas avoir tout compris à leurs acrobaties que j'ai pê survolées dans ma lecture, c'est vrai que j'ai bien plus joui du bain d'émotions complexes et dérangeantes que des "descriptions techniques", mais qu'elles étaient là pour m'angoisser, m'accrocher au texte. Plus que de l'ennui, c'était un agacement. Donc je comprends maintenant qu'elles ont leur sens, et là vous m'époustouflez.
Sinon, je ne sais pas comment vous écrivez aujourd'hui. Je n'avais pas vu que ce texte est ancien. J'en lirai un plus récent.