Chère Lectrice,

☼ Merci infiniment pour votre "coup de coeur" qui est venu tout droit rejoindre les abysses du mien...

Les cadeaux de nos tréfonds génèrent d'autres dons, tel celui que vous m'avez ainsi accordé.

Pourrais-je seulement un jour découvrir vos propres jaillissements ?

♥ Recevez mon sourire reconnaissant, simple et vrai, dehors comme dedans...

Krystel

J’ai eu le privilège de croiser Marie Trintignant et de rencontrer plusieurs fois son père, un homme simple et attachant. À l’époque, ils jouaient tous les deux dans une pièce magnifique de Samuel Benchétrit “Comédie sur un quai de gare”.

Marie était une personne délicieuse. Nous n’avons échangé qu’un ’bonjour’ discret. Mais lorsque nos regards se sont pénétrés, il n’y a pas d’autre terme, j’ai tout de suite été frappée par l’immensité des messages que sa sensibilité pudique ne pouvait cacher. Dans ses prunelles indéfinissables semblait flotter une caresse délicate sur le monde. Il émanait d’elles de la douceur, une sorte de quête, presque de résignation, comme un petit oiseau qui supplierait « ne me faites pas mal… ». Je me suis laissé envahir par cette étrange proximité qui me trouble encore aujourd’hui quand je pense à son regard.

La nuit qui a suivi cette bouleversante rencontre, l’image de Marie avec son père m’a poursuivie. Leur relation fusionnelle mettait en relief les béances de mon enfance et la quête qui m’avait tant habitée, celle d’un père inaccessible.

Lorsque Marie a été… tuée par son compagnon, j’ai été bouleversée. Les mots ont jailli de mon cœur comme un cri, comme une évidence. Cela a donné quelque chose d’un peu bizarre que je n’ai pas souhaité modifier. Cette étrangeté me relie à Marie et je crois qu’elle comprendrait pourquoi. C’était le 1er août 2003. J’ai remis cette lettre à Jean-Louis Trintignant, accompagnée d’un portrait de Marie que j’ai réalisé durant la nuit même de sa mort. J’étais tellement avec elle, par le cœur, qu’il était impensable que je dorme. Voilà l’histoire de ce texte. Pour moi, il est marqué à jamais du sceau des émotions intenses qui l’ont fait naître.

Oui, quelques mots sur ce texte que j'ai retrouvé des années après l'avoir écrit, à ma plus grande surprise. Il ne me ressemble pas et pourtant je l'aime beaucoup. Il n'est pas vécu, car jamais de la vie je ne possèderais une arme et pourtant, il est émaillé de quelques fêlures d'une enfance réelle... Je suis "rose" et il est "noir"... Je suis "positive" et il est "étrange et pas forcément négatif"... Il reflète les ombres qui traversent les êtres, à un moment ou un autre, sous des formes diverses... Bref, j'aimerais beaucoup recevoir vos avis sur ce texte que je trouve étrange comme une écorce d'ananas... N'hésitez pas à le lire, il est prenant, direct, âpre mais non vulgaire, vrai, sincère... ♥