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A propos de : Actualité générale
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-/ Jean-Pierre Chatot ne se contente pas d’être amoureux de l’Ouest américain, il tient à nous faire partager cette passion grâce à son talent de romancier. Dès l’introduction il nous transporte en 1860, dans les grandes plaines, partie centrale des Etats-unis, qui va du Canada au Mexique, à l’est des montagnes Rocheuses. Dans ces régions arides la loi et l’ordre sont encore à l’état de projet mais des hommes courageux tentent d’ébaucher ce qui sera la société de demain. Ce roman raconte l’histoire d’une nation qui se construit dans le bruit des armes à feu et la fureur des pur-sangs lancés au grand galop, l’atmosphère glauque des saloons et la fumée des feux de camps, le désir de justice des uns et la soif de richesse des autres. Avec un sens du détail affuté, Jean-Pierre Chatot nous entraîne dans une aventure mouvementée et bruyante où les hommes intrépides d’hier couraient au devant des balles pour devenir les légendes d’aujourd’hui. Au moment ou l’Amérique se choisit un nouveau président, un des grands thèmes soulevés par ce roman est toujours aussi présent et sensible : la liberté individuelle, et les limites qu’elle doit inévitablement se fixer, opposée à une volonté collective de justice et d’égalité, d’une société plus prodigue et moins égoïste. Je laisse le dernier mot à l’auteur avec cette admirable description de colons dans la plaine.
« Dans quelques flaques de lumière qui perçaient sous un ciel tourmenté, ils apparaissaient sur leurs montures, le dos voûté par la fatigue, recouverts d’une pellicule collante de poussière grise. Malgré tout, l’élégance des hommes qui avancent dans un même processus, dans la marche du temps, dans le silence de la plaine, vers un destin heureux, c’est majestueux. Chaque jour vécu, chaque matin nouveau, à chaque tour de roue, ce petit peuple de colons tentait d’apprivoiser l’inconnu. »
-/ Un livre qu’on pourrait classer dans la littérature américaine écrit par un amoureux de l’Amérique, une terre prometteuse comme un Eldorado dont ont tant rêvé les Européens qui n’avaient plus leur place dans leur pays : des pauvres, des gens poursuivis par la justice ou rejetés pour des raisons religieuses, des aventuriers en tous genres.
Ils arrivaient donc souvent avec peu de bagages mais avec tout ce que les êtres humains portent depuis des millénaires : l’espoir de se faire une place dans une nouvelle société, voire de faire fortune, de se créer une existence plus riche avec davantage de sens. Seulement, l’Amérique des années 1860 est compliquée : la paix semble à peu près installée avec les Indiens dont certains vont se mettre aux affaires, mais les anicroches avec le Mexique qui a dû céder plusieurs États au grand voisin perdurent, la prochaine guerre de Sécession est déjà dans l’air. L’époque est donc plus que troublée. Il y a, d’un côté, ceux qui sont bien installés comme de grands propriétaires, des artisans, des commerçants qui font d’honnêtes affaires, donc des gens bien comme on dit et, de l’autre côté, d’autres qui passent leurs journées dans les saloons dans l’oisiveté ou à échafauder des coups tordus. Alcoolisés, drogués pour beaucoup, cassés aussi par les guerres auxquelles ils ont participé, imbibés d’une violence dont ils n’arrivent pas à se départir.
Le livre commence par une scène de violence inouïe, suivie de bien d’autres, tout aussi barbares. Pourtant, il y a aussi ce marshall et quelques autres qui, dans leur petite ville de Dodge City loin d’être achevée, essaient d’exercer la justice et de construire une société honorable. Comme dans les westerns, on retrouve cette coexistence permanente du Bien et du Mal, mais Jean-Pierre ne présente pas les choses de manière manichéenne. Tout est dans la subtilité des caractères, chacun des personnages ayant sa touche bien spéciale : par exemple, le plus affreux bandit cite en même temps à tout bout de champ Shakespeare.
Finesse psychologique donc mais aussi description somptueuse des paysages, des passages d’une très grande poésie et toujours, en arrière-plan, une réflexion philosphique plutôt sombre sur l’humanité qui semble obéir à un indéniable déterminisme social : si tu ne tues pas l’autre, il te tuera.
Le style de ce livre qui ne se lit pas comme un roman de gare est riche, viril, musclé, plein d’humour aussi. J’aime pour ma part goûter sans hâte chaque chapitre très travaillé, car je sens que l’auteur, qui a su faire vivre ses personnages, y a mis tout ce qu’il est lui-même : un être passionné capable de la plus profonde réflexion.
Je ne peux que recommander ce livre qui nous aide aussi à comprendre un peu mieux l’Amérique d’aujourd’hui.
Annonce postée le 21/11/2020 19h16 par Jean-Pierre Chatot
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si avec des commentaires comme ceux-ci tu ne remportes pas le prochain Goncourt, c'est qu'il n'y a plus de justice!!!!
Félicitations Jean Pierre et bonne continuation.
Félicitations, Jean-Pierre, pour ces critiques, méritées, qui doivent faire grand plaisir ! :-)
Amitiés
Fabrice